La Suisse face à la Chine - une continuité impossible ... - SinOptic

l'indemnisation des dommages de guerre ne pouvaient qu'augmenter l'hostilité entre les
deux grandes puissances.
La conception soviétique de la sécurité, qui passait par l'isolement, se confrontait à la
conception américaine basée sur la sécurité collective, et donc sur l'intégration des
différents Etats dans un grand système, où les Etats-Unis, à cause de leur position
dominante à la fin de la guerre, jouaient un rôle déterminant.
La question allemande était cruciale pour les rapports entre les alliés. A Yalta, les
Etats-Unis avaient accepté comme base de discussion la requête soviétique concernant
les 20 milliards de dollars que l'Allemagne aurait dû payer à titre de réparations. Or, le
conflit terminé et le pays occupé, les Anglo-saxons considéraient comme prioritaire la
stabilisation de l'Europe occidentale qui dépendait en partie de la stabilité en Allemagne
et du charbon de la Ruhr. Ils refusèrent donc à ce stade d'utiliser les ressources de leurs
zones d'occupation pour financer les réparations de guerre. Ils voulaient éviter qu'une
Allemagne appauvrie et humiliée devienne une source d'instabilité au milieu de l'Europe.
Il fallait plutôt reconstruire et relancer la production afin de permettre à l'Allemagne de
financer ses importations. De plus, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne fusionnèrent
leurs zones en une entité économique unique. Deux conférences ministérielles dont
l'enjeu central était de trouver une solution à la question allemande, échouèrent en 1947.
Pour développer sa ceinture de sécurité, l'Union Soviétique essaya – sans succès - de
maintenir son contrôle sur l'Iran du Nord après la fin de la guerre. Plus à l'ouest, elle
exerça dès 1945 des pressions sur la Turquie pour obtenir la cession de territoires, la
concession de bases militaires et le contrôle sur les Détroits. Le gouvernement turc
s'opposa à ces pressions, mais la situation économique extrêmement tendue fragilisa de
jour en jour sa position. En Grèce, en 1946, l'insurrection communiste contre le
gouvernement grec et les forces anglaises s'intensifia. Bien que Stalin acceptât la
position dominante britannique, les communistes grecs continuaient à recevoir de l'aide
des pays communistes des Balkans. Faute de prise de position nette, la politique
soviétique apparaissait très ambiguë. 13 La poussée soviétique en 1945-1946 ne se limitait
pas à la Grèce, à la Turquie et à l'Iran, mais touchait toutes les régions-frontières de
l'empire stalinien, de la Norvège à l'Extrême-Orient.
2.1.2 Confrontation idéologique et sur le terrain
Au mois de février 1946, deux importants discours relancèrent sur le plan idéologique la
confrontation entre les anciens alliés. Le 9 février, Stalin, dans son discours d'ouverture
du Soviet Suprême, affirma que le communisme et le capitalisme étaient inconciliables.
Ce discours n'était pas forcément menaçant, car apparemment il contenait aussi une
13 Djilas M. (1971), pp. 169-170.
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