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Les Jsuites et la Nouvelle-France au XVIIe sicle d'aprs ... - Libr@rsi

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— 28 —<br />

vage, qui lui coupa le pouce ^. Pendant l'hiver, on le confia<br />

tantôt à une famille, tantôt à une <strong>au</strong>tre. Il suivait ses<br />

maîtres à <strong>la</strong> chasse, portant sur ses ép<strong>au</strong>les leurs sacs de<br />

blé , <strong>la</strong> viande fumée <strong>et</strong> le bois ; <strong>la</strong> nuit , il couchait le<br />

plus souvent en plein air, à demi vêtu. Gomment ne<br />

mourut-il pas de fatigue <strong>et</strong> de froid ?<br />

Au r<strong>et</strong>our du printemps, l'esc<strong>la</strong>ve al<strong>la</strong> avec ses maîtres à <strong>la</strong><br />

pèche. Le jour, on le traitait, dii-il, comme une bête de somme \<br />

on l'employait <strong>au</strong>x besognes les plus dures <strong>et</strong> les plus révol-<br />

tantes; le soir, on lui donnait un peu de liberté, <strong>et</strong> il en pro-<br />

fitait pour se r<strong>et</strong>irer sur <strong>la</strong> colline A^oisine <strong>et</strong> y goûter dans<br />

le calme de <strong>la</strong> solitude quelques moments de paix. Il gravait<br />

sur l'écorce d'un arbre le signe sacré de <strong>la</strong> croix, <strong>et</strong>, à<br />

genoux, les yeux pleins de <strong>la</strong>rmes, il méditait sur les<br />

exemples du S<strong>au</strong>veur, il parcourait en esprit toutes les<br />

stations du calvaire. Quand il se croyait seul, il fredonnait<br />

un chant liturgique, <strong>et</strong> par des sentiers détournés il revenait<br />

à <strong>la</strong> cabane de ses maîtres. Il se gardait bien d'entrer; on<br />

l'eut j<strong>et</strong>é à <strong>la</strong> porte. Il s'étendait sur <strong>la</strong> terre ou il s'asseyait<br />

sur le vieux tronc d'un arbre, <strong>et</strong>, brisé de fatigue, souvent<br />

dévoré par <strong>la</strong> faim, il s'endormait dans <strong>la</strong> pensée de Dieu<br />

<strong>et</strong> attendait le réveil des s<strong>au</strong>vages pour reprendre son <strong>la</strong>beur<br />

d'esc<strong>la</strong>ve. « Que de fois alors, dit-il. J'ai versé des <strong>la</strong>rmes<br />

<strong>au</strong> souvenir de Sion, non seulement de <strong>la</strong> Sion triomphante<br />

dans les cieux, mais de celle qui glorifie Dieu sur terre!<br />

Que de fois, bien que sur une terre étrangère, fai chanté<br />

le cantique du Seigneur <strong>et</strong> j'ai fait r<strong>et</strong>entir les forêts <strong>et</strong> les<br />

montagnes des louanges de leur <strong>au</strong>teur! Que de fois j'ai<br />

gravé le nom de Jésus sur les arbres élevés de <strong>la</strong> forêt'-! »<br />

4. Consulter sur ce qui suit : Re<strong>la</strong>tion de 1647, ch. V <strong>et</strong> VI;<br />

Brève re<strong>la</strong>lione, ibid. ; —<br />

2. Brève re<strong>la</strong>lione, parte 3^ , cap. 2.<br />

Le P. Isaac Jogues, par le P. Martin, ibid.

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