Un analyseur syntaxique opérationnel : SYNTEX - ERSS
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2.2.2. L’avènement de la « computational linguistics »<br />
Si la seconde moitié des années 1950 est une période de grand espoir de réussite de la<br />
TA, très vite l’optimisme cède le pas à une certaine désillusion. Celle-ci naît du constat<br />
que les progrès sont lents et que cette lenteur est due non seulement à des problèmes<br />
matériels liés à la technologie et aux capacités des machines, mais aussi à la complexité<br />
des problèmes linguistiques (Hutchins, 1986, section 8.2). En février 1959, après avoir<br />
visité les laboratoires les plus importants de l’époque et interrogé les pionniers du<br />
domaine, Bar-Hillel publie un rapport intitulé Report on the state of machine translation<br />
in the <strong>Un</strong>ited State and Great Britain, qui connaîtra une large diffusion après sa<br />
publication dans la revue Advances in Computers (Bar-Hillel, 1960). L’effet de ce<br />
rapport sur le domaine de la TA est terrible. Bar-Hillel affirme que la recherche en TA<br />
poursuit un but inatteignable : une traduction automatique de haute qualité, équivalente à<br />
celle d’un bon traducteur humain. Pour appuyer cette affirmation, Bar-Hillel donne<br />
l’exemple de la phrase, désormais célèbre, « the box was in the pen ». On peut adapter la<br />
démonstration en français avec la phrase « Jean est dans le bureau ». Pour traduire<br />
correctement le mot bureau, il faut savoir qu’un bureau meuble n’est en général pas<br />
capable de loger un être humain de taille normale. <strong>Un</strong> système de TA devrait donc<br />
posséder des connaissances de type encyclopédique, ce qui paraît tout à fait irréaliste. On<br />
a reproché à Bar-Hillel de n’avoir pas basé ses positions sur une analyse effective des<br />
systèmes qui, en 1958, au moment où il a réalisé ses investigations, étaient en gestation<br />
dans les équipes, ainsi que d’avoir utilisé comme seul argument théorique un exemple<br />
qui ne constitue pas une preuve : « In general, Bar-Hillel’s opinions were not based on a<br />
careful evaluation of the actual achievements of MT projects but they were already<br />
formed before the review was undertaken. » (Hutchins, 1986, section 8.3). Néanmoins, il<br />
reste qu’il régnait à l’époque un certain consensus sur le fait que la traduction<br />
automatique de haute qualité ne devait plus être l’objectif des recherches en TA, et que<br />
celles-ci devaient s’orienter vers la traduction assistée par ordinateur.<br />
C’est le rapport de l’ALPAC qui, en 1966, va consacrer une rupture dans le domaine, en<br />
condamnant les recherches qui visent la réalisation de systèmes de traduction<br />
automatique et en préconisant d’encourager des recherches plus théoriques, rendues<br />
possibles par l’usage des ordinateurs, sur les caractéristiques formelles des langues. En<br />
avril 1964, l’Académie Nationale des Sciences des Etats-<strong>Un</strong>is forme le comité ALPAC<br />
(Automatic Language Processing Advisory Commitee) en lui donnant pour mission<br />
d’évaluer l’intérêt de continuer à financer les recherches en TA. Le comité entreprend<br />
des études et enquêtes sur les besoins en traduction des scientifiques (principalement du<br />
russe vers l’anglais), sur l’état de l’offre en traduction et sur ses coûts, sur la<br />
disponibilité de traducteurs humains, sur l’évaluation de certains systèmes de traduction<br />
automatique et sur les coûts de post-édition liés à l’utilisation de ces systèmes. La<br />
conclusion est sans appel : la traduction automatique n’est pas une bonne solution au<br />
problème de la traduction scientifique.<br />
“Machine translation” presumably means going by algorithm from<br />
machine-readable text to useful target text, without recourse to human<br />
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