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CONGRÈS DU PCF - Le Travailleur Catalan

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N°3494<br />

Semaine edu15au2 du 15 au 21 février 2013<br />

Inertie et lenteur<br />

<strong>Le</strong>s problèmes rencontrés sont<br />

ensuite évoqués par Michèle<br />

et Angélique. Et il y en a. « Regardez<br />

ces photos, seize appartements<br />

à Noguères, qui sont<br />

aujourd’hui en cours de rénovation,<br />

enfin ! Pourquoi attendre si<br />

longtemps pour agir et laisser les<br />

locataires, les familles vivre dans<br />

ce qui ressemble à de l’insalubrité<br />

? » <strong>Le</strong>s travaux sont tardifs. Il<br />

n’y a aucun doute. Il semble que<br />

ce soit là le principal problème<br />

posé. <strong>Le</strong>s attentes sont longues,<br />

les réponses, quand il y en a, sont<br />

tardives. D’autres exemples sont<br />

donnés. Huisseries dégradées<br />

non changées, façades altérées<br />

non traitées, et plus précisément,<br />

ces dernières années, des problèmes<br />

de réseau d’eau potable non<br />

conforme et défaillant, aux Es-<br />

passolles. « Des factures d’eau,<br />

pour plusieurs villas, ont dépassé<br />

les 900 ! Il y a des fuites non<br />

réparées entre les compteurs et<br />

les arrivées ! » Jusqu’à quand ?<br />

« Pourquoi si peu d’attention<br />

portée, pourquoi attendre si<br />

longtemps pour agir ? » <strong>Le</strong> sentiment<br />

de négligence traverse la<br />

conversation.<br />

La rédaction du journal, dans son souci habituel de mieux informer ses<br />

lecteurs, de s’ouvrir aussi aux « autres » a choisi de, régulièrement, poser<br />

le projecteur sur une ville ou village du département. Thuir est une ville<br />

moyenne, avec une histoire, des réussites et des problèmes, des citoyens<br />

et des salariés. En quelque sorte, Thuir essuie les plâtres de ces choix<br />

éditoriaux. Un dernier mot pour dire qu’il y avait de quoi y consacrer des<br />

pages supplémentaires (nous reviendrons sur l’histoire des caves dans un<br />

prochain numéro). Au nom de la rédaction, merci aux intervenants.<br />

Au service des habitants des HLM<br />

Lutte associative. Thuir a cela de particulier qu’il rassemble dans ses murs un pourcentage très important<br />

de logements sociaux, logements HLM, villas et appartements. Et il y a des problèmes. Une association<br />

est née, ACTIL (Association <strong>Catalan</strong>e travaillant dans l’intérêt des locataires). Nous sommes allés à la<br />

rencontre des responsables, Michèle Donnat et Angélique Palmade.<br />

« Notre association est<br />

ouverte à tous les bénéficiaires<br />

des appartements<br />

et villas HLM de<br />

Thuir, dépendant de l’Office Départemental<br />

OPA, dont le Conseil<br />

Général est l’institution de tutelle.<br />

Nous avons un bureau avec<br />

une présidente, une secrétaire,<br />

un trésorier et des personnes de<br />

chaque cité. Seule la subvention<br />

annuelle de la mairie alimente<br />

notre trésorerie. » Angélique précise<br />

qu’il n’y a pas d’adhésions<br />

formalisées, que les personnes<br />

participent quand le besoin s’en<br />

fait sentir. « Dans l’année, on ne<br />

peut pas le dire précisément, mais<br />

on touche, par notre activité, plus<br />

de cinq cents personnes, pour un<br />

litige, pour des difficultés personnelles<br />

ou collectives, pour des<br />

démarches à accomplir, des courriers<br />

à rédiger. »<br />

Promesses non tenues<br />

« Il nous faut déployer beaucoup<br />

d’énergie pour rencontrer<br />

un responsable de l’Office. <strong>Le</strong>s<br />

promesses faites sont souvent<br />

sans lendemain (fréquence du<br />

ménage des parties communes,<br />

réparations urgentes, entretien<br />

des extérieurs…). » Une dernière<br />

question est ensuite évoquée,<br />

c’est la question de l’accession à<br />

la propriété. « Des familles sont<br />

là depuis très longtemps. Certaines<br />

ont engagé à leur frais des<br />

travaux d’embellissement. Elles<br />

sont volontaires pour se porter<br />

acquéreur, elles remplissent<br />

toutes les conditions requises.<br />

Et rien n’avance. Cette inertie<br />

est incompréhensible. On nous<br />

promet, puis plus rien. Nous<br />

sommes engagé(e)s pour faire<br />

déboucher ce dossier. Nous y<br />

L’éveilleur de consciences<br />

Zabou Toben. Figure bien connue à Thuir, il organise avec le maire de cette commune, René Olive, une<br />

magnifique commémoration de l’abolition de l’esclavage. Lutteur infatigable pour que ce crime contre<br />

l’humanité ne soit pas oublié, il est l’auteur d’une exposition sur l’esclavage et la traite atlantique.<br />

