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Un patrimoine naturel d'exception - Agence des aires marines ...

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Parc <strong>naturel</strong> marin de Mayotte<br />

<strong>Un</strong> <strong>patrimoine</strong> <strong>naturel</strong> d’exception


SOMMAIRE<br />

MAYOTTE, TERRE DE L’OCÉAN INDIEN 4<br />

• UNE ÎLE DU CANAL DU MOZAMBIQUE 5<br />

• UNE ÎLE DE L’ARCHIPEL DES COMORES 6<br />

• L’ÎLE AU LAGON 7<br />

Les origines du lagon 7<br />

Conditions climatiques et hydrodynamiques 8<br />

DES MILIEUX ET DES ESPÈCES REMARQUABLES 10<br />

• LA VIE À FOISON 11<br />

Les coraux, <strong>des</strong> architectes du lagon 11<br />

<strong>Un</strong>e forêt entre terre et mer 16<br />

<strong>Un</strong>e prairie sous la mer 21<br />

Des algues essentielles à la vie 23<br />

Les îlots, un enjeu pour l’avenir 25<br />

Des plages à fort potentiel 26<br />

La haute mer et ses bancs récifaux : Iris, Geyser et Zélée 28<br />

• UN TERRITOIRE OÙ COHABITENT DE MULTIPLES ESPÈCES 30<br />

<strong>Un</strong> site important pour les oiseaux terrestres et marins 30<br />

<strong>Un</strong> environnement propice aux mammifères marins 35<br />

<strong>Un</strong> garde-manger et une maternité pour les tortues <strong>marines</strong> 41<br />

<strong>Un</strong> domaine fréquenté par les requins 44<br />

Des eaux riches en poissons 46<br />

Des fonds peuplés d’invertébrés 47<br />

CONCLUSIONS 50<br />

UN PATRIMOINE NATUREL D’EXCEPTION<br />

3


MAYOTTE, TERRE<br />

DE L’OCÉAN INDIEN Le<br />

lagon de Mayotte<br />

est l’un <strong>des</strong> plus<br />

grands du monde.<br />

Sa surface est quatre<br />

fois plus grande<br />

que celle <strong>des</strong> terres<br />

émergées.


UNE ÎLE DU CANAL<br />

DU MOZAMBIQUE<br />

Le canal du Mozambique s’est formé il y a 160 millions d’années<br />

quand un morceau de terre s’est détaché du continent<br />

africain pour former Madagascar, la quatrième plus grande île<br />

du monde. C’est une région dynamique où la circulation océanique<br />

est dominée par <strong>des</strong> phénomènes tourbillonn<strong>aires</strong> induisant<br />

un enrichissement <strong>des</strong> eaux de surface. Celles-ci, riches en vie,<br />

abritent une faune très diversifi ée dont de nombreuses espèces<br />

emblématiques.<br />

Situé entre l’île de Madagascar et la côte est-africaine, le canal<br />

est également un axe commercial majeur où transitent <strong>des</strong><br />

centaines de navires chaque jour, pétroliers et autres porte-conteneurs<br />

croisant avec <strong>des</strong> bateaux de pêche. Il est soumis à <strong>des</strong><br />

risques de pollution accidentelle aux hydrocarbures.<br />

Ces vingt dernières années, l’océan Indien est également devenu<br />

une <strong>des</strong> principales zones de pêche thonière du fait <strong>des</strong><br />

conditions environnementales favorables. Des quantités relativement<br />

importantes de ces poissons, estimées à 52 000 tonnes<br />

par an pour l’ensemble de l’océan Indien, sont pêchées chaque<br />

année, représentant une manne fi nancière de plus de 50 millions<br />

d’euros.<br />

Les thons sont <strong>des</strong> migrateurs se déplaçant sur de gran<strong>des</strong> distances<br />

à la recherche de proies et de températures adéquates,<br />

ignorant les frontières <strong>des</strong> eaux sous juridiction et <strong>des</strong> eaux internationales.<br />

Les captures totales fl uctuent alors en fonction de<br />

ces déplacements et <strong>des</strong> conditions environnementales. Autres<br />

grands migrateurs, les baleines à bosse viennent chaque hiver<br />

austral chercher les eaux calmes et chau<strong>des</strong> de l’archipel <strong>des</strong><br />

Comores.<br />

C’est au cœur de ce nœud géostratégique, par 12°45’S et 45°10’E,<br />

au nord du canal du Mozambique, que se situe Mayotte.<br />

MAYOTTE, TERRE DE L’OCÉAN INDIEN • UN PATRIMOINE NATUREL D’EXCEPTION<br />

5


6 UN<br />

5°0'0"S<br />

10°0'0"S<br />

15°0'0"S<br />

20°0'0"S<br />

25°0'0"S<br />

35°0'0"E<br />

40°0'0"E<br />

Ponta Sao Sebastiao<br />

AFRIQUE<br />

DU SUD<br />

35°0'0"E<br />

TANZANIE<br />

MOZAMBIQUE<br />

Zanzibar Channel<br />

Bassas de India<br />

Canal du Mozambique<br />

Europa<br />

40°0'0"E<br />

COMORES<br />

Juan de Nova<br />

PATRIMOINE NATUREL D’EXCEPTION • MAYOTTE, TERRE DE L’OCÉAN INDIEN<br />

45°0'0"E<br />

Mayotte<br />

45°0'0"E<br />

Glorieuses<br />

MADAGASCAR<br />

50°0'0"E<br />

50°0'0"E<br />

La Réunion<br />

55°0'0"E<br />

55°0'0"E<br />

SEYCHELLES<br />

Tromelin<br />

Zone économique<br />

exclusive française (200 milles)<br />

Autres zones économiques exclusives<br />

0 100 200 milles marins<br />

0 250 500 km<br />

ILE MAURICE<br />

Océan Indien<br />

60°0'0"E<br />

> Situation de Mayotte<br />

dans le canal du Mozambique<br />

UNE ÎLE DE L’ARCHIPEL<br />

DES COMORES<br />

Nommé dès le Moyen Âge par les cartographes araabes « Djazaïr el Quamar », littéralement « les îles de e<br />

la lune », l’archipel <strong>des</strong> Comores est situé à l’entrée<br />

septentrionale du canal du Mozambique. À mi-chemin<br />

entre l’Afrique et Madagascar, il est formé de<br />

quatre îles : la Grande Comore, Mohéli, Anjouan et<br />

Mayotte, pour une superfi cie totale de 2 237 km².<br />

L’hypothèse de leurs origines est celle d’un point<br />

chaud* qui aurait induit successivement les soubassements<br />

<strong>des</strong> Amirantes et de Farqhar dans les Seychelles, es,<br />

<strong>des</strong> îles Glorieuses, du banc du Geyser puis, de l’archipel<br />

<strong>des</strong> Comores.<br />

Mayotte est la plus orientale et la plus ancienne <strong>des</strong> îles <strong>des</strong><br />

Comores. C’est un petit archipel volcanique de 374 km². Il se<br />

compose de deux îles principales au relief tourmenté et d’une<br />

trentaine d’îlots parsemés dans un lagon dont la superfi cie totale<br />

est de 1 500 km² (avec le banc de l’Iris). La Grande-Terre, au<br />

centre du lagon (360 km²) de formation volcanique ancienne, au<br />

relief usé et compartimenté, culmine à 660 m au mont Bénara.<br />

Des pentes de plus de 15 degrés sont observées sur plus de 60 %<br />

de l’île. La Petite-Terre (14 km²), séparée de la Grande-Terre par<br />

un bras de mer d’un à deux kilomètres, est issue d’une phase<br />

éruptive plus tardive présentant la particularité d’avoir eu lieu au<br />

niveau du récif barrière séparant le lagon de l’océan.<br />

Mayotte peut donc être considérée comme un cône volcanique apparu<br />

il y a environ 10 millions d’années et s’élevant <strong>des</strong> profondeurs<br />

du canal du Mozambique (à environ - 3 500 m). Aujourd’hui, ce cône<br />

est rongé par l’érosion et l’île s’enfonce lentement au rythme de 15<br />

à 25 cm par millénaire (mouvement de subsidence*}. Dans moins<br />

de 4,5 millions d’années, le mont Bénara sera certainement submergé<br />

et Mayotte deviendra un atoll.<br />

Modélisation<br />

<strong>des</strong> fonds sousmarins<br />

d’après<br />

la bathymétrie<br />

du SHOM (Service<br />

hydrographique et<br />

océanographique<br />

de la marine.).


L’ÎLE AU LAGON<br />

Les origines du lagon<br />

Les paysages <strong>des</strong> récifs actuels<br />

de la partie émergée racontent<br />

l’histoire de l’île dont l’âge est estimé<br />

entre neuf et dix millions d’années.<br />

Le lagon de Mayotte est le plus vaste de la partie occidentale de<br />

l’océan Indien et parmi l’un <strong>des</strong> plus grands au monde pour les îles<br />

volcaniques. Sa profondeur moyenne varie entre moins 30 m et<br />

moins 45 m avec <strong>des</strong> canyons et <strong>des</strong> vallées sous-<strong>marines</strong> entre<br />

moins 60 m et moins 80 m. Des étu<strong>des</strong> pluridisciplin<strong>aires</strong> ont permis<br />

de retracer les gran<strong>des</strong> phases de l’édifi cation du lagon.<br />

<strong>Un</strong>e histoire géologique complexe et le climat particulier ont<br />

entraîné <strong>des</strong> caractéristiques hydro-géomorphologiques singulières.<br />

Les milieux récifaux actuels sont directement liés à la géomorphologie<br />

ancienne de l’île : on peut estimer que la base de<br />

la barrière récifale externe (vers moins 200 m) est de l’ordre de<br />

deux millions d’années et que l’âge de la partie haute <strong>des</strong> récifs<br />

actuels date de 10 à 12 000 ans seulement.<br />

Morphologiquement, le lagon présente une pente générale vers<br />

l’île, de sorte que les parties les plus profon<strong>des</strong> sont les plaines<br />

et vallées sous-<strong>marines</strong> avoisinant la Grande-Terre et les parties<br />

les moins profon<strong>des</strong> sont plus proches de la barrière récifale.<br />

La forme générale résulte du travail de la subsidence d’une part,<br />

de la croissance <strong>des</strong> colonies coralliennes d’autre part, ainsi que<br />

de l’action lors de la dernière période glaciaire <strong>des</strong> aléas météorologiques<br />

(rivières à l’origine de la création <strong>des</strong> passes récifales)<br />

et climatologiques (assèchement du lagon entre moins 80 000<br />

et moins 11 000 ans).<br />

<strong>Un</strong>e île qui s’enfonce<br />

lentement au rythme<br />

de 15 cm par millénaire<br />

LE COIN DES SAVANTS<br />

Point chaud : c’est un endroit à la surface de la planète qui a une activité volcanique régulière. Dans l’océan, il induit la formation d’îles lorsque la lithosphère, par la dérive <strong>des</strong> plaques tectoniques, passe au-<strong>des</strong>sus de ce point.<br />

Subsidence : la subsidence d’une île est son enfoncement progressif dans la mer sous l’effet de son propre poids une fois que l’activité volcanique s’essouffl e.<br />

MAYOTTE, TERRE DE L’OCÉAN INDIEN • UN PATRIMOINE NATUREL D’EXCEPTION<br />

7


8 UN<br />

> Direction <strong>des</strong> vents dominants<br />

(Raunet, 1992)<br />

KASHKASI<br />

décembre<br />

janvier<br />

février<br />

mars<br />

PATRIMOINE NATUREL D’EXCEPTION • MAYOTTE, TERRE DE L’OCÉAN INDIEN<br />

KOUSSI<br />

avril<br />

mai<br />

juin<br />

juillet<br />

MIOMBENI<br />

octobre<br />

novembre<br />

décembre<br />

janvier<br />

MATOULAÏ<br />

avril, mai, juin, juillet<br />

août<br />

septembre<br />

octobre, novembre<br />

Même en saison sèche,<br />

le taux d’humidité dans l’air<br />

ne <strong>des</strong>cend jamais<br />

en <strong>des</strong>sous de 70 %.<br />

Conditions climatiques<br />

et hydrodynamiques<br />

Régi par la Zone de convergence inter-tropicale* (ZCIT), un climat<br />

tropical maritime à saisons contrastées règne à Mayotte.<br />

L’année météorologique se divise en une saison sèche et fraîche<br />

(hiver austral), une saison chaude et humide (été austral) et deux<br />

saisons intermédi<strong>aires</strong> plus brèves. L’été et l’hiver australs sont<br />

donc régis par l’alternance d’un régime de moussons et d’alizés.<br />

Miombéni : ces vents du nord-est annoncent le réchauffement<br />

et les pluies de l’été austral.<br />

Kashkasi : durant l’été austral, de décembre à mars, souffl e ce<br />

vent du nord. L’air qui parvient alors sur l’archipel a traversé<br />

l’équateur, chaud et humide ; il souffl e parfois avec violence :<br />

c’est la mousson. Elle est souvent accompagnée de pluies, d’orages,<br />

de rafales de vent. Des dépressions cycloniques peuvent<br />

également toucher l’archipel.<br />

Matoulaï : ce vent de sud-est traduit la transition d’avril à mai<br />

vers la période d’alizés.<br />

Koussi ou Kusi : l’air froid de l’hémisphère sud se déplace dans<br />

les basses couches de l’atmosphère vers l’équateur, par impulsions<br />

qui empruntent souvent le canal du Mozambique, et parviennent<br />

parfois assez actives sur les Comores.<br />

De juin à septembre, le régime d’alizé d’est à sud-est est très<br />

régulier.


Les s co cond conditions nd ndit it itions therm thermiques r iques s que l’on ttrouve<br />

rou au niveau<br />

ve veau au a de dde<br />

e la mer sont son on o t op ooptimales timales pour<br />

ur le développement<br />

lo lopp pp ppem e en e t de d<strong>des</strong> s ré récifs<br />

fs cor coralliens o alli l ens s ains ainsi ns n que <strong>des</strong><br />

écosystèmes éc écos os osys ys ystè tè tème me mes s as asso associés so soci ci ciés és ( (ma (mangroves ma m ng ngro ro rove ve ves et herbiers)<br />

bier er ers) s : la te ttempérature mp mpérat a ure e mo moye moyenne y nne e annuelle<br />

de d l’air l<br />

’a ’air ir i oscille osc scille entre 26 et e 27 °C, et entre<br />

27 2 et t 28 2 °C da ddans ns les<br />

es eau eaux a x de su surface du<br />

lagon. la l go gon. n L’humidité L’hum um u id idité é atmosphérique atmo mo m sp s hé h rique e est presque<br />

qu que permanente, pe p rmanen e te, l’hygrométrie* l’hy h gr g om ométri ri rie* e* e variant<br />

entre en entr tr tre e 70 % et e eet<br />

t 95 9 % et t les le les s précipitations<br />

préc éc é ip<br />

moyennes e annuelles annue u lles entre r 1 089 0 089 8 mm et<br />

2 300 mm. <strong>Un</strong>e grande partie parti ti tie e <strong>des</strong> d pré-<br />

cipitations (80 %) se produi produit u t durant<br />

l’été austral. Les averses sont t gé générale-<br />

ment brèves mais de forte intensité in inte te et<br />

le ruissellement entraîne entraîn în îne une un u e érosion<br />

importante <strong>des</strong> sols du fait fai ai a t <strong>des</strong> de d pentes,<br />

te tes, s, s de e la nature nat at a ur ure e du sol ol o et e t de <strong>des</strong> prati-<br />

ques agricoles. D’immenses D’imme me menses es e panaches pa<br />

turbi<strong>des</strong> brun rougeâtres son sont s son<br />

o alors<br />

visibles vi visi si sibl bl bles es e dans d ddan<br />

d an ans s le lagon llagon<br />

l on au niveau ni n ve v <strong>des</strong><br />

zones zo zone ne nes s d’écoulement.<br />

d’ d éc écou ou oule le leme me ment nt nt.<br />

Les côtes sont soumises à la branche nord du courant sudéquatorial,<br />

d’est vers l’ouest, qui tend à créer un courant circulaire<br />

autour de l’île, apportant ainsi <strong>des</strong> eaux peu riches en<br />

nutriments. Selon les saisons, la courantologie à l’intérieur du<br />

lagon est probablement modifi ée sous l’action conjuguée <strong>des</strong><br />

principaux courants empruntant les passes et <strong>des</strong> courants de<br />

surface qui sont, eux, liés aux vents. La circulation hydrodynamique<br />

intra-lagonaire varie selon :<br />

• la marée ;<br />

• les conditions climatiques (vents et pression atmosphérique) ;<br />

• la houle et les courants océaniques ;<br />

• la bathymétrie* du lagon.<br />

Le régime <strong>des</strong> marées est semi-diurne avec une amplitude pouvant<br />

atteindre plus de quatre mètres lors <strong>des</strong> marées de viveseaux.<br />

Lors <strong>des</strong> épiso<strong>des</strong> de basses mers de vives-eaux, certaines<br />

portions de récifs se retrouvent hors de l’eau (exondation), situation<br />

pouvant être préjudiciable aux organismes marins, notamment<br />

en période de fort ensoleillement ou de fortes pluies.<br />

Le régime <strong>des</strong> houles est relativement faible à Mayotte qui bénéfi<br />

cie d’une position abritée dans le canal du Mozambique.<br />

La bathymétrie joue un rôle prépondérant sur les courants. Par<br />

exemple, les zones peu profon<strong>des</strong> ainsi que les passes ont tendance<br />

