de l'économie

12 Lundi 17 septembre 2012
DE RESTRUCTURATION EN RÉAMÉNAGEMENT
Logement : les raison d’une crise institutionnalisée
Par
Amine Echikr
Le rapport des Algériens à leur logement
laisse dubitatif les observateurs et invités
étrangers. L’Algérie est considérée
comme le seul pays au monde à offrir, quasi gratuitement,
les logements à ses citoyens. Le président
de la République, conscient de la crise
aiguë qui frappe ce secteur précis, a lancé un des
chantiers les plus coûteux pour le budget de
l’Etat avec plusieurs millions de logements à
réaliser en quelques années.
Les différents ministres qui se sont succédé à
la tête de ce département sensible ont tenté plusieurs
schémas d’organisation et ont fait preuve
d’une boulimie de textes, sans résultats probants
pour une bonne partie des citoyens. Cette «tension»
sur ce «droit au logement» est due aux
échecs de tous les nouveaux outils et politiques
mis en place.
Les Offices de promotion et de gestion
immobilière (Opgi), les entreprises de promotion
du logement familial (ex-Eplf actuellement
Enpi), l’Agence nationale du développement et
de l’amélioration du logement, plus connue sous
l’e sigle Aadl, ont suscité beaucoup d’espoirs à
leur création. A ces organismes publics, il
convient d’ajouter une multitude d’entreprises
privées qui interviennent dans ce secteur. Pourtant,
les restructurations et les réalisations ne
parviennent pas à diminuer une tension certes
moins importante mais persistante.
Le fait de considérer le logement comme un
droit et non pas comme un bien, au niveau de
l’Etat, et de l’offrir aux citoyens poussent les
spéculateurs à surfer sur la réglementation et à
s’enrichir de manière indue et au détriment
d’autres citoyens.
Le financement des différents programmes
de réalisation ne pose pas de problèmes. Ce que
l’Opgi ne peut pas, le budget de l’Etat y pourvoira.
Les Opgi n’arrivent toujours pas à
récupérer les loyers dus par 60% des locataires.
Ils continuent à tenter de vendre les logements
réalisés avant 2004, sans que l’on sache si l’opération
a eu du succès. La sous-location fait rage
sans que des sanctions soient prises. Un état
DE L’ÉCONOMIE
anarchique régit le logement social.
Au niveau de l’ Enpi (ex-Eplf), le rythme de
réalisation est lent et les logements supposés de
qualité supérieure ne sont accessibles que pour
ceux et celles qui justifient de revenus élevés.
Les logements Enpi sont cédés presque aux prix
du marché. Mais la nature bureaucratique de
cette entreprise fait que le plan de charge dépend
de la tutelle. La réforme n’a pas changé la mentalité,
juste l’appellation. Les pratiques restent
les mêmes. Elles vont de la difficulté à trouver
un terrain jusqu’au piston lors de la vente sur
plan en passant par les difficultés à trouver des
financements. Ces entraves structurelles font que
l’Enpi ne dispose que d’une faible marge de
manœuvre pour réaliser des logements et contribuer
à réduire fortement la spéculation et la
demande.
Par
Youcef Salami
MALGRÉ le fait que la réglementation qui
s’y applique ait été modifiée, et à plusieurs
reprises, les marchés publics ne profitent pas à
toutes les entreprises nationales. Des entreprises,
indépendamment des secteurs d’activités,
contestent cette réglementation, estimant qu’elle
est contraignante et pas claire. Conséquence, des
entreprises publiques, économiques ont perdu
des marchés et dans des secteurs importants,
comme le Btph, car cette réglementation n’est
pas «appropriée», selon des gestionnaires.
Exemple : Le nouveau code des marchés stipule
que la passation de marché doit être soumise au
contrôle des organes externes. Mais qui, de la
SGP, du CP, ou d’autres organes, est habilité à
le faire ? Dans pareille situation, entourée de
flou, les gestionnaires perdent leur temps dans
l’approximatif, pendant que des concurrents
épluchent des appels d’offres intéressants et que
d’autres se préparent à la compétition. Une
situation pesante ; qui n’a pas été sans consé-
DOSSIER
L’Aadl a été l’une des opérations de communication
les plus réussies dans le secteur de l’habitat.