Pierre Toto est une figure connue<br />

de Thuir. Ce mécanicien à la retraite,<br />

originaire des Antilles, est<br />

intarissable et fait preuve d’une<br />

rare érudition dès que l’on aborde un sujet<br />

qui lui tient à cœur, celui de la traite et<br />

de l’esclavage qui durant des siècles ont<br />

arraché des millions d’hommes, femmes,<br />

enfants à leur famille, à leur village, à leur<br />

terre.<br />

Aujourd’hui, il a choisi de prendre un nouveau<br />

nom, Zabou Toben, pour oublier le<br />

nom issu de la situation d’esclave de ses<br />

ancêtres. « On kidnappait les gens, on<br />

les débaptisait, on en faisait du bétail.<br />

Puis quand les peuples d’esclaves se sont<br />

libérés, quand l’abolition est devenue<br />

une exigence indispensable, le gouvernement<br />

a ordonné de nommer ces gens<br />

qu’on avait débaptisés dans les trois mois<br />

qui ont suivi leur libération. Et ce sont les<br />

anciens maîtres, les esclavagistes qui ont<br />

fait ce travail, sans demander leur avis<br />

Michèle Donnat<br />

aux intéressés. Et évidemment, du haut<br />

de leur morgue, ils ont continué de jouer<br />

avec ceux qui avaient été leurs biens<br />

meubles. Ils ont choisi le plus souvent des<br />

noms méprisants, des noms insultants.<br />

C’est pour cela que j’ai voulu prendre un<br />

pseudonyme. »<br />

Zabou Toben explique d’ailleurs que<br />

cette manière d’ôter toute personnalité<br />

humaine à l’esclave, dès lors qu’il était<br />

considéré comme du bétail, rend quasiment<br />

impossible de remonter aux origines<br />

africaines. Pour donner une image, Zabou<br />

Toben explique qu’avant que la loi impose<br />

la traçabilité de la viande de boucherie, on<br />

ne pouvait pas savoir d’où venait le bœuf<br />

dont la carcasse était pendue à une esse<br />

de la boucherie du coin. « Et bien, c’était<br />

pareil pour les esclaves, on les regroupait<br />

en troupeau, on brisait les familles, on<br />

faisait disparaître les origines. Il y avait<br />

même des fermes d’élevage où l’on faisait<br />

engrosser les femmes pour produire<br />

Thuir, une ville…<br />

de l’esclave. Comment voulez-vous ensuite<br />

retrouver leurs origines africaines? »<br />

Thuir, rare ville<br />

à commémorer l’abolition<br />

Il y a dix-sept ans, quand il est arrivé à<br />

Thuir, il a souhaité que la commémoration<br />

de l’abolition de l’esclavage soit l’occasion<br />

d’un réel travail de mémoire. Alors Pierre<br />

Toto a rencontré le maire de la commune,<br />

René Olive, et il l’a convaincu qu’il fallait<br />

faire quelque chose. « Et ça a marché.<br />

Depuis lors, avec l’adjoint au maire, Raymond<br />

Pérez, nous organisons chaque année<br />

cette commémoration. Depuis, Thuir<br />

n’a jamais failli à la tradition. Avec Raymond<br />

Pérez, j’ai mis au point une exposition<br />

sur l’esclavage, exposition que j’ai<br />

déjà présentée à l’Université, à Céret, à<br />

Cabestany, … »<br />

Et quand on lui demande pourquoi cette<br />

bataille permanente pour que soit rappelé<br />

Angélique Palmade<br />

travaillons. » Nous abordons ensuite<br />

brièvement d’autres sujets<br />

qui préoccupent, dont celui des<br />

incivilités, qu’il faut traiter avant<br />

que les choses empirent. Des<br />

propositions sont faites.<br />

« Vous savez, il y a aussi de la<br />

convivialité, des rencontres.<br />

Nous sommes solidaires dans les<br />

cités, il y a la fête des voisins,<br />

des invitations, des amitiés, et<br />

le parc de jeu qui, dans notre<br />

ensemble, réunit des familles de<br />

chez nous et d’ailleurs. »<br />

Propos recueillis<br />

par Michel Marc<br />

Zabou Toben, plus connu sous le nom<br />

de Pierre Toto<br />

ce crime contre l’humanité que fut l’esclavage<br />

et, en particulier, la traite atlantique,<br />

Pierre Toto explique qu’il en avait marre<br />

que cet épisode affreux de l’histoire de<br />

l’Afrique soit le plus souvent occulté, réduit<br />

à un aspect anecdotique. « Mon origine<br />

était ainsi totalement effacée, mes<br />

ancêtres disparaissaient. Mais je ne veux<br />

pas être un professeur. Mon rôle n’est pas<br />

d’instruire, mais plutôt celui d’éveiller les<br />

consciences. »<br />

Eveilleur de consciences qui humblement<br />

mais fermement continue de lutter pour<br />

que soit commémorée comme il se doit<br />

l’abolition de cette abomination.<br />

RG

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