MANUEL GÉNÉRAL DE L'INSTRUCTION PBIMAIRE - INRP
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5S <strong>MANUEL</strong> <strong>GÉNÉRAL</strong> <strong>DE</strong> <strong>L'INSTRUCTION</strong> PRIMAIRE 8 Oct. 32<br />
Revue économique et sociale.<br />
LA CONVERSION <strong>DE</strong>S RENTES<br />
La liquidation financière de la guerre. — La conversion. — Sa justification.<br />
Ses conditions techniques. — Sa nécessité financière. — Ses effets économiques.<br />
LA liquidation financière de la guerre<br />
commence. Jusqu'à présent, tant que<br />
les nations victorieuses ont cru pouvoir<br />
compter, au moins en partie, sur les vaincus<br />
pour couvrir leurs dettes de guerre, elles se<br />
sont accommodées de leur poids. Tant que<br />
l'inflation monétaire ou la prospérité économique<br />
en ont masqué la charge véritable, les<br />
gouvernements se sont désintéressés de ces<br />
dettes. A la manière des économistes du<br />
XVIII' siècle, qui enseignaient volontiers que<br />
point n'est besoin d'amortir une dette publique<br />
et que celle-ci s'éteint automatiquement par<br />
le seul accroissement et l'enrichissement de la<br />
population, un bon nombre de financiers<br />
contemporains comptaient sur l'inflation 6t<br />
le progrès économique indéfini pour obtenir<br />
ce résultat. Déjà en 1926, le président Poincaré<br />
avait fait justice de cette argumentation.<br />
Mais depuis deux ans, la situation s'est singulièrement<br />
aggravée. Le déficit s'est installé<br />
dans les budgets et toutes sortes de systèmes<br />
ont été proposés pour le faire «.disparaître.<br />
Or, tandis que nous délibérions, l'Angleterre<br />
agissait. Elle n'hésitait pas à convertir<br />
d'un coup tous ses emprunts de guerre en<br />
ramenant l'intérêt du taux de 5 % à celui<br />
de 3,50 % , faisant ainsi faire au contribuable<br />
anglais une économie annuelle de trois milliards<br />
de francs. Ce précédent leva les derniers scrupules<br />
de notre gouvernement. Depuis longtemps,<br />
nous avions, pour notre part, conseillé<br />
ici même cette mesure. Nous en avions aussi<br />
démontré la parfaite légitimité, en même temps<br />
que la possibilité technique, qui dictait aux<br />
gouvernants l'obligation morale de la faire.<br />
Aujourd'hui que l'opération a pris fin, il convient<br />
d'en exposer rapidement le mécanisme,<br />
la justification, ainsi que les résultats probables<br />
pour les finances publiques et l'économie privée<br />
du pays.<br />
LA conversion ne peut, en principe, se<br />
concevoir que pour les emprunts perpétuels.<br />
Pour les emprunts temporaires, le<br />
terme est censé stipulé aussi bien au profit<br />
du débirentier que du créancier et celui-ci<br />
pourrait trouver mauvais qu'on lui remboursât<br />
par anticipation une somme qui constitue<br />
pour lui un placement avantageux. Car la<br />
conversion n'est pas un changement autoritaire<br />
et arbitraire du taux de l'intérêt par<br />
l'État emprunteur. C'est une alternative, une<br />
option qu'il oltre aux porteurs de rente. Il<br />
leur dit : « Je vous ai emprunté cent francs<br />
en 1918, par exemple, en vous promettant de<br />
vous payer régulièrement un intérêt annuel de<br />
5 % . Je ne suis pas engagé à vous rembourser<br />
et par conséquent vous ne pouvez rien me<br />
réclamer. Mais, par contre, je suis libre à<br />
tout moment de \ous rembourser la somme<br />
que vous m'avez prêtée. C'est un droit que<br />
je tiens non seulement d'un très vieil usage<br />
français et des stipulations de mon contrat,<br />
mais aussi d'un article formel de notre Code<br />
civil qui dit : « Toute rente établie à perpétuité<br />
... est essentiellement rachetable « (article 530 .<br />
Le moment est venu pour moi d'user de ce<br />
droit. Je vous propose donc de vous rendre<br />
vos cent francs. Néanmoins, pour éviter la<br />
recherche d'un nouveau placement, peut-être<br />
difficile, je suis prêt à proroger votre emprunt<br />
si, -de votre côté, vous acceptez une réduction<br />
du taux de l'intérêt tenant, compte des conditions<br />
nouvelles et plus favorables du marché<br />
financier. « C'est un raisonnement irréfutable<br />
en droit, contre lequel on ne saurait, comme<br />
le font certains, parler de spoliation. C'est une<br />
éventualité à laquello devaient s'attendre les<br />
porteurs de rente, à moins qu'au moment de<br />
l'emprunt, l'État ne se fût interdit l'exercice<br />
de cette faculté pendant un certain temps.<br />
POUR que les porteurs de rente soient disposés<br />
à prêter une oreille complaisante à<br />
ce discours, il faut qu'ils aient plus d'avantage<br />
à accepter la réduction du taux de l'intérêt<br />
qu'à solliciter le remboursement du capital.<br />
Or, pour qu'il en soit ainsi, il faut et il suffit<br />
que le cours des rentes à convertir ait dépassé<br />
le pair, c'est-à-dire le montant nominal pour<br />
lequel elles ont été souscrites. Par exemple,<br />
il faut que la rente 5 % cote 102, 103 francs<br />
ou plus et qu'elle les cote depuis assez de<br />
temps pour que ce ne soit pas l'effet d'un<br />
simple hasard ou d'une spéculation passagère.<br />
Que se passera-t-il, en eflet, en pareil cas ?<br />
Les porteurs de rente n'ont évidemment pas<br />
besoin d'argent. Sans cela, ils auraient déjà<br />
profité de la hausse enregistrée pour réaliser<br />
leurs titres. Ce sont donc des capitalistes<br />
désireux d'un placement avantageux. Si le<br />
ministre des Finances sait habilement choisir<br />
le taux de conversion et si, par exemple, il le<br />
fixe à un niveau légèrement supérieur au taux<br />
du marché, les porteurs opteront pour la<br />
conversion, car, que feraient-ils de leur argent<br />
s'ils en avaient demandé le remboursement ?<br />
Ils devraient le replacer et probablement dans<br />
de plus mauvaises conditions que ne leur en<br />
NOUVEAUTÉ. GAUTHIER-<strong>DE</strong>SCHAMPS-AYMARD. Histoire de France. c e°t u mo é ytn.' 5.80