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Les forêts inondées: trésors du Delta Intérieur du Niger au Mali

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8. Un lieu de repro<strong>du</strong>ction pour des espèces nuisibles<br />

<strong>Les</strong> <strong>forêts</strong> <strong>inondées</strong> n’ont pas que des valeurs positives,<br />

telles qu’énumérées plus h<strong>au</strong>t. Elles peuvent<br />

<strong>au</strong>ssi abriter d’importants effectifs de passere<strong>au</strong>x<br />

granivores qui se repro<strong>du</strong>isent et perchent dans les<br />

arbres. <strong>Les</strong> agriculteurs n’aiment pas cette fonction<br />

écologique des <strong>forêts</strong>, et en particulier pendant la<br />

saison des pluies où de grands groupes d’oise<strong>au</strong>x<br />

granivores s’abattent sur leurs cultures pour s’alimenter<br />

pour leur survie. Certaines espèces nuisibles<br />

qui c<strong>au</strong>sent des dégâts <strong>au</strong>x cultures sont Quelea quelea,<br />

Euplectes afer, Euplectes orix et Passer luteus.<br />

1. L’histoire de l’homme dans<br />

le <strong>Delta</strong> <strong>Intérieur</strong> <strong>du</strong> <strong>Niger</strong><br />

Pour comprendre les développements dans la gestion<br />

des ressources naturelles <strong>du</strong> <strong>Delta</strong> <strong>Intérieur</strong> <strong>du</strong><br />

<strong>Niger</strong>, nous devons étudier l’histoire de ses populations.<br />

Gallais (1967) a fait la synthèse de ces développements<br />

historiques dans le delta, et leurs implications<br />

pour la gestion des ressources naturelles ont<br />

été analysées par Moorehead (1991).<br />

<strong>Les</strong> plus anciens habitants <strong>du</strong> delta sont les Bozos, des<br />

pêcheurs, et les nonos (également appelés Norons),<br />

des pêcheurs et cultivateurs de riz. Pendant plusieurs<br />

siècles, ils ont eu le delta pour eux. Ils appliquaient<br />

diverses techniques de pêche, utilisant toutes sortes<br />

de pièges, des harpons et des barrages. <strong>Les</strong> pêcheries<br />

étaient gérées par un système patrilinéaire, supposé<br />

être les fondateurs de la commun<strong>au</strong>té et donc, les<br />

propriétaires des ressources naturelles. L’homme le<br />

plus âgé de ce système patrilinéaire faisait office de<br />

Maître d’E<strong>au</strong> qui octroyait les droits de pêche. Du<br />

temps de l’Empire <strong>du</strong> <strong>Mali</strong> (1250-1450), deux nouve<strong>au</strong>x<br />

groupes ethniques ont été créés: les Markas<br />

(une commun<strong>au</strong>té marchande) et les somonos (la<br />

marine de l’Empire). Ces deux commun<strong>au</strong>tés étaient<br />

23<br />

<strong>au</strong> départ issues des populations Bozos et Nonos locales.<br />

D’<strong>au</strong>tres groupes ethniques capturés <strong>au</strong> cours<br />

des guerres étaient <strong>au</strong>ssi inclus dans les Somonos.<br />

Ces derniers recevaient des droits d’usage de l’e<strong>au</strong> et<br />

nommaient également les Maîtres d’E<strong>au</strong> pour gérer<br />

leurs pêcheries, notamment le long des grands cours<br />

d’e<strong>au</strong>. L’Empire Songhaï (1450-1590) n’a vraisemblablement<br />

guère changé le mode d’exploitation des<br />

ressources naturelles.<br />

C’est <strong>au</strong>x 17 e et 18 e siècle qu’ont eu lieu de grands<br />

changements, avec l’arrivée d’importantes immigrations<br />

de bambaras et de fulanis. <strong>Les</strong> Bambaras se sont<br />

installés dans les terres arides pour y cultiver <strong>du</strong> mil.<br />

Ils n’ont pas grandement influencé la gestion des<br />

habitats de zone humide mais ont in<strong>du</strong>bitablement<br />

accru la pression sur les types de <strong>forêts</strong> sèches. Par<br />

contre, l’<strong>au</strong>gmentation de la commun<strong>au</strong>té fulanie<br />

(ou peule) a eu une importance profonde pour la<br />

région. Ils se sont installés dans la région avec leur<br />

bétail à partir de l’ouest, depuis le 13 e siècle déjà,<br />

mais <strong>au</strong> 17 e siècle, ils sont devenus de plus en plus<br />

dominants. Ils ont d’abord colonisé la zone <strong>au</strong>tour<br />

de la rivière Diaka, qui est devenue le Roy<strong>au</strong>me<br />

<strong>du</strong> Macina. <strong>Les</strong> villages loc<strong>au</strong>x étaient souvent détruits<br />

et les habitants chassés. <strong>Les</strong> Fulanis ont créé<br />

un groupe ethnique esclave, les Rimaïbés, formé de<br />

populations locales de divers groupes ethniques. <strong>Les</strong><br />

rimaïbés étaient implantés dans le delta pour cultiver<br />

des céréales pour le compte des fulanis, afin que ces<br />

derniers puissent consacrer leur temps <strong>au</strong>x déplacements<br />

avec leur bétail.<br />

Au 19 e siècle, sous le régime Dina, les Fulanis (Peuls)<br />

avaient un contrôle total sur le delta. Bien que de<br />

nombreuses populations locales aient été chassées de<br />

la région et be<strong>au</strong>coup de villages détruits, les chefs<br />

Peuls ont laissé une grande partie de la gestion des<br />

e<strong>au</strong>x et des terres locales <strong>au</strong>x populations restantes et<br />

la gestion des pêcheries <strong>au</strong>x anciens Maîtres d’E<strong>au</strong>.<br />

Un intéressant système alternatif de gestion s’est dé-

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