La Suisse face à la Chine - une continuité impossible ... - SinOptic

développement. La création d'organisations de masse, les campagnes de mobilisation, la
réforme agraire étaient les instruments principaux pour secouer la paysannerie chinoise.
Autant le Guomidang que les communistes aspiraient à un contrôle monopolistique du
pouvoir. Chacun avait bâti un système autoritaire ou totalitaire qui n'admettait aucune
concurrence. Ainsi, pour Jiang Jeshi, le communisme représentait non pas un défi social
mais une menaçe pour l'unité nationale. Par conséquent, le gouvernement de coalition
cher aux médiateurs américains était perçu comme une infiltration des communistes dans
l'appareil d'état. Néanmoins, les négociations avec les communistes permettaient aux
nationalistes de gagner du temps pour préparer la guerre.
De même, pour Mao Zedong, l'affrontement entre nationalistes et communistes était
difficilement évitable, car les deux partis ne pouvaient pas trouver un compromis
durable. 72 Toutefois, Mao sembla encore croire à la possibilité d'un accord puisque la
force du PCC, la volonté populaire de paix et la situation internationale auraient pu
obliger le Guomindang à trouver un compromis. En décembre 1945, Mao estima qu'il
aurait encore fallu plusieurs années pour que le PCC se consolide dans les régions
récemment occupées. 73 Certains chefs communistes voulaient toutefois, dès le printemps
1946, reprendre la guerre contre le Guomindang. 74
Ainsi, à la fin de la guerre, sur un territoire très fractionné bien que formellement
unifié existaient deux Chines: une Chine communiste, formant un "Etat dans l'Etat
nationaliste" 75, et une Chine nationaliste. La Chine communiste était constituée par un
ensemble de zones non contiguës mais concentrées surtout dans le nord du pays: des
régions agraires importantes avec une population d'une centaine de millions de
personnes. La Chine nationaliste, en revanche, contrôlait la plus grande partie du pays et
les centres urbains. Le gouvernement central restait toutefois faible et incapable de
répondre aux besoins de reconstruction et de modernisation.
2.3.2 La médiation américaine, son échec et la reprise de la guerre civile
Après l'échec de la mission de Patrick Hurley, le président Truman envoya en Chine le
général George C. Marshall pour servir de médiateur entre le Guomindang et le parti
communiste. Les pourparlers entre les nationalistes et les communistes n'avaient
jusqu'alors produit que des accords vagues sans résultats concrets sur le terrain. Le
médiateur américain aboutit rapidement à des résultats. Il obtint que la réunion de la
72 Voir le rapport "Sur les négociations de Tchongking", 17.10.1945, in Mao Zedong, Oeuvres choisies,
vol. 4, pp. 51-59.
73 Cf. les directives "Etablir de solides bases d'appui dans le Nord-Est", 28.12.1945, in Mao Zedong,
Oeuvres choisies, vol. 4, pp. 81-85.
74 Levine S. (1979), p. 357.
75 Chevrier Y. (1992), p. 105.
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