A travers la location-vente, la crise du
logement devait s’estomper et les Algériens
accéder rapidement à la propriété. Il n’en fut
rien ! Comme toute opération de communication
rondement menée, la location-vente a suscité un
véritable engouement. Un engouement qui s’est
vite transformé en tracas pour l’Agence et en
déceptions pour certains souscripteurs. Pas de
réserve foncière, un outil de réalisation obsolète
et des surcoûts parfois inexplicables. Les délais
de réalisation de la majorité des nouveaux
ensembles ont été largement dépassés et il a été
procédé à une réorganisation du rôle de
l’Agence. Quand aux promoteurs privés, il est
évident que leur objectif n’est pas de résorber la
crise du logement mais de faire des profits.
RÉGLEMENTATION ET MARCHÉS PUBLICS
Des EPE hors course
quence sur la gestion des EPE : Certains gestionnaires
ont tout simplement demandé à être
déchargés de leur mission. La situation est
davantage compliquée pour les entreprises
publiques exerçant dans le secteur de la distribution
et qui sont soumises au nouveau code des
marchés, version 2012. Il est connu que ces
entreprises ont besoin de contrats d’approvisionnements
à l’année; mais cela leur semble difficile.
Ces sociétés ont la possibilité d’engager des
contrats-programmes sur un ou deux ans. Il y a
aussi la question du fractionnement des
marchés ? C’est une problématique qui reste
pendante. Il est des entreprises qui ont été disqualifiées,
mises hors-jeu, dans des opérations
de «lotissement», de fractionnement, en raison
de procédures confuses. En théorie, une entreprise
a, certes, le droit de soumissionner pour un
ensemble de lots, à condition que chaque lot ne
dépasse pas le seuil des quatre millions de
dinars, ou huit millions de dinars, cela est possible.
Simplement, dans la pratique, il y a une
sorte d’incohérence, dont se plaignent des gestionnaires
d’entreprises. Des sociétés candidates
Si la crise du logement persiste, c’est en raison
même de la définition du logement et de l’immobilier.
Les prix de cession sont uniformisés
quel que soit la wilaya, la nature du sol, les coûts
de réalisation et la demande. Le «besoin» ou le
«bien» n’est pas marchand mais bel et bien un
«droit» régi par les politiques. Les Assemblées
populaires communales ou de wilaya n’ont plus
aucun rôle ni responsabilité dans la réalisation,
l’entretien ou le marché. Le secteur est donc
géré de manière politique et non marchande. Il
s’agit là d’une des raisons qui font que la spéculation
est forte, le logement rare et souvent inoccupé.
Toutes les réorganisations des entreprises
censées être actrices du marché n’y pourront
rien. Les «droits» n’ont pas de prix et ne peuvent
être soumis à la loi du marché. A. E.
à des marchés ont vu carrément leurs offres
rejetées, parce qu’on leur a signifié que l’ensemble
des lots pour lesquels elles ont fait des
offres dépassent, en valeur, le seuil toléré par le
gré à gré. En théorie, le nouveau code des marchés
publics recadre réellement le gré à gré. La
nouvelle réglementation met en évidence le fait
que l’annulation de toute procédure de passation
de marchés publics, lorsque les montants
des offres sont excessifs, ne constitue pas un cas
d’infructuosité. Le service contractant est tenu,
dans ce cas, de «relancer» la procédure d’appel
d’offres. Le recours au gré à gré par le service
contractant, après consultation, doit se faire sur
la base d’un cahier des charges soumis, préalablement
au lancement de la consultation, au visa
de la commission des marchés compétente. Le
nouveau code explique la procédure : Si aucune
offre ou seulement une offre est réceptionnée ou
si, après évaluation des offres reçues, aucune
offre ou seulement une offre est préqualifiée
techniquement, la procédure de gré à gré après
consultation est déclarée infructueuse.
