Janvier 2011 - N° 243 - Conseil Général du Nord
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25 JANVIER 1723<br />
•Toute la vie de Mademoiselle<br />
Clairon n’aura été que comédie.<br />
Au point qu’à la fin de sa<br />
vie, dans ses Mémoires (1798),<br />
elle travestira sa propre histoire,<br />
notamment pour se donner<br />
des origines bourgeoises.<br />
Pourtant les débuts de la petite<br />
Claire sont loin de se faire sous<br />
les ors. Fille illégitime de François-Joseph-Désiré<br />
Léris, sergent<br />
au régiment de Mailly, et<br />
de Marie-Claire Scana-Piecq,<br />
ouvrière, elle naît prématurément<br />
et conservera toute sa<br />
vie une santé fragile.<br />
Maltraitée par sa mère, Claire<br />
ne sait pratiquement ni lire ni<br />
écrire à onze ans. Ce qui ne<br />
l’empêche pas de venir seule<br />
à Paris. Par hasard, elle s’installe<br />
en face de la célèbre comédienne<br />
Dangeville. Dès cet instant<br />
elle sait que sa vie sera<br />
dédiée au spectacle.<br />
Le 8 janvier 1736, alors âgée de<br />
treize ans, elle fait ses premiers<br />
pas à la Comédie italienne.<br />
Puis les rôles et les propositions<br />
s’enchaînent. Elle jouera<br />
à Rouen, Lille, Gand et Dunkerque<br />
avant de débuter à<br />
l’Opéra en 1743. Plus attirée<br />
par le théâtre parlé que chanté,<br />
elle postule à la Comédie française.<br />
Le 19 septembre 1743,<br />
elle monte sur les planches<br />
pour jouer le rôle de Phèdre<br />
dans la pièce de Racine. Pour<br />
elle, c’est le triomphe !<br />
Elle jouera entre autres pour<br />
Voltaire et Diderot qui ne<br />
cachent pas leur admiration<br />
pour la comédienne et vont<br />
même jusqu’à la citer dans<br />
leurs œuvres (respectivement<br />
Candide et Le Neveu de<br />
Rameau).<br />
Perfectionniste et méticuleuse,<br />
elle doit en partie son succès<br />
au fait qu’à l’inverse de ses<br />
condisciples de l’époque, elle<br />
s’éloigne de la déclamation<br />
pour se rapprocher d’une élo-<br />
HISTOIRE D’UN JOUR<br />
« Quel jeu plus parfait que<br />
celui de la Clairon ? » *<br />
cution plus naturelle. En<br />
novembre 1765, elle quitte<br />
définitivement les planches à<br />
cause de son état de santé vacillant<br />
et ira se reposer chez Voltaire<br />
à Ferney. Elle ne se pro<strong>du</strong>ira<br />
plus que quelques fois en<br />
privé.<br />
Elle se consacre alors à faire<br />
lever l’excommunication des<br />
comédiens, condamnés de ce<br />
fait à la fosse commune et ne<br />
pouvant se marier. Elle devient<br />
également professeur de théâtre<br />
avant de s’exiler jusqu’en<br />
1786 en Allemagne pour vivre<br />
aux côtés de Carl Alexander,<br />
margrave (équivalent de marquis)<br />
d’Ansbach.<br />
Sa vie s’achèvera dans la<br />
misère, rue de Lille à Paris, le<br />
29 janvier 1803.<br />
ALEXANDRA PIGNY<br />
* Diderot dans Le paradoxe <strong>du</strong> comédien.<br />
La Clairon triomphante<br />
En 1757, la princesse russe<br />
Nathalie Galitzine propose à<br />
Mademoiselle Clairon de se faire<br />
peindre à ses frais. La tragédienne<br />
choisit son peintre, Carle Vanloo,<br />
et sa scène, la fin de la Médée<br />
de Longepierre, d’après Euripide,<br />
pièce dans laquelle elle avait<br />
triomphé à la Comédie française.<br />
Ici, une gravure, réalisée en 1765<br />
par Étienne Dauvergne, d’après<br />
le dessin de Vanloo.<br />
DR<br />
Ce jour là, naît à Condé-sur-l’Escaut Claire-Josèphe-Hippolyte Léris qui deviendra<br />
une des plus grandes tragédiennes de son temps.<br />
Une statue en l’honneur de<br />
la tragédienne hainuyère<br />
La ville de Condé-sur-l’Escaut,<br />
ville natale de Mademoiselle<br />
Clairon, décide à la fin<br />
<strong>du</strong> XIX e siècle de rendre<br />
hommage à la tragédienne.<br />
Sculpté par Henri Gauquié en<br />
1898, le buste de la Clairon surplombe<br />
encore aujourd’hui des<br />
angelots sur la place Saint-Amé,<br />
(son emplacement d’origine).<br />
En 1904, pour mettre en valeur<br />
le monument et le protéger,<br />
l’architecte Edmond Lemaire<br />
dessinera un jardinet et<br />
une clôture. PH. EW.<br />
<strong>Janvier</strong> <strong>2011</strong> LE NORD 33