de l'économie
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10 Lundi 17 septembre 2012<br />
QUE CE SOIT DANS L’HABITAT, LES AUTOROUTES OU L’AMÉNAGEMENT URBAIN<br />
La main mise <strong>de</strong>s entreprises chinoises<br />
Par<br />
Bahia Aliouche<br />
Depuis l’an 2000, l’Algérie a lancé,<br />
<strong>de</strong>s chantiers dans le cadre <strong>de</strong>s<br />
programmes d’investissements<br />
publics. Des chantiers qui ont touché plusieurs<br />
secteurs notamment le bâtiment,<br />
travaux publics et hydraulique (Btph).<br />
Le manque d’expérience et <strong>de</strong><br />
savoir-faire chez les entreprises algériennes<br />
pour la réalisation <strong>de</strong> ces infrastructures<br />
a poussé les pouvoirs publics à<br />
recourir aux entreprises étrangères. Elles<br />
sont nombreuses à avoir soumissionné à<br />
ces projets pour, avant <strong>de</strong> finir, rafler la<br />
mise. Ce n’est pas le cas uniquement<br />
pour les réalisations mais aussi pour les<br />
étu<strong>de</strong>s. Ce qui explique l’attribution <strong>de</strong><br />
ces projets aux entreprises étrangères<br />
notamment chinoises. Que ce soit dans<br />
l’habitat, les routes et autoroutes ou dans<br />
l’aménagement urbain, les entreprises<br />
chinoises ont pratiquement raflé tous les<br />
marchés. Les exemples sont nombreux.<br />
Le projet <strong>de</strong> parachèvement<br />
du terminal international Houari-<br />
Boumediene a été confié en 2003 au<br />
groupe chinois Cscec pour un montant <strong>de</strong><br />
2,6 milliards <strong>de</strong> dollars.<br />
Ce groupe a arraché par la suite la<br />
réalisation du nouveau siège du ministère<br />
<strong>de</strong>s Affaires étrangères, celui du Conseil<br />
constitutionnel, la construction <strong>de</strong> l’hôtel<br />
Sheraton à Alger ainsi que <strong>de</strong>s dizaines<br />
<strong>de</strong> projets <strong>de</strong> logements sociaux à Alger,<br />
Sétif, Annaba, Constantine, Oran. La<br />
Cscec possè<strong>de</strong> actuellement <strong>de</strong>s chantiers<br />
dans presque toutes les wilayas du pays.<br />
Les tronçons ouest et centre <strong>de</strong><br />
l’autoroute Est-Ouest, ont été confiés en<br />
2006 au groupe Chinois Citic/Crcc.<br />
Dans le courant du mois d’octobre<br />
2011, les Chinois ont raflé <strong>de</strong>ux grands<br />
marchés à savoir celui <strong>de</strong> la réalisation <strong>de</strong><br />
la Gran<strong>de</strong> mosquée d’Alger, troisième<br />
plus grand édifice religieux au mon<strong>de</strong>,<br />
confié à la China State Construction<br />
(Cscec), pour un montant d’un milliard<br />
d’euros ainsi que le mégaprojet <strong>de</strong> production<br />
<strong>de</strong> matières premières <strong>de</strong>stinées à<br />
<strong>de</strong>s médicaments. Une fois réalisé, cette<br />
DE L’ÉCONOMIE<br />
infrastructure permettra à l’Algérie <strong>de</strong><br />
<strong>de</strong>venir à terme «une plaque tournante<br />
pour le Moyen-Orient et l’Afrique du<br />
Nord», en matière <strong>de</strong> médicaments.<br />
Pour la réalisation <strong>de</strong>s grands projets<br />
dans le cadre du programme quinquennal<br />
2010-2014 un savoir-faire en matière <strong>de</strong><br />
gestion et une haute technologie est <strong>de</strong><br />
mise pour le gouvernement. Il s’agit à<br />
titre d’exemple <strong>de</strong>s projets <strong>de</strong> réalisation<br />
<strong>de</strong> milliers <strong>de</strong> logements ainsi que <strong>de</strong>s<br />
infrastructures complexes à l’exemple<br />
<strong>de</strong>s tours. La part <strong>de</strong>s sociétés étrangères<br />
dans les programmes <strong>de</strong> logement<br />
2010-2015 est <strong>de</strong> 8%, d’après l’exministre<br />
<strong>de</strong> l’Habitat qui avait souligné<br />
que durant le quinquennat 2005/2009,<br />
les sociétés étrangères ont réalisé<br />
72 000 logements, soit 7% sur le million<br />