à accélérer les courants de marée ou de vent tandis qu’en<br />

profondeur ils s’atténuent.<br />

MAORÉ<br />

EN QUELQUES<br />

CHIFFRES…<br />

<strong>Un</strong>e terre de 374 km².<br />

<strong>Un</strong> lagon de 1 500 km²,<br />

soit quatre fois la surface<br />

<strong>des</strong> terres émergées.<br />

Environ 150 km² de récifs<br />

coralliens.<br />

<strong>Un</strong>e douzaine de passes.<br />

45 km² de lagon actuellement<br />

protégés.<br />

Plus de 2 300 espèces <strong>marines</strong><br />

recensées.<br />

<strong>Un</strong> climat<br />

tropical maritime<br />

à deux saisons<br />

très contrastées,<br />

une amplitude<br />

de marée<br />

pouvant dépasser<br />

quatre mètres<br />

Zone de convergence inter-tropicale : ceinture (de seulement quelques centaines de kilomètres du nord au sud)<br />

de zones de basses pressions entourant la Terre près de l’équateur.<br />

Hygrométrie : humidité de l’air, quantité d’eau sous forme gazeuse présente dans l’air humide.<br />

Bathymétrie : mesure de la profondeur <strong>des</strong> fonds marins.<br />

MAYOTTE, TERRE DE L’OCÉAN INDIEN • UN PATRIMOINE NATUREL D’EXCEPTION<br />

9


DES MILIEUX ET DES ESPÈCES<br />

REMARQUABLES Récifs<br />

coralliens,<br />

mangroves, herbiers,<br />

bancs récifaux<br />

éloignés… Mayotte<br />

possède une large<br />

gamme d’habitats<br />

à l’équilibre fragile<br />

et abritant <strong>des</strong> espèces<br />

aux noms évocateurs :<br />

tortues, baleines,<br />

dugongs…


LA VIE À FOISON<br />

Les coraux, <strong>des</strong> architectes<br />

du lagon<br />

“Les coraux sont <strong>des</strong> bâtisseurs acharnés. Depuis quatre<br />

cents millions d’années, génération après génération, centimètre<br />

par centimètre, ces animaux pourtant minuscules<br />

ont réussi un exploit encore inégalé : construire <strong>des</strong> édifi ces<br />

visibles de l’espace… Leur secret ? Le travail d’équipe…”<br />

L. Ballesta, P. Descamps : Planète mers – Voyage au cœur de la biodiversité marine<br />

Les récifs coralliens sont extraordin<strong>aires</strong> en termes de biodiversité<br />

: ils abritent 25 % <strong>des</strong> espèces <strong>marines</strong> de la planète alors<br />

qu’ils recouvrent seulement 1 % <strong>des</strong> fonds sous-marins.<br />

Ils ont un rôle primordial puisqu’ils constituent une ressource<br />

pour les populations locales, une source d’emploi dans le domaine<br />

de la pêche et du tourisme, une zone préférentielle pour<br />

l’alimentation, la reproduction, le développement et le refuge de<br />

nombreux animaux, ainsi qu’une protection contre l’érosion <strong>des</strong><br />

vagues. De plus, ils regorgent de ressources biochimiques pouvant<br />

être exploitées à <strong>des</strong> fi ns thérapeutiques. En effet, à Mayotte,<br />

<strong>des</strong> substances chimiques, parfois jusqu’alors inconnues, ont<br />

été trouvées dans la faune marine (dans <strong>des</strong> éponges, <strong>des</strong> coraux<br />

mous ou <strong>des</strong> ascidies).<br />

À Mayotte, trois grands types de structures récifales sont présents,<br />

de la côte vers le large : les récifs frangeants (195 km), les<br />

récifs internes, dont une double barrière (18 km), phénomène<br />

rare puisqu’il en existe moins de dix au monde, et le récif barrière<br />

(140 km).<br />

Paysages coralliens,<br />

mangroves, herbiers,<br />

bancs récifaux éloignés…<br />

DES MILIEUX ET DES ESPÈCES REMARQUABLES • UN PATRIMOINE NATUREL D’EXCEPTION<br />

11


12 UN<br />

> Mayotte <strong>Un</strong>e barrière récifale<br />

Complexe récifal<br />

du banc de l'Iris<br />

Passe <strong>des</strong> Iles Choazil<br />

Grande passe de l'Ouest<br />

Passe Sada<br />

Passe Bouéni<br />

Passe aux Bateaux<br />

0 2,5 5 milles marins<br />

0 5 10 km<br />

Chissioua Mtsamboro<br />

Iles<br />

Choazil<br />

Récif du Nord<br />

Bandraboua<br />

M'tsangadoua<br />

Baie<br />

de Soulou<br />

Boueni<br />

Double récif barrière<br />

PATRIMOINE NATUREL D’EXCEPTION • DES MILIEUX ET DES ESPÈCES REMARQUABLES<br />

Passe Mtsamboro<br />

M'tsangamouji<br />

Sada<br />

Baie<br />

de Bouéni<br />

Récif du sud<br />

> Habitats<br />

Tsingoni<br />

Chiconi<br />

Kani-keli<br />

mangroves<br />

herbiers<br />

Baie de<br />

Longoni<br />

Koungou<br />

Grande-Terre<br />

Ouangani<br />

Chirongui<br />

Pointe<br />

Saziley<br />

> Géomorphologie du récif<br />

Grand récif du Nord Est<br />

Mamoudzou<br />

Chissioua Bandrele<br />

Chissioua Bambo<br />

Chissioua Mbouzi<br />

Passe Saziley du Nord<br />

Petite-Terre<br />

Passe en S<br />

Passe<br />

Bandrélé<br />

Passe Saziley du Milieu<br />

Passe Saziley du Sud<br />

barrière externe<br />

double barrière<br />

récif frangeant<br />

récif interne<br />

presque continue,<br />

qui protège l’un<br />

<strong>des</strong> plus grands<br />

lagons du monde<br />

Ces récifs couvrent une surface de 150 km² et fournissent de<br />

nombreux habitats variés pour les espèces présentes. Les étu<strong>des</strong><br />

menées font état d’une complexité <strong>des</strong> niches écologiques et de<br />

communautés spécifi ques à chaque type d’habitat identifi é.<br />

Dans le contexte géologique de Mayotte, les barrières récifales<br />

montrent globalement un stade de sénescence* qui se traduit<br />

par <strong>des</strong> peuplements peu développés. Les récifs internes et frangeants,<br />

aux sta<strong>des</strong> juvéniles et matures, sont bien développés<br />

mais plus exposés aux pressions <strong>naturel</strong>les et anthropiques* du<br />

fait de leur localisation.<br />

Les côtes de Mayotte montrent une zonation qui est la suivante :<br />

• falaises rocheuses volcaniques ou formations marécageuses<br />

d’arrière-mangrove ;<br />

• mangroves ou plages de sable ou de galets ;<br />

• zone d’accumulation de sédiments bio-détritiques ;<br />

Sur les récifs frangeants :<br />

• zone à micro-atolls de coraux ;<br />

• zone à algueraies ou à herbiers ;<br />

• platier abrasé recouvert de cailloutis ;<br />

• frange de coraux vivants et bien diversifi és sur le front externe,<br />

se poursuivant fi nalement par une pente où les coraux <strong>des</strong>cendent<br />

jusqu’à environ moins 30 m.<br />

Actuellement, environ 300 espèces de coraux (coraux durs et<br />

mous confondus) ont été répertoriées dont plus de 200 espèces<br />

de coraux scléractini<strong>aires</strong> (constructeurs de récifs ou non).


La passe en S,<br />

une <strong>des</strong> passes permettant<br />

l’accès maritime à Mayotte.<br />

Cette passe est devenue<br />

réserve marine en 1990.<br />

Depuis l’épisode El Niño de 1998 qui a provoqué le réchauffement<br />

<strong>des</strong> eaux de surface, le blanchissement <strong>des</strong> coraux et une<br />

mortalité importante notamment sur les barrières récifales, un<br />

Observatoire <strong>des</strong> récifs coralliens (ORC) a été mis en place afi n<br />

de suivre l’évolution <strong>des</strong> peuplements coralliens et de la faune<br />

associée sur le long terme. Des suivis de la température, du benthos*<br />

et <strong>des</strong> poissons sont ainsi effectués chaque année pour<br />

évaluer la vitalité <strong>des</strong> récifs.<br />

Les récifs frangeants, comme ceux de Tanaraki au nord-ouest<br />

de l’île, touchés en 1998 et particulièrement exposés aux perturbations<br />

anthropiques, ont bien repris ; on dit qu’ils ont une<br />

forte résilience*.<br />

Les récifs internes, comme ceux de la Surprise, au nord de l’île,<br />

très touchés en 1998, ont quant à eux une résilience moyenne.<br />

Dix ans après le blanchissement, le recouvrement corallien n’est<br />

que de 10 à 30 % sur ce site.<br />

Les récifs barrières, comme ceux de la passe en S ou de la passe<br />

aux Bateaux, très touchés également, ont quant à eux plus de<br />

mal à récupérer que les autres types de récifs.<br />

Toutefois, on observe une tendance générale positive sur l’ensemble<br />

<strong>des</strong> sites observés depuis 1998 : le taux de corail vivant et la<br />

diversité <strong>des</strong> espèces semblent se stabiliser à <strong>des</strong> niveaux proches<br />

de ceux immédiatement antérieurs à 1998. À l’échelle globale de<br />

l’île, cette affi rmation est tout de même à nuancer.<br />

Sénescence : vieillissement.<br />

Anthropique : relatif à l’activité humaine.<br />

Benthos : ensemble <strong>des</strong> organismes vivant à proximité, sur, ou dans les fonds marins.<br />

Résilience : capacité d’un écosystème ou d’une espèce à récupérer un fonctionnement et/ou un développement normal après avoir subi un traumatisme.<br />

DES MILIEUX ET DES ESPÈCES REMARQUABLES • UN PATRIMOINE NATUREL D’EXCEPTION<br />

13


14 UN<br />

PATRIMOINE NATUREL D’EXCEPTION • DES MILIEUX ET DES ESPÈCES REMARQUABLES<br />

Aux menaces <strong>naturel</strong>les<br />

(tempête, réchauffement <strong>des</strong> eaux…)<br />

s’ajoutent les dégradations liées<br />

aux activités humaines comme<br />

le trafi c maritime.<br />

Les menaces<br />

Tempêtes et cyclones, réchauffement <strong>des</strong> eaux, acidifi cation<br />

<strong>des</strong> océans, infestations de prédateurs tels que l’étoile de mer<br />

Acanthaster planci, rôle prédominant de certains bioérodeurs*<br />

(éponges, algues et champignons micro-perforants, mollusques<br />

foreurs) sont autant de facteurs <strong>naturel</strong>s qui mettent en péril les<br />

récifs coralliens.<br />

À ceux-ci, s’ajoutent les dégradations liées à l’homme et à ses<br />

diverses activités. Elles sont très étendues et se manifestent à<br />

court terme ou à long terme, mais surtout de façon chronique,<br />

d’où un impact bien supérieur sur les communautés en place.<br />

Dans une île où le défrichement se fait sur <strong>des</strong> pentes de plus en<br />

plus importantes, les précipitations entraînent une érosion <strong>des</strong><br />

sols et par conséquent une sédimentation importante dans le<br />

lagon, particulièrement pendant l’été austral.<br />

Lors <strong>des</strong> pêches à pied, le piétinement <strong>des</strong> branches de coraux<br />

ou <strong>des</strong> phanérogames, le retournement <strong>des</strong> colonies coralliennes<br />

et <strong>des</strong> blocs qui abritent d’autres organismes, sont fréquents.<br />

Certaines techniques de pêche non sélectives ou toxiques (empoisonnement<br />

à l’uruva) contribuent également à la dégradation<br />

<strong>des</strong> peuplements et même du substrat récifal.<br />

Les coraux peuvent aussi être endommagés par les ancres <strong>des</strong><br />

bateaux ou les coups de palmes <strong>des</strong> baigneurs et <strong>des</strong> plongeurs<br />

sur certains sites très fréquentés.<br />

L’extraction de sable pour la construction a été très intense sur<br />

les plages à Mayotte entre 1975 et 1985, y compris plusieurs<br />

années après son interdiction par l’arrêté préfectoral n°698 du<br />

9 novembre 1982.


Depuis quelques années, sous la pression de la rapide croissance<br />

démographique (180 000 habitants au dernier recensement<br />

offi ciel de 2007, dont plus <strong>des</strong> deux tiers installés sur la côte)<br />

et du développement économique, les aménagements et les<br />

constructions ont gagné sur le lagon. Ils recouvrent <strong>des</strong> beach<br />

rocks* comme la rocade de l’anse Choa à Mamoudzou ou la rue<br />

du front de mer à Sada et détruisent les mangroves comme la<br />

rocade de Mamoudzou-sud, en particulier leurs zones les plus<br />

internes qui ont été fréquemment remblayées. Ces aménagements<br />

sont à présent interdits par le Plan d’aménagement et de<br />

développement durable de Mayotte (PADD), dont le décret de<br />

validation a été publié le 26 juin 2009.<br />

Par ailleurs, les problèmes d’assainissement et de rejets d’eaux<br />

usées, plus ou moins chargées en contaminants divers, n’ont<br />

commencé à être pris en compte qu’à partir de 1998.<br />

Lorsqu’un récif meurt, c’est une protection <strong>naturel</strong>le qui disparaît<br />

; les côtes se retrouvent davantage exposées aux vagues et<br />

aux tempêtes. L’écosystème est également détruit ; or dans le<br />

monde, plus de 500 millions de personnes dépendent <strong>des</strong> récifs<br />

coralliens pour se nourrir et 50 % <strong>des</strong> récifs sont menacés<br />

d’extinction. À Mayotte, ils font vivre également de nombreuses<br />

personnes (activités de prélèvement, activités touristiques, etc.).<br />

La société civile a donc un rôle important à jouer pour la protection<br />

de ses coraux.<br />

La gestion <strong>des</strong> déchets,<br />

un enjeu pour la protection<br />

du milieu marin<br />

Bioérosion : action <strong>des</strong> organismes végétaux ou animaux attaquant les substrats calc<strong>aires</strong>, donc les coraux.<br />

Beach rock : banc rocheux parallèle au rivage.<br />

DES MILIEUX ET DES ESPÈCES REMARQUABLES • UN PATRIMOINE NATUREL D’EXCEPTION<br />

15


16 UN<br />

Les pneumatophores <strong>des</strong> racines<br />

aériennes permettent<br />

aux palétuviers qui composent<br />

la mangrove de respirer dans <strong>des</strong> sols<br />

saturés d’eau et de sel.<br />

PATRIMOINE NATUREL D’EXCEPTION • DES MILIEUX ET DES ESPÈCES REMARQUABLES<br />

30 %<br />

du littoral<br />

est bordé<br />

de mangroves<br />

<strong>Un</strong>e forêt<br />

entre terre et mer<br />

La mangrove est la formation végétale caractéristique de la zone<br />

de balancement <strong>des</strong> marées dans les régions tropicales et subtropicales.<br />

Elle se développe le plus fréquemment sur de la vase<br />

mais se rencontre aussi sur <strong>des</strong> substrats sableux et rocheux.<br />

À la mangrove est normalement associée une zone de transition,<br />

appelée arrière-mangrove, qui constitue un premier fi ltre pour<br />

les sédiments terrigènes.<br />

Répartition et composition<br />

À Mayotte, les mangroves sont bien développées, particulièrement<br />

en fond de baie, bénéfi ciant d’un mode calme du fait<br />

de la largeur du lagon et de la protection du récif barrière. Lieu<br />

charnière entre terre et mer, il s’agit d’un écosystème complexe,<br />

recevant les fl ux <strong>des</strong> bassins versants, qui est ouvert, en aval, sur<br />

le littoral et soumis à l’hydrodynamisme lagonaire.<br />

Deux grands types de mangroves existent à Mayotte :<br />

• les mangroves d’estuaire ou de « fond de baie », installées<br />

dans <strong>des</strong> anses et baies où débouchent un ou plusieurs cours<br />

d’eau (Dapani, Soulou, Dzoumonyé, Bouéni…) ;<br />

• les mangroves littorales ou de « front de mer », qui forment<br />

une ceinture parallèle au rivage (Ajangoua, Majicavo).<br />

Les mangroves de Mayotte sont assez pauvres en espèces de<br />

palétuviers (7 espèces) si on les compare à celles de la région<br />

indo-malaisienne (26 espèces) considérée comme le centre de<br />

dispersion <strong>des</strong> palétuviers indo-pacifi ques.


