La Suisse face à la Chine - une continuité impossible ... - SinOptic

A ces différentes mesures s'ajoutèrent d'autres initiatives spécifiques pour certains
pays. Il fallut non sans difficulté établir des relations diplomatiques avec l'Union
Soviétique. 44 Afin de normaliser les relations avec la France, le Conseil fédéral avait
envoyé en 1945 en tant que ministre de Suisse à Paris une personnalité de premier plan:
Carl J. Burckhardt. 45
Après la normalisation de ses relations avec les Alliés, la Suisse disposa d'une vraie
marge de manoeuvre en politique étrangère pour une période qui se révéla assez brève, 46
car le début de la guerre froide et son intensification structuraient le monde dans un
schéma de plus en plus rigide, fondé sur la confrontation des blocs. Les principes de la
politique étrangère suisse avaient toutefois déjà été formulés: neutralité, solidarité et - de
manière moins explicite - universalité. En revanche, la Suisse se montra très prudente
envers les structures multilatérales qui se mettaient alors en place. Cette prédilection
helvétique pour la dimension bilatérale des relations extérieures au détriment de la
dimension multilatérale était fortement ancrée dans les cercles politiques et économiques
suisses, qui craignaient qu'un engagement multilatéral mette en danger la neutralité et
l'indépendance. L'ONU était alors la pierre angulaire de l'essor du multilatéralisme. Or,
les différents cercles représentés dans la commission consultative instaurée par le
Conseil fédéral se prononcèrent pour une adhésion de la Suisse à l'ONU à condition que
la neutralité suisse soit sauvegardée. 47
A cette époque, la Suisse voyait dans le multilatéralisme plutôt le risque de perdre sa
souveraineté et non la possibilité de participer ou d'influencer la prise de décision. 48
L'expérience de la Société des Nations et de la guerre était trop profonde pour qu'un pays
ayant pu éviter les combats se lance dans une phase d'expérimentation politique.
Si la Suisse mettait volontiers à disposition son sol pour donner une contribution à la
reconstruction économique, politique et morale de l'Europe, cela ne devait pas l'engager
directement. Le Département Politique soutint alors activement des organisations non-
44 Steffen Th. (1995), pp. 49-60.
45 Petitpierre M. (1984), pp. 325-326.
46 Voir Kreis G. (1996), en particulier pp. 6-7.
47 Pour une évaluation des travaux de la Commission consultative et de la Commission d'experts, voir
Fleury A. (1996), p. 76.
48 "Die Bedeutung der neu entstehenden multilateralen Gremien wurde aus einer Abwehrhaltung heraus -
man wollte nirgends gegen den eigenen Willen zu etwas verpflichtet werden können - unterschätzt.
Mitgestaltungsmöglichkeiten in multilateralen Gremien wurden nur wenig wahrgenommen." Linke M.
(1996), p. 67.
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