d’unités officiellement réalisées.<br />
Ce qui explique le recours aux<br />
entreprises étrangères est la structure<br />
faible <strong>de</strong>s entreprises nationales et leur<br />
incapacité à gérer les grands projets, ce<br />
DOSSIER<br />
qui a laissé gran<strong>de</strong>ment le terrain libre<br />
à leurs homologues étrangères pour<br />
l’investir.<br />
Généralement, ces entreprises sont<br />
quasiment <strong>de</strong> catégorie I et emploient<br />
moins <strong>de</strong> 9 travailleurs.<br />
Selon les chiffres du ministère <strong>de</strong><br />
l’Habitat, sur les quelque 35 000 entreprises,<br />
recensées en 2012 et qualifiées<br />
pour prendre <strong>de</strong>s marchés publics,<br />
346 seulement sont capables <strong>de</strong> prendre<br />
<strong>de</strong>s grands projets. B. A.<br />
PRINCIPALE CAUSE DANS LE RETARD DE LIVRAISON DES ÉTABLISSEMENTS SCOLAIRES<br />
Mauvaise sélection <strong>de</strong>s entreprises <strong>de</strong> réalisation<br />
Par<br />
Ziad Ab<strong>de</strong>lhadi<br />
LA PROBLÉMATIQUE <strong>de</strong> la<br />
surcharge <strong>de</strong>s classes est revenue avec<br />
plus d’acuité en cette rentrée <strong>de</strong>s classes<br />
2012. C’est inéluctablement la conséquence<br />
d’un déficit criard en matière <strong>de</strong><br />
réalisation <strong>de</strong> nouveaux établissements<br />
scolaires tous paliers confondus. Un<br />
constat <strong>de</strong> terrain qui pousse à croire que<br />
la vitesse d’exécution <strong>de</strong>s projets <strong>de</strong><br />
construction d’unités pédagogiques est<br />
loin <strong>de</strong> suivre le rythme <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> en<br />
la matière. C’est pourtant la triste vérité et<br />
c’est encore plus inquiétant quand on sait<br />
que les lenteurs <strong>de</strong> livraison produisent<br />
les mêmes effets : ils pénalisent en premier<br />
lieu les élèves puis les enseignants.<br />
Pour cette année, c’est surtout le troisième<br />
palier <strong>de</strong> l’éducation qui a été mis à ru<strong>de</strong><br />
épreuve. Le flux massif <strong>de</strong>s élèves arrivés<br />
<strong>de</strong>s collèges s’est traduit inexorablement<br />
par une surcharge <strong>de</strong>s classes <strong>de</strong> 1re As<br />
dans plus, selon le CLA (Conseil <strong>de</strong>s<br />
lycées d’Algérie), <strong>de</strong> 10 wilayas du pays.<br />
Il a été enregistré, en effet, <strong>de</strong>s classes<br />
avec pas moins <strong>de</strong> 50 élèves. C’est surtout<br />
à l’intérieur du pays que les proviseurs <strong>de</strong><br />
lycées se retrouvent dans l’incapacité <strong>de</strong><br />
gérer cette situation car les solutions <strong>de</strong><br />
l’immédiat sont pratiquement inexistantes.<br />
C’était, pourtant, prévisible du fait<br />
du chevauchement <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux promotions<br />
d’une part et du taux élevé <strong>de</strong> réussite<br />
d’autre part, soutient-on du côté du CLA.<br />
Ce <strong>de</strong>rnier a aussi fait savoir dans un <strong>de</strong><br />
ses <strong>de</strong>rniers communiqués à propos <strong>de</strong> la<br />
problématique <strong>de</strong> la surcharge <strong>de</strong>s classes<br />
qui a caractérisé la rentrée scolaire que<br />
<strong>de</strong>puis 2003 ce sont 600 lycées qui ont<br />
été inscrits dans les différents programmes<br />
<strong>de</strong> réalisation mais déplore qu’à<br />
ce jour aucun n’a été livré au moment où<br />
la croissance annuelle dans le troisième<br />
palier est <strong>de</strong> 50 000 nouveaux inscrits en<br />
1 re As. Il <strong>de</strong>vient donc évi<strong>de</strong>nt que le secteur<br />
<strong>de</strong> l’Education souffre tout à la fois<br />
du manque et du retard <strong>de</strong> livraison<br />
d’unités pédagogiques. Des lenteurs qui<br />
sont certainement pas dues au manque <strong>de</strong><br />
