22.06.2013 Views

La Suisse face à la Chine - une continuité impossible ... - SinOptic

La Suisse face à la Chine - une continuité impossible ... - SinOptic

La Suisse face à la Chine - une continuité impossible ... - SinOptic

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

traditionnelles de <strong>la</strong> politique étrangère américaine (politique de <strong>la</strong> "porte ouverte"). 2<br />

L'administration américaine se trouvait donc en 1945 devant un dilemme: comment<br />

contenir l'expansion de l'Union Soviétique en Europe sans casser les alliances de <strong>la</strong><br />

guerre? 3 Une politique semb<strong>la</strong> alors s'imposer: <strong>la</strong> coopération entre les grandes<br />

puissances devait obliger l'URSS <strong>à</strong> accepter les objectifs et les besoins américains.<br />

Les Soviétiques, de leur côté, refusaient <strong>une</strong> telle "coopération"; leur priorité était de<br />

satisfaire leur besoin de sécurité provoqué par des raisons subjectives autant que des<br />

raisons objectives. D’<strong>une</strong> part, Josef Stalin, leader absolu de l'Union Soviétique<br />

apparemment névrotique 4 et souffrant d'un sentiment d'insécurité permanente, craignait<br />

d'être encerclé et entouré par des ennemis. 5 D’autre part, deux axes principaux guidaient<br />

sa politique étrangère: un fort nationalisme débordant dans l'impérialisme et l'idéologie<br />

communiste ayant pour but <strong>la</strong> révolution mondiale. Son nationalisme "grande Russie"<br />

s'inscrivait dans <strong>la</strong> longue tradition expansionniste des autocrates russes, 6 qui étaient<br />

depuis toujours <strong>à</strong> <strong>la</strong> recherche d'un débouché sur les mers chaudes. Il était aussi<br />

conscient des tensions et des conflits avec l'Allemagne.<br />

Ce besoin de sécurité était probablement le souci principal de Stalin ainsi que de<br />

l'ensemble de l'élite soviétique. Sa satisfaction passait par <strong>une</strong> di<strong>la</strong>tation de sa propre<br />

zone de contrôle et d'influence. Etendre les frontières du pays était dans cette perspective<br />

un acte défensif plutôt qu'offensif. 7<br />

Le deuxième axe de <strong>la</strong> politique étrangère de Stalin était l'idéologie communiste, qui<br />

prétendait avoir valeur universelle et considérait son expansion inévitable. Toutefois,<br />

ce<strong>la</strong> n'était pas lié <strong>à</strong> des contraintes temporelles. En effet, le principe du "socialisme dans<br />

un pays" permettait d'attendre avec patience les conditions propices <strong>à</strong> <strong>la</strong> "révolution<br />

mondiale". De plus, personne ne pouvait exclure que le chaos d'après-guerre, les<br />

économies détruites, <strong>la</strong> détresse de l'Europe ne puissent créer de fortes tensions<br />

révolutionnaires. Indépendemment de ce<strong>la</strong>, <strong>la</strong> nature impérialiste du capitalisme aurait<br />

amené tôt ou tard les Etats occidentaux <strong>à</strong> entrer en conflit entre eux, comme le cas s'était<br />

déj<strong>à</strong> présenté deux fois lors de <strong>la</strong> première moitié du vingtième siècle. Aux yeux de<br />

Stalin, <strong>la</strong> première guerre mondiale, en créant l'Union Soviétique, avait libéré un pays de<br />

l'esc<strong>la</strong>vage du capitalisme; <strong>la</strong> deuxième guerre mondiale avait créé un système socialiste;<br />

2 Un bon exemple est fourni dans ce cas par <strong>la</strong> politique des Etats-Unis envers <strong>la</strong> <strong>Chine</strong> <strong>à</strong> <strong>la</strong> fin du XIX<br />

siècle. <strong>La</strong> politique des Etats-Unis en Amérique et dans le Pacifique fait exception <strong>à</strong> cette dynamique.<br />

3 Leffler écrit: "Truman's ambivalent feelings mirrored the uncertainties and contradictions that persisted<br />

within his administration." Leffler M. (1992), p. 46.<br />

4 Cette hypothèse fut formulée pour <strong>la</strong> première fois par R. C. Tucker dans son oeuvre Stalin as<br />

Revolutionary, cité in Zubok V., Pleshakov C. (1994), p. 59.<br />

5 Selon sa fille "He saw enemies everywhere", cité in Levering R. B. (1988), p. 26.<br />

6 Gaddis J. L. (1993), p. 4. Le nationalisme russe de Staline était reconnu aussi par des camarades<br />

comme Milovan Dji<strong>la</strong>s. Cf. Dji<strong>la</strong>s M. (1971), p. 99.<br />

7 Cf. Crockatt R. (1995), pp. 25-34.<br />

20

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!