Sept espèces de palétuviers<br />

forment la mangrove<br />

de Mayotte.<br />

Cinq espèces sont largement répandues, deux plus localisées :<br />

• Le palétuvier rouge, Rhizophora mucronata, espèce la plus répandue,<br />

présente souvent <strong>des</strong> formations monospécifi ques*.<br />

• Le palétuvier gros poumon, Bruguiera gymnorhiza, est le plus<br />

souvent observé dans <strong>des</strong> formations mixtes.<br />

• Le manglier jaune, Ceriops tagal, est présent dans les formations<br />

mixtes mais forme aussi assez souvent <strong>des</strong> peuplements<br />

monospécifi ques bas et denses.<br />

• Le palétuvier blanc, Avicennia marina, est une espèce ubiquiste*,<br />

liée à la présence de tannes*, zones de plus forte salinité.<br />

Elle occupe également le front de mer avec une régénération<br />

plus abondante en situation abritée. Elle est présente en position<br />

interne, au sein de peuplements de structure variable.<br />

• Le palétuvier fl eur, Sonneratia alba, présente <strong>des</strong> formations<br />

le plus souvent monospécifi ques en front de mer. Sa régénération<br />

semble diffi cile actuellement.<br />

• C’est en zone interne, que l’on rencontre occasionnellement<br />

<strong>des</strong> peuplements ou <strong>des</strong> individus isolés de manglier à petites<br />

feuilles, Lumnitzera racemosa et de palétuvier pomme, Xylocarpus<br />

granatum.<br />

Malgré les pressions qu’elles subissent, les mangroves de Mayotte<br />

occupent encore d’importantes surfaces et ont, en conséquence,<br />

un grand intérêt régional (à l’échelle de l’archipel <strong>des</strong><br />

Comores et de toute la région malgache).<br />

En 2003, leur surface atteignait 735 hectares, s’organisant en<br />

ban<strong>des</strong> de végétation successives parallèles au trait de côte, sur<br />

76 km de linéaire, soit 29 % du littoral.<br />

Les photographies aériennes de 1997 et de 2003 sont intéressantes<br />

et éclairent sur l’évolution récente <strong>des</strong> mangroves, dont<br />

la surface a diminué de 20 ha entre ces deux dates.<br />

Erythrine<br />

Herithiera<br />

Hibiscus<br />

Saline<br />

Eau saumatre<br />

Avicennia<br />

Brugueria<br />

Ceriops<br />

Lumnitzera<br />

Rhizophora<br />

Sonneratia<br />

Stabilisation<br />

<strong>des</strong> sols<br />

> Progression de la mangrove<br />

Monospécifi que : composé d’une seule espèce.<br />

Ubiquiste : se dit d’une espèce dont l’aire de répartition est très étendue.<br />

Tanne : désigne la partie d’un marais maritime la moins fréquemment submergée et aux sols généralement sursalés, nus ou peu végétalisés, se développant aux dépens d’une mangrove.<br />

Eau salée<br />

Sédiments<br />

en suspension<br />

DES MILIEUX ET DES ESPÈCES REMARQUABLES • UN PATRIMOINE NATUREL D’EXCEPTION<br />

17


18 UN<br />

PATRIMOINE NATUREL D’EXCEPTION • DES MILIEUX ET DES ESPÈCES REMARQUABLES<br />

La mangrove est une zone<br />

de nourrissage pour les poissons<br />

et de pêche traditionnelle<br />

pour les femmes mahoraises.<br />

La mangrove subit de nombreuses<br />

agressions <strong>naturel</strong>les ou humaines.<br />

Ici, <strong>des</strong> palétuviers morts<br />

sur la plage de Dapani.<br />

<strong>Un</strong> rôle primordial<br />

Les mangroves participent signifi cativement à l’équilibre <strong>des</strong><br />

systèmes biologiques et sédiment<strong>aires</strong> du littoral et du lagon.<br />

Elles constituent à ce titre un <strong>patrimoine</strong> <strong>naturel</strong> remarquable à<br />

forte valeur économique, reconnu par les institutions nationales<br />

et internationales.<br />

De par leur rôle utilitaire multiple (lieu de nidifi cation, de nourrissage<br />

et de reproduction pour la faune, protection du trait de<br />

côte, épuration de la ressource en eau, rétention <strong>des</strong> sédiments<br />

issus de l’érosion terrestre, paysage original…), les mangroves<br />

constituent <strong>des</strong> écosystèmes capitaux pour l’avenir de l’île de<br />

Mayotte.<br />

État de conservation et menaces<br />

La mangrove est un écosystème complexe qui repose notamment<br />

sur un fragile équilibre entre l’eau douce et l’eau salée<br />

d’une part, les apports de sédiments venant de la terre et l’érosion<br />

liée à l’action de la houle d’autre part.<br />

Comme dans la grande majorité <strong>des</strong> régions où on la trouve,<br />

la mangrove subit à Mayotte de très fortes pressions. Partout,<br />

l’arrière-mangrove ne subsiste qu’à l’état de vestige.<br />

De telles pressions conduisent :<br />

• soit à la <strong>des</strong>truction pure et simple de l’habitat ;<br />

• soit à <strong>des</strong> modifi cations <strong>des</strong> conditions écologiques qui fi nissent<br />

par affecter les mangroves externes à Sonneratia alba.<br />

Ainsi, l’emprise <strong>des</strong> mangroves et <strong>des</strong> arrières mangroves est<br />

globalement en régression depuis plusieurs décennies.


Des forêts<br />

fragiles<br />

à redécouvrir<br />

Certaines d’entre elles présentent un front d’érosion rendu visible<br />

par le déchaussement <strong>des</strong> arbres. Parallèlement, <strong>des</strong> phénomènes<br />

d’envasement conduisent au recouvrement <strong>des</strong> systèmes<br />

respiratoires <strong>des</strong> racines, ce qui peut engendrer un dépérissement<br />

rapide <strong>des</strong> palétuviers par asphyxie. La sursédimentation<br />

<strong>des</strong> mangroves (envasement, ensablement) est liée à l’augmentation<br />

<strong>des</strong> apports terrigènes, à la modifi cation <strong>des</strong> courants et à<br />

la disparition de l’arrière-mangrove. En résumé, la mangrove est<br />

soumise aux contraintes <strong>des</strong> courants de la mer et <strong>des</strong> déplacements<br />

de sédiments associés, mais aussi <strong>des</strong> eaux douces venant<br />

<strong>des</strong> bassins versants. À cela s’ajoutent les actions de l’homme.<br />

Sans un certain équilibre, la mangrove dépérit.<br />

Les mangroves sont <strong>des</strong> zones humi<strong>des</strong> fondamentales encore<br />

mal connues à Mayotte, et elles sont insuffi samment prises en<br />

compte dans les projets d’aménagement du territoire.<br />

Les pollutions par déchets ménagers non biodégradables (plastiques,<br />

pneus, etc.) ou amenés par la marée affectent la totalité<br />

<strong>des</strong> mangroves. Cette utilisation <strong>des</strong> mangroves comme dépotoir<br />

dévalorise leur image et favorise alors leur <strong>des</strong>truction. Entre<br />

1997 et 2003, la surface de mangrove a régressé de 20 ha. Cette<br />

diminution est probablement à la fois d’origine anthropique<br />

(urbanisation, développement infra-routier, augmentation <strong>des</strong><br />

superfi cies agricoles) et <strong>naturel</strong>le (modifi cation <strong>des</strong> paramètres<br />

hydrodynamiques, augmentation de l’énergie de la houle, changements<br />

climatiques, modifi cation <strong>des</strong> facteurs provenant <strong>des</strong><br />

bassins versants).<br />

BIZARRE…<br />

VOUS AVEZ DIT<br />

BIZARRE ?<br />

Les périophtalmes, tels que<br />

Periophthalmus koelreuteri,<br />

vivent dans les mangroves de<br />

Mayotte car ils aiment les eaux<br />

saumâtres, c’est-à-dire peu<br />

salées. Le nom de cet étrange<br />

poisson vient du grec « peri »<br />

(autour) et « ophtalmos »<br />

(yeux), car ses yeux peuvent<br />

bouger de tous les côtés ; ils<br />

sont également adaptés à la vie<br />

aérienne. En effet, ce poisson<br />

semble venir tout droit de l’ère<br />

où les animaux sont passés de la<br />

vie aquatique à la vie terrestre.<br />

Il est capable de sauter jusqu’à<br />

60 cm en hauteur, de se hisser<br />

hors de l’eau pour se percher sur<br />

les racines <strong>des</strong> palétuviers, et<br />

de rester plusieurs heures ainsi.<br />

Il respire dans l’air par sa peau<br />

mais aussi en gardant une grande<br />

quantité d’eau dans une cavité<br />

où baignent ses branchies.<br />

DES MILIEUX ET DES ESPÈCES REMARQUABLES • UN PATRIMOINE NATUREL D’EXCEPTION<br />

19


20 UN<br />

PATRIMOINE NATUREL D’EXCEPTION • DES MILIEUX ET DES ESPÈCES REMARQUABLES<br />

<strong>Un</strong>e mangrove<br />

bien conservée<br />

mais pour combien<br />

de temps encore ?<br />

Les menaces sont bien réelles même me si i les le l s situations si situ tuat atio ions ns et eet<br />

les le les s dynamiques<br />

varient fortement d’une man mangrove angr grov ove e à l’au l’autre. autre. e Les mman<br />

manangroves bénéfi cient pourtant de statuts atuts de prot protection otection variés et<br />

nombreux : outre leur positionnement ment sur le domaine do doma main i e public<br />

maritime (imprescriptible et inaliénable juridiquement), elles<br />

constituent <strong>des</strong> espaces soumis au régime forestier (défrichement<br />

interdit) et à la loi sur l’eau (pas de modifi cation de l’état<br />

<strong>des</strong> lieux). Leur protection stricte est également affi rmée dans le<br />

Plan d’aménagement et de développement durable de Mayotte.<br />

Les mangroves font hélas l’objet d’agressions multiples, les plus<br />

visibles étant liées aux remblaiements réalisés pour la construction<br />

d’infrastructures et l’urbanisation littorale. Mais de nombreuses<br />

pollutions physiques (déchets soli<strong>des</strong>…) ou chimiques<br />

sont aussi fréquemment constatées. L’arrière-mangrove est la<br />

formation la plus menacée, lorsqu’elle existe encore. L’agriculture<br />

vivrière, les constructions illégales et les dépôts de remblais<br />

sauvages fi nissent par venir à bout de ces forêts marécageuses<br />

en parfaite continuité écologique avec la mangrove.<br />

Les conséquences, directes ou indirectes, de la dégradation <strong>des</strong><br />

mangroves et <strong>des</strong> arrière-mangroves associées sont nombreuses<br />

: envasement progressif <strong>des</strong> habitats marins (herbiers, arrière<br />

<strong>des</strong> récifs frangeants), diminution <strong>des</strong> ressources halieutiques,<br />

augmentation <strong>des</strong> risques liés à l’érosion littorale ou à la montée<br />

<strong>des</strong> eaux par exemple…<br />

Cette situation implique un risque de déséquilibre irréversible<br />

sur le long terme et, par conséquent, un coût économique considérable.<br />

Le recul du trait de côte a déjà été observé par <strong>des</strong> étu<strong>des</strong><br />

scientifi ques antérieures partout où la mangrove a disparu.<br />

Ceci aboutit souvent à la mise en œuvre de dispositifs de protection,<br />

aux lour<strong>des</strong> conséquences fi nancières et paysagères.


<strong>Un</strong>e prairie sous la mer<br />

Les herbiers de phanérogames <strong>marines</strong> sont parmi les écosystèmes<br />

côtiers les plus répandus au monde et les systèmes biologiques<br />

les plus productifs. Ils se composent de phanérogames<br />

<strong>marines</strong>, associées ou non en communauté. Ces plantes <strong>marines</strong><br />

possèdent <strong>des</strong> caractéristiques de plantes terrestres. Elles ont<br />

<strong>des</strong> feuilles, <strong>des</strong> racines, <strong>des</strong> tissus conducteurs, <strong>des</strong> fl eurs et <strong>des</strong><br />

graines, et elles s’adaptent à une vie entièrement submergée.<br />

Surface et composition<br />

À Mayotte, sept genres (Halodule, Halophila, Syringodium, Thalassia,<br />

Thalassodendron, Cymodocea et Enhalus) et onze espèces<br />

de phanérogames <strong>marines</strong> ont été recensés. Les herbiers sont le<br />

plus souvent dominés par les espèces Thalassodendron ciliatum,<br />

Cymodocea rotundata et C. serrulata. Avec onze espèces, Mayotte<br />

constitue un site de haute diversité pour les phanérogames<br />

<strong>marines</strong>. En effet, parmi l’ensemble <strong>des</strong> territoires ultramarins,<br />

elle se situe juste après la Nouvelle-Calédonie qui connaît la plus<br />

grande biodiversité avec douze espèces recensées (La Réunion :<br />

une espèce ; Guadeloupe : deux espèces ; Martinique : six espèces).<br />

Cette biodiversité élevée est certainement à mettre en relation<br />

avec le contexte hydrologique particulier de la partie nord<br />

du canal du Mozambique et avec le contexte géographique lui<br />

fournissant une grande hétérogénéité et complexité d’habitats.<br />

Plurispécifi que : composé de plusieurs espèces.<br />

<strong>Un</strong> capitaine dans un herbier<br />

de phanérogames <strong>marines</strong>,<br />

Thalassodendron ciliatum,<br />

au nord de Petite-Terre.<br />

Les aspects géomorphologiques (ex. granulométrie) et hydrologiques<br />

sont également <strong>des</strong> éléments permettant d’expliquer<br />

cette richesse.<br />

La surface totale <strong>des</strong> zones d’herbiers détectées est estimée à<br />

760 hectares avec une incertitude diffi cilement chiffrable.<br />

La densité faible <strong>des</strong> herbiers est due en partie à l’absence sur les<br />

platiers de substrats sédiment<strong>aires</strong> adéquats (sables colmatés et<br />

vases sableuses). Ils sont par ailleurs soumis à un broutage intense<br />

par les tortues vertes, lesquelles se concentrent autour <strong>des</strong><br />

zones d’herbiers plurispécifi ques* et les plus denses (récifs frangeants<br />

de Grande-Terre, dont celui de Ngouja, récifs de pourtour<br />

d’îlots, tels Mtsamboro et les îlots Choizil, etc.).<br />

Des herbiers<br />

sous-marins<br />

qui nourrissent<br />

tortues<br />

et dugongs<br />

DES MILIEUX ET DES ESPÈCES REMARQUABLES • UN PATRIMOINE NATUREL D’EXCEPTION<br />

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22 UN<br />

PATRIMOINE NATUREL D’EXCEPTION • DES MILIEUX ET DES ESPÈCES REMARQUABLES<br />

Les herbiers sont de véritables<br />

nurseries pour les poissons,<br />

les mollusques<br />

et les crustacés.<br />

Les herbiers sont <strong>des</strong> pâturages sous-marins<br />

pour de nombreuses espèces herbivores<br />

comme les tortues <strong>marines</strong>, dugongs,<br />

oursins, petits crustacés…<br />

<strong>Un</strong> rôle essentiel<br />

Les herbiers présentent un système racinaire dense, stabilisant le<br />

sédiment et protégeant ainsi de l’érosion l’herbier lui-même et<br />

le récif corallien adjacent.<br />

Maillons essentiels à la survie de nombreuses espèces (habitat,<br />

nurserie, refuge, site d’alimentation), les herbiers marins sont<br />

l’interface entre le substrat et l’eau et permettent un recyclage<br />

effi cace <strong>des</strong> nutriments ; ils refl ètent par conséquent la santé<br />

de tout un écosystème. Leur contribution signifi cative aux fl ux<br />

d’énergie à l’échelle <strong>des</strong> océans explique l’importante diversité<br />

biologique et la complexité du réseau trophique* qui leur sont<br />

associées.<br />

Leur biomasse végétale représente une source d’alimentation<br />

directe pour de nombreuses espèces (tortues <strong>marines</strong>, dugongs,<br />

oursins, poissons herbivores, mollusques brouteurs…). Mayotte<br />

est le seul lieu en outre-mer français, avec la Nouvelle-Calédonie,<br />

où le dugong est présent ; la préservation <strong>des</strong> herbiers de<br />

phanérogames <strong>marines</strong> est donc un facteur déterminant dans la<br />

conservation de cette espèce très menacée localement.<br />

En se décomposant, les phanérogames profi tent également à<br />

d’autres poissons et invertébrés (vers, petits crustacés de tous<br />

ordres tels que les amphipo<strong>des</strong>*, larves d’insectes…). Enfi n, les<br />

algues épiphytes* ainsi que les invertébrés qui s’y fi xent (hydr<strong>aires</strong>,<br />

bryozo<strong>aires</strong>, ascidies, petits mollusques, etc.) représentent<br />

une source de nourriture importante pour différents invertébrés<br />

et poissons. Ainsi l’herbier constitue un habitat important dans<br />

l’écosystème du lagon de Mayotte.


