Volume XVII/1 - Congrès ESKA
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22 MUSURGIA<br />
schémas pourraient toujours être utilisés pour assimiler telle ou telle structure<br />
musicale.<br />
Du fait de ce processus de complexification progressive, les éléments d’un<br />
schéma harmonique auraient une force relative d’autant plus grande qu’ils<br />
appartiendraient à un état antérieur du schéma. Corollairement, du fait de cette<br />
différenciation hiérarchique interne, tout schéma harmonique serait essentiellement<br />
dynamique. Ces deux premières propriétés seraient en outre pondérées par la<br />
tendance à activer de façon privilégiée les catégories de schéma les plus typiques et<br />
en outre caractérisées par une forte homogénéité interne et une bonne<br />
discriminabilité. Ainsi, chaque individu tendrait à activer automatiquement un état<br />
donné des schémas harmoniques, plus ou moins modulable sous certaines<br />
conditions, la classe de schéma automatiquement activée correspondant à celle<br />
ayant le plus grand pouvoir assimilateur en fonction des productions les plus<br />
courantes de la culture de cet individu. La classe des accords dits « de trois sons »<br />
par exemple correspond très probablement d’un point de vue accordique à ces<br />
catégories privilégiées chez un individu non expert dont la culture musicale relève<br />
du système harmonico-tonal.<br />
Enfin, chacun de ces schémas posséderait une couleur propre. Des jeux<br />
d’expression pourraient ainsi être imaginés soit du fait des interactions potentielles<br />
entre la dynamique structurelle intrinsèque aux schémas et la dynamique résultant<br />
de l’application du principe tonal dans le cadre de ces structures (voir par exemple<br />
fig. 3 infra), soit du fait de la combinaison de ces couleurs entre elles,<br />
particulièrement pour les schémas accordiques, indépendamment de toute<br />
organisation syntaxique.<br />
Modalité<br />
Le troisième principe d’organisation serait lié à la nécessité de partager socialement<br />
un certain nombre de modalités expressives plus ou moins codifiées, de façon à<br />
pouvoir communiquer ses états psychologiques et à apprécier ceux d’autrui, et à<br />
disposer ainsi d’outils d’autorégulation émotive 19 . Dans cette perspective, et dans le<br />
cadre de la génération et du traitement cognitif des systèmes musicaux de hauteurs<br />
discrètes, la modalité pourrait être définie comme le processus d’organisation des<br />
accords. Les intervalles sont indiqués à partir de la fondamentale, en suivant le modèle de la série<br />
harmonique (mais sans tenir compte des redoublements) et en commençant par le dernier intervalle<br />
constitutif. L’accord dit « parfait majeur » par exemple est noté : 3c-5t-8v ; l’accord de septième dit<br />
traditionnellement « de dominante » : 7m-3c-5t-8v. Enfin, dans les analyses, j’adopte une écriture<br />
abrégée où la fondamentale de l’accord est indiquée par la lettre qui lui correspond dans la notation<br />
anglo-saxonne suivie du dernier intervalle constitutif et éventuellement des intervalles modifiés par<br />
rapport au modèle de la série harmonique. Dans cette notation, un chiffre sans autre précision indique<br />
toujours l’intervalle majeur ou juste. Par exception, l’accord « parfait mineur » est simplement indiqué<br />
par un « m » directement après la lettre. Par exemple, un accord de 5t-8v sur do sera noté : c5 ; un<br />
accord de 3c-5t-8v : c3 ; un accord de 3m-5t-8v : cm ; un accord de 7m-3m-5t-8v : cm7m ; un accord de<br />
7m-3c-5t-8v : c7m.<br />
19 Cf. Jean-Luc LEROY, Le vivant et le musical, Paris, L’Harmattan, 2005, et « A general model for<br />
the dynamic functioning of musical systems », Musicae Scientiae XIII/1 (2009), p. 3-31.