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echerche actuellement pour les conservatoires de vieilles variétés ».<br />
Palladius regroupe les pêches en trois variétés: DURACINA, PRAECOQUA PERSICA et<br />
ARMENIA. Dans le domaine gallo-roman les termes-clés issus du latin ne renvoient plus qu'à deux<br />
espèces. Pour désigner les pêches à peau duveteuse nous relevons les termes qui se rattachent à lat.<br />
PERSICUM, PERSICA, auxquels il convient d'ajouter les substituts de même étymon: PESSICUM<br />
PESSICA et PERSUM du latin médiéval. Contrairement à Littré qui affirme que le terme pêche dans<br />
le Midi désigne "des pêches dont le noyau se détache de la chair, par opposition aux alberges,<br />
pêches dont la chair est attachée au noyau", Lachiver écrit que la pêche est le "fruit du pêcher, à<br />
chair savoureuse, blanche ou jaune, juteuse et parfumée, dont le noyau se détache de la chair./ La<br />
pavie est une pêche à chair blanche dont la pulpe adhère au noyau; quand la chair est jaune, c'est<br />
une persèque ou perchée. En Poitou on dit persec". Les termes occitans comme persec, perseque et<br />
pesseghe dénomment des pêches à chair ferme qui adhère au noyau. Persille désigne la petite pavie<br />
jaune, persille/percille, 1537, en revanche, renvoie au brugnon.<br />
Lat. DURACINA utilisé pour désigner des pêches à chair ferme est très peu présent dans les parlers<br />
français. Duracine est de toute évidence un latinisme qui appartient au registre littéraire et<br />
scientifique. Il ne reste que occ. duran qui s'applique à la pêche et fr. duraine qui caractérise une<br />
variété de cerise. Nous rappelons ici fr. druse, druselle qui nous semblent remonter au même<br />
étymon (*DURICELLA). Le français a emprunté aux dialectes méridionaux des termes tels que<br />
alberge, pavie, mirlicoton pour désigner la pêche duveteuse à chair ferme qui adhère au noyau.<br />
Pavie désigne une variété de pêche de la région de Pavie dans le Gers (pour certains elle serait<br />
originaire de Gironde, cf. le cru Château Pavie), alberge est un emprunt au cat. alberge qui désigne<br />
à la fois l'abricot et la pêche, mirlicoton est un emprunt à esp. melocotón 'pêche'. Ajoutons que la<br />
pénétration de ces termes hispaniques, de la Gascogne au Roussillon, dans un premier temps, sont le<br />
résultat des échanges commerciaux favorisés par les liens politiques qui ont uni pendant des siècles<br />
toutes ces régions des deux côtés des Pyrénées.<br />
De plus, les formes méridionales prechiga, prechego pourraient avoir subi l'influence de esp.<br />
alberchiga 'pêche et abricot'; ailleurs pecha (Montpellier) et pecho (Dordogne) pourraient être des<br />
emprunts au français; de même le mentonnais pesca cité par Rolland ne se rattache ni au provençal<br />
ni au ligurien , mais probablement à l'italien standard.<br />
C'est un terme occitan, brignon/brugnon qui servira à désigner la pêche lisse à chair qui adhère au<br />
noyau. La forme groignon, peu utilisée semble être un emprunt à esp. griñón, issu lui-même de occ.<br />
brignon. Aujourd'hui nous connaissons aussi la nectarine dont le nom a été emprunté à l'anglais:<br />
Gallesio le signale au début du XIXe siècle.<br />
La ressemblance avec d'autres fruits, l'abricot par exemple, entraîne des dénominations comme<br />
abricotée, alberge-pesche, pêche d'abricot, pêche-abricot; ailleurs pêche d'orange. Pour les<br />
brugnons, dans des parlers occitans Mistral a relevé les termes pessègue pruno, pessègue musca;<br />
pour le français Rolland cite pesche-coin, pomme-coing, pesche-prune, pesche-noix, noix-pesche ou<br />
brugnon-noix.<br />
Parfois on assiste à une véritable substitution lexicale: dans certains parlers le brugnon est appelé<br />
mirecoton; ailleurs l'alberge et la pavie ne semblent guère se différencier.<br />
Dans la plupart des cas l'élément pêche est conservé; mais il y a des variétés qui, en l'absence du<br />
terme pêche, comportent des connotations discriminantes qui renvoient: à la région ou au lieu<br />
d'origine, au lieu de culture, à la période de maturation (rappel de la précocité, référence au<br />
calendrier religieux), à l'aspect, à la forme, à la taille ou grosseur, à la chair (fermeté, couleur, goût),<br />
mais aussi à un personnage ou à une famille.<br />
Dans tout le domaine de la Romània, sont présents les descendants de lat. pop. PERSICA (<<br />
lat. PERSICUM MALUM), et de ses substituts de même étymon: soit directement soit par la<br />
médiation du latino-arabe ou mozarabe AL-BARŠIQ ou ALBERČIGA (< lat. PERSICA); dans<br />
l'ibéro-roman s'impose lat. MALU(M) COTONIU(M) (ou MELU(M) COTONEU(M)), après un