Les manœuvres de recrutement alvéolaire au cours ... - reannecy.org
Les manœuvres de recrutement alvéolaire au cours ... - reannecy.org
Les manœuvres de recrutement alvéolaire au cours ... - reannecy.org
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
30 J.M. Constantin et al. / Réanimation 13 (2004) 29–36<br />
sous ventilation mécanique. De même, la réduction du Vt à<br />
6–8 ml/kg permet <strong>de</strong> maintenir la pression <strong>de</strong> plate<strong>au</strong> en<br />
<strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> 30 à 35 cmH 2O dans le but d’éviter la surdistension<br />
<strong>de</strong>s zones normalement aérées.<br />
Cette stratégie ventilatoire a montré qu’elle pouvait réduire<br />
la mortalité chez <strong>de</strong>s patients atteints <strong>de</strong> SDRA, probablement<br />
en diminuant les lésions induites par la ventilation<br />
mécanique [1–3]. Le principal écueil <strong>de</strong> cette attitu<strong>de</strong> est que<br />
la réduction du Vt, nécessaire <strong>au</strong> contrôle <strong>de</strong> la pression <strong>de</strong><br />
plate<strong>au</strong>, semble potentiellement responsable d’un dé<strong>recrutement</strong><br />
<strong>alvéolaire</strong> [19]. Ce dé<strong>recrutement</strong> participe à l’effet<br />
shunt et <strong>au</strong>x phénomènes inflammatoires. Essayer <strong>de</strong> réexpandre<br />
les zones pulmonaires collabées pourrait être un<br />
objectif <strong>au</strong> <strong>cours</strong> <strong>de</strong> la prise en charge du SDRA et justifier<br />
les <strong>manœuvres</strong> <strong>de</strong> <strong>recrutement</strong> (MRA). La conférence <strong>de</strong><br />
consensus américano-européenne [5] a d’ailleurs proposé<br />
l’utilisation <strong>de</strong> MRA lors <strong>de</strong> l’utilisation <strong>de</strong> stratégies ventilatoires<br />
utilisant <strong>de</strong> faibles volumes courants et <strong>de</strong> bas nive<strong>au</strong>x<br />
<strong>de</strong> PEP.<br />
L’objectif <strong>de</strong> cette revue est <strong>de</strong> faire le point sur l’intérêt<br />
potentiel <strong>de</strong>s MRA <strong>au</strong> <strong>cours</strong> du SDRA.<br />
2. Pourquoi proposer <strong>de</strong>s <strong>manœuvres</strong> <strong>de</strong> <strong>recrutement</strong> ?<br />
<strong>Les</strong> étu<strong>de</strong>s tomo<strong>de</strong>nsitométriques ainsi que les modèles<br />
mathématiques ont montré que le <strong>recrutement</strong> est un processus<br />
dynamique qui se produit tout le long <strong>de</strong> la courbe<br />
pression–volume. La PEP a toutefois du mal à lutter contre le<br />
dé<strong>recrutement</strong>. En effet, l’analyse tomo<strong>de</strong>nsitométrique<br />
(Fig. 1) <strong>de</strong> la répartition <strong>de</strong>s gaz et <strong>de</strong> tissu intrapulmonaire<br />
<strong>au</strong> <strong>cours</strong> du SDRA permet <strong>de</strong> comprendre l’incapacité <strong>de</strong> la<br />
Fig. 1. Répartition en pourcentage <strong>de</strong>s zones aérées (noir), p<strong>au</strong>vrement<br />
aérées (hachuré) et non aérées (blanc) <strong>de</strong> la totalité du parenchyme pulmonaire<br />
sans PEP. Chaque barre représente une zone du parenchyme situé à une<br />
distance (indiquée en cm) sur l’axe céphaloc<strong>au</strong>dal et antéropostérieur. <strong>Les</strong><br />
zones aérées sont situées majoritairement en antérieur et céphalique, diminuant<br />
selon un axe céphaloc<strong>au</strong>dal et antéropostérieur. D’après [36].<br />
PEP à lutter contre le dé<strong>recrutement</strong> dans certaines situations.<br />
Puybasset et al. [36], ont montré que l’atteinte pulmonaire<br />
n’est pas homogène (Fig. 1). Il existe en effet une<br />
<strong>au</strong>gmentation <strong>de</strong>s zones non aérées selon un axe antéropostérieur<br />
et céphaloc<strong>au</strong>dal. La PEP agit essentiellement en<br />
