10 octobre . .11 janvier Dossier de presse - Palais des Beaux Arts ...
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Ecole suédoise<br />
Pour les artistes suédois, Paris <strong>de</strong>vient un centre d’attraction majeur quelques années avant 1870. Beaucoup y<br />
rési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> longs mois chaque année. Alfred Wahlberg, Hugo Salmson, August Hagborg, Wilhelm von Gegerfelt<br />
s’inspirent du réalisme <strong>de</strong> plein air tel qu’il s’exprime dans l’oeuvre <strong>de</strong>s peintres actifs en Normandie ou à Barbizon,<br />
mais en l’adaptant au goût consensuel du Salon, carrière internationale oblige.<br />
Dans les années 1880-1890, le nombre <strong>de</strong> Suédois travaillant en France est considérable, dépassant la centaine en<br />
1889. Peindre sur le motif <strong>de</strong>vient le credo et ils choisissent comme villégiature préférée Grez-sur-Loing, non loin <strong>de</strong><br />
Moret où vit Sisley. A Grez, ils côtoient <strong>de</strong>s peintres canadiens, américains, irlandais, qu’ils retrouvent périodiquement<br />
en Bretagne, à Pont-Aven, à Concarneau ou encore à Bréhat, île <strong>de</strong> la Manche au large <strong>de</strong> Paimpol. La connaissance<br />
<strong>de</strong> l’impressionnisme, qui commence son irrésistible ascension avec les expositions <strong>de</strong> Durand-Ruel, puis celles <strong>de</strong> la<br />
galerie Georges Petit, les délivre du naturalisme <strong>de</strong> Jules Bastien-Lepage dont ils étaient très proches. Son oeuvre<br />
sincère comme ses bons conseils seront déterminants dans l’évolution <strong>de</strong> leur parcours artistique.<br />
Sur la recommandation <strong>de</strong> Bastien-Lepage, les artistes suédois retourneront dans leur pays natal où ils choisiront<br />
souvent <strong>de</strong> s’installer en pleine campagne, spectaculaire atelier à ciel ouvert. Ils peignent les provinces originales<br />
qui offrent d’admirables motifs et <strong>de</strong>s paysages variés : la Scanie, la Dalécarlie (Carl Larsson y réalisera une oeuvre<br />
pleine <strong>de</strong> fraîcheur sur le thème du foyer familial), le Bohuslän dans le sud du pays, jusqu’à la Laponie à l’extrémité<br />
nord (avec Helmer Osslund, un ancien élève <strong>de</strong> Gauguin en quête lui aussi <strong>de</strong> civilisation ancienne intacte). Les<br />
vastes horizons <strong>de</strong>s forêts <strong>de</strong> sapins, les grands espaces, les nuits aux lumières incomparables, un folklore nettement<br />
différencié, leur apparaissent comme autant d’éléments picturaux nouveaux, dignes <strong>de</strong> représenter un mo<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
vie mo<strong>de</strong>rne.<br />
Pour traduire leurs impressions, les artistes suédois utilisent à la base les principes du plein-airisme, c’est-à-dire peindre<br />
sous une lumière authentique et troublante la vie quotidienne où qu’elle soit et sous toutes ses formes. Le peintre<br />
animalier Bruno Liljefors, par exemple, avec ses aigles <strong>de</strong>s mers et ses oies en plein vol, ou encore ses renards à l’affût,<br />
saisis à l’aurore ou au crépuscule, doit peut-être au Japonais le trait d’audace synthétique <strong>de</strong> la silhouette et le<br />
raffinement <strong>de</strong> la caresse <strong>de</strong> la matière (plume ou pelage), mais il doit plus encore à l’étu<strong>de</strong> et à la vie <strong>de</strong> et dans<br />
la nature. Pour lui, l’animal sauvage se suffit à lui-même, symbole <strong>de</strong> liberté et <strong>de</strong> survie dans un milieu superbe mais<br />
hostile.<br />
An<strong>de</strong>rs Zorn, artiste virtuose cosmopolite, est aussi un poète noma<strong>de</strong>, spécialiste <strong>de</strong> la peinture <strong>de</strong> nu dans le paysage<br />
estival. Son art est d’abord celui d’un paysan <strong>de</strong> Mora, d’un frais et vif Dalécarlien. Ses modèles <strong>de</strong> prédilection, <strong>de</strong>s<br />
femmes aux formes généreuses qui se baignent toutes nues entre les rochers, lui permettent d’étudier les effets <strong>de</strong><br />
lumière sur le corps humain. Zorn les voit simplement telles qu’elles se présentent en sortant du bain. Ce sont sans<br />
doute là les tout premiers nus féminins mo<strong>de</strong>rnes d’où toute convention mythologique ou érotique a disparu. Cette<br />
thématique nouvelle annonce sur le plan artistique l’esthétique vitaliste et, simultanément, sur le plan sociologique,<br />
un mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> vie sain et sportif au grand air, toujours d’actualité.<br />
Au tournant du siècle, August Strindberg saura mieux qu’aucun autre faire la transition entre le plein-airisme et le<br />
symbolisme. En d’autres termes, il l’affirmera en 1897 : ” C’est (…) à moi <strong>de</strong> jeter la passerelle ente le naturalisme et le<br />
supranaturalisme en proclamant que celui-ci ne constitue qu’un développement <strong>de</strong> celui-là.” Ses paysages marins,<br />
déchirés par <strong>de</strong>s lumières extatiques, sont l’expression même <strong>de</strong> l’impact <strong>de</strong> la nature nordique sur l’homme et <strong>de</strong><br />
ses états d’âme les plus extrèmes. Comme la lumière du Nord, l’homme mo<strong>de</strong>rne est fondamentalement ambivalent<br />
et, <strong>de</strong> surcroît, perpétuellement exposé aux manoeuvres menaçantes du <strong>de</strong>stin. Le XXe siècle lui donnera raison<br />
et reconnaîtra son esthétique visionnaire lorsque seront créées les premières oeuvres relevant <strong>de</strong> l’expressionnisme<br />
abstrait.<br />
dossier <strong>de</strong> <strong>presse</strong> • Echappées Nordiques | 1