La Suisse face à la Chine - une continuité impossible ... - SinOptic

contexte, les raisons, le processus et les enjeux, autant nationaux qu'internationaux, qui
conduisirent à cette décision.
La troisième phase (1950/1951-1955) illustre les premières expériences avec la
République populaire de Chine alors que le contexte international s'était modifié suite au
conflit coréen. Dans cette période, l'armistice en Corée représente une césure. Jusqu'en
été 1953, les relations étaient soumises aux restrictions imposées par la guerre de Corée.
Ensuite, elles furent troublées par l'activité suisse au sein des commissions chargées de la
surveillance de l'armistice en Corée et du rapatriement des prisonniers de guerre ainsi
que par les pressions chinoises désireuses d'influencer cette activité.
La démarche analytique, qui fait recours à plusieurs méthodes, reprend des éléments
de la discipline des relations internationales, sans pourtant appliquer une théorie
spécifique, car les théories dans ce domaine sont bien loin de donner des explications
satisfaisantes. On peut se référer à Golo Mann, politologue et historien:
"Keine Theorie gibt uns oder erklärt uns oder entschlüsselt uns die Fülle geschichtlicher
Wirklichkeit; man bekommt sie niemals ganz in die Hand, sie ist unerschöpflich; darum
muss man sie immer von verschiedenen Seiten angehen". 7
Il ajoute:
"Ich glaube an die ganze Theoriebedürftigkeit der Geschichte nicht. Die Historie ist eine
Kunst, die auf Kenntnissen beruht, und weiter ist sie gar nichts." 8
Le déficit théorique nous oblige à utiliser plusieurs instruments et cadres
d'interprétation pour obtenir une analyse satisfaisante des relations sino-suisses d'aprèsguerre.
Différentes approches se complètent et se succèdent dans les différentes parties
de la thèse. Dans la première partie, ce sont surtout les éléments structurels qui
retiennent l'attention alors que la deuxième partie met l'accent sur les acteurs et l'analyse
des processus. Cette dernière sera particulièrement développée dans la troisième partie
alors que la quatrième partie traite de thèmes spécifiques: l'exode de la colonie suisse en
Chine, la fin des missions, le déclin des entreprises suisses en Chine, les relations
commerciales, les bons offices et l'activité du Comité international de la Croix-Rouge.
L'analyse structurelle nous amène à présenter le contexte international, la guerre civile
en Chine et à élucider l'état des relations bilatérales entre la Chine et la Suisse avant,
pendant et après le changement de régime.
L'analyse des acteurs nous amène à dépasser le cadre étatique pour inclure les
comportements et les activités des acteurs non-étatiques, en particulier des acteurs
transnationaux actifs en Chine ayant des liens importants avec la Suisse. En effet, les
acteurs non-étatiques occupent un rôle de plus en plus important, bien que le rôle central
de l'Etat ne soit pas remis en question dans les relations avec des pays autoritaires, voire
totalitaires. L'influence des acteurs non-étatiques sur la politique étrangère suisse est en
7 Mann G. (1995), p. 237.
8 Mann G. (1995), p. 241.
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