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La Nostalgie de la folie

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LA NOSTALGIE DE LA FOLIE<br />

grands prêtres. L'interrogation <strong>de</strong> Malraux «Comment<br />

redonner aux hommes le goût <strong>de</strong> vivre ? » lui paraissait, à cet<br />

égard, un bon point <strong>de</strong> départ. Et puis l'influence d'Alexis<br />

Carrel était encore très forte. Adolescent, il avait lu<br />

«L'Homme, cet inconnu». «Nos connaissances sur le psychisme<br />

humain, écrivait l'auteur, ont pris un retard<br />

effrayant par rapport au savoir technique. » Carrel engageait<br />

les scientifiques à se pencher méthodiquement sur ce<br />

problème, et sur eux-mêmes. «Que <strong>de</strong>s hommes, disait-il,<br />

accor<strong>de</strong>nt une bonne partie <strong>de</strong> leur vie — 40 à 50 ans — pour<br />

se former et après, qu'ils se tournent vers autrui. »<br />

Sept ans plus tard, le psychiatre n'avait guère progressé !<br />

Reconnu spécialiste en psychiatrie et psychothérapie, son<br />

miroir lui renvoyait l'image d'un GARH, ou Gentil Amateur<br />

en Re<strong>la</strong>tions Humaines ! Le malheur <strong>de</strong>s hommes le<br />

<strong>la</strong>issait toujours aussi impuissant, et muet. «Les hommes<br />

meurent, écrivit Camus, et ils ne sont pas heureux. » II ne<br />

comprenait pas vraiment <strong>la</strong> psychose, ni le narcissisme.<br />

Encore moins le suici<strong>de</strong> et <strong>la</strong> fuite dans le rêve, sans réveil<br />

possible. Des trois ennemis qu'affronte l'homme <strong>de</strong>puis tous<br />

les temps, les forces <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature, son voisin et son mon<strong>de</strong><br />

intérieur, le troisième était bien le plus redoutable et le plus<br />

difficile à maîtriser.<br />

Enfin il avait découvert que ses confrères et consœurs<br />

psychiatres étaient aussi malheureux que les patients qu'ils<br />

avaient en traitement. Malheureux et paumés. Malgré les<br />

apparences. Deux d'entre eux déjà, et <strong>de</strong>s plus chers, et <strong>de</strong>s<br />

plus bril<strong>la</strong>nts, lui avaient faussé compagnie. Le premier<br />

s'était concocté un joli petit cocktail, létal à coup sûr, et avait<br />

versé au plus profond <strong>de</strong> <strong>la</strong> nuit, dans un buisson, non loin <strong>de</strong><br />

chez lui. On l'avait retrouvé froid, le len<strong>de</strong>main matin. Le<br />

second, un esthète pourtant, s'était fait exploser <strong>la</strong> cervelle<br />

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