Les algues, éléments importants<br />

de la biodiversité sous-marine,<br />

constituent l’un <strong>des</strong> plus grands<br />

producteurs d’oxygène<br />

de la planète.<br />

Des algues essentielles à la vie<br />

Les algues remplissent également de nombreuses fonctions dans<br />

le lagon.<br />

Les micro-algues symbiotiques* colonisent les tissus <strong>des</strong> coraux<br />

scléractini<strong>aires</strong> (plusieurs espèces de zooxanthelles), <strong>des</strong> nombreux<br />

coraux mous, de certains mollusques (bénitiers) ou de<br />

certaines ascidies. Elles participent au métabolisme de ces invertébrés<br />

en utilisant l’énergie solaire pour métaboliser diverses<br />

substances et favoriser ainsi la croissance de ceux-ci, dans <strong>des</strong><br />

eaux parfois considérées comme pauvres en nutriments.<br />

Le phytoplancton, constitué de bactéries et de micro-algues<br />

en suspension dans l’eau, représente le plus petit maillon de la<br />

chaîne alimentaire et assure la richesse <strong>des</strong> eaux récifales et lagon<strong>aires</strong>.<br />

Réseau trophique : c’est l’ensemble <strong>des</strong> chaînes aliment<strong>aires</strong> reliées entre elles au sein d’un écosystème.<br />

Amphipo<strong>des</strong> : crustacés semblables à <strong>des</strong> petites crevettes.<br />

Epiphytes : organismes qui se fi xent sur d’autres.<br />

Symbiotique : désigne l’association intime et durable entre deux organismes d’espèces différentes à bénéfi ces globaux.<br />

DES MILIEUX ET DES ESPÈCES REMARQUABLES • UN PATRIMOINE NATUREL D’EXCEPTION<br />

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24 UN<br />

PATRIMOINE NATUREL D’EXCEPTION • DES MILIEUX ET DES ESPÈCES REMARQUABLES<br />

Les macro-algues, visibles à l’œil nu, sont une <strong>des</strong> principales<br />

bases <strong>des</strong> réseaux trophiques présents, à l’image <strong>des</strong> prairies et<br />

<strong>des</strong> champs sur terre. Ces producteurs prim<strong>aires</strong> constituent à<br />

Mayotte une part très importante de la biodiversité marine avec<br />

270 espèces recensées en 2005.<br />

Bien que certaines espèces d’algues puissent s’avérer envahissantes<br />

(par exemple, les champs saisonniers de Turbinaria et Sargassum<br />

sur les fronts récifaux <strong>des</strong> barrières récifales à Mayotte)<br />

ou toxiques (tels que les dinofl agellés causant la ciguatera), ces<br />

êtres vivants capables de photosynthèse* sont parmi les plus<br />

grands producteurs d’oxygène de la planète. Les algueraies,<br />

comme les herbiers à phanérogames,<br />

constituent un lieu privilégié pour la reproduction<br />

et la nutrition d’une partie de la<br />

faune marine.<br />

Les algueraies, comme<br />

les herbiers à phanérogames,<br />

sont <strong>des</strong> lieux privilégiés<br />

de reproduction<br />

et de nutrition.<br />

Ce sont également <strong>des</strong> lieux de nurserie pour les poissons et<br />

le nombre de mollusques et de crustacés y serait quatre fois<br />

supérieur à celui <strong>des</strong> herbiers, pour une même surface. Selon la<br />

littérature scientifi que, plusieurs centaines d’espèces d’algues<br />

sont susceptibles de renfermer <strong>des</strong> molécules ayant une activité<br />

antibactérienne, antifongique, antitumorale ou vermifuge.<br />

Les algues calc<strong>aires</strong>, quant à elles, jouent un rôle prépondérant<br />

dans l’édifi cation <strong>des</strong> récifs. Ce sont les seuls organismes, avec les<br />

coraux scléractini<strong>aires</strong>, qui synthétisent leur squelette de façon<br />

suffi samment intense pour compenser la <strong>des</strong>truction <strong>naturel</strong>le<br />

du récif (bioérosion*). Certaines algues calc<strong>aires</strong> conditionnent,<br />

via <strong>des</strong> sécrétions chimiques, l’implantation <strong>des</strong> jeunes larves<br />

coralliennes (recrues) ; d’autres enfi n entrent dans l’alimentation<br />

<strong>des</strong> tortues <strong>marines</strong>.<br />

Certains types d’algues sont en compétition directe avec les coraux<br />

: le gazon algal empêche la fi xation de nouvelles recrues et<br />

certaines macro-algues sont en concurrence avec les colonies<br />

coralliennes pour l’espace et la lumière. Cependant, les oursins<br />

diadème et les poissons perroquet régulent les peuplements<br />

algaux dans le milieu. Dans tout écosystème règne un fragile<br />

équilibre.<br />

Photosynthèse : processus chimique par lequel les végétaux et certaines bactéries,<br />

en utilisant l’énergie du soleil, transforment l’eau et le gaz carbonique en oxygène<br />

et autres composés organiques.<br />

Bioérosion : action <strong>des</strong> organismes végétaux ou animaux attaquant les substrats<br />

calc<strong>aires</strong>, donc les coraux.


Les îlots, un enjeu<br />

pour l’avenir<br />

Les îlots du lagon de Mayotte sont une composante<br />

essentielle du paysage mahorais. Répartis<br />

sur l’ensemble du lagon, ces îlots constituent un<br />

enjeu important sur le plan touristique (écotourisme<br />

et plaisance), économique (lieux de pêche artisanale) et<br />

écologique. Les récifs coralliens frangeants se développent<br />

autour <strong>des</strong> îlots rocheux.<br />

On distingue les îlots du lagon stricto sensu qui sont détachés<br />

géomorphologiquement de la côte (discontinuité entre le platier<br />

récifal de l’îlot et celui de la Grande-Terre) et émergés en<br />

permanence, <strong>des</strong> autres qui ne sont que <strong>des</strong> parties émergées<br />

sur le platier du récif frangeant de Grande-Terre (îlots de Sada,<br />

Mbouini, et les quatre frères).<br />

Les îlots de sable corallien, appelés « cayes », sont quant à eux<br />

<strong>des</strong> dunes constituées de matériaux détritiques coralliens accumulés<br />

par un jeu de croisement <strong>des</strong> courants marins. Ils sont<br />

généralement immergés aux marées hautes et ne sont stables<br />

ni dans le temps ni dans l’espace. On en recense une demi-douzaine,<br />

et le plus prisé se trouve au large de la pointe Saziley :<br />

Mtsanga tsoholé, « l’île du riz ».<br />

Saziley<br />

Il y a bien longtemps existait un roi qui<br />

avait un village. Tous les habitants menaient<br />

une vie heureuse. Le roi aimait son peuple et avait<br />

une très jolie fi lle. <strong>Un</strong> jour, un prince d’un village voisin<br />

vint demander la main de la princesse au roi et bientôt le<br />

mariage fut organisé. Comme le roi n’avait qu’une fi lle, il invita<br />

toute l’île pour la grande cérémonie. Le grand jour arriva, le roi fi t<br />

tuer vingt zébus. Il répandit du riz sur le sol du village. Le puissant<br />

Allah, n’acceptant pas le gâchis de nourriture, déclencha une<br />

extraordinaire montée <strong>des</strong> eaux. Le cortège nuptial fut interrompu<br />

et beaucoup de gens ne purent se sauver. Il ne reste, en souvenir<br />

du péché, qu’un îlot de sable blanc, comme le riz. Les rares<br />

personnes qui purent regagner la terre saines et sauves<br />

racontent leur histoire et parlent de la vie qu’elles<br />

menaient avant et qu’elles regrettent…<br />

« Saziley »… (signifi ant « en ce<br />

temps-là »).<br />

Hale Halele<br />

La naissance de Saziley<br />

selon le “Foundi du lagon”<br />

(héros de la série animée<br />

de Clap Productions)<br />

DES MILIEUX ET DES ESPÈCES REMARQUABLES • UN PATRIMOINE NATUREL D’EXCEPTION<br />

25


26 UN<br />

Chissioua<br />

Mtsamboro<br />

Malandzamiayajou<br />

Malandzamiayatsini<br />

Iles Choazil<br />

M'TZAMBORO<br />

ACOUA<br />

Chissioua<br />

Sada<br />

0 2,5 5 milles marins<br />

0 5 10 km<br />

M'TSANGAMOUJI<br />

BOUENI<br />

BANDRABOUA<br />

Chissioua<br />

Karoni<br />

Chissioua<br />

Handréma<br />

TSINGONI<br />

CHICONI<br />

OUANGANI<br />

SADA<br />

KANI-KELI<br />

PATRIMOINE NATUREL D’EXCEPTION • DES MILIEUX ET DES ESPÈCES REMARQUABLES<br />

Chissioua<br />

Mbouini<br />

Chissioua<br />

Mtsongoma<br />

CHIRONGUI<br />

DEMBENI<br />

KOUNGOU<br />

MAMOUDZOU<br />

BANDRELE<br />

Zissioua Ziné<br />

(Les quatres frères)<br />

Iles<br />

Hajangoua<br />

Chissioua<br />

Bandrélé<br />

Chissioua<br />

Bambo<br />

Tsanga<br />

tsoholé<br />

Chissioua<br />

Mbouzi<br />

Gombé<br />

Ndroumé<br />

DZAOUDZI-LABATTOIR<br />

PAMANDZI<br />

Zissioua<br />

Mtsanga<br />

Mirandole<br />

> Mayotte<br />

les îlots du lagon<br />

Chissioua Pouhou<br />

Chissioua Kolo Issa<br />

Chissioua Pengoua<br />

Il semble exister une corrélation entre la vitalité <strong>des</strong> récifs frangeants<br />

de la Grande-Terre et la vitalité <strong>des</strong> récifs <strong>des</strong> îlots, notamment<br />

pour les îlots proches de la côte. Par exemple, le récif<br />

de l’îlot Handréma, très dégradé en 2005 (recouvrement moyen<br />

de 22 % en coraux durs du front récifal) se situe juste en face du<br />

secteur récifal de Handréma, dont le récif frangeant était également<br />

dégradé (indice de vitalité de zéro). À l’opposé, le récif de<br />

l’îlot Mtsongoma, en excellente santé en 2005, (recouvrement<br />

moyen de 61 % en coraux durs) se situe face au secteur récifal de<br />

Mtsangaboua, en relative bonne santé lui aussi (indice de vitalité<br />

de 16,3). Il existe donc, par le jeu de la courantologie littorale et<br />

<strong>des</strong> apports divers au lagon en provenance de la Grande-Terre,<br />

un lien entre la vitalité récifale <strong>des</strong> îlots et de la Grande-Terre.<br />

Des plages à fort potentiel<br />

Les plages de Mayotte constituent une ressource économique et<br />

touristique dans le cadre du développement durable de l’île. À ce<br />

titre, elles sont soumises, surtout depuis ces 30 dernières années,<br />

à de multiples pressions et dégradations d’ordre anthropique.<br />

Auparavant, ces plages étaient surtout <strong>des</strong> lieux d’aisance, de<br />

baignade <strong>des</strong> enfants, de pêche à pied (collecte de coquillages,<br />

pêche à la senne ou à l’épervier), et de pêche au djarifa* par <strong>des</strong><br />

groupes de femmes.<br />

Le sable <strong>des</strong> plages a fait l’objet de très nombreux pillages,<br />

jusqu’à provoquer le déchaussement <strong>des</strong> beach rocks qui les<br />

protégeaient, pour les constructions en dur et la confection de<br />

parpaings. Aujourd’hui, elles deviennent de plus en plus <strong>des</strong> lieux<br />

ludiques où l’on se baigne, mais aussi où l’on joue, quand on


Plage et platier de Ngouja,<br />

lieu de ponte et d’alimentation<br />

<strong>des</strong> tortues <strong>marines</strong>.<br />

n’y organise pas sous les cocotiers et badamiers du littoral, <strong>des</strong><br />

pique-niques ou « voulés » avec feux de bois, stationnement inconsidéré<br />

<strong>des</strong> véhicules, <strong>des</strong>truction <strong>des</strong> dunes adlittorales* et<br />

<strong>des</strong> peuplements végétaux et animaux associés, etc.<br />

Malgré une fréquentation humaine croissante à ces fi ns ludiques,<br />

peu d’aménagements de ces espaces (plages et bande<br />

adlittorale) et d’accueil du public ont été faits à ce jour.<br />

Pourtant, outre leur rôle dans l’écologie du lagon (zone de nurseries<br />

en bordure <strong>des</strong> rivages) et <strong>des</strong> zones littorales terrestres<br />

(dunes fermant les arrivées d’eaux douces et fi ltrant ces dernières,<br />

etc.), la plupart <strong>des</strong> plages de Mayotte constituent <strong>des</strong><br />

sites de ponte pour les tortues <strong>marines</strong>. Seules les plages de<br />

Moya et de Saziley, affectées au Conservatoire du littoral, font<br />

l’objet d’une surveillance régulière. Sur certaines plages comme<br />

Ngouja, <strong>des</strong> gar<strong>des</strong> animateurs ou <strong>des</strong> écovolont<strong>aires</strong> assurent<br />

depuis peu la sensibilisation <strong>des</strong> visiteurs.<br />

Depuis 1972, le nombre de plages fréquentées régulièrement par<br />

les tortues femelles diminue. L’une <strong>des</strong> raisons principales est la<br />

forte dégradation de l’environnement côtier avec la construction<br />

<strong>des</strong> villages et <strong>des</strong> routes au plus près du littoral, les pollutions de<br />

toutes natures (rejets d’eaux plus ou moins polluées, décharges<br />

dans les marécages d’arrière-plage, apports de détritus divers,<br />

dont de nombreux plastiques par les courants littoraux, etc.) et<br />

les dérangements. Les constructions bétonnées en arrière-plage<br />

empêchent les tortues de creuser leurs nids dans le sable et les<br />

lumières <strong>des</strong> villages les dérangent.<br />

Djarifa : tissu de tulle coupé en deux et cousu sur la longueur pour former une poche<br />

qui une fois refermée, piège les poissons à l’intérieur.<br />

Adlittorale : zone située au-<strong>des</strong>sus du niveau de la plus haute mer.<br />

Le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) a édité<br />

un atlas <strong>des</strong> plages mahoraises. Sur 60 plages étudiées, 52 %<br />

subissent une pression anthropique moyenne à forte, 70 % sont<br />

déjà dans un état de conservation biologique mauvais à passable<br />

et 35 % présentent <strong>des</strong> signes d’érosion marquée (pillage <strong>des</strong> sables,<br />

modifi cation de la courantologie littorale, associée ou non à<br />

la <strong>des</strong>truction de mangroves côtières).<br />

Globalement, la moitié <strong>des</strong> plages de Mayotte seulement est<br />

dans un état satisfaisant à excellent. <strong>Un</strong>e étude de leur dynamique<br />

sédimentaire et de leurs peuplements (endofaune) est en<br />

cours.<br />

La plupart <strong>des</strong> plages de Mayotte<br />

constitue <strong>des</strong> sites de ponte<br />

pour les tortues <strong>marines</strong><br />

DES MILIEUX ET DES ESPÈCES REMARQUABLES • UN PATRIMOINE NATUREL D’EXCEPTION<br />

27


28 UN<br />

Les bancs<br />

récifaux<br />

éloignés :<br />

<strong>des</strong> foyers<br />

de biodiversité<br />

au milieu<br />

de l’océan<br />

PATRIMOINE NATUREL D’EXCEPTION • DES MILIEUX ET DES ESPÈCES REMARQUABLES<br />

La haute mer<br />

et ses bancs récifaux :<br />

Iris, Geyser et Zélée<br />

Les bancs de Geyser et Zélée sont situés dans la partie occidentale<br />

de l’océan Indien, au nord du canal du Mozambique, à environ<br />

60 milles nautiques de l’île de Mayotte. Les hauts-fonds du<br />

Geyser et de la Zélée sont placés respectivement sous l’autorité<br />

du Préfet <strong>des</strong> Terres australes antarctiques françaises (TAAF) et<br />

