10 octobre . .11 janvier Dossier de presse - Palais des Beaux Arts ...

Ecole finlandaise
Le peintre Albert Edelfelt et le sculpteur Ville Vallgren – les deux plus grandes figures finlandaises au sein de la colonie
artistique nordique en France – ont pleinement participé à l’élaboration de deux mouvements capitaux dans
l’histoire de l’art du XIXe siècle - le plein-airisme et le symbolisme - tout en s’attachant à définir une authentique
identité nationale.
Dans un pays qui, après plus de six siècles de domination suédoise, était passé sous l’autorité russe en 1809, la question
identitaire fut cruciale dans la définition de l’art finlandais tout au long du XIXe siècle et même au-delà de son
indépendance, proclamée le 6 décembre 1917. Dans ce contexte politique spécifique, les relations des artistes du
Grand Duché de Finlande avec l’étranger – de Paris surtout – ont été déterminantes.
Albert Edelfelt – chantre du combat patriotique – devint un chef de file du style plein-airiste, une esthétique qui
permettra de révéler la singularité géographique, culturelle et politique de son pays. Ses paysages du Golfe de
Finlande, d’archipels, de lacs et de forêts, exécutés avec brio, lui apporteront une reconnaissance internationale au
Salon comme aux Expositions universelles. Avec leur lumière limpide et leur étonnant pouvoir d’analyse, les paysages
d’Edelfelt constituent une ode au pays et à ses habitants. Ses modèles ne sont pas sans rappeler ceux que l’on
retrouve dans la littérature d’Aleksis Kivi (1834-1872), comme son roman titré Les Sept frères (1870) qui décrit à merveille
le caractère téméraire des paysans. Dans ses paysages d’atmosphère des années 1890, d’esprit symboliste, la nature
joue davantage un rôle de suggestion, comme miroir des états d’âme et des aspirations de tout un peuple.
Dans le registre du portrait, Edelfelt saura aussi insuffler une touche de modernité en représentant son modèle en action
dans son milieu quotidien et baigné d’une lumière naturelle. Ce plein-airisme dit « d’intérieur » est magistralement
illustré par le portrait de Louis Pasteur, acheté par l’Etat français, et qui lui vaudra non seulement la Légion d’honneur
mais également de très nombreuses commandes privées.
Les années 1890 correspondent à un âge d’or finlandais sur le plan culturel, dans les beaux-arts, la musique (Jean
Sibelius), mais aussi dans les lettres. L’univers imaginaire du Kalevala (et notamment de sa mythologie) devient une
source d’inspiration majeure mais pas unique. Le sculpteur Ville Vallgren – dont le séjour à Paris durera plus de trente
ans (en 1902 il obtient la nationalité française) – exposera par exemple, au Salon de 1889, la légendaire Aïno fuyant
l’amour du vieux Vaïnämoïnen. Ensuite, il se tournera vers un symbolisme de mystère et de grâce plus universel, se
spécialisant dans de petites figurines féminines, longilignes, délicatement ondulantes, plongées dans une douleur
retenue sans gandiloquence. Sa participation au Salon de la Rose + Croix ainsi que l’admiration de Rodin pour
son œuvre assureront à Vallgren une célébrité que peu d’artistes étrangers, installés en France, ont connu à cette
époque.
dossier de presse • Echappées Nordiques |