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DOSSIER PEDAGOGIQUE - Le Grand Bleu

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est le premier volet d’un diptyque sur le thème de la censure<br />

et ici cette censure est imposée par la famille.<br />

Dans Têtes à Claques, Jean Lambert raconte l’histoire<br />

d’une famille qui fait l’objet de moqueries de générations<br />

en générations. Ici, la figure du bouc émissaire est<br />

représentée par des jumeaux stigmatisés par les gens de<br />

leur village comme leur père l’avait été avant eux. Tout au<br />

long du spectacle, la « Crapule « et le « Débile », comme<br />

on les surnommait, vont résister et tenter de s’intégrer<br />

au groupe tout en faisant face à la cruauté des villageois.<br />

Ils iront jusqu’à mettre le feu au village. L’histoire s’inspire<br />

d’un fait divers rapporté près de Liège, en Belgique, il y a<br />

environ cinq ans.<br />

d’une femme qui fait état de cette privation de la langue paternelle et<br />

donc privation d’une partie de ses origines. Ce père a construit sa famille<br />

en opposition avec ses propres racines causant ainsi un trouble, un<br />

flou, une absence dans le schéma familial.<br />

La tragédie familiale est présente dès l’Antiquité et notamment<br />

dans les pièces de théâtre. <strong>Le</strong>s exemples les plus édifiants de déchirements<br />

au sein d’une même famille y sont présents. Antigone, pour ne citer<br />

qu’elle, recherche la justice et refuse le sort qui condamne son défunt frère<br />

Polynice à ne pas avoir de sépulture. Elle décide donc de braver l’interdit<br />

posé par le roi Créon, son oncle, et choisit d’accomplir les rites funèbres.<br />

CRÉON - Ainsi tu as osé passer outre à ma loi ?<br />

ANTIGONE. - Oui, car ce n’est pas Zeus qui l’avait proclamée ! ce n’est<br />

pas la Justice, assise aux côtés des dieux infernaux ; non, ce ne sont pas<br />

là les lois qu’ils ont jamais fixées aux hommes, et je ne pensais pas que<br />

tes défenses à toi fussent assez puissantes pour permettre à un mortel<br />

de passer outre à d’autres lois, aux lois non écrites, inébranlables, des<br />

dieux ! Elles ne datent, celles-là, ni d’aujourd’hui ni d’hier, et nul ne sait le<br />

jour où elles ont paru. Ces lois-là, pouvais-je donc, par crainte de qui que<br />

ce fût, m’exposer à leur vengeance chez les dieux ? Que je dusse mourir,<br />

ne le savais-je pas? Et cela, quand bien même tu n’aurais rien défendu.<br />

Mais mourir avant l’heure, je le dis bien haut, pour moi, c’est tout profit :<br />

lorsqu’on vit comme moi, au milieu de malheurs sans nombre, comment<br />

ne pas trouver de profit à mourir ? Subir la mort pour moi n’est pas une<br />

souffrance. C’en eût été une, au contraire, si j’avais toléré que le corps<br />

d’un fils de ma mère n’eût pas, après sa mort, obtenu un tombeau. De<br />

cela, oui, j’eusse souffert ; de ceci je ne souffre pas. Je te parais sans<br />

doute agir comme une folle. Mais le fou pourrait bien être celui même qui<br />

me traite de folle.<br />

Sophocle, Antigone, 44O av. JC.<br />

<strong>Le</strong> drame familial et le thème de l’opposition au père se retrouve<br />

dans la tragédie classique. Dans <strong>Le</strong> Cid de Corneille, Rodrigue<br />

est partagé entre le devoir familial et son amour pour Chimène. Il doit<br />

obéir à son père qui lui demande de le venger et choisira d’ailleurs de<br />

défendre l’honneur familial et de risquer ainsi l’avenir de son amour.<br />

Dans le travail photographique de Sarah Jones tout est figé.<br />

C’est dans des intérieurs bourgeois que des adolescentes cherchent à<br />

s’extraire des conventions familiales. La photographe a choisi comme<br />

décor pour son travail ces fameuses maisons bourgeoises anglaises<br />

du Middelsex où tout parait stable et posé. Dans ces living-rooms, Sarah<br />

Jones fait poser des jeunes filles qui paraissent attendre et surtout<br />

s’ennuyer. <strong>Le</strong>urs postures laissent entrevoir leur envie d’échapper aux<br />

contraintes familiales. Comme dans « un théâtre de l’adolescence », ces<br />

filles maquillées montrent le passage entre l’état d’enfant et de femme<br />

en devenir, image dont on sent qu’elles sont prisonnières. Dans Dining<br />

room (Francis place) (II), datant de 1997, l’une se conforme, l’autre<br />

se rebelle, ses cheveux couvrant son visage. <strong>Le</strong> destin de ces filles<br />

semble immuable. «<strong>Le</strong>s filles sont interchangeables. D’ailleurs, elles<br />

s’échangent tout en permanence : leurs chemises, leurs jupes. Elles sont<br />

statiques, comme les meubles des maisons. Elles sont des icônes. Elles<br />

sont sur scène, presque comme des prisonnières», propos de Sarah<br />

Jones (Jade Lindgaard, La photographe anglaise Sarah Jones invente<br />

la nature morte… vivante, <strong>Le</strong>s Inrock du 07/01/1998). Mais ces maisons<br />

ne sont pas si calmes qu’il n’y paraît, le tapis ondule, la moquette<br />

est élimée. Ici pas d’adolescente vraiment rebelle, ces regards vides<br />

figurent un moment délicat de latence où elles oscillent entre accentuation<br />

et émancipation des règles bourgeoises issues de leur famille.<br />

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