<strong>des</strong> îles Éparses, et du Préfet de Mayotte.<br />

Ces hauts-fonds sont respectivement de douze milles sur huit<br />

pour le banc de la Zélée et onze milles sur onze pour le banc du<br />

Geyser, certaines parties de celui-ci affl eurant à marée basse.<br />

Quant à l’anneau de la Zélée, sa profondeur minimale, à marée<br />

basse, se trouve aux alentours de moins 10 mètres.<br />

Auparavant vierges et peu fréquentés, ils constituent aujourd’hui<br />

une zone d’exploitation halieutique pour les fl ottilles artisanales<br />

de Mayotte dans un contexte de raréfaction de la ressource lagonaire<br />

et possèdent un réel potentiel écotouristique (croisières<br />

de plongée subaquatique) et scientifi que.<br />

<strong>Un</strong> requin corail<br />

sur les hauts-fonds<br />

récifaux.<br />

0 1 2 3 4<br />

milles nautiques<br />

20 m<br />

1000 m<br />

500 m<br />

50 m<br />

Lagon<br />

Ces bancs sont susceptibles, de par leur éloignement <strong>des</strong> pressions<br />

anthropiques, venant <strong>des</strong> côtes habitées de Mayotte ou<br />

du Nord de Madagascar, de jouer un rôle clé en tant que zone<br />

« source » pour d’autres récifs coralliens voisins et de « sentinelles<br />

» pour la compréhension de l’incidence du réchauffement<br />

climatique sur les récifs de la région.<br />

Les bancs sont régulièrement fréquentés par les requins. Des<br />

agrégations de juvéniles de requins nourrices fauves (Nebrius<br />

ferrugineus) méritent d’être mentionnées.<br />

Récifs<br />

Profondeur < 10 m<br />

Profondeur < 20 m<br />

2000 m<br />

2000 m<br />

1000 100 10 0 m<br />

500 m<br />

1000 m<br />

Barrière & récifs frangeants<br />

Profondeur < 10 m<br />

Terre<br />

MAYOTTE<br />

0 2 4 6 8<br />

milles nautiques


<strong>Un</strong> banc de grands barracudas,<br />

une <strong>des</strong> 375 espèces de poissons<br />

répertoriées sur les bancs de Geyser.<br />

L’abondance du peuplement en poissons de Geyser et Zélée<br />

pourrait s’expliquer par la bonne vitalité <strong>des</strong> peuplements coralliens,<br />

la circulation océanique favorable à <strong>des</strong> enrichissements<br />

en sels nutritifs <strong>des</strong> eaux en surface et la faible pression anthropique<br />

due à l’éloignement.<br />

En 2006, lors <strong>des</strong> relevés quantitatifs, le nombre moyen d’espèces<br />

observées était de plus de 100 espèces /100 m², les labridés<br />

étant les plus représentés.<br />

Actuellement, environ 375 espèces ont été répertoriées sur les<br />

bancs de Geyser depuis 1996.<br />

Les poissons les mieux représentés sont les carnivores au sens<br />

large avec 76 et 75 % <strong>des</strong> espèces observées en 1996 et en<br />

2006, puis les herbivores avec respectivement 13 et 14 %.<br />

L’analyse <strong>des</strong> densités par famille sur les bancs de Geyser montre<br />

une diminution du nombre d’individus entre 1996 et 2006 dans<br />

les principales familles commerciales, exception faite <strong>des</strong> lethrinidés<br />

(becs de cane, etc.).<br />

La diminution entre 1996 et 2006 <strong>des</strong> espèces commerciales,<br />

cibles principales <strong>des</strong> pêcheurs, pourrait être la conséquence de<br />

l’impact de la pêche, accentué par l’augmentation de la pression<br />

anthropique sur Geyser suite à l’utilisation massive <strong>des</strong> moyens<br />

de navigation par satellite (GPS). La diminution <strong>des</strong> espèces corallivores<br />

(chaetodontidés) et de celles utilisant le corail comme<br />

abri (pomacentridés) pourrait être une <strong>des</strong> conséquences du<br />

passage du cyclone Gafi lo sur ce banc en 2004.<br />

Ichtyologique : relatif aux poissons.<br />

Démersale : s’emploie pour préciser qu’une espèce vit proche <strong>des</strong> côtes ou du fond marin.<br />

Ces récifs sont donc <strong>des</strong> écosystèmes exceptionnels en termes<br />

de richesse spécifi que et d’abondance autant pour les peuplements<br />

ichtyologiques* que coralliens. Toutefois, la faible abondance<br />

de gros poissons carnassiers (espèces commerciales telles<br />

que mérous et lutjans) suggère un risque réel de fragilisation de<br />

la ressource halieutique par une exploitation soutenue, voire une<br />

surpêche de ces stocks récifaux (pêche à la ligne et sous-marine).<br />

En effet, les stocks <strong>des</strong> espèces<br />

récifales d’intérêt commercial<br />

sont considérablement plus fra-<br />

giles que les stocks <strong>des</strong> poissons<br />

démersaux* qui ont la faculté<br />

de se reproduire plus vite et en<br />

plus grand nombre.<br />

En bref<br />

■ Les bancs de Geyser et Zélée sont<br />

<strong>des</strong> hauts-fonds situés à 60 milles de Mayotte.<br />

■ En 2006, 355 espèces de poissons<br />

appartenant à 52 familles étaient répertoriées.<br />

■ <strong>Un</strong>e diminution <strong>des</strong> stocks de poissons a été<br />

observée entre 1996 et 2006. <strong>Un</strong>e <strong>des</strong>truction<br />

importante <strong>des</strong> formations coralliennes peu<br />

profon<strong>des</strong> du lagon par le cyclone Gafi lo,<br />

en 2004, pourrait en être une <strong>des</strong> causes.<br />

■ La diminution <strong>des</strong> espèces d’intérêt commercial<br />

pourrait être la conséquence de l’impact de la pêche<br />

à la ligne et de la chasse sous-marine.<br />

■ Les bancs de Geyser et Zélée constituent<br />

une ressource potentielle pour alimenter<br />

en poissons les zones adjacentes et il est nécessaire<br />

de mieux la gérer.<br />

DES MILIEUX ET DES ESPÈCES REMARQUABLES • UN PATRIMOINE NATUREL D’EXCEPTION<br />

29


30 UN<br />

PATRIMOINE NATUREL D’EXCEPTION • DES MILIEUX ET DES ESPÈCES REMARQUABLES<br />

Courlis corlieu<br />

dans la mangrove<br />

de Chirongui.<br />

UN TERRITOIRE<br />

OÙ COHABITENT<br />

DE MULTIPLES ESPÈCES<br />

<strong>Un</strong> site important<br />

pour les oiseaux terrestres<br />

et marins<br />

Mayotte, comme la plupart <strong>des</strong> territoires insul<strong>aires</strong>, est peuplée<br />

d’espèces d’oiseaux endémiques* vulnérables, dont certaines<br />

ont souffert <strong>des</strong> conséquences de la colonisation humaine (introduction<br />

d’espèces prédatrices et concurrentes, altération et<br />

<strong>des</strong>truction d’habitats, etc.). C’est le cas, par exemple, du drongo<br />

de Mayotte ou du pigeon <strong>des</strong> Comores, mais aussi de plusieurs<br />

espèces d’oiseaux marins nichant traditionnellement sur les îles<br />

océaniques exemptes de prédateurs.<br />

Les oiseaux <strong>des</strong> mangroves<br />

Les canopées <strong>des</strong> mangroves sont l’un <strong>des</strong> habitats <strong>naturel</strong>s les<br />

plus riches en oiseaux car elles accueillent à la fois <strong>des</strong> espèces<br />

de forêt et <strong>des</strong> espèces <strong>des</strong> milieux palustres. Il en va de même<br />

pour les lacs, vasières et autres milieux humi<strong>des</strong> qui abritent régulièrement<br />

<strong>des</strong> limicoles et autres oiseaux de rivage, parmi lesquels<br />

fi gurent <strong>des</strong> espèces menacées à l’échelon mondial (crabier<br />

blanc, héron de Humblot), d’autres espèces rares (drome<br />

ardéole, sterne voyageuse), ou de nombreuses espèces hivernantes<br />

ou migratrices.<br />

Sur 43 espèces d’oiseaux recensées dans les mangroves de<br />

Mayotte, 15 (35 %) peuvent être considérées comme ayant un<br />

intérêt patrimonial fort, la plupart étant endémique à Mayotte<br />

ou à l’archipel <strong>des</strong> Comores.


À titre de comparaison, seulement 26 espèces ont été recensées<br />

sur l’ensemble <strong>des</strong> forêts terrestres. Les mangroves possèdent<br />

donc une diversité en espèces d’oiseaux beaucoup plus élevée<br />

que les forêts terrestres car elles permettent la coexistence d’espèces<br />

forestières et aquatiques.<br />

Les mangroves jouent le rôle de reposoir en journée, par exemple<br />

pour la sterne voyageuse, ou encore de dortoir pour de nombreuses<br />

autres espèces, telles que le courlis corlieu ou le héron<br />

garde-bœufs.<br />

Elles jouent également le rôle de nichoir ; en novembre 2003,<br />

une colonie de hérons garde-bœufs et de crabiers blancs a été<br />

vue nichant en baie de Bouéni. Le crabier blanc est classé par<br />

l’<strong>Un</strong>ion mondiale pour la nature (UICN) dans les espèces en<br />

danger, avec une population estimée à moins de 2 500 individus,<br />

en déclin continu. Il est répertorié en danger d’extinction par la<br />

Convention de Bonn. La découverte de sa nidifi cation à Mayotte<br />

est donc très importante sur le plan patrimonial ainsi que pour<br />

la conservation de l’espèce à l’échelle mondiale.<br />

Les mangroves de Mayotte abritent <strong>des</strong> espèces indigènes dont<br />

beaucoup ont un fort intérêt patrimonial.<br />

Endémique : qui est particulier à une région donnée.<br />

Le pluvier argenté n’est pas un résident<br />

à plein temps. On le rencontre plutôt<br />

en septembre après la période<br />

de reproduction.<br />

DES MILIEUX ET DES ESPÈCES REMARQUABLES • UN PATRIMOINE NATUREL D’EXCEPTION<br />

31


32 UN<br />

PATRIMOINE NATUREL D’EXCEPTION • DES MILIEUX ET DES ESPÈCES REMARQUABLES<br />

Le crabier blanc, Ardeola idae,<br />

une espèce très menacée,<br />

nicheuse à Mayotte.<br />

Les oiseaux <strong>des</strong> zones humi<strong>des</strong><br />

et <strong>des</strong> îlots de sable blanc<br />

Le site accueillant la plus grande diversité d’espèces est de loin la<br />

Vasière <strong>des</strong> Badamiers. Cette lagune, ceinturée d’une jeune mangrove,<br />

occupe une surface de plus de 150 ha et constitue un site<br />

idéal pour l’accueil (reposoir) et l’alimentation <strong>des</strong> oiseaux (près<br />

de 34 espèces d’oiseaux, dont une majorité de limicoles migrateurs).<br />

Ce site exceptionnel, propriété du Conservatoire du littoral,<br />

a été proposé à l’inscription au titre de la Convention RAMSAR<br />

adoptée le 2 février 1971 pour la conservation et l’utilisation durables<br />

<strong>des</strong> zones humi<strong>des</strong>.<br />

En septembre, on note un passage post-nuptial pour le gravelot<br />

de Leschenault, le courlis corlieu et le pluvier argenté. La présence<br />

de plusieurs espèces d’ardéidés supposés non nicheurs<br />

à Mayotte est aussi à noter, comme par exemple le héron de<br />

Humblot, « en danger » sur la liste rouge UICN, qui est observé<br />

sur le site <strong>des</strong> Badamiers.<br />

Les îlots de sable blanc font offi ce de reposoirs pour <strong>des</strong> espèces<br />

<strong>marines</strong> telles que la frégate du Pacifi que, frégate Ariel, noddi brun,<br />

sterne voyageuse, sterne huppée, sterne fuligineuse, sterne diamant,<br />

sterne naine et drome ardéole.<br />

De décembre à mai, il existe <strong>des</strong> stationnements de sternes<br />

voyageuses très importants à Mayotte avec près de 10 500<br />

oiseaux recensés sur la vasière <strong>des</strong> Badamiers en janvier 2004,<br />

ainsi qu’entre 3 000 et 4 000 individus sur les îlots blancs du<br />

Sud, les îlots blancs de Mtsamboro ainsi que sur l’île Blanche<br />

(au nord-est de Mayotte). On les trouve également sur d’autres<br />

reposoirs tels que le platier récifal de Ngouja.


Mayotte accueillerait donc entre 10 000 et 20 000 sternes voyageuses<br />

au mois de janvier, soit entre 5 et 10 % de la population<br />

à l’échelle de l’océan Indien occidental.<br />

Il est également à noter la présence de trois autres sternes, peu<br />

communes à Mayotte, observées sur l’îlot Chalé : la sterne naine<br />

qui hiverne en particulier à Aldabra, la sterne diamant, espèce<br />

très rare nichant également à Aldabra, dans les Amirantes et aux<br />

îles Chagos, ainsi que la sterne fuligineuse dont une colonie vit<br />

à Cosmoledo, île seychelloise située à quelques centaines de kilomètres<br />

de Mayotte.<br />

Les oiseaux <strong>des</strong> îlots satellites<br />

et <strong>des</strong> falaises côtières<br />

<strong>Un</strong>e seule espèce d’oiseau marin a été trouvée nicheuse dans<br />

les îlots et falaises de Mayotte. Il s’agit du phaéton à bec jaune,<br />

Phaeton lepturus, communément appelé « paille-en-queue ».<br />

Des sites de nidifi cation ont été répertoriés dans sept îlots. À<br />

l’exception de quelques couples qui nicheraient en Grande-Terre,<br />

l’essentiel de la population de phaétons se partage entre les<br />

falaises de Petite-Terre (environ 35 à 70 couples) et les îlots du<br />

lagon (75 à 135 couples). Il apparaît que le phaéton à bec jaune<br />

niche à Mayotte tout au long de l’année sans saisonnalité marquée.<br />

Il s’alimente de poissons volants et de seiches, ainsi que<br />

d’autres poissons et céphalopo<strong>des</strong> qu’il pêche en plongeant à<br />

<strong>des</strong> profondeurs relativement faibles.<br />

D’autres espèces <strong>marines</strong> et côtières ont été recensées dans les<br />

îlots du lagon (12 espèces) et les falaises de Petite-Terre (5 espèces).<br />

En dehors du phaéton, la sterne huppée et la sterne<br />

voyageuse sont les deux seules autres espèces d’oiseaux marins<br />

présentes sur ces sites.<br />

La sterne voyageuse apprécie<br />

tout particulièrement Mayotte<br />

où elle fait escale en janvier.<br />

Le phaéton à bec jaune :<br />

seule espèce d’oiseau marin<br />

nichant à Mayotte.<br />

DES MILIEUX ET DES ESPÈCES REMARQUABLES • UN PATRIMOINE NATUREL D’EXCEPTION<br />

33


34 UN<br />

PATRIMOINE NATUREL D’EXCEPTION • DES MILIEUX ET DES ESPÈCES REMARQUABLES<br />

Les menaces<br />

Les menaces les plus graves qu’encourent les habitats <strong>des</strong><br />

oiseaux sont les risques de remblaiement, les pollutions par les<br />

déchets ménagers, la mise en culture, les dérangements liés à<br />

la fréquentation humaine et les constructions qui entraînent<br />

une disparition irréversible de l’habitat <strong>naturel</strong>. Le braconnage<br />

d’oiseaux ou d’oeufs dans les nids par la population semble<br />

quant à lui marginal.<br />

Les îlots de sable blanc, surtout ceux du sud, connaissent une<br />

fréquentation importante par les plaisanciers, notamment en fi n<br />

de semaine, leur arrivée entraînant le départ immédiat <strong>des</strong> sternes.<br />

Or, la fonction de reposoir assurée par ces sites est vitale<br />

pour les espèces qui fréquentent les îlots, et un équilibre devra<br />

être trouvé pour assurer le maintien de cette fonction.<br />

Les menaces les plus importantes au niveau <strong>des</strong> îlots du lagon<br />

sont les activités humaines qui induisent déchets, feux de broussailles…<br />

ainsi que la pullulation de rats attaquant les nids et<br />

l’introduction de mammifères domestiques (chats, chiens) qui<br />

détruisent les nichées et parfois même les adultes.<br />

La mise en dépotoir <strong>des</strong> mangroves<br />

dévalorise leur image<br />

et favorise leur <strong>des</strong>truction.<br />

En bref<br />

■ Avec 43 espèces d’oiseaux inventoriées, les mangroves<br />

apparaissent comme les milieux boisés les plus riches<br />

en espèces de Mayotte. Elles abritent au total une quinzaine<br />

d’espèces à fort intérêt patrimonial.<br />

■ La nidifi cation du crabier blanc, espèce menacée classée<br />

« vulnérable » au niveau mondial, a été observée à Mayotte.<br />

■ <strong>Un</strong>e remarquable diversité d’oiseaux a été inventoriée<br />

sur la vasière <strong>des</strong> Badamiers (34 espèces). Les îlots de sable<br />

blanc accueillent principalement <strong>des</strong> sternes (surtout<br />

la sterne voyageuse).<br />

■ <strong>Un</strong>e seule espèce d’oiseau marin niche à Mayotte, le phaéton<br />

à bec jaune, rencontré sur les îlots hauts et les falaises<br />

de Petite-Terre. Douze espèces d’oiseaux marins ou côtiers<br />

sont recensées sur les îlots du lagon et cinq de plus<br />

sur les falaises de Petite-Terre.<br />

■ Les menaces les plus importantes pesant sur les oiseaux<br />

à Mayotte sont les remblaiements, les pollutions<br />

par déchets ménagers, la mise en culture, la pullulation de<br />

rats, l’introduction de mammifères domestiques<br />

et la fréquentation humaine.


