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MEXIQUE : RÉFORME ÉCONOMIQUE<br />
INTÉGRALE ET L'ACCORD DE LIBRE-ÉCHANGE<br />
DE L'AMÉRIQUE DU NORD<br />
Ambassadeur Jesùs<br />
SEADE<br />
Représentant permanent du<br />
Mexique<br />
auprès du GATT *<br />
J'ai été invité à parler de l'Accord de Libre-Échange entre le Mexique, le Canada et les États-Unis,<br />
l'ALENA, par lequel sera créée une des plus vastes zones de libre-échange du monde. Mais j'aimerais,<br />
d'abord, placer l'ALENA dans son contexte, au moins du point de vue du gouvernement de mon pays.<br />
LE CADRE : RÉFORME ÉCONOMIQUE<br />
Au cours des cinq décennies qui ont précédé les années 80, la croissance économique du Mexique,<br />
comme celle de nombreux pays en développement, s'est fondée sur une stratégie de croissance « vers<br />
l'intérieur », caractérisée par une intervention croissante du secteur public dans l'économie, ainsi que<br />
par un haut niveau de protection de l'industrie nationale. Durant cette période, l'économie du Mexique<br />
était considérée comme l'une des plus protégées du monde.<br />
Même si le degré d'industrialisation de l'économie a augmenté sous ce modèle introspectif, des facteurs<br />
comme l'efficacité et le vrai coût économique des activités productives n'ont pas fait l'objet de<br />
considérations importantes. De fait, cette politique a entraîné un développement déséquilibré où les<br />
prix ne reflétaient pas les coûts d'option et, ainsi, la structure de prix relatifs a été source de<br />
déséquilibres, aussi bien microéconomiques que macroéconomiques. En particulier, le déséquilibre<br />
externe cumulé a fini par devenir un obstacle majeur pour notre croissance économique.<br />
Suite au problème de la dette qui, en 1982, a débouché sur une crise, et à la prise de conscience<br />
collective quant à ses clauses de fond qu'elle a entraînée, le Mexique, à partir de 1983, a adopté, puis<br />
appliqué avec une audace politique fondée sur le consensus national, un processus vaste et intense<br />
d'ajustement structurel de son économie. Pour l'essentiel, l'objectif de cet ajustement a été de corriger<br />
les distortions engendrées lors des années précédentes et d'exposer ainsi les producteurs nationaux à<br />
une plus grande concurrence de l'étranger, passage inévitable pour améliorer la compétitivité nationale.<br />
C'est ce concept-ci qui se trouve au noyau des divers volets de notre programme de réforme passé et<br />
actuel.<br />
Au-delà de la dimension macroéconomique, centrée sur un ajustement budgétaire sérieux et durable et<br />
sur un plan de concertation effective entre le gouvernement et les forces de la production dans le<br />
secteur privé, l'ajustement structurel s'est fondé sur trois éléments, tous primordiaux dans le<br />
programme du Mexique :<br />
– Premièrement la privatisation, qui a désormais presque éliminé la participation de l'État dans des<br />
activités productives où elle n'était pas nécessaire et qui représentait un coût élevé, aussi bien<br />
économique (sur le plan de l'efficacité) que budgétaire : pour ne prendre qu'un indicateur, le nombre<br />
d'entreprises publiques est passé de 1155 en 1983 à moins de 300 actuellement. Cet important transfert<br />
vers le secteur privé d'un grand nombre de responsabilités qui, par leur essence, lui incombent, a<br />
permis alors non seulement l'intervention mais aussi l'expansion de l'action gouvernementale dans<br />
d'autres domaines, tels que les dépenses sociales et l'infrastructure.<br />
– Deuxièmement, un autre domaine qui, par son hétérogénéité, n'a peut-être pas bénéficié d'une<br />
attention suffisante et systématique dans certains programmes ou tentatives d'ajustement structurel<br />
mais qui, pour le Mexique, a constitué un élément fondamental, est la politique de déréglementation<br />
qui a été adoptée dans d'innombrables branches économiques, qui en avaient un besoin urgent, et qui a<br />
bouleversé des secteurs aussi importants que l'agriculture, l'industrie et les services financiers, en<br />
libéralisant et en simplifiant la gestion des ports, le transport routier, et même les normes de production<br />
et d'emballage. Cette politique de révision approfondie du cadre réglementaire représente sans doute,