Les manœuvres de recrutement alvéolaire au cours ... - reannecy.org
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32 J.M. Constantin et al. / Réanimation 13 (2004) 29–36<br />
Fig. 2. Schéma <strong>de</strong> la manœuvre <strong>de</strong> <strong>recrutement</strong>. <strong>Les</strong> phases d’inflation et <strong>de</strong><br />
déflation se font par paliers. <strong>Les</strong> pointes marquées (A, B, C et D) correspon<strong>de</strong>nt<br />
à <strong>de</strong>ux insufflations faites avec le Vt du palier précédant. <strong>Les</strong> <strong>au</strong>tres<br />
pointes correspon<strong>de</strong>nt <strong>au</strong>x insufflations faites avec le Vt du palier. La<br />
manœuvre dure trois minutes. D’après [23].<br />
avec ai<strong>de</strong> inspiratoire améliorait les échanges gazeux et le<br />
volume pulmonaire chez 13 patients en SDRA. Ces approches<br />
ne prennent pas en compte le facteur « temps dépendant<br />
» [18] du <strong>recrutement</strong> <strong>alvéolaire</strong> ni la mécanique ventilatoire<br />
propre <strong>de</strong> chaque patient.<br />
Le <strong>recrutement</strong> <strong>alvéolaire</strong> induit par le volume courant<br />
n’est pas négligeable. Nous avons proposé [34], en guise <strong>de</strong><br />
MRA, d’utiliser une PEP fixée à 10 cmH2O <strong>au</strong>-<strong>de</strong>ssus du<br />
point d’inflexion inférieur lu sur la courbe pression volume,<br />
pendant 15 minutes en limitant si besoin le Vt afin <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>r<br />
une pression <strong>de</strong> plate<strong>au</strong> inférieure à 35 cmH2O. Comparativement<br />
à l’application d’une pression <strong>de</strong> 40 cmH2O pendant<br />
40 secon<strong>de</strong>s chez <strong>de</strong>s patients en SDRA, les résultats en<br />
termes <strong>de</strong> volume recruté et d’oxygénation sont significativement<br />
plus importants. La PaO2 <strong>au</strong>gmente <strong>de</strong> 208 % avec la<br />
métho<strong>de</strong> PEP + 10 cmH2O contre 158 % pour la CPAP. Plus<br />
récemment, d’<strong>au</strong>tres <strong>au</strong>teurs [23,43] ont proposé d’appliquer<br />
une PEP croissante (soupir prolongé) en conservant un volume<br />
courant. Cette MRA (Fig. 2) était réalisée <strong>de</strong>ux fois<br />
avec un intervalle d’une minute (sept minutes <strong>au</strong> total). À la<br />
condition <strong>de</strong> conserver une PEP élevée après la MRA, les<br />
<strong>au</strong>teurs rapportent une nette amélioration <strong>de</strong>s paramètres<br />
ventilatoires chez les 20 patients en SDRA une heure après la<br />
MRA. L’utilisation <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>s ventilatoires « non conventionnels<br />
» comme la ventilation à percussion, la jet-ventilation ou<br />
l’oscillation à h<strong>au</strong>te fréquence peuvent également réaliser<br />
<strong>de</strong>s MRA.<br />
5.3. Application <strong>de</strong> nive<strong>au</strong>x <strong>de</strong> PEP croissants associés à<br />
une ventilation à pression ou volume contrôlée<br />
Bugedo et al. [8] ont utilisé <strong>de</strong>ux stratégies <strong>de</strong> <strong>recrutement</strong><br />
chez dix patients en SDRA. Une appliquait <strong>de</strong>s nive<strong>au</strong>x <strong>de</strong><br />
PEP croissants par palier <strong>de</strong> 5 cmH 2O jusqu’à 30–40 cmH 2O<br />
sur une ventilation à volume contrôlée sans dépasser<br />
50 cmH 2O <strong>de</strong> pression <strong>de</strong> plate<strong>au</strong>. L’<strong>au</strong>tre consistait à appliquer<br />
<strong>de</strong>s nive<strong>au</strong>x <strong>de</strong> PEP croissants par palier <strong>de</strong> 10 cmH 2O<br />
jusqu’à 30 cmH 2O sur une ventilation à pression contrôlée<br />
maintenue à 20 cmH 2O. Une tomo<strong>de</strong>nsitométrie pulmonaire<br />
était réalisée à différentes étapes <strong>au</strong> <strong>cours</strong> <strong>de</strong> ces <strong>manœuvres</strong><br />
<strong>de</strong> <strong>recrutement</strong>. <strong>Les</strong> données recueillies montrent que <strong>de</strong><br />