<strong>Un</strong> quart de la diversité<br />

mondiale de mammifères<br />

marins est présent<br />

à Mayotte<br />

<strong>Un</strong> environnement propice<br />

aux mammifères marins<br />

Vingt-deux espèces de mammifères marins ont été observées<br />

dans le lagon de Mayotte et les eaux océaniques adjacentes, dont<br />

dix-huit espèces de dauphins, trois espèces de baleines à fanons<br />

telles que la baleine à bosse, ainsi qu’une espèce de sirénien, le<br />

dugong (Dugong dugon). C’est une biodiversité exceptionnelle<br />

pour Mayotte puisque cela représente un quart de la diversité<br />

mondiale <strong>des</strong> mammifères marins. Parmi ces espèces, six ont été<br />

déterminées comme « priorit<strong>aires</strong> en termes de gestion » de par<br />

leurs statuts à l’échelle locale, nationale et internationale : le<br />

grand dauphin de l’Indo-Pacifi que, Tursiops aduncus, le dauphin<br />

à long bec, Stenella longirostris, le dauphin tacheté pantropical,<br />

Stenella attenuata, le dauphin à bosse de l’Indo-Pacifi que, Sousa<br />

chinensis, la baleine à bosse, Megaptera novaeanglieae, et le dugong,<br />

Dugong dugon.<br />

À Mayotte, ces espèces sont menacées par divers impacts<br />

anthropiques dont les captures accidentelles, la dégradation <strong>des</strong><br />

milieux lagon<strong>aires</strong> par l’urbanisation côtière croissante et une diminution<br />

de la qualité <strong>des</strong> eaux côtières (présence de divers polluants,<br />

dont <strong>des</strong> hydrocarbures polyaromatiques, <strong>des</strong> PCB…). Les<br />

mammifères marins sont aussi menacés par la pollution acoustique<br />

engendrée par les embarcations à moteur sur le lagon et par<br />

leur observation à <strong>des</strong> fi ns touristiques (whale-watching).<br />

DES MILIEUX ET DES ESPÈCES REMARQUABLES • UN PATRIMOINE NATUREL D’EXCEPTION<br />

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36 UN<br />

PATRIMOINE NATUREL D’EXCEPTION • DES MILIEUX ET DES ESPÈCES REMARQUABLES<br />

Tursiops aduncus, un grand dauphin<br />

qui fréquente les eaux du lagon.<br />

Les dauphins côtiers et lagon<strong>aires</strong><br />

Le grand dauphin de l’Indo-Pacifi que, Tursiops aduncus, et le<br />

dauphin à bosse sont deux espèces considérées comme côtières<br />

et fréquentant essentiellement les eaux du lagon, <strong>des</strong> zones côtières<br />

au récif barrière, ainsi que les passes.<br />

À Mayotte, le grand dauphin de l’Indo-Pacifi que est le cétacé côtier<br />

le plus fréquent (environ 70 individus observés). Il se distribue<br />

essentiellement dans le lagon mais <strong>des</strong> groupes, parfois importants,<br />

sont également observés sur la zone du complexe récifolagonaire<br />

au nord-ouest de l’île. Les proies du grand dauphin sont<br />

<strong>des</strong> poissons et <strong>des</strong> céphalopo<strong>des</strong> démersaux voire benthiques,<br />

en général, de moins de 20 cm. L’identifi cation individuelle de ces<br />

grands dauphins à Mayotte montre une fi délité forte au site, ce<br />

qui met en évidence la présence d’une population résidente et<br />

relativement isolée.<br />

Pour ce qui est du dauphin à bosse de l’Indo-Pacifi que, Sousa<br />

plumbea ou chinensis, trois individus sont régulièrement observés.<br />

L’espèce évolue essentiellement à proximité <strong>des</strong> récifs coralliens<br />

ou <strong>des</strong> fronts de mangroves. La distribution de ces dauphins<br />

semble infl uencée par la présence du récif frangeant (comme<br />

pour le grand dauphin), complexe écologique qui tend à concentrer<br />

ses proies potentielles. Les proies du dauphin à bosse sont<br />

benthiques ou démersales et incluent poissons et céphalopo<strong>des</strong>.<br />

À Mayotte, les deux espèces sont surtout exposées à l’écotourisme<br />

(whale-watching), qui tend à s’intensifi er autour de l’île en raison<br />

d’une demande grandissante, mais aussi potentiellement à la<br />

pollution. En effet, du fait de leur habitat côtier, le grand dauphin<br />

et le dauphin à bosse sont particulièrement exposés aux impacts<br />

<strong>des</strong> activités humaines concentrées sur la bande côtière.


<strong>Un</strong> dauphin à long bec.<br />

C’est l’espèce de dauphin<br />

la plus abondante à Mayotte<br />

avec plusieurs centaines<br />

d’individus.<br />

Les dauphins de la pente externe<br />

À Mayotte, les trois espèces les plus communes présentes audelà<br />

du récif barrière sont le dauphin à long bec, le dauphin tacheté<br />

pantropical et le péponocéphale.<br />

Le dauphin à long bec, Stenella longirostris, est le cétacé le plus<br />

abondant (plusieurs centaines d’individus). Il occupe surtout la<br />

frange extérieure du récif barrière (nord, est et sud), les franges<br />

interne et externe du récif effondré ouest et le complexe récifolagonaire<br />

au nord-ouest où l’espèce est relativement abondante.<br />

La journée semble occupée par les activités de déplacement peu<br />

actif, la socialisation et le repos à proximité du récif barrière et<br />

les eaux lagon<strong>aires</strong> voisines. Le dauphin à long bec tend à s’éloigner<br />

de ces secteurs le soir tombant. Des groupes importants de<br />

dauphins à long bec ont également été observés très au large le<br />

matin. Ceci pourrait être lié au fait que ce prédateur est nocturne<br />

à Mayotte, comme c’est le cas dans d’autres zones. Le dauphin<br />

à long bec se nourrirait donc surtout de proies pélagiques*, en<br />

particulier certains myctophidés (poissons lanterne), <strong>des</strong> crustacés<br />

et <strong>des</strong> petits céphalopo<strong>des</strong> océaniques qui remontent à la<br />

surface la nuit.<br />

Le dauphin tacheté, Stenella attenuata, est la deuxième espèce<br />

de cétacés la plus abondante (quelques centaines d’individus). Il<br />

occupe les mêmes habitats que le dauphin à long bec. Toutefois,<br />

il est régulièrement observé plus au large. Les groupes semblent<br />

pour la plupart mixtes, couvrant toutes les catégories d’âge (avec<br />

<strong>des</strong> naissances observées toute l’année).<br />

Pélagique : s’emploie pour préciser qu’une espèce vit en pleine mer, loin <strong>des</strong> côtes.<br />

Le dauphin tacheté se nourrit plutôt <strong>des</strong> proies de surface (épipélagiques)<br />

et est très souvent associé au dauphin à long bec.<br />

DES MILIEUX ET DES ESPÈCES REMARQUABLES • UN PATRIMOINE NATUREL D’EXCEPTION<br />

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38 UN<br />

PATRIMOINE NATUREL D’EXCEPTION • DES MILIEUX ET DES ESPÈCES REMARQUABLES<br />

Enfi n, le péponocéphale, Peponocephala electra, espèce océanique<br />

qui s’approche régulièrement du lagon, est souvent rencontré<br />

en grands groupes. Il peut s’observer sur la frange extérieure<br />

du récif barrière et plus rarement sur le complexe récifo-lagonaire<br />

au nord-ouest.<br />

Là aussi, les groupes semblent pour la plupart mixtes, couvrant<br />

toutes les catégories d’âge (naissances toute l’année). Les activités<br />

<strong>des</strong> groupes sont peu connues, mais il semblerait que le<br />

péponocéphale soit peu actif le jour. Le repos en surface et le<br />

déplacement parallèle au récif barrière sont les activités les plus<br />

classiquement observées.<br />

Ce prédateur semble nocturne, chassant essentiellement <strong>des</strong><br />

céphalopo<strong>des</strong> et poissons pélagiques. <strong>Un</strong> groupe composé en<br />

moyenne de deux cents individus est relativement fi dèle au site<br />

(observations multiples de certains individus).<br />

À Mayotte, ces trois espèces ne semblent pas menacées par les<br />

pêcheries mais par le tourisme (whale-watching) qui tend à s’intensifi<br />

er autour de l’île. Des perturbations de la part d’usagers<br />

de la mer ont déjà été observées par l’Observatoire <strong>des</strong><br />

mammifères marins (OMM).<br />

D’autres espèces de cétacés ont été également recensées<br />

à Mayotte mais leur présence est moins régulière.<br />

Il s’agit du globicéphale tropical, Globicephala<br />

macrorhynchus, du pseudorque, Pseudorca crassidens,<br />

du grand dauphin pélagique, Tursiops truncatus,<br />

du dauphin de Fraser, Lagenodelphis hosei, de<br />

l’orque, Orcinus orca, du dauphin de Risso, Grampus<br />

griseus, du cachalot, Physeter macrocephalus, du<br />

cachalot pygmée, Kogia breviceps,<br />

Les activités d’observation de mammifères<br />

marins tendent à se développer.<br />

Les baleines à bosse et les dauphins<br />

à long bec sont particulièrement ciblés.<br />

du cachalot nain, Kogia simus, et du mésoplodon de Blainville,<br />

Mesoplodon densirostris. D’autres espèces sont également susceptibles<br />

de fréquenter les eaux de Mayotte, car elles ont déjà<br />

été recensées dans le canal du Mozambique.


<strong>Un</strong> brouteur aux allures<br />

nonchalentes, le dugong<br />

Le dugong est un animal herbivore qui, comme la tortue verte,<br />

se nourrit de phanérogames <strong>marines</strong> et est observé la plupart<br />

du temps sur <strong>des</strong> herbiers, mais avec, a priori, une préférence<br />

pour certaines plantes, différentes de celles choisies par la tortue<br />

verte. L’espèce est considérée comme « vulnérable » par l’UICN,<br />

« menacée d’extinction » par la Convention internationale pour<br />

le commerce <strong>des</strong> espèces en danger (CITES ou Convention de<br />

Washington) et en annexes II et IV de la Convention de Nairobi<br />

(qui a pour but de privilégier les actions de coopération internationale<br />

dans le domaine de la protection, la gestion et la mise<br />

en valeur du milieu marin et <strong>des</strong> zones côtières de la région de<br />

l’Afrique orientale). À Mayotte, <strong>des</strong> témoignages de pêcheurs,<br />

recueillis par le Service <strong>des</strong> pêches en 2003, indiquent que le<br />

dugong était auparavant commun et régulièrement chassé pour<br />

sa viande. Aujourd’hui, il est rare d’observer cette espèce dans le<br />

lagon ; elle est en train de disparaître. La taille de la population<br />

de dugongs à Mayotte est tout au plus de l’ordre d’une dizaine<br />

d’individus.<br />

C’est une espèce à cycle de reproduction lent. Les femelles sont<br />

matures entre 10 et 17 ans et mettent bas un petit tous les 2,5<br />

à 7 ans, après 12 à 14 mois de gestation. Les petits sont sevrés<br />

au bout d’environ 18 mois, mais peuvent rester avec la mère<br />

pendant plusieurs années. Les modèles montrent que dans <strong>des</strong><br />

conditions optimales, une population a un taux de croissance<br />

d’environ 5 % par an et ne peut supporter un taux de mortalité<br />

lié aux activités humaines de plus de 1 à 2 %. Cette fragilité<br />

explique le déclin de la population mondiale de dugongs d’au<br />

moins 20 % depuis un siècle.<br />

À Mayotte, la cause la plus probable de son déclin majeur est<br />

la surexploitation pour sa viande. On observe une baisse rapide<br />

de la population durant les années 1970. De nos jours, l’espèce<br />

est protégée à Mayotte et les captures accidentelles dans les<br />

fi lets de pêche et la dégradation <strong>des</strong> herbiers de phanérogames<br />

<strong>marines</strong> semblent être les principales menaces qui pèsent sur les<br />

derniers individus.<br />

La dernière population de dugongs<br />

de Mayotte est estimée<br />

à une dizaine d’individus.<br />

DES MILIEUX ET DES ESPÈCES REMARQUABLES • UN PATRIMOINE NATUREL D’EXCEPTION<br />

39


40 UN<br />

ARRÊTÉ MINISTÉRIEL<br />

L’arrêté ministériel du 27 juillet 1995,<br />

modifi é par celui du 24 juillet 2006,<br />

protège les mammifères marins<br />

en France. Les cétacés et les siréniens<br />

(dugongs et lamantins) bénéfi cient<br />

de cette protection.<br />

ARRÊTÉ PRÉFECTORAL<br />

L’arrêté préfectoral n°60<br />

du 28 juillet 2004 réglemente<br />

l’approche <strong>des</strong> mammifères marins<br />

dans le lagon et les eaux<br />

territoriales de Mayotte.<br />

PATRIMOINE NATUREL D’EXCEPTION • DES MILIEUX ET DES ESPÈCES REMARQUABLES<br />

<strong>Un</strong> géant migrateur, la baleine à bosse<br />

L’habitat de la baleine à bosse est peu connu. Ceci est notamment<br />

dû au domaine vital très étendu de cette espèce, effectuant<br />

chaque année une migration au début de l’hiver depuis les<br />

zones de nutrition pol<strong>aires</strong> vers les zones de reproduction de la<br />

ceinture intertropicale.<br />

L’île de Mayotte est située sur la route migratoire allant <strong>des</strong><br />

eaux côtières du centre du canal du Mozambique vers l’archipel<br />

<strong>des</strong> Comores. Là, les baleines à bosse sont présentes de juillet<br />

à octobre, voire de juin à novembre. Même si aucune estimation<br />

d’abondance précise n’a pu être établie, il semblerait que<br />

plusieurs dizaines de baleines à bosse (de 60 à 100 individus)<br />

passent chaque année au moins une fois dans les eaux proches<br />

de Mayotte durant l’hiver austral. La baleine à bosse est classée<br />

en annexe I de la CITES, en annexes II et IV de la Convention<br />

de Nairobi et dans la catégorie « vulnérable » de l’UICN.<br />

À l’échelle de Mayotte, elle a été classée dans la catégorie<br />

<strong>des</strong> espèces les plus vulnérables. En effet, les baleines à bosse<br />

sont victimes de nombreuses menaces à l’échelle mondiale,<br />

incluant la chasse, les captures accidentelles dans les engins<br />

de pêche, les collisions avec les navires marchands, le whalewatching,<br />

la modifi cation de leur habitat, la pollution ou encore<br />

les changements climatiques globaux.<br />

Dans l’océan Indien occidental, notamment dans le lagon de<br />

Mayotte et sa proche périphérie, l’écotourisme lié aux mammifères<br />

marins est en pleine expansion. De juillet à octobre, les<br />

groupes de baleines à bosse observés sont constitués à plus de<br />

60 % de mères avec leur petit. Mayotte est un site privilégié<br />

de mise bas et d’élevage <strong>des</strong> jeunes, donc un site d’autant plus<br />

sensible. L’écotourisme et les perturbations peuvent induire <strong>des</strong><br />

Les baleines à bosse passent<br />

chaque année au moins une fois<br />

dans les eaux de Mayotte<br />

et <strong>des</strong> environs, notamment<br />

pour se reproduire.<br />

changements de comportement de ces baleines ou même compromettre<br />

la survie <strong>des</strong> jeunes.<br />

Les bancs adjacents de l’Iris (au nord de Mayotte), de Zélée et<br />

Geyser se caractérisent également par <strong>des</strong> concentrations très<br />

importantes de baleines à bosse (tous types de groupes rencontrés).<br />

Cela nécessite la mise en œuvre de mesures de gestion<br />

pour éviter que le développement de certaines activités ne nuise<br />

à leur reproduction (en particulier le tourisme baleinier).<br />

En bref<br />

■ 22 espèces de mammifères marins<br />

recensées autour de Mayotte.<br />

■ Mayotte, lieu de mise bas et d’élevage<br />

<strong>des</strong> jeunes pour les baleines à bosse.<br />

■ <strong>Un</strong> <strong>des</strong> rares lieux au monde où l’on peut<br />

croiser le dugong.<br />

■ Si aucune mesure forte n’est prise, le dugong risque<br />

de disparaître dans les années à venir, .<br />

■ Des dauphins sont résidents dans le lagon de Mayotte.<br />

■ <strong>Un</strong>e menace potentielle : le développement<br />

grandissant de l’écotourisme.


