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V- Saint Thomas d'Aquin, A.D. Sertillanges O.P.

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direction de son oncle, l'abbé Sinnibald, C'était un bel enfant ; les<br />

mères se mettaient aux portes pour le voir , et les pauvres l'aimaient,<br />

car il s'emparait pour le leur donner de tout ce qu'il pouvait saisir<br />

dans la demeure paternelle, Aux domestiques qui se plaignaient, sa<br />

mère, heureuse, disait : Laissez-le faire. On racontait qu'un jour de sa<br />

petite enfance, au moment où on allait le mettre au bain, on avait<br />

en vain essayé de lui arracher un morceau de parchemin qu'il<br />

défendait avec force cris, et qui portait l'Ave Maria.<br />

Il n'est pas absolument certain, mais bien probable qu'il fut reçu<br />

au Mont-Cassin non à titre de pensionnaire princier, mais comme<br />

un petit moine, un oblat, portant déjà la coule bénédictine. Il<br />

s'agissait, dans la pensée de ses parents, de s'approprier un jour les<br />

revenus de l'abbaye, qui étaient considérables, et d'utiliser son<br />

prestige en faveur de la politique delà maison. Question d'intérêt et<br />

de diplomatie, qui n'excluait d'ailleurs pas, en ces temps surtout,<br />

une pensée religieuse. L'abbaye avait pouvoir sur sept évêchés ; elle<br />

entretenait des armées et se constituait au besoin en forteresse. On<br />

l'avait bien vu récemment, en 1229, quand l'empereur Frédéric II,<br />

aidé du comte <strong>d'Aquin</strong> en personne, était venu assiéger le donjon<br />

monastique et l'avait emporté. Depuis, la paix avait fait retour et<br />

l'oblature de l'enfant en était sans doute le gage, à la manière d'un<br />

mariage scellant une alliance.<br />

L'enfant manifesta aussitôt un goût prononcé pour l'étude et<br />

pour la retraite, un éloignement surprenant pour les turbulences et<br />

même pour les jeux. « Qu'est-ce que Dieu ? » demandait-il<br />

innocemment, anxieux du mystère. Toute sa vie ne serait qu'un<br />

essai de réponse. Cette première formation dans un milieu cultivé<br />

et fort vivant ne pouvait que lui élargir l'esprit, l'ouvrir à la beauté<br />

liturgique et à la science, et lui donner du monde ambiant une vue<br />

ample, non dépourvue de grandeur.<br />

De nouveaux conflits ayant éclaté entre le Pape et l'Empereur,<br />

celui-ci exigea la dispersion des moines, ses puissants adversaires.<br />

<strong>Thomas</strong> se trouvait ainsi rendu à sa famille, et sur le conseil de<br />

l'abbé, qui avait constaté son extraordinaire studiosité et pensait<br />

sans doute se ménager un brillant sujet d'avenir, il fut envoyé à<br />

l'université de Naples pour faire ce qu'on appellerait aujourd'hui<br />

ses humanités. Il avait environ 14 ans.<br />

On sait peu de chose de ce séjour, si ce n'est qu'aussitôt, parmi<br />

les étudiants et les maîtres, une petite célébrité entoure le jeune<br />

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