h<strong>au</strong>ts nive<strong>au</strong>x <strong>de</strong> PEP « aérent » le parenchyme pulmonaire<br />
sans altérer <strong>de</strong> manière majeure l’hémodynamique tout en<br />
améliorant l’oxygénation.<br />
5.4. MRA associées <strong>au</strong> décubitus ventral<br />
Chez les patients en SDRA ne répondant pas à l’<strong>au</strong>gmentation<br />
<strong>de</strong> la PEP, il a été proposé <strong>de</strong> réaliser <strong>de</strong>s séances <strong>de</strong><br />
décubitus ventral. La ventilation posturale permet dans certains<br />
cas une homogénéisation <strong>de</strong> l’entrée <strong>de</strong> gaz dans les<br />
alvéoles réduisant ainsi le shunt.<br />
Pelosi et al. [30] ont récemment étudié dix patients en<br />
SDRA avant et après <strong>manœuvres</strong> <strong>de</strong> <strong>recrutement</strong> (soupirs) en<br />
décubitus dorsal puis ventral. Ils ont rapporté une <strong>au</strong>gmentation<br />
<strong>de</strong> la PaO 2 et <strong>de</strong> la capacité résiduelle fonctionnelle dans<br />
les <strong>de</strong>ux positions. Toutefois, le <strong>recrutement</strong> <strong>alvéolaire</strong> était<br />
plus complet en décubitus ventral. La PaO 2 <strong>au</strong>gmentait <strong>de</strong><br />
95 ± 26 mmHg à 155 ± 3 mmHg lors du passage en décubitus<br />
ventral. L’application d’un soupir entraînait une <strong>au</strong>gmentation<br />
<strong>de</strong> la PaO 2 <strong>de</strong> 37 ± 17 mmHg en décubitus ventral contre<br />
16 ± 11 mmHg en dorsal. <strong>Les</strong> <strong>au</strong>teurs concluaient que l’association<br />
MRA et décubitus ventral peut favoriser un <strong>recrutement</strong><br />
optimal chez les patients initialement non répon<strong>de</strong>urs<br />
en associant <strong>de</strong>ux mécanismes différents.<br />
À ce jour, la meilleure façon <strong>de</strong> pratiquer une MRA<br />
<strong>de</strong>meure incertaine. S’il s’avère dans l’avenir que les MRA<br />
soient utiles <strong>au</strong> <strong>cours</strong> du SDRA, il f<strong>au</strong>dra préciser la technique<br />
à utiliser, la fréquence <strong>de</strong>s <strong>manœuvres</strong>, les nive<strong>au</strong>x <strong>de</strong><br />
pression à utiliser ainsi que leur durée.<br />
6. Facteurs prédictifs <strong>de</strong> la réponse et <strong>de</strong> la tolérance<br />
<strong>au</strong>x <strong>manœuvres</strong> <strong>de</strong> <strong>recrutement</strong><br />
L’efficacité <strong>de</strong>s <strong>manœuvres</strong> <strong>de</strong> <strong>recrutement</strong> est probablement<br />
dépendante du mo<strong>de</strong> ventilatoire utilisé pour la prise en<br />
charge du SDRA, <strong>de</strong> sa c<strong>au</strong>se, <strong>de</strong> son sta<strong>de</strong> (précoce <strong>au</strong><br />
tardif) et du rôle <strong>de</strong> la paroi thoracique dans les anomalies<br />
mécaniques observées.<br />
6.1. Influence du mo<strong>de</strong> ventilatoire utilisé<br />
La stratégie ventilatoire utilisée, protectrice ou conventionnelle,<br />
influence probablement la réponse <strong>au</strong>x MRA. La<br />
ventilation protectrice, qui fait appel à <strong>de</strong> faibles volumes<br />
courants, est génératrice <strong>de</strong> dé<strong>recrutement</strong> <strong>alvéolaire</strong> [19].<br />
<strong>Les</strong> nive<strong>au</strong>x <strong>de</strong> PEP ne suffisent pas toujours à prévenir ce<br />
dé<strong>recrutement</strong>. <strong>Les</strong> MRA permettent <strong>de</strong> s’opposer <strong>au</strong> moins<br />
transitoirement <strong>au</strong> dé<strong>recrutement</strong> <strong>alvéolaire</strong> et diminuent<br />
ainsi la baisse <strong>de</strong> la PaO 2 observée lors <strong>de</strong> la réduction <strong>de</strong><br />
volume. Medoff et al. [28] rapportent la nécessité d’un nive<strong>au</strong><br />
<strong>de</strong> PEP élevé, <strong>au</strong>-<strong>de</strong>ssus du point d’inflexion inférieur