<strong>Un</strong> garde-manger<br />

et une maternité<br />

pour les tortues <strong>marines</strong><br />

Parmi les cinq espèces de tortues <strong>marines</strong> qui fréquentent<br />

les eaux de l’ouest de l’océan Indien, deux sont communes à<br />

Mayotte et utilisent ses plages comme sites de pontes : la tortue<br />

imbriquée, Eretmochelys imbricata, mais surtout la tortue verte,<br />

Chelonia mydas. Deux autres espèces ont fait l’objet de quelques<br />

rares observations dans les eaux mahoraises : la tortue caouanne,<br />

Caretta caretta, et la tortue luth, Dermochelys coriacea.<br />

L’UICN classe la tortue imbriquée dans la catégorie <strong>des</strong> « espèces<br />

en grand danger de disparition » et la tortue verte dans la catégorie<br />

<strong>des</strong> « espèces en danger de disparition ». Les deux espèces<br />

sont classées en annexe I de la Convention de Washington (CI-<br />

TES) et en annexes III et IV de la Convention de Nairobi. D’après<br />

la Food and Agricultural Organization of the <strong>Un</strong>ited Nations (FAO)<br />

en 2004, leurs populations semblent avoir sévèrement diminué<br />

dans l’ouest de l’océan Indien. À l’inverse <strong>des</strong> tendances mondiales,<br />

la population <strong>des</strong> tortues vertes serait relativement en<br />

bonne santé à Mayotte, zone charnière entre les populations du<br />

nord, du sud et de l’est de l’océan Indien.<br />

À Mayotte, deux<br />

espèces de tortues<br />

<strong>marines</strong> sont<br />

majoritairement<br />

représentées<br />

LA TORTUE IMBRIQUÉE<br />

EN DANGER !<br />

La mortalité <strong>des</strong> tortues <strong>marines</strong><br />

par captures accidentelles<br />

est de l’ordre de 38 à 206<br />

tortues vertes et 9 à 50 tortues<br />

imbriquées par an. Les effectifs<br />

de la population de tortues<br />

imbriquées sont considérés<br />

comme faibles à Mayotte.<br />

Le taux annuel de captures<br />

accidentelles pourrait donc<br />

avoir <strong>des</strong> conséquences<br />

dramatiques, à court terme,<br />

pour le maintien de l’espèce<br />

à Mayotte.<br />

DES MILIEUX ET DES ESPÈCES REMARQUABLES • UN PATRIMOINE NATUREL D’EXCEPTION<br />

41


42 UN<br />

PATRIMOINE NATUREL D’EXCEPTION • DES MILIEUX ET DES ESPÈCES REMARQUABLES<br />

La tortue verte, Chelonia mydas, est la seule tortue qui possède<br />

un régime quasi-exclusivement herbivore aux âges sub-adultes<br />

et adultes. Les sites d’alimentation sont donc localisés près <strong>des</strong><br />

côtes, dans <strong>des</strong> milieux peu profonds où la lumière garantit la<br />

production primaire <strong>des</strong> algues et <strong>des</strong> plantes <strong>marines</strong>. Selon la<br />

région géographique et la productivité du milieu, les tortues vertes<br />

d’une population donnée consommeront <strong>des</strong> phanérogames<br />

et/ou <strong>des</strong> algues. Chez cette espèce migratrice, la période d’alimentation<br />

dure entre trois et quatre ans, avant que les femelles<br />

ne s’engagent dans la reproduction pour une période d’environ<br />

trois mois.<br />

La tortue imbriquée, Eretmochelys imbricata, est l’espèce de tortue<br />

marine la plus menacée dans le monde en raison de la surexploitation<br />

dont elle fut l’objet pour ses écailles. À Mayotte, les<br />

juvéniles, à partir de 25 cm de taille de carapace, et les adultes<br />

sont régulièrement observés dans le lagon au niveau <strong>des</strong> tombants<br />

récifaux et à la limite <strong>des</strong> herbiers de phanérogames. La<br />

tortue imbriquée est cependant beaucoup moins abondante que<br />

la tortue verte. Elle se nourrit d’éponges essentiellement mais<br />

aussi de petits poissons. Sa croissance est lente et la maturité<br />

sexuelle tardive, ce qui la rend extrêmement sensible aux pressions<br />

anthropiques. Certains de ses sites de ponte sont connus<br />

tels que Moya 2, Papani, Saziley et Ngouja notamment.<br />

Elle est tributaire, d’une part, de l’état de santé du récif, <strong>des</strong> peuplements<br />

coralliens et d’éponges et, d’autre part, de l’isolement<br />

<strong>des</strong> plages de ponte.<br />

Sorties de l’œuf, ces petites tortues<br />

vertes deviennent <strong>des</strong> proies faciles<br />

pour les oiseaux et autres prédateurs.<br />

Leur seule chance de survie : la mer.<br />

À Mayotte, le braconnage moindre observé sur cette espèce,<br />

serait dû à sa rareté, au fait qu’elle vit plus profondément et<br />

à sa réputation de tortue à la chair toxique (du fait même de<br />

l’ingestion d’éponges renfermant <strong>des</strong> toxines). Son écaille n’est<br />

pas utilisée et ne semble pas faire l’objet de commerce comme<br />

c’est le cas dans les îles voisines.<br />

Cette espèce est également victime <strong>des</strong> activités nautiques et<br />

de pêches accidentelles. Mais la principale menace à Mayotte,<br />

semble être la perturbation sur les plages de ponte.<br />

En effet, les plages de Mayotte sont <strong>des</strong> sites de ponte très<br />

importants pour les tortues vertes et imbriquées. En 2007, il a<br />

été observé que 77 <strong>des</strong> 172 plages recensées de l’île ont été<br />

fréquentées au moins une fois par celles-ci. C’est pourquoi une<br />

surveillance a été mise en place sur certains sites afi n de prévenir<br />

le braconnage, les dérangements provoqués par les usagers, ainsi<br />

que les dégâts causés par les chiens errants.<br />

Le site de Papani a fait l’objet en 2005 de la mise en place d’un<br />

arrêté préfectoral de protection de biotope et de nouveaux arrêtés<br />

de protection de biotope sont en cours d’élaboration pour les<br />

plages de Papani-Moya, Ngouja et Saziley-Charifou.


DES MILIEUX ET DES ESPÈCES REMARQUABLES • UN PATRIMOINE NATUREL D’EXCEPTION<br />

43


44 UN<br />

Discrets mais bien présents,<br />

les requins fréquentent<br />

aussi les eaux mahoraises<br />

PATRIMOINE NATUREL D’EXCEPTION • DES MILIEUX ET DES ESPÈCES REMARQUABLES<br />

<strong>Un</strong> domaine fréquenté<br />

par les requins<br />

Les requins sont <strong>des</strong> animaux emblématiques représentés par<br />

près de 500 espèces dans le monde. Nombre d’entre elles sont<br />

menacées par la pêche, notamment en tant que captures accidentelles<br />

et pour l’alimentation <strong>des</strong> marchés asiatiques en<br />

ailerons. Ainsi, quelques espèces de requins sont déjà inscrites<br />

dans les annexes de diverses conventions internationales (ex.<br />

CITES, Convention sur la conservation <strong>des</strong> espèces migratrices<br />

ou Convention de Bonn) et un très grand nombre d’entre elles<br />

possède un statut au titre de l’UICN, tout comme les tortues<br />

<strong>marines</strong> ou le dugong.<br />

Au niveau <strong>des</strong> milieux côtiers <strong>des</strong> îles de l’océan Indien occidental,<br />

très peu de connaissances ont été acquises sur la biodiversité,<br />

le statut et l’état de conservation <strong>des</strong> requins côtiers.<br />

Au regard du nombre total d’espèces de chondrichtyens (raies et<br />

requins) connues dans le monde (environ 2 000), on peut estimer<br />

que près de 10 % <strong>des</strong> espèces mondiales sont actuellement<br />

connues dans l’écorégion du sud-ouest de l’océan Indien (188<br />

espèces recensées dont 116 requins et 72 raies). La richesse spécifi<br />

que <strong>des</strong> populations recensées, et certaines spécifi cités (notamment<br />

15 espèces endémiques), permettent de qualifi er cette<br />

écorégion de remarquable. <strong>Un</strong> total de 47 espèces a été recensé<br />

dans l’archipel <strong>des</strong> Comores, dont 39 à Mayotte (24 espèces de<br />

requins et 15 espèces de raies) et 23 aux Comores.<br />

Mayotte est régulièrement fréquentée par les requins. Le requinmarteau<br />

halicorne, S. lewini, est observé au début de l’hiver austral<br />

par les plongeurs et les chasseurs sous-marins entre juillet et


septembre, en bancs qui peuvent dépasser la vingtaine individus.<br />

Ces rassemblements sont observés essentiellement dans l’ouest<br />

de l’île, le long du tombant externe du récif barrière, entre la<br />

passe aux Bateaux et le banc de l’Iris.<br />

Depuis plusieurs années, <strong>des</strong> observations opportunistes sont<br />

faites à la plage de Papani, « l’endroit où il y a <strong>des</strong> requins » (papa<br />

signifi ant requin en shimaoré). Elles mettent en évidence <strong>des</strong> rassemblements<br />

de requins tous les ans, en pleine saison chaude et<br />

humide. Les animaux ont été observés plusieurs années de suite<br />

(de 2004 à 2006) par survols aériens en ULM et ponctuellement<br />

en surface à l’aide de moyens nautiques. Les espèces impliquées<br />

n’ont pu être identifi ées, pas plus que les causes de leur présence<br />

saisonnière dans ce site, connue depuis très longtemps <strong>des</strong> Mahorais<br />

comme le montre l’étymologie du nom de la plage.<br />

Deux espèces emblématiques ont également été observées dans<br />

le sud-ouest de l’océan Indien ; il s’agit du grand requin blanc,<br />

Carcharodon carcharias, et du requin-baleine, Rhincodon typus,<br />

inscrits tous les deux en annexe II de la CITES.<br />

Le requin-baleine est une espèce saisonnière ; sa présence océanique<br />

dans la zone équatoriale se fait essentiellement durant<br />

l’hiver austral d’août à septembre. D’avril à mai, les concentrations<br />

les plus importantes s’observent dans le canal du Mozambique.<br />

Le grand requin blanc fréquente essentiellement les eaux tempérées<br />

de l’océan Indien. Néanmoins, deux captures accidentelles<br />

ainsi que <strong>des</strong> observations sous-<strong>marines</strong> ou de surface ont<br />

été faites à Mayotte.<br />

Les îles océaniques tropicales pourraient constituer pour cette<br />

espèce <strong>des</strong> zones de transition au cours de ses mouvements migratoires<br />

en évitant l’isolement génétique entre les populations<br />

de différentes régions.<br />

La conservation du grand requin blanc ne doit pas concerner<br />

seulement les pays où cette espèce est présente en grande densité<br />

(comme en Afrique du Sud ou en Australie), mais aussi les<br />

pays et territoires qui se trouvent sur les routes migratoires.<br />

Les raies et les requins sont très peu connus dans le sud-ouest de<br />

l’océan Indien. Les données disponibles reposent surtout sur de<br />

la littérature et <strong>des</strong> témoignages souvent imprécis. Néanmoins,<br />

il est possible de constater que cette zone abrite une grande<br />

diversité d’espèces ; leur densité semble particulièrement importante<br />

au niveau <strong>des</strong> îles du canal du Mozambique et <strong>des</strong> îles<br />

méridionales <strong>des</strong> Seychelles.<br />

Trente-neuf espèces de requins<br />

et de raies ont été recensées<br />

à Mayotte.<br />

Parmi elles, la raie manta.<br />

DES MILIEUX ET DES ESPÈCES REMARQUABLES • UN PATRIMOINE NATUREL D’EXCEPTION<br />

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46<br />

UN PATRIMOINE NATUREL D’EXCEPTION • DES MILIEUX ET DES ESPÈCES REMARQUABLES<br />

On est loin d’avoir répertorié<br />

toutes les espèces <strong>marines</strong> de Mayotte.<br />

Ici, gorgone et poissons-fusiliers.<br />

Des eaux riches en poissons<br />

La diversité <strong>des</strong> poissons est remarquable avec plus de 25 000<br />

espèces décrites au niveau mondial. Parmi les 14 500 espèces<br />

<strong>marines</strong>, la grande majorité (69 %) vit dans les zones de faibles<br />

profondeurs telles que les zones coralliennes.<br />

La biodiversité ichtyologique est donc inégalement répartie dans<br />

les océans : elle est plus forte près <strong>des</strong> côtes qu’au large, bien<br />

qu’il y ait de notables exceptions avec les faunes associées aux<br />

monts sous-marins et autres hauts-fonds récifaux.<br />

L’inventaire taxonomique <strong>des</strong> poissons marins de Mayotte et <strong>des</strong><br />

bancs récifaux de Geyser et Zélée fait état de plus de 760 espèces<br />

répertoriées. Cet inventaire est loin d’être terminé, car de<br />

nouvelles espèces pour Mayotte sont encore régulièrement découvertes,<br />

notamment dans <strong>des</strong> milieux actuellement peu prospectés<br />

tels que les mangroves ou les grands fonds, de même que<br />

dans les fonds lagon<strong>aires</strong> (poissons creusant <strong>des</strong> terriers, gobies,<br />

blennies, etc.). Le manque de connaissances concerne également<br />

les poissons cryptiques, les peuplements nocturnes, et les très<br />

petites espèces qui représentent une part considérable du peuplement<br />

global mais n’ont jamais été recherchées.<br />

De nombreuses espèces ont été vues sur un seul site, parfois<br />

même sur un biotope particulier au site : c’est le cas notamment<br />

<strong>des</strong> espèces inféodées aux herbiers de phanérogames observées<br />

sur le site du Grand Récif du nord-est. Il s’avère donc essentiel<br />

de prendre en compte la diversité <strong>des</strong> biotopes présents à<br />

Mayotte.


Des fonds peuplés<br />

d’invertébrés<br />

Sur les bancs récifaux de Geyser et Zélée, un total de trente<br />

macro-espèces d’échinodermes (échini<strong>des</strong>, holothuri<strong>des</strong>, ophiuri<strong>des</strong>,<br />

astéri<strong>des</strong> et crinoï<strong>des</strong>) a pu être répertorié, dont treize<br />

espèces d’oursins, sept espèces d’holothuries, quatre espèces<br />

d’ophiures, trois espèces d’étoiles de mer et trois espèces de crinoï<strong>des</strong>.<br />

À Mayotte, 89 espèces étaient recensées en 2004, comme<br />

par exemple les oursins brouteurs, Diadema spp., qui évitent<br />

la prolifération d’algues benthiques dans certains biotopes. Mais<br />

la bioérosion provoquée par leur raclement du substrat empêche<br />

aussi, d’une certaine manière, les larves de coraux de se fi xer (recrutement)<br />

et fragilise les coraux vivants. Il est donc important<br />

que <strong>des</strong> prédateurs, dont les poissons consommateurs d’oursins<br />

(capitaines, becs de cane, poissons ballons, globes, etc.) soient en<br />

nombre suffi sant pour réguler leurs populations.<br />

Les holothuries (concombres de mer ou papacajo en shimaorais)<br />

sont plutôt cylindriques, légèrement effi lées aux extrémités et<br />

de tailles très variables. Leurs déplacements sont peu connus à<br />

ce jour. Généralement considérées comme sédent<strong>aires</strong>, certaines<br />

espèces peuvent cependant se mouvoir relativement rapidement<br />

par contractions muscul<strong>aires</strong>. On les rencontre souvent au<br />

milieu d’algues, d’herbiers marins et de coraux, ainsi que sur les<br />

fonds sablo-vaseux <strong>des</strong> récifs et du lagon.<br />

Dépositivore : animal qui se nourrit à partir de matière organique<br />

particulaire déposée sur le fond.<br />

Suspensivore : animal qui se nourrit de particules en suspension dans la masse d’eau.<br />

Les concombres de mer, en général, sont <strong>des</strong> éléments importants<br />

de la chaîne alimentaire dans les écosystèmes tempérés et<br />

de récifs coralliens à différents niveaux trophiques. Ils jouent un<br />

rôle important en tant que dépositivores* et suspensivores*. Ce<br />

processus évite l’accumulation de matières organiques en décomposition<br />

et peut contribuer à lutter contre les populations<br />

de parasites et d’organismes pathogènes, y compris certaines<br />

bactéries et tapis de cyanobactéries. Le déclin rapide <strong>des</strong> populations<br />

pourrait aussi avoir <strong>des</strong> conséquences graves pour la<br />

survie d’autres espèces qui font partie du même réseau trophique<br />

complexe, car les œufs, larves et juvéniles constituent une<br />

source alimentaire importante pour d’autres espèces <strong>marines</strong>,<br />

notamment les crustacés, les poissons et les mollusques.<br />

La densité en holothuries sur la surface et les zones prospectées à<br />

Geyser semble très faible (cinq individus par hectare), en regard de<br />

certaines zones <strong>des</strong> autres îles de l’océan Indien (à la Réunion, elle<br />

atteint souvent plusieurs individus par m2 ). Ceci pourrait s’expliquer<br />

par l’absence de zones où la concentration en matière organique<br />

dans les sédiments, nécessaire à l’alimentation <strong>des</strong> concombres<br />

de mer, est suffi samment importante. Le banc de Geyser reste<br />

isolé <strong>des</strong> apports organiques littoraux <strong>des</strong> îles et ses sédiments<br />

sont vraisemblablement pauvres en matière organique.<br />

L’étoile de mer mangeuse de corail, Acanthaster planci, appelée<br />

également « coussin de belle-mère » ou crown-of-thorns starfi<br />

sh en raison de ses épines venimeuses, est présente à Mayotte<br />

ainsi que sur les bancs récifaux. Si sa présence dans le milieu est<br />

<strong>naturel</strong>le (un individu par hectare), les infestations périodiques<br />

de cet animal, comme récemment au nord de l’île, sont problématiques<br />

en regard <strong>des</strong> dommages qu’elles font subir au corail ;<br />

agressé par d’autres facteurs <strong>naturel</strong>s et anthropiques, il peine à<br />

se rétablir après de tels événements.<br />

ARRÊTÉ PRÉFECTORAL<br />

L’arrêté préfectoral n°32 du 15 avril 2004 interdit<br />

l’exploitation <strong>des</strong> holothuries sur le territoire de Mayotte.<br />

