La Suisse face à la Chine - une continuité impossible ... - SinOptic

Chapitre 1 Introduction
La Suisse face à la Chine: une continuité impossible?
L'histoire des relations entre la Suisse et la Chine après la deuxième guerre mondiale est
un domaine encore relativement peu analysé. A l'exception du livre d'Howard Dubois 1
qui dédie un chapitre à la période 1946-1956, seuls quelques articles se fondant sur les
sources déposées aux archives fédérales ont été publiés. 2 Aucun de ces articles ne semble
avoir utilisé des sources externes à l'administration fédérale. Apparemment, l'article I
rapporti fra la Svizzera e la Repubblica Popolare Cinese que nous avons écrit en 1995
fut le seul article paru jusqu'à présent pour la période 1950-1956. 3 Nous avons pu
consulter aussi une série de travaux non publiés concernant quelques aspects des
relations sino-suisses, comme l'activité des chanoines du Grand Saint-Bernard 4 ou la
reconnaissance de la République populaire de Chine 5 ainsi qu'une étude américaine sur
les relations bilatérales 6. Une analyse exhaustive des relations entre la Suisse et la Chine
manquait et les sources externes aux archives fédérales n'avaient pas encore été
exploitées. Nous avons donc voulu y remédier.
Cette recherche fait partie du domaine de l'histoire de la politique étrangère suisse et a
pour objectif l'analyse des relations bilatérales entre la Suisse et la Chine avant, pendant
et après le bouleversement du régime chinois qui se concrétisa par la création de la
République Populaire de Chine. L'analyse se focalise sur le point de vue suisse. Il s'agit
d'étudier le comportement de la Suisse par rapport au changement radical d'un autre
pays. En effet, le changement en Chine ne se limita pas seulement au changement de
régime, mais fut également un changement du système économique, social et
idéologique.
Or, la réaction de la Suisse vis-à-vis du changement de régime fut rapide. Le 1 er
octobre 1949, Mao Zedong proclama sur la porte Tian'anmen la création de la
République Populaire de Chine. Deux mois et demi plus tard, le 17 janvier 1950, Max
Petitpierre envoya au nom du Conseil fédéral un télégramme par lequel la Suisse
reconnaissait le gouvernement de Beijing comme unique gouvernement légitime de
Chine et se déclara prête à lier des relations diplomatiques avec la République Populaire.
A première vue, cette décision rapide (la Suisse fut l'un des premiers pays occidentaux à
reconnaître le nouveau régime) indique une politique plutôt audacieuse et active; de plus,
1 Dubois H. (1978).
2 Voir en particulier Keller H. (1982), Keller H. (1987) et Stämpfli R. (1988).
3 Coduri M. (1995).
4 Giroud F. (1986).
5 Stuber N. (1998).
6 Syon G. P. S. de (1989).
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