Y. S.
Photo : S. Zoheir
IL A CONTRIBUÉ ÉLA RÉALISATION DE NOMBREUX PROJETS STRUCTURANTS
Cosider : l’arbre qui cache la forêt
Par
Smaïl Boughazi
Après de nombreuses années de difficultés
à tous les niveaux, le groupe public
Cosider est revenu de loin. Une conjoncture
économique aidant, ce groupe a réussi ces
dernières années à se relever et se lancer dans la
réalisation de nombreux grands projets en
Algérie. Ce groupe associé dans tous les projets
structurants du pays symbolise aujourd’hui les
capacités des entreprises algériennes dans le
domaine. Cette entité a connu une évolution
remarquable, reflétant dans certaines phases les
orientations économiques du gouvernement.
Son importance sur le terrain a été singulièrement
notable ces dix dernières années. Le
groupe a participé à la réalisation du métro, de
l’autoroute Est-Ouest et aux différents projets
d’envergure qu’a lancés le pays.
Cette présence sur le terrain ne devrait pas en
revanche occulter une autre vérité, celle du
manque d’entreprises de cette taille sur le
marché local. En fait, l’Algérie recourt régulièrement
aux prestations de groupes internationaux
pour la réalisation de grandes
infrastructures en raison particulièrement du
manque d’expérience des entreprises locales et
leur faible apport technologique.
C’est en réalité l’une des faiblesses du secteur
du Btph à forte valeur ajoutée et en croissance
constante. L’Algérie a longtemps souffert
de ce handicap que représente l’inexistence de
groupes capables de réaliser des infrastructures
géantes avec leurs propres moyens. L’émergence
du groupe Cosider comme l’un des champions
nationaux dans le bâtiment et la
construction de projets structurants n’a fait que
conforter les thèses de certains observateurs qui
pensent que ce genre de géants sont nécessaires
et représentant la force motrice de l’économie.
Le groupe a montré également que malgré les
nombreuses réalisations de l’Algérie, peu d’entités
ont réussi à acquérir le savoir-faire et les
nouvelles technologies. Le recours du pays aux
DE L’ÉCONOMIE Lundi 17 septembre 201213
DOSSIER
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entreprises étrangères et surtout chinoises dans
le domaine du bâtiment en est la preuve.
Pour revenir à Cosider qui se positionne dans
le bâtiment comme une locomotive, il y a lieu de
rappeler que le groupe a été créé en 1979 sous
Photo : DR
forme de société d’économe mixte par la Société
nationale de sidérurgie (S.N.S.) et le groupe
danois Christiani et Nielsen.
En 1982, il devient une filiale à 100% de la
SNS suite au rachat par cette dernière des
actions du partenaire Danois et, en 1984, il est
transformé en entreprise nationale placée sous
tutelle du ministère de l’Industrie lourde avant
de devenir, en 1988, une société par actions. En
1995, le groupe a été filialisé afin de mieux rentabiliser
ses différentes activités et d’optimiser
son rendement.
Le groupe qui occupe actuellement la première
place du Btph en Algérie et la cinquième
en Afrique pèse quelque 60 milliards de dinars
de chiffre d’affaires et plus de 18 500 collaborateurs.
Le groupe a engagé, par ailleurs, de nombreuses
actions de modernisation qui ont pour
résultat de quintupler ses activités et sortir de la
situation de déficit pour réaliser des profits
dépassant les 10 milliards de dinars (2009). Il a
pu multiplier par plus de dix ses fonds propres
qui représentent dès 2010 plus de cinq fois le
montant de son capital souscrit et d’augmenter
le nombre des employés à près de 19 000 collaborateurs
et, enfin, de participer à la concrétisation
des principaux programmes nationaux.
Selon les prévisions des responsables, le groupe
projette une évolution moyenne de l’activité de
15%. L’activité dégagée pour l’exercice 2013
couvert par un plan de charge disponible avoisinera,
selon le P-dg du groupe, le montant de
100 millions de dinars et, afin de poursuivre sa
politique de formation permanente et d’un recrutement
complémentaire ciblé et orienté vers les
postes de haute qualification, d’encadrement et
de maîtrise le montant de l’investissement prévu
dépassera les 16 millions de dinars. S. B.