La Suisse face à la Chine - une continuité impossible ... - SinOptic

d'émancipation des empires coloniaux laissait en effet craindre de nouveaux conflits. Il
fallait stabiliser la Chine sous un gouvernement non-communiste, car une Chine divisée
et faible aurait pu tomber sous l'influence de Moscou. Grâce à des réformes introduisant
des structures démocratiques et englobant le parti communiste dans un gouvernement de
coalition, le recours à des moyens militaires pourrait être évité. 65
Tous ces projets et objectifs se cristallisèrent d'abord sur le premier enjeu majeur:
désarmer les troupes japonaises dès le mois d'août 1945. Qui aurait effectué le
désarmement se serait approprié d'importantes quantités de matériel militaire et aurait
occupé de vastes territoires. Nous pouvons distinguer trois grandes zones géographiques
par rapport au déroulement des opérations: la Mandchourie, la Chine du Nord et la Chine
du Sud.
L'Armée Rouge occupa en quelques jours la Mandchourie et profita des mois
d'occupation pour démonter et envoyer en Russie une grande partie des installations
industrielles implantées par les Japonais. La présence soviétique en Mandchourie permit
aux communistes de s'installer solidement dans une partie de la région. En effet, l'Armée
Rouge occupa les villes et les voies de communication; 66 elle freina l'entrée des forces du
Guomindang dans la région et laissa les communistes s'infiltrer. Le Parti Communiste
Chinois (PCC) put installer une administration locale dans quelques centres urbains et
récupéra de grandes quantités d'armes japonaises "abandonnées" par les Sovétiques.
Les nationalistes du Guomindang réoccupèrent la Chine du Sud, qui avait été le
berceau de ce mouvement. Les provinces de la Chine du Nord étaient, en revanche
particulièrement convoitées, car les communistes y étaient déjà implantés. Notamment
dans les provinces de Shaanxi, Shanxi, Shandong, Hebei et dans les parties centrales et
orientales de la Mongolie intérieure, ils pouvaient compter sur des bases assez solides. 67
Comme les communistes avaient de bonnes chances de combler le vide laissé par les
Japonais en Chine du Nord, le Guomindang essaya alors de compenser son désavantage
grâce au soutien logistique américain et à l'armée japonaise.
Les Américains transportèrent les armées nationalistes par voie aérienne et maritime
dans le nord et l'est du pays . En même temps, 53'000 soldats américains débarquèrent
dans les ports du nord de la Chine pour prendre le contrôle de plusieurs villes (y compris
Beijing, Tianjin et Qindao) et protéger les lignes de chemin de fer. L'objectif prioritaire
était d'éviter une avancée des communistes.
65 Ces objectifs étaient aussi ceux de la mission de Marshall, au moins selon Geping R. (1989), pp. 51-
52. John C. Vincent, directeur de l'"Office of Far Eastern Affairs" du Département d'Etat résuma ainsi le
concept: "a reduction in the influence of the Communists might be more readily achieved if the
Government "took them in" (in more senses than one) on a minority basis rather than try to shoot them
all." in Foreign relations of the United States, vol. 10, 1946, p. 164.
66 Pepper S. (1986), p. 727.
67 Selon Joyaux F. (1985), p. 70.
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