Différents<br />

mo<strong>des</strong> de vie :<br />

les invertébrés<br />

peuvent vivre<br />

fi xés ou pour<br />

certaines espèces<br />

se mouvoir assez<br />

rapidement<br />

DES MILIEUX ET DES ESPÈCES REMARQUABLES • UN PATRIMOINE NATUREL D’EXCEPTION<br />

47


48 UN<br />

<strong>Un</strong>e multitude<br />

de formes<br />

et de couleurs,<br />

les invertébrés<br />

sont partout<br />

PATRIMOINE NATUREL D’EXCEPTION • DES MILIEUX ET DES ESPÈCES REMARQUABLES<br />

Le coussin de belle-mère<br />

Acanthaster planci,<br />

l’étoile de mer mangeuse de corail.<br />

Des étu<strong>des</strong> génétiques récentes<br />

ont montré que la<br />

population d’Acanthaster<br />

de Mayotte n’est pas isolée<br />

; outre un recrutement<br />

local, elle résulte d’un fl ux<br />

de larves apportées par les<br />

courants marins du nord<br />

du canal du Mozambique,<br />

notamment à partir de Madagascar.<br />

Dans le cadre de la<br />

gestion <strong>des</strong> récifs coralliens<br />

de l’île, il convient donc d’en limiter la prolifération, en n’offrant<br />

pas les conditions favorisant leur recrutement et le développement<br />

<strong>des</strong> juvéniles (sur <strong>des</strong> peuplements d’algues calc<strong>aires</strong><br />

favorisés par une eutrophisation <strong>des</strong> eaux) et en privilégiant le<br />

développement de leurs prédateurs <strong>naturel</strong>s (certains grands<br />

gastéropo<strong>des</strong>, certains poissons).<br />

Concernant les mollusques, 124 espèces ont été déterminées au<br />

Geyser, ce qui est relativement peu en comparaison d’autres zones<br />

étudiées pendant une même durée, avec la même méthode<br />

de collecte. Ce milieu est donc relativement pauvre en mollusques.<br />

Cela est sans doute lié à la nature géomorphologique du<br />

banc (pas de falaise, pas de véritable zone intertidale*, pas de<br />

zone sablo-vaseuse, éloignement…).<br />

À Mayotte, le nombre d’espèces de mollusques est estimé à plus<br />

de 800 (500 identifi ées). Sont présents : poulpes et seiches, bénitiers,<br />

lambis, huîtres, ainsi que <strong>des</strong> nudibranches (limaces de<br />

mer), encore peu connus dans le lagon.<br />

Trois coquillages sont protégés par arrêté préfectoral (n°481 du<br />

4 décembre 1980) en raison de leur fonction de prédateur de<br />

l’étoile Acanthaster planci, ainsi que de leur rareté et leur vulnérabilité<br />

aux prélèvements pour la vente ou la collection ; ce sont<br />

le triton conque, Charonia tritonis, le fer à repasser, Cassis cornuta,<br />

et le casque rouge, Cypraecassis rufa ; il est formellement<br />

interdit de les ramasser.<br />

Le niveau de connaissance de la biodiversité du lagon et <strong>des</strong><br />

récifs de Mayotte en 2004, faisait état seulement de 52 espèces<br />

d’annéli<strong>des</strong> ainsi que de 53 espèces de crustacés. L’état <strong>des</strong><br />

connaissances de ces derniers étant très parcellaire, un inventaire<br />

sera mené prochainement.<br />

L’arrêté préfectoral n°398 du 17 juin 1997 réglemente la pêche<br />

<strong>des</strong> langoustes vertes, rouges et porcelaine, Palinurus versicolor,<br />

Palinurus penicillatus, Palinurus ornatus, <strong>des</strong> cigales de mer, Scyllarus<br />

spp., et <strong>des</strong> crabes de mangrove, Scylla serrata, à Mayotte.<br />

Durant la période de reproduction, du 1er novembre au 31 mars,<br />

leur capture est interdite dans les eaux intérieures et territoriales<br />

de Mayotte.


Les nudibranches,<br />

charmantes<br />

limaces <strong>des</strong> mers.<br />

Ici, une danseuse<br />

espagnole.<br />

Les anémones de mer (cnid<strong>aires</strong>) ou les tuniciers (34 espèces<br />

recensées en 2005), ainsi que les éponges, nourriture <strong>des</strong> tortues<br />

imbriquées, sont également présentes en très grand nombre<br />

dans les eaux de Mayotte. Les éponges sont <strong>des</strong> fi ltreurs qui<br />

doivent être présents dans le milieu, mais si leur nombre est<br />

trop important elles entrent en compétition pour l’espace avec<br />

les coraux.<br />

Enfi n, selon une étude récente, les hydr<strong>aires</strong> (hydrozo<strong>aires</strong>) sont<br />

particulièrement abondants à Mayotte sur l’ensemble <strong>des</strong> sites<br />

étudiés (127 espèces, dont 56 genres, contre 88 espèces aux îles<br />

Glorieuses et 95 à Juan de Nova). On les trouve dans les récifs<br />

coralliens, mais également sur les herbiers de phanérogames<br />

<strong>marines</strong>, ou encore sur <strong>des</strong> aménagements type bouées. Ils ont<br />

majoritairement un squelette chitineux* souple, mais deux familles<br />

possèdent un squelette dur : les Stylasteridae et les Milleporidae.<br />

Par sa position géographique dans le grand courant sudéquatorial<br />

et son ancienneté, il ne fait aucun doute que Mayotte<br />

constitue un foyer-source de biodiversité pour toute la région.<br />

Zone intertidale : zone de l’espace côtier comprise entre les limites extrêmes<br />

atteintes par les marées.<br />

Chitineux : composé de chitine, l’un <strong>des</strong> principaux composants<br />

de la carapace <strong>des</strong> insectes et autres arthropo<strong>des</strong> (crustacés, arachni<strong>des</strong>, etc.).<br />

À titre d’exemple, la carapace d’un crabe contient 25 % de chitine<br />

et 75 % de carbonate de calcium.<br />

DES MILIEUX ET DES ESPÈCES REMARQUABLES • UN PATRIMOINE NATUREL D’EXCEPTION<br />

49


CONCLUSIONS Le<br />

lagon :<br />

un formidable<br />

réservoir<br />

de ressources<br />

et de biodiversité<br />

à partager.


Mayotte, ce petit bout de terre posé au milieu de l’océan Indien,<br />

possède un <strong>patrimoine</strong> <strong>naturel</strong> marin d’une richesse exceptionnelle.<br />

À ce jour, cette île haute ceinturée d’une barrière récifale<br />

quasi-continue, est connue pour son lagon qui est l’un <strong>des</strong> plus<br />

vastes au monde, sa double barrière de corail, sa diversité d’habitats,<br />

les espèces emblématiques que sont ses mammifères marins,<br />

ses tortues… et encore bien d’autres merveilles de la nature.<br />

Pourtant, l’état <strong>des</strong> connaissances sur cette biodiversité est encore<br />

très partiel et il reste nombre de domaines et problématiques<br />

à explorer.<br />

Le fonctionnement <strong>des</strong> échanges entre l’océan et le lagon pour le<br />

recrutement <strong>des</strong> larves de poissons est encore inconnu alors qu’il<br />

est primordial de le comprendre afi n d’améliorer la gestion <strong>des</strong><br />

stocks d’espèces halieutiques dans le futur.<br />

La connaissance du recrutement corallien, permettant de suivre<br />

l’évolution <strong>des</strong> récifs, mériterait d’être approfondie, de même<br />

que celle <strong>des</strong> coraux de substrats profonds.<br />

Il reste de grands points d’interrogation concernant le rôle exact<br />

<strong>des</strong> mangroves dans l’écosystème (notamment son rôle de nurserie<br />

et son rôle épuratoire) et les relations fonctionnelles entre<br />

les apports en eau salée et en eau douce, les apports sédiment<strong>aires</strong><br />

et l’érosion…<br />

L’approfondissement <strong>des</strong> connaissances doit permettre de mettre<br />

en place <strong>des</strong> suivis pour mesurer l’impact <strong>des</strong> activités humaines<br />

et assurer une gestion durable du <strong>patrimoine</strong> <strong>naturel</strong> et<br />

<strong>des</strong> ressources.<br />

Le parc <strong>naturel</strong> marin constituera un outil privilégié pour ces recherches<br />

et pour assurer la nécessaire diffusion <strong>des</strong> informations<br />

auprès <strong>des</strong> acteurs concernés et de la population.<br />

Le Parc <strong>naturel</strong> marin de Mayotte :<br />

pour connaître, protéger<br />

et sensibiliser<br />

CONCLUSIONS • UN PATRIMOINE NATUREL D’EXCEPTION<br />

51


52 UN<br />

PATRIMOINE NATUREL D’EXCEPTION • CONCLUSIONS<br />

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CONCLUSIONS • UN PATRIMOINE NATUREL D’EXCEPTION<br />

53


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CONCLUSIONS • UN PATRIMOINE NATUREL D’EXCEPTION<br />

55


56 UN<br />

PATRIMOINE NATUREL D’EXCEPTION • CONCLUSIONS<br />

Ce document est réalisé dans le cadre de la Mission d’étude pour la création d’un parc <strong>naturel</strong> marin à Mayotte<br />

(<strong>Agence</strong> <strong>des</strong> <strong>aires</strong> <strong>marines</strong> protégées et Direction de l’Agriculture et de la Forêt de Mayotte, D.A.F.) par :<br />

> Laoumi ABOUTOIHI,<br />

> Jean-Pierre ARNAUD,<br />

> Vincent DINHUT,<br />

> Alexandra GIGOU,<br />

> Rébecca GUEZEL,<br />

> Karani SAINDOU,<br />

> Pascale SALAÜN,<br />

> Boinali YBRAHIM.<br />

La cartographie a été réalisée par Marie MAHIER, pôle géomatique, <strong>Agence</strong> <strong>des</strong> <strong>aires</strong> <strong>marines</strong> protégées.<br />

La relecture a été assurée par :<br />

> Olivier LAROUSSINIE, directeur de l’<strong>Agence</strong> <strong>des</strong> <strong>aires</strong> <strong>marines</strong> protégées,<br />

> Pierre LECA, directeur-adjoint de l’<strong>Agence</strong> <strong>des</strong> <strong>aires</strong> <strong>marines</strong> protégées,<br />

> Geneviève ROUSSEAU, directrice-adjointe de l’<strong>Agence</strong> <strong>des</strong> <strong>aires</strong> <strong>marines</strong> protégées,<br />

> Patrick POYET, directeur de la Direction de l’agriculture et de la forêt de Mayotte,<br />

> Bernard Armand THOMASSIN, océanographe, président du G.I.S. “Lag-May”,<br />

> Dahabia CHANFI, chef de l’équipe projet « parc <strong>naturel</strong> marin », Conseil Général,<br />

> Alban JAMON, expert en environnement marin, bureau d’étu<strong>des</strong> APNEE,<br />

> Julien WICKEL, expert en environnement marin, bureau d’étu<strong>des</strong> LAGONIA,<br />

> Caroline CREMADES, chargée de mission EEDD, Direction de l’agriculture et de la forêt de Mayotte,<br />

> Claire PUSINERI, chargée de mission « mammifères marins », Offi ce national de la chasse et de la faune sauvage.<br />

Parmi l’ensemble de la bibliographie disponible citée en annexe, les sources principalement utilisées pour la préparation<br />

de cet état <strong>des</strong> lieux ont été :<br />

> les rapports d’activité annuels <strong>des</strong> services de l’Etat, notamment ceux du service <strong>des</strong> pêches et de l’environnement marin de la D.A.F.,<br />

du service <strong>des</strong> Aff<strong>aires</strong> maritimes de Mayotte et de l’Institut d’Emission <strong>des</strong> Départements d’Outre-Mer (IEDOM) ;<br />

> les rapports de l’Observatoire <strong>des</strong> récifs coralliens de Mayotte (ARVAM-PARETO)<br />

Ce document doit être cité comme suit :<br />

GIGOU A. - DINHUT V. - ARNAUD J.P. / 2009.<br />

Richesses de Mayotte - Parc <strong>naturel</strong> marin de Mayotte - <strong>Un</strong> <strong>patrimoine</strong> <strong>naturel</strong> d’exception -<br />

Mission d’étude pour la création d’un parc <strong>naturel</strong> marin à Mayotte<br />

<strong>Agence</strong> <strong>des</strong> <strong>aires</strong> <strong>marines</strong> protégées - 60 pages


Mayotte est riche<br />

d’un <strong>patrimoine</strong> <strong>naturel</strong><br />

marin exceptionnel,<br />

mais fragile.<br />

Protégeons ces merveilles<br />

de la nature, pour faire vivre<br />

et rêver les générations<br />

futures.<br />

Faisons de Mayotte<br />

le premier parc <strong>naturel</strong> marin<br />

français en outre-mer.<br />

Jérôme Bignon,<br />

président de l’<strong>Agence</strong><br />

<strong>des</strong> <strong>aires</strong> <strong>marines</strong> protégées.


58 UN<br />

PATRIMOINE NATUREL D’EXCEPTION • CONCLUSIONS<br />

CRÉDITS PHOTOS :<br />

Laoumi ABOUTOIHI / <strong>Agence</strong> <strong>des</strong> <strong>aires</strong> <strong>marines</strong> protégées (pp. 18 en bas et 34) ;<br />

Fabien BARTHELAT / Direction de l’agriculture et de la forêt de Mayotte (pp. 19 et 45) ;<br />

Nils BERTRAND / Sea Blue Safari (pp. 36 et 39) ;<br />

Alexandra GIGOU / Direction de l’agriculture et de la forêt de Mayotte (pp. 5, 15, 28, 47 à gauche et 50) ;<br />

Rébecca GUEZEL / <strong>Agence</strong> <strong>des</strong> <strong>aires</strong> <strong>marines</strong> protégées (p. 7),<br />

Yves GLADU (p. 57) ;<br />

Jérémy KISZKA / <strong>Un</strong>iversité de La Rochelle (p. 37) ;<br />

Patricia et Jean-Yves PIEL / LPO 17 (p. 31) ;<br />

Alain PIBOT / <strong>Agence</strong> <strong>des</strong> <strong>aires</strong> <strong>marines</strong> protégées (pp. 16 en bas, 17, 18, 41 et 42) ;<br />

Agnès POIRET / <strong>Agence</strong> <strong>des</strong> <strong>aires</strong> <strong>marines</strong> protégées (p. 8) ;<br />

Robin ROLLAND (pp. 16, 20, 27, 30, 32, 33 en bas et 40 ) ;<br />

Yannick STÉPHAN / Mayotte Découverte (p. 38) ;<br />

Julien WICKEL / Lagonia (couverture, pp. 4, 10, 11, 13, 14, 21, 22, 23, 24, 29, 44, 46, 47 à droite, 48, 49 et 51).<br />

MERCI À : O. ABELLARD, F. BARTHELAT, N. BERTRAND, M. GUEZ, J. KISZKA, O. MUSARD, A. PIBOT, P. PIEL, J-Y PIEL, S. PIEL, A. POIRET, F. QUÉAU,<br />

S. QUINTIN, R. ROLLAND, Y. STÉPHAN, J. WICKEL.<br />

Conception graphique : Dynamo + (illustrations Tanguy Le Bihan)


L’<strong>Agence</strong> <strong>des</strong> <strong>aires</strong> <strong>marines</strong> protégées est un établissement<br />

public national pour la protection du milieu marin,<br />

sous tutelle du Ministère de l’Écologie, de l’Énergie,<br />

du Développement durable et de la Mer, en charge<br />

<strong>des</strong> Technologies vertes et <strong>des</strong> Négociations sur le climat.<br />

Basé à Brest, cet établissement a pour missions principales<br />

l’appui aux politiques publiques de création et de gestion<br />

d’<strong>aires</strong> <strong>marines</strong> protégées sur l’ensemble du domaine maritime<br />

français. Il assure l’animation du réseau <strong>des</strong> <strong>aires</strong> <strong>marines</strong><br />

protégées et la gestion <strong>des</strong> moyens techniques, humains<br />

et fi nanciers <strong>des</strong> parcs <strong>naturel</strong>s marins.<br />

La France a prévu de se doter de 10 parcs <strong>naturel</strong>s marins<br />

d’ici 2012, un engagement réaffi rmé par le Ministère<br />

du développement durable lors <strong>des</strong> Grenelle de l’environnement<br />

et de la mer. Le premier parc <strong>naturel</strong> marin se situe<br />

en Iroise (Finistère).<br />

Le 26 décembre 2007, un arrêté interministériel a lancé l’étude<br />

pour la création d’un parc <strong>naturel</strong> marin à Mayotte.<br />

À l’issue de la consultation de fi n 2009, un décret a donné<br />

naissance au Parc <strong>naturel</strong> marin de Mayotte, le deuxième<br />

en métropole et le premier en outre-mer.<br />

<strong>Agence</strong> <strong>des</strong> <strong>aires</strong> <strong>marines</strong> protégées<br />

16 quai de la Douane / BP 42932<br />

29229 Brest Cedex 2 / France<br />

contact@<strong>aires</strong>-<strong>marines</strong>.fr<br />

Parc <strong>naturel</strong> marin de Mayotte<br />

BP 1359<br />

97600 Mamoudzou / Mayotte<br />

www.<strong>aires</strong>-<strong>marines</strong>.fr<br />

PEFC/10-31-1238<br />

Imprimé sur papier provenant de forêts gérées durablement.

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