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Quand les autorités spéculent, ça jazze - Le Régional

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36 evasiOn<br />

Du 16 au 23 mai 2012 - N° 612 - www.leregional.ch<br />

<strong>Le</strong> Chaddar, la fin d’un mythe ?<br />

Ladakh-Zanskar Par la construction d’une route le long de la rivière Zanskar, au nord de<br />

l’Inde, <strong>les</strong> habitudes des habitants des régions reculées du Ladakh seront bouleversées.<br />

80<br />

km séparent deux vil<strong>les</strong><br />

importantes de l’Etat du<br />

Cachemire indien, situé<br />

au nord de l’Inde. <strong>Le</strong>h, la capitale<br />

du Ladakh et Padum, la ville principale<br />

du Zanskar. El<strong>les</strong> sont situées<br />

à 3’500 m. d’altitude au cœur de la<br />

chaîne himalayenne. Malgré un environnement<br />

austère, el<strong>les</strong> ont été, de<br />

tout temps, reliées pour des raisons<br />

commercia<strong>les</strong>. De Padum, la rivière<br />

Zanskar coule dans des gorges profondes<br />

avant de rejoindre la vallée de<br />

l’Indus permettant de rallier <strong>Le</strong>h. La<br />

population calque depuis toujours<br />

ses déplacements hivernaux sur <strong>les</strong><br />

conditions de la rivière Zanskar. En<br />

effet, celle-ci n’est accessible que<br />

cinq à six semaines en janvier-février<br />

lorsque <strong>les</strong> eaux tumultueuses de la<br />

rivière se solidifient et gèlent. Durant<br />

ce court laps de temps, l’épaisseur<br />

de glace varie entre plusieurs mètres<br />

et quelques millimètres. La rivière<br />

Zanskar change alors de nom<br />

Une gorge profonde, des sommets<br />

atteignant <strong>les</strong> 7’000 mètres, <strong>les</strong> Ladakhis<br />

doivent emprunter la rivière<br />

gelée, le Chaddar, pour se rendre<br />

dans la capitale.<br />

et devient le Chaddar, la rivière gelée.<br />

Dès lors, sur son parcours, <strong>les</strong><br />

habitants de ces villages retirés,<br />

situés entre 4’000 et 4’500 mètres<br />

d’altitude, entourés de cols et de<br />

chaînes de montagnes culminant à<br />

7’000 m. n’ont, pour seule possibilité<br />

de rejoindre <strong>les</strong> autres régions<br />

pendant le trajet sur la rivière<br />

gelée, <strong>les</strong> Zanskaris dorment<br />

dans des grottes, par -2° à -30°.<br />

du pays, que ce passage. La rivière<br />

gelée devient route et <strong>les</strong> villageois<br />

s’empressent de l’emprunter, malgré<br />

le danger, pour transporter du bois,<br />

se rendre au chef lieu, <strong>Le</strong>h, pour s’y<br />

approvisionner, y travailler quelques<br />

semaines, rejoindre ou amener <strong>les</strong><br />

enfants à l’école dans la capitale.<br />

Trois à cinq jours sont nécessaires<br />

pour parcourir la distance séparant<br />

leurs habitations de<br />

la ville de tous <strong>les</strong><br />

espoirs. <strong>Le</strong>s Zanskaris<br />

emportent <strong>les</strong><br />

vivres nécessaires au<br />

trajet pendant lequel<br />

ils vont dormir dans<br />

des grottes, par une<br />

température variant<br />

entre -2° et -30°. <strong>Le</strong><br />

Chaddar est également<br />

un trek prisé<br />

des occidentaux<br />

et, depuis peu, par<br />

<strong>les</strong> Indiens également.<br />

Pour <strong>les</strong><br />

non autochtones,<br />

<strong>les</strong> difficultés liées<br />

à l’altitude et la<br />

rigueur du climat<br />

ralentissent la marche. Il faut<br />

compter simplement le double<br />

de temps.<br />

La route de l’ouverture<br />

La vie est contraignante, difficile.<br />

Cependant, un bouleversement<br />

est en train de s’opérer.<br />

Dans cette zone sensible,<br />

militaire, près de la Chine et<br />

du Pakistan, une route taillée<br />

dans des falaises abruptes est<br />

en construction depuis 2001.<br />

Une percée laborieuse, qui a<br />

déjà causé la mort d’un camionneur<br />

surpris par une chute de rocher en<br />

2011. Depuis, <strong>les</strong> travaux n’ont pas<br />

repris, bien que l’inauguration soit<br />

toujours prévue en 2015. A l’heure<br />

actuelle, il faut, en été, deux jours<br />

en 4 x 4 pour effectuer <strong>les</strong> 400 km<br />

de trajet dont 200 km de mauvaises<br />

pistes pour rallier <strong>Le</strong>h à Padum en<br />

contournant le massif montagneux<br />

par Kargil. Avec la nouvelle route,<br />

quatre à cinq heures seront suffisantes<br />

et, en hiver, il ne sera plus<br />

nécessaire de marcher sur la rivière<br />

de tous <strong>les</strong> dangers, la route permettant<br />

un accès facilité entre <strong>les</strong> différents<br />

villages et la vallée principale<br />

de l’Indus.<br />

<strong>Le</strong> «petit tibet»<br />

<strong>Le</strong> «Petit Tibet», autre appellation<br />

du Ladakh, traditionnellement<br />

bouddhiste, regorge de monastères<br />

et de nonneries, agrippés à de vertigineuses<br />

parois, quelquefois à plus<br />

de 5’000 mètres d’altitude. Ces lieux<br />

religieux offrent une réelle possibilité<br />

d’éducation pour un enfant, garçon<br />

ou fille, lorsqu’une famille n’est<br />

plus en mesure<br />

Un ladakhi<br />

de subvenir à ses besoins, faute de<br />

surface cultivable en suffisance.<br />

Quelle influence cette nouvelle<br />

route aura-t-elle sur le mode de vie<br />

traditionnel bouddhiste-tibétain?<br />

Aujourd’hui, il faut toujours chercher<br />

l’eau au puits, alors que la première<br />

ligne électrique est arrivée au Ladakh<br />

en 2005. Dans <strong>les</strong> zones excentrées,<br />

l’énergie solaire a illuminé <strong>les</strong> maisons<br />

et amené avec elle la télévision.<br />

Dès lors, il sera intéressant de voir<br />

comment <strong>les</strong> Zanskaris, qui vivent<br />

dans de somptueux décors naturels<br />

presque en totale autarcie jusqu’à<br />

huit mois par année, vont évoluer<br />

avec l’arrivée de la nouvelle route<br />

et de la modernité. Néanmoins, un<br />

fait semble certain, ils ne franchiront<br />

plus la rivière gelée pour leurs déplacements.<br />

Ladakhis et Zanskaris dixit.<br />

200 km de trek le long du Chaddar, le<br />

fleuve gelé. Expo photo dès 14h et diaporama<br />

de 15h à 20h, le 16 juin à la salle<br />

polyvalente de St-Gingolph. Info: 024 481<br />

69 29 dès 19h30.<br />

Texte et photos:<br />

Marguerite Martinoli,<br />

de retour du Zanskar<br />

Sur la rivière gelée, <strong>les</strong> bois de charpente sont prestement transportés.

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