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pas moins grandement – en partie, sans doute, à c<strong>au</strong>se du contraste entre <strong>ce</strong>tte ambian<strong>ce</strong> joyeuse et les<br />

événements assez déroutants de la matinée. La plupart des conversations <strong>au</strong>tour de moi <strong>au</strong>raient pu se<br />

tenir dans une langue étrangère, car je n’entendais rien <strong>au</strong>x questions de poids et de prix, de rendement et<br />

de ra<strong>ce</strong>s, mais <strong>ce</strong>la ne m’empêchait pas de les écouter avec grand intérêt tout en faisant honneur à <strong>ce</strong>t<br />

ex<strong>ce</strong>llent déjeuner. Lorsque mon voisin de g<strong>au</strong>che me tendit un énorme fromage du Cheshire en m’invitant<br />

à me servir, j’en pr<strong>of</strong>itai pour lui poser quelques questions sur la vente <strong>au</strong>x enchères organisée dans<br />

l’<strong>au</strong>berge un peu plus tôt. Il grimaça.<br />

« La vente s’est déroulée <strong>au</strong>ssi bien qu’on pouvait l’espérer, monsieur. Dois-je comprendre que vous<br />

étiez vous-même intéressé par <strong>ce</strong>s terres ?<br />

— Non, non, c’est juste que l’<strong>au</strong>bergiste m’en a parlé hier soir. J’imagine qu’il s’agissait d’une vente<br />

importante ?<br />

— Elle portait sur une superficie assez considérable, en effet : la moitié des terres de Crythin, du côté<br />

de Homerby, et <strong>au</strong>ssi sur plusieurs kilomètres à l’est. Et quatre fermes en tout.<br />

— Ces terres ont-elles de la valeur ?<br />

— Certaines, oui, monsieur. Celles-là en particulier. Dans une région où abondent les marais et les<br />

salines impossibles à assécher, chaque <strong>ce</strong>ntimètre de bonne terre cultivable est précieux. Je peux vous<br />

dire que nous comptons parmi nous bien des hommes déçus.<br />

— Dont vous faites partie, peut-être ?<br />

— Moi ? Non, non, pas du tout. Je suis satisfait de <strong>ce</strong> que j’ai, et, même si je ne l’étais pas, je me<br />

serais abstenu d’enchérir car je n’ai pas les fonds né<strong>ce</strong>ssaires. De plus, j’ai assez de bon sens pour ne<br />

pas m’opposer à quelqu’un comme lui.<br />

— Vous voulez parler de l’acquéreur ?<br />

— Tout juste. »<br />

Je vis son regard se porter de l’<strong>au</strong>tre côté de la table. « Ah ! M. Daily… » Je venais de reconnaître<br />

mon compagnon de voyage. Une chope à la main, il contemplait la salle d’un air satisfait.<br />

« C’est un ami à vous ? s’enquit mon voisin.<br />

— Non, répondis-je. Je l’ai rencontré hier, c’est tout. Possède-t-il be<strong>au</strong>coup de terres dans la région ?<br />

— Oui.<br />

— Et <strong>ce</strong>tte situation lui v<strong>au</strong>t-elle des inimitiés ? » Pour toute réponse, mon voisin se contenta de<br />

h<strong>au</strong>sser ses larges ép<strong>au</strong>les.<br />

« Eh bien, s’il achète la moitié du comté, je serai peut-être moi-même amené à traiter avec lui avant la<br />

fin de l’année, expliquai-je. Je suis notaire, chargé de régler la suc<strong>ce</strong>ssion de feu Mme Ali<strong>ce</strong> Drablow,<br />

du Manoir du Marais. Le moment venu, il est tout à fait possible que ses biens soient mis en vente. »<br />

Mon interlocuteur garda le silen<strong>ce</strong> encore un moment, se bornant à beurrer une épaisse tranche de pain<br />

sur laquelle il disposa soigneusement plusieurs mor<strong>ce</strong><strong>au</strong>x de fromage. Un coup d’œil à l’horloge sur le<br />

mur d’en fa<strong>ce</strong> me révéla qu’il était une heure et demie ; comme je voulais me changer avant l’arrivée de<br />

M. Keckwick, j’allais prendre congé quand mon voisin déclara d’un ton mesuré : « Je doute que même<br />

Samuel Daily veuille s’en porter acquéreur.<br />

— Je ne suis pas sûr de saisir. Je n’ai pas encore eu l’occasion de voir toute l’étendue des terres de<br />

Mme Drablow… je crois néanmoins savoir qu’il y a une ferme à quelques kilomètres de la ville…<br />

— Ah, <strong>ce</strong>lle de Hoggetts ! s’exclama-t-il d’un ton dédaigneux. Cinquante acres, dont la moitié sont<br />

inondées une bonne partie de l’année. La ferme de Hoggetts ne v<strong>au</strong>t rien, et de toute façon il a un bail de<br />

métayage à vie.<br />

— Il reste le manoir et les terres environnantes, soulignai-je. Sont-elles propres à la culture ?<br />

— Non, monsieur.<br />

— Et si M. Daily souhaitait les acheter juste pour agrandir son empire ? Pour pouvoir s’enorgueillir<br />

d’en être propriétaire ? Vous semblez suggérer que <strong>ce</strong> serait dans son tempérament.

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