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DOSSIER PEDAGOGIQUE - Le Grand Bleu

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En France, aux XVIIème et XVIIIème siècles, la<br />

peinture d’histoire, considérée comme étant au sommet<br />

de la hiérarchie des genres picturaux, consistait à<br />

représenter sur de grandes toiles, des sujets nobles prenant<br />

leurs sources dans la bible, la mythologie ou dans<br />

de grands faits historiques. <strong>Le</strong>s personnages de ces<br />

peintures d’histoire prennent des poses théâtralisées et<br />

le message est moralisateur. On ne peut voir de témoignage<br />

de l’histoire à proprement parler, ces toiles n’offrant<br />

pas une vision objective de l’histoire. N’oublions pas<br />

que c’est la politique qui fit naître ce genre pictural : en<br />

effet, c’est Henri IV, au XVIIème siècle qui eut recourts<br />

à l’art à des fins politiques. Puis c’est avec Louis XIII et<br />

Louis XIV que la peinture d’histoire prend ses lettres de<br />

noblesse, permettant ainsi de représenter des narrations<br />

complexes, souvent tirées de l’histoire antique.<br />

Au début du XIXème siècle, les codes de la peinture<br />

d’histoire sont encore tenaces, ainsi l’artiste peut<br />

s’exprimer sur le contexte historique de son époque, tout<br />

en « cachant » ou « redorant » pourrait-on dire, le sujet<br />

avec un événement de l’Histoire Antique.<br />

C’est à la fin du XIXème siècle, avec l’arrivée de<br />

nouvelles tendances artistiques refusant l’académisme,<br />

que la peinture d’histoire perd de sa popularité. <strong>Le</strong> «grand<br />

genre » glisse doucement vers une peinture plus anecdotique<br />

se rapprochant ainsi de la peinture de genre.<br />

Par la suite, les démarches artistiques dépassent<br />

les formes académiques et prennent des voies plus engagées.<br />

Nous verrons des œuvres qui «[…] montrent la trace<br />

de l’histoire et non l’histoire elle même, non le coup mais<br />

la blessure. Elles enregistrent, au delà de toute explication,<br />

non l’image (construite) que le siècle a voulu donner<br />

de lui mais la marque qu’il imprime sur son passage, l’indice<br />

d’un crime non revendiqué mais pourtant réel. A coté<br />

du «ceci est arrivé» proclamé par les images photographiques<br />

et cinématographiques, il est un art pour rappeler:<br />

«J’ai vu cela» » et cet art s’inscrit dans la contestation<br />

et l’engagement de l’artiste 3 .<br />

3. Jean-Paul Ameline, Face à l’Histoire, L’artiste moderne<br />

devant l’événement historique, 1933-1996, catalogue<br />

d’exposition, Centre Georges Pompidou, 1996.<br />

<strong>Le</strong>s événements de l’histoire contemporaine ne sont pas en<br />

reste, on peut citer à cet égard, les toiles de Jacques-Louis David qui,<br />

à la Révolution adapta ses peintures d’histoires jusqu’ici, académiques,<br />

aux événements de l’époque. Il commence ainsi <strong>Le</strong> Serment du Jeu de<br />

Paume en 1790. Cette même année, il entre en politique et prend la<br />

tête de la Commune des arts, issue du mouvement des Académiciens<br />

dissidents. Il obtient la fin du contrôle du Salon par l’Académie Royale<br />

de Peinture et de Sculpture et participe comme commissaire adjoint au<br />

premier « Salon de la liberté », qui ouvre le 21 août 1791. En septembre<br />

1790, il milite auprès de l’Assemblée pour la suppression de toutes les<br />

Académies.<br />

Ainsi Thomas Couture (1815-1879) avec <strong>Le</strong>s Romains de la<br />

décadence en 1847, peint une orgie qui se déroule dans un temple antique,<br />

peu avant la chute de l’Empire romain, il fait ici une allusion à la<br />

décadence morale qui règne sous la Monarchie de Juillet, et les scandales<br />

qui ont éclatés. Dans cette toile monumentale, l’artiste laisse un<br />

message allégorique, en se servant « de la fin d’un monde pour critiquer<br />

le sien propre ».<br />

C’est avec L’Exécution de Maximilien, peint par Manet<br />

en 1868, que l’histoire se fait voir telle qu’elle est. Ici pas de<br />

rhétorique et encore moins d’héroïsme, il faut voir cette œuvre<br />

comme étant un « compte rendu direct d’un présent vu d’un œil<br />

sec », il s’agit d’une exécution sans pathos et sans mise en scène.<br />

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