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papiers de Mme Drablow – ses documents personnels, quels qu’ils soient… et où qu’ils soient… » M.<br />

Bentley avait émis un léger grognement. « Vous les rapporterez à l’étude.<br />

— Je vois.<br />

— Mme Drablow était quelque peu… comment dirais-je ? Désorganisée. Cela risque de vous occuper<br />

un <strong>ce</strong>rtain temps.<br />

— Un jour ou deux ?<br />

— Au moins, Arthur. Bien sûr, il est toujours possible que je me trompe et que les choses aient<br />

changé… Ses papiers sont peut-être parfaitement en ordre, <strong>au</strong>quel cas il vous suffira d’un après-midi<br />

pour tout boucler. Comme je vous l’ai dit, je n’y suis pas allé depuis des années. »<br />

Pour moi, <strong>ce</strong>tte affaire commençait à ressembler à l’intrigue d’un roman victorien, où une vieille dame<br />

vivant en recluse a caché une foule de documents anciens dans les pr<strong>of</strong>ondeurs de son manoir encombré.<br />

Au fond, j’avais du mal à prendre M. Bentley <strong>au</strong> sérieux.<br />

« Y <strong>au</strong>ra-t-il quelqu’un pour m’aider ?<br />

— Presque tous ses biens reviennent à sa petite-niè<strong>ce</strong> et à son petit-neveu – ils sont tous les deux<br />

établis en Inde depuis plus de quarante ans. Il y avait <strong>au</strong>ssi une gouvernante, avant… mais vous en s<strong>au</strong>rez<br />

plus une fois sur pla<strong>ce</strong>.<br />

— Elle avait tout de même des amis, j’imagine, ou des voisins…<br />

— Le Manoir du Marais est assez isolé, voyez-vous.<br />

— Et bien sûr, comme Mme Drablow était une ex<strong>ce</strong>ntrique, elle n’avait jamais noué d’amitiés… ? »<br />

M. Bentley avait salué ma question d’un petit rire. « Allons, Arthur, regardez le bon côté des choses :<br />

c’est l’occasion de vous distraire. »<br />

Je m’étais levé.<br />

« Au moins, <strong>ce</strong>tte expédition vous permettra d’échapper à tout <strong>ce</strong>la pendant un jour ou deux », avait-il<br />

observé en esquissant un geste vers la fenêtre. J’avais hoché la tête. À vrai dire, je n’étais pas mécontent<br />

de partir, même si je devinais que M. Bentley n’avait pas résisté <strong>au</strong> plaisir d’embellir l’histoire, d’aller<br />

bien <strong>au</strong>-delà des faits pour ajouter <strong>au</strong> mystère de <strong>ce</strong>tte Mme Drablow et de son étrange demeure. Je<br />

prévoyais déjà que la maison se révélerait juste froide, inconfortable et difficilement ac<strong>ce</strong>ssible, que<br />

l’enterrement serait mélancolique à souhait, et que les documents à chercher seraient fourrés sous un lit<br />

dans le grenier, à l’intérieur d’un carton à ch<strong>au</strong>ssures poussiéreux ; selon toute vraisemblan<strong>ce</strong>, il ne<br />

s’agirait que de vieux reçus et de quelques brouillons de lettres de récriminations adressées à divers<br />

destinataires – rien que de très attendu chez pareille cliente. Au moment où j’atteignais la porte de son<br />

bure<strong>au</strong>, M. Bentley avait ajouté : « Vous arriverez à Crythin Gifford en fin de soirée, il y a un petit hôtel<br />

où vous pourrez loger <strong>ce</strong> soir. Les obsèques <strong>au</strong>ront lieu demain matin à onze heures.<br />

— Et vous voulez que je me rende <strong>au</strong> manoir tout de suite après ?<br />

— J’ai pris <strong>ce</strong>rtaines dispositions avec un habitant de la région. C’est lui qui s’occupe des détails<br />

pratiques. Il se mettra en rapport avec vous.<br />

— Oui, mais… »<br />

Au même instant, Tomes s’était matérialisé derrière moi en reniflant près de mon ép<strong>au</strong>le.<br />

« Votre client de dix heures et demie est là, monsieur Bentley.<br />

— Bien, bien. Faites-le entrer.<br />

— Encore une chose, monsieur Bentley…<br />

— Oui, Arthur, que voulez-vous savoir ? Ne lambinez pas ainsi à la porte, mon cher, j’ai du travail.<br />

— N’y a-t-il rien d’<strong>au</strong>tre que vous devriez me dire ? Je… »<br />

Il m’avait congédié d’un geste impatient <strong>au</strong> moment où Tomes reparaissait, suivi par le client de dix<br />

heures et demie. Cette fois, je m’étais retiré.<br />

Il m’avait d’abord fallu ranger mon bure<strong>au</strong> avant de pouvoir rentrer chez moi préparer mes bagages,<br />

informer ma logeuse que je serais absent deux nuits et griffonner un mot à l’intention de Stella, ma

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