10 octobre . .11 janvier Dossier de presse - Palais des Beaux Arts ...

Echappées Nordiques
Les maîtres scandinaves et finlandais en France
1870-1914
Texte de Annie SCOTTEZ - DE WAMBRECHIES, commissaire général de l’exposition
Entre 1870 et 1914, Danois, Finlandais, Norvégiens et Suédois affluent en France afin de parfaire leur formation
artistique, délaissant l’Allemagne et l’Italie. Ces artistes découvrent Paris, alors capitale des arts, mais arpentent aussi
la Bretagne, la Normandie, la Manche et la Picardie. Par la qualité, l’authenticité et la fraîcheur de leur production,
s’attachant à représenter la vie quotidienne en France puis celle de leur pays natal, ils séduisent les maîtres français
(Rodin, Puvis de Chavannes, Monet, Cazin, Gauguin…). Les Expositions Universelles de Paris, en 1889 et en 1900 leur
accordent la consécration. Dans le sillage de cet engouement, l’Etat français va alors acquérir nombre d’œuvres qui
constituent un fonds remarquable réparti aujourd’hui entre le musée d’Orsay et de nombreuses collections publiques
françaises.
L’exposition s’organise d’une manière thématique et chronologique qui démontre comment ces artistes nordiques
vont constituer une nouvelle école riche de ses propres valeurs : en première partie est évoquée la France rurale,
forte de ses coutumes telle que les Scandinaves la découvrent, l’arpentent, y séjournent dès les années 1870, formant
l’une des colonies les plus considérables et les plus solidaires. A Paris ou à Grez-sur-Loing, à Pont-Aven, ou sur la côte
d’Opale, ils expérimentent la voie de la modernité en réaction au conservatisme des académies de Copenhague,
de Stockholm et de Düsseldorf.
S’impose ensuite la section dédiée aux territoires de Scandinavie et de Finlande, peints par les artistes de retour
dans leur pays, dans la décennie 1880-1890, affermis par l’expérience française au contact essentiel d’un Bastien-
Lepage ou d’un Manet. Ils élaborent une vision nouvelle, le plein-airisme où prime l’étude scrupuleuse de cette
fameuse lumière naturelle, blanche et si cristalline ; les bois, les lacs, la mer, les fjords deviennent un immense atelier
à ciel ouvert. Ensuite, de nouveau direction la France, pour exposer leurs œuvres aux Salons ou aux Expositions
Universelles.
La dernière séquence de l’exposition montre l’évolution de la peinture de plein-air vers un langage symbolique
autour de 1890-1900 ; nous abordons les rives de l’imaginaire nordique et ses représentations de l’âme où percent
les singularités nationales tel l’intimisme des Danois, l’intériorité mystique des Finlandais, le lyrisme métaphysique des
Suédois et l’âpreté grandiose des Norvégiens.
Dans cet ensemble original et de qualité, composé de portraits émouvants, de scènes familières et intimes, de vastes
paysages de neige ou de mer, surgissent les noms prestigieux de Vilhelm Hammershøi et de Peder Severin Krøyer pour
le Danemark, Albert Edelfelt et Ville Vallgren pour la Finlande, Frits Thaulow, Edvard Munch, Johanes Grimelund pour
la Norvège, Hugo Salmson, August Hagborg, August Strindberg et Anders Zorn pour la Suède.
Les musées français possèdent un fonds nordique d’une surprenante richesse dont ”Echappées nordiques” livre un
florilège. Toutes les œuvres présentées – à l’exception d’un Jansson- appartiennent au sol français ! à la différence
des expositions récentes consacrées au sujet mais fondées sur les collections nordiques, dont la remarquable et
pionnière "Lumières du Nord" au musée du Petit Palais à Paris, en 1987 !
Entre naturalisme et impressionnisme, les artistes nordiques ont créé leur esthétique, le plein-airisme, qui puise ses
racines dans leur environnement naturel et culturel. Cette école du plein-air a été perçue comme l’école du ”juste
milieu”, selon la formule de Léonce Benedite, dotée bien sur de particularismes, du fait de l’histoire mêlée de ces
pays et de leur parenté géographique, à l’image de la suédoise Anna Boberg inspirée par la Norvège.
”Echappées nordiques” nous dévoile l’atmosphère et l’âme scandinaves et finlandaises ; elle témoigne ainsi de
l’indéniable part des nordiques à l’histoire de l’art moderne en Europe.
Ancrée aux portes de l’Europe du Nord, et forte de son ouverture internationale, Lille crée ici l’événement en
célébrant l’art nordique exclusivement à partir d’un trésor propre aux musées français.
Cette exposition bénéficie du soutien des ambassades de Danemark, de Finlande, de Norvège et de Suède ainsi
que de celui du Conseil nordique des ministres. Elle a reçu le label Saison culturelle européenne et a été organisée
grâce à la participation exceptionnelle du musée d’Orsay.
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