Figures mythiques et bibliques chez Louky Bersianik et ... - Archipel
Figures mythiques et bibliques chez Louky Bersianik et ... - Archipel
Figures mythiques et bibliques chez Louky Bersianik et ... - Archipel
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
Ainsi, le mythe <strong>et</strong> l'utopie sont des constructions imaginaires qui évoquent ce qui<br />
peut advenir <strong>et</strong> ils tendent tous deux à être rassembleurs. Il n'est pas si étormant que les<br />
écrivaines des armées soixante-dix, très sensibles au besoin de solidarité des femmes, aient<br />
créé des utopies au féminin qui ont transformé l'expérience d'un «je» en une expérience<br />
collective. Comme nous le verrons à la section suivante, leurs œuvres ont conduit à un<br />
élargissement de la définition de l'utopie au féminin, puisque les caractéristiques thématiques<br />
<strong>et</strong> fonnelles de celle-ci diffèrent de celles des utopies masculines ou traditiormelles.<br />
7. L'utopie au féminin<br />
a) Définition<br />
Les définitions traditiormelles de l'utopie ne convierment pas aux écrits des femmes<br />
puisque le privé, leur domaine privilégié selon l'idéologie patriarcale, n'occupait pas de place<br />
dans le discours utopique masculin <strong>et</strong> que leur rôle y ressemblait à celui qu'elles tenaient<br />
dans la réalité. En fait, elles y étaient plutôt la projection des désirs de l'homme (Bammer,<br />
13-14). Elaine Hoffman Baruch paliage c<strong>et</strong>te opinion <strong>et</strong> ém<strong>et</strong> l'hypothèse selon laquelle le<br />
conditiormement patriarcal des hommes imprégnait leurs utopies (Hoffman Baruch, 1984b,<br />
217). Chez Angelika Bammer, l'utopie au féminin est approche, mouvement; elle ne se<br />
réalise donc pas dans un lieu fixe comme l'utopie traditiormelle, puisque les écrivaines<br />
bougent avec <strong>et</strong> contre les structures patriarcales (Bammer, 7).<br />
Selon Claudine Potvin, les utopies féministes ne sont pas des « eutopos » (sites de<br />
perfection <strong>et</strong> de bonheur), ni des «ou-topos» (des non-lieux). À l'encontre des utopies<br />
masculines, elles ne reposent pas nécessairement sur un voyage de découverte ou sur un<br />
nouvel ordre idéal, même si ces éléments peuvent s'y r<strong>et</strong>rouver. Potvin avance que<br />
« [I]'utopie perm<strong>et</strong> au proj<strong>et</strong> féministe de redessiner les frontières entre la réalité <strong>et</strong> la fiction,<br />
le privé <strong>et</strong> le politique, l'intime <strong>et</strong> le mythique» (Potvin, 1997, 202); selon elle, ce lieu<br />
d'inscription est la marge. On sait qu'il s'agit d'un lieu privilégié de l'écriture au féminin, car<br />
le point de vue de la marge demeure critique.<br />
Frances Bartkowski rappelle que l'institution littéraire a très longtemps maintenu les<br />
écrivaines à distance mais que cela ne les a pas empêchées de renouveler la littérature <strong>et</strong> le<br />
genre utopique. Voici sa définition de la « fiction féministe utopique» :<br />
34