Pascal PROVOST - EPHE
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La saison de reproduction du butor étoilé est annoncée par son cri mugissant<br />
émanant des roseaux denses ou d’un marais, généralement dès le début du mois de mars<br />
(Cramps & Simmons, 1977). Les nids sont le plus souvent constitués de tiges de roseaux<br />
(Polak, in prep.; Gilbert et al., in. prep.; Géroudet, 1978) et la femelle en construit un<br />
nouveau chaque année (Polak, in prep.). Elle seule s’occupe de la construction du nid et<br />
de sa progéniture. Dans le cadre d’un programme de recherche LIFE NATURE (cf.<br />
§1.5), 141 nids ont été suivis (Bretagnolle & Demongin, 2005). La ponte la plus précoce<br />
est du 26 mars, la plus tardive se situe dans la semaine du 3 au 9 juin. Néanmoins, 85%<br />
des pontes sont déposées entre début avril et mi-mai. La taille des pontes complètes<br />
varie très peu d’une année à l’autre ; la moyenne générale étant de 4,2 ± 0,68 (min = 3 ;<br />
max = 6 ; n = 50).<br />
L’émancipation des jeunes a lieu à l’âge de 55 jours. Cependant, dès l’âge<br />
d’environ 15 jours, les poussins s’éloignent progressivement du nid jusqu’à rejoindre la<br />
femelle sur les zones d’alimentation (Puglisi & Bretagnolle, 2005).<br />
L’essentiel des connaissances acquises sur la biologie de reproduction en France<br />
provient du programme LIFE. Les données sont synthétisées dans un rapport scientifique<br />
réalisé par le CNRS de Chizé (Bretagnolle & Demongin, 2005). Les données sur la<br />
biologie de la reproduction issues de l’estuaire de la Seine ont été mises à profit pour<br />
quelques publications récentes et en cours : (Puglisi & Bretagnolle, 2005; Demongin et<br />
al., 2007; Bretagnolle et al., Submitted).<br />
En outre, la LPO a participé à l'élaboration d'un guide sur le butor étoilé en Europe dans<br />
le cadre d'un projet LIFE CO-OP piloté par le BSOE (Office national pour<br />
l'environnement de la région du Brandenburg) en Allemagne, et la RSPB (BirdLife au<br />
Royaume Uni).<br />
Grâce au concours d’un réseau de gestionnaires de zones humides en France, un<br />
« recueil d’expériences » a également pu être édité (LPO, 2006), présentant les<br />
opérations de génie écologique les plus marquantes menées en roselières ces dernières<br />
années. Une plaquette intitulée « LIFE Butor étoilé - Bilan et perspectives 2001-2006 »<br />
a également été élaborée la même année. Ces documents sont disponibles sur le site web<br />
de la LPO : http://www.lpo.fr/etudes/life_nature/life_butor/conservation.shtml.<br />
Enfin, suite au programme LIFE, un plan de restauration national est en cours de<br />
rédaction avec le Ministère de l’Ecologie, du Développement et de l’Aménagement<br />
Durables.<br />
1.4.3.3. Ecologie alimentaire.<br />
Le régime du butor étoilé est opportuniste et comprend des poissons, des insectes<br />
et leurs larves, des crustacés, des serpents et des petits mammifères, voire des oiseaux<br />
et leurs poussins (Verheyen, 1948; Cramps & Simmons, 1977; Hancock & Kushlan,<br />
1989). D’autres proies viennent compléter son régime alimentaire comme les batraciens<br />
(grenouilles et tritons), des vers, des sangsues et des mollusques (Géroudet, 1978). Les<br />
juvéniles se nourriraient surtout de têtards (Hancock & Kushlan, 1989) mais quelques<br />
études font état d’exception : en Russie, par exemple, un oisillon au nid ne se<br />
nourrissait que de rongeurs aquatiques (Dement'ev & Gladkov, 1951). La taille des<br />
proies peut atteindre celle du râle d’eau (Géroudet, 1978). Les poissons constituent<br />
toutefois l’essentiel de son alimentation et en particulier des cyprinidés. Les butors<br />
sélectionnent des espèces bien particulières et des poissons aux dimensions bien<br />
précises. Les régurgitats des jeunes étudiés en Angleterre sont composés essentiellement<br />
de rotengles, Scardinius erythrophthalmus, entre 6 et 10 cm et d’anguilles inférieures à<br />
100 grammes (Gilbert et al., 2003). En Italie, l’analyse par vidéo et l’analyse des<br />
régurgitats dans les rizières montrent une prédominance d’amphibiens et d’insectes<br />
aquatiques. La vidéo sur un autre site a permis d’identifier 33 proies dont 32 de<br />
poissons de 6 cm à 18 cm et 1 grenouille (Puglisi, 1998). En Suisse, il est fait mention<br />
<strong>EPHE</strong> Banque de Monographies SVT 12