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— Une injection !!! C'est douloureux ?...<br />
— Il vous faudra du courage. Mais je suis sûr qu'ensuite, vous vous sentirez soulagée.<br />
— Alors faites vite, docteur ! Vite ! Vite !<br />
Elle pleure presque d'angoisse, Georgette, d'angoisse et d'impatience. Le docteur Girot, toujours très<br />
digne<br />
et calme, vient <strong>de</strong> saisir le poignet <strong>de</strong> sa patiente, celui qui sonnait un carillon dément entre ses jambes<br />
soli<strong>de</strong>s.<br />
— Pardon, petite madame, j'ai besoin <strong>de</strong> mes ins<br />
truments...<br />
Puis ayant récupéré l'ensemble <strong>de</strong> son matériel, il s'est placé pour opérer entre les cuisses levées <strong>de</strong><br />
Georgette, a ramené du pied vers lui le petit escabeau métallique dont il a gravi la première marche, et<br />
posément, a décrété :<br />
— Respirez à fond, je procè<strong>de</strong> à l'administration<br />
du traitement.<br />
La seringue est entrée doucement et fermement dans le conduit fiévreux <strong>de</strong> la mala<strong>de</strong>. Elle s'est arrêtée<br />
plusieurs fois, a respecté les étapes nécessaires tandis que l'opérée se tordait en criant sous le bâillon <strong>de</strong><br />
sa main. Mais le docteur, imperturbable, très maître <strong>de</strong> lui, n'a rien cédé. Il a <strong>of</strong>ficié avec soin, métho<strong>de</strong><br />
et pondération, en pr<strong>of</strong>érant les encouragements amicaux et les paroles <strong>de</strong> réconfort.<br />
— Je sais, je sais, madame, que c'est pénible...<br />
Encore une petite minute, et vous serez libre... Atten<br />
tion, j'envoie l'antispasmodique ! Ah ! bien sûr, l'effet<br />
n'est pas immédiat. Non, c'est même le contraire,<br />
d'abord. Je vous en prie, ne soyez pas gênée, vous<br />
pouvez crier, mon cabinet est insonorisé...<br />
*<br />
* *<br />
Georgette est rhabillée, le docteur aussi, sans la blouse. Ils se contemplent en souriant, il tient dans ses<br />
mains chau<strong>de</strong>s les mains <strong>de</strong> Georgette.<br />
— Oh ! André, dit-elle, tu es si merveilleux ! Pourquoi ai-je voulu ce divorce ?<br />
— Mais, ma chérie, pour avoir <strong>de</strong>s Noëls comme celui-ci ! Crois-tu que si tu étais encore ma femme,<br />
tu viendrais ici, chaque 24 décembre ?...<br />
— Non. Mais j'aurais tous les autres jours...<br />
Il prend son air grave et doux, sourit davantage, <strong>de</strong> ce sourire presque triste qu'elle aime tant.