Un patrimoine naturel d'exception - Agence des aires marines ...

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Un garde-manger et une maternité pour les tortues marines Parmi les cinq espèces de tortues marines qui fréquentent les eaux de l’ouest de l’océan Indien, deux sont communes à Mayotte et utilisent ses plages comme sites de pontes : la tortue imbriquée, Eretmochelys imbricata, mais surtout la tortue verte, Chelonia mydas. Deux autres espèces ont fait l’objet de quelques rares observations dans les eaux mahoraises : la tortue caouanne, Caretta caretta, et la tortue luth, Dermochelys coriacea. L’UICN classe la tortue imbriquée dans la catégorie des « espèces en grand danger de disparition » et la tortue verte dans la catégorie des « espèces en danger de disparition ». Les deux espèces sont classées en annexe I de la Convention de Washington (CI- TES) et en annexes III et IV de la Convention de Nairobi. D’après la Food and Agricultural Organization of the United Nations (FAO) en 2004, leurs populations semblent avoir sévèrement diminué dans l’ouest de l’océan Indien. À l’inverse des tendances mondiales, la population des tortues vertes serait relativement en bonne santé à Mayotte, zone charnière entre les populations du nord, du sud et de l’est de l’océan Indien. À Mayotte, deux espèces de tortues marines sont majoritairement représentées LA TORTUE IMBRIQUÉE EN DANGER ! La mortalité des tortues marines par captures accidentelles est de l’ordre de 38 à 206 tortues vertes et 9 à 50 tortues imbriquées par an. Les effectifs de la population de tortues imbriquées sont considérés comme faibles à Mayotte. Le taux annuel de captures accidentelles pourrait donc avoir des conséquences dramatiques, à court terme, pour le maintien de l’espèce à Mayotte. DES MILIEUX ET DES ESPÈCES REMARQUABLES • UN PATRIMOINE NATUREL D’EXCEPTION 41
42 UN PATRIMOINE NATUREL D’EXCEPTION • DES MILIEUX ET DES ESPÈCES REMARQUABLES La tortue verte, Chelonia mydas, est la seule tortue qui possède un régime quasi-exclusivement herbivore aux âges sub-adultes et adultes. Les sites d’alimentation sont donc localisés près des côtes, dans des milieux peu profonds où la lumière garantit la production primaire des algues et des plantes marines. Selon la région géographique et la productivité du milieu, les tortues vertes d’une population donnée consommeront des phanérogames et/ou des algues. Chez cette espèce migratrice, la période d’alimentation dure entre trois et quatre ans, avant que les femelles ne s’engagent dans la reproduction pour une période d’environ trois mois. La tortue imbriquée, Eretmochelys imbricata, est l’espèce de tortue marine la plus menacée dans le monde en raison de la surexploitation dont elle fut l’objet pour ses écailles. À Mayotte, les juvéniles, à partir de 25 cm de taille de carapace, et les adultes sont régulièrement observés dans le lagon au niveau des tombants récifaux et à la limite des herbiers de phanérogames. La tortue imbriquée est cependant beaucoup moins abondante que la tortue verte. Elle se nourrit d’éponges essentiellement mais aussi de petits poissons. Sa croissance est lente et la maturité sexuelle tardive, ce qui la rend extrêmement sensible aux pressions anthropiques. Certains de ses sites de ponte sont connus tels que Moya 2, Papani, Saziley et Ngouja notamment. Elle est tributaire, d’une part, de l’état de santé du récif, des peuplements coralliens et d’éponges et, d’autre part, de l’isolement des plages de ponte. Sorties de l’œuf, ces petites tortues vertes deviennent des proies faciles pour les oiseaux et autres prédateurs. Leur seule chance de survie : la mer. À Mayotte, le braconnage moindre observé sur cette espèce, serait dû à sa rareté, au fait qu’elle vit plus profondément et à sa réputation de tortue à la chair toxique (du fait même de l’ingestion d’éponges renfermant des toxines). Son écaille n’est pas utilisée et ne semble pas faire l’objet de commerce comme c’est le cas dans les îles voisines. Cette espèce est également victime des activités nautiques et de pêches accidentelles. Mais la principale menace à Mayotte, semble être la perturbation sur les plages de ponte. En effet, les plages de Mayotte sont des sites de ponte très importants pour les tortues vertes et imbriquées. En 2007, il a été observé que 77 des 172 plages recensées de l’île ont été fréquentées au moins une fois par celles-ci. C’est pourquoi une surveillance a été mise en place sur certains sites afi n de prévenir le braconnage, les dérangements provoqués par les usagers, ainsi que les dégâts causés par les chiens errants. Le site de Papani a fait l’objet en 2005 de la mise en place d’un arrêté préfectoral de protection de biotope et de nouveaux arrêtés de protection de biotope sont en cours d’élaboration pour les plages de Papani-Moya, Ngouja et Saziley-Charifou.
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