s’opposant <strong>au</strong>x forces <strong>de</strong> compression extrinsèques qui<br />
s’exercent sur les bronchioles. Elle est d’<strong>au</strong>tant plus efficace<br />
que cette pression est faible, c’est-à-dire dans les régions non<br />
dépendantes et céphaliques du parenchyme pulmonaire. Elle<br />
génère donc une distension, voire une surdistension, <strong>de</strong>s<br />
territoires normalement aérés avant <strong>de</strong> pouvoir « réouvrir »<br />
les territoires p<strong>au</strong>vrement voire non aérés. D’après la loi <strong>de</strong><br />
Laplace, P =2×c/r, la pression P nécessaire à stabiliser une<br />
alvéole qui a une tension <strong>de</strong> surface c, est inversement proportionnelle<br />
à son rayon r. On peut en déduire que la pression<br />
nécessaire pour ouvrir une alvéole collabée est plus importante<br />
que celle permettant <strong>de</strong> la maintenir ouverte. Sur la base<br />
<strong>de</strong> cette hypothèse, certains <strong>au</strong>teurs ont proposé d’appliquer<br />
une pression très élevée et <strong>de</strong> courte durée afin « d’ouvrir le<br />
poumon », suivie d’un nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> PEP suffisant pour le maintenir<br />
« ouvert », c’est l’« open lung concept » [21]. L’application<br />
<strong>de</strong> cette pression était appelée manœuvre <strong>de</strong> <strong>recrutement</strong><br />
<strong>alvéolaire</strong>.<br />
Sur ces bases, <strong>de</strong>s trav<strong>au</strong>x expériment<strong>au</strong>x et cliniques ont<br />
évalué les effets physiologiques <strong>de</strong> <strong>manœuvres</strong> <strong>de</strong> <strong>recrutement</strong><br />
lors du SDRA.<br />
3. Arguments expériment<strong>au</strong>x pour l’efficacité<br />
<strong>de</strong>s <strong>manœuvres</strong> <strong>de</strong> <strong>recrutement</strong><br />
De nombreuses étu<strong>de</strong>s expérimentales ont montré l’efficacité<br />
<strong>de</strong>s <strong>manœuvres</strong> <strong>de</strong> <strong>recrutement</strong> <strong>alvéolaire</strong> (MRA) sur<br />
<strong>de</strong>s modèles anim<strong>au</strong>x <strong>de</strong> SDRA. Il s’agit essentiellement <strong>de</strong><br />
modèles expériment<strong>au</strong>x <strong>de</strong> déplétion en surfactant<br />
[15,24,40]. Dans un modèle expérimental <strong>de</strong> lavage <strong>alvéolaire</strong><br />
<strong>au</strong> sérum salé chez le lapin, Bond et al. [6] ont montré<br />
une amélioration <strong>de</strong> la mécanique ventilatoire et <strong>de</strong> l’oxygénation<br />
sous ventilation à h<strong>au</strong>te fréquence (pression<br />
moyenne 15 cmH 2O) après réalisation d’une MRA. Cette<br />
amélioration n’existait pas lorsque la MRA était suivie<br />
d’une ventilation à h<strong>au</strong>t volume courant et h<strong>au</strong>t nive<strong>au</strong> <strong>de</strong><br />
PEP (17,5 cmH 2O). Utilisant le même modèle <strong>de</strong> SDRA,<br />
mais chez le mouton, Fujino et al. [15] ont retrouvé une<br />
amélioration <strong>de</strong> la PaO 2 en appliquant une pression <strong>de</strong><br />
40 cmH 2O. Le <strong>recrutement</strong> optimal n’était pas obtenu dès la<br />
première MRA, mais à la secon<strong>de</strong> MRA chez la plupart <strong>de</strong>s<br />
anim<strong>au</strong>x. En répétant la MRA toutes les 30 minutes, l’effet<br />
bénéfique en terme d’oxygénation n’était pas accompagné<br />
<strong>de</strong> lésions histologiques. Toujours chez le mouton, Lu et al.<br />
[25] ont démontré que l’application d’une MRA après une<br />
aspiration bronchique permettait <strong>de</strong> supprimer complètement<br />
les atélectasies et la désaturation induites par l’aspiration.<br />
Le modèle <strong>de</strong> SDRA utilisé semble influencer la réponse<br />
<strong>au</strong>x MRA. En effet, Kloot et al. [20] ont étudié la