financement puisque tous les projets <strong>de</strong><br />
réalisation sont inscrits dans les plans<br />
quinquennaux. Faut-il rappeler dans ce<br />
cadre que dans l’actuel plan quinquennal<br />
il est prévu plus <strong>de</strong> 2 000 projets <strong>de</strong> bâtiments<br />
tertiaires concernant surtout l’enseignement<br />
supérieur et l’éducation<br />
nationale (71%). On peut donc incomber<br />
cette lenteur manifeste dans la réalisation<br />
<strong>de</strong> nouveaux établissements scolaires aux<br />
entreprises du BTPH qui, le plus souvent,<br />
sont structurellement faibles pour mener à<br />
terme la construction d’un lycée où bien<br />
leur taille est limitée, leur organisation et<br />
leur gestion <strong>de</strong>meurent faibles. Toujours<br />
au registre <strong>de</strong>s raisons du retard <strong>de</strong><br />
livraison, les entrepreneurs titulaires <strong>de</strong><br />
marchés se plaignent souvent <strong>de</strong>s crises<br />
sur le ciment et du fait <strong>de</strong> ne pas trouver<br />
sur le marché du travail la main-d’oeuvre<br />
requise par leur secteur d’activité. Autre<br />
phénomène qui retar<strong>de</strong> la concrétisation<br />
<strong>de</strong>s projets <strong>de</strong> réalisation d’unités pédagogiques<br />
: la mauvaise sélection <strong>de</strong>s candidats<br />
soumissionnaires <strong>de</strong>s avis d’appel<br />
d’offres. Des cas pareils, il en existe par<br />
centaines. Et pour preuve : n’a-t-on pas<br />
lu dans les pages <strong>de</strong> quotidiens nationaux<br />
<strong>de</strong>s placards <strong>de</strong> mise en <strong>de</strong>meure aux<br />
entrepreneurs <strong>de</strong> reprendre les travaux<br />
sous peine <strong>de</strong> poursuites judiciaires. Elles<br />
sont en effet nombreuses les entreprises<br />
ayant gagné un marché public sans pour<br />
autant avoir les capacités <strong>de</strong> mener à<br />
terme les travaux. Et quand bien même<br />
les pouvoirs publics sont gran<strong>de</strong>ment responsables<br />
<strong>de</strong> la gestion <strong>de</strong> la comman<strong>de</strong><br />
publique, ils n’arrivent toujours pas à se<br />
défaire <strong>de</strong> la mauvaise sélection dans<br />
l’octroi <strong>de</strong>s marchés publics sous la<br />
formule du gré à gré. Celle-ci a été érigée<br />
en règle alors que dans tout co<strong>de</strong> respectable<br />
<strong>de</strong> marché public, le gré à gré doit<br />
être une exception. Il faut aussi dire que le<br />
donneur d’ordre préfère les marchés <strong>de</strong><br />
gré à gré sous prétexte <strong>de</strong> l’urgence. Ce<br />
qui est le cas dans le secteur <strong>de</strong> l’éduction<br />
où les délais <strong>de</strong> réalisation d’établissements<br />
scolaires doivent être respectés<br />
pour éviter tout chamboulement à la rentrée<br />
<strong>de</strong>s classes. Il reste que <strong>de</strong> nombreux<br />
chantiers ne sont jamais livrés dans les<br />
délais exigés ce qui pousse les directions<br />
<strong>de</strong> l’éducation à gérer du mieux qu’elles<br />
peuvent le déficit en salles <strong>de</strong> classe.<br />
C’est pour dire, enfin, qu’il est temps <strong>de</strong><br />
se pencher sérieusement sur ces retards à<br />
répétion dans la livraison d’unités pédagogiques<br />
en commençant bien évi<strong>de</strong>ment<br />
par fixer <strong>de</strong>s conditions draconiennes en<br />
vue d’éliminer les entreprises qui n’ont<br />
pas donné les preuves <strong>de</strong> leur capacité <strong>de</strong><br />
maîtrise dans leur corps <strong>de</strong> métier. Une<br />
exigence qui <strong>de</strong>vrait dans l’immédiat<br />
<strong>de</strong>venir une règle incontournable si l’on<br />
veut ne plus rencontrer <strong>de</strong>s classes<br />
surchargés et, <strong>de</strong> ce fait, éliminer les<br />
raisons <strong>de</strong> la médiocrité qui s’est installée<br />
dans le système éducatif. Z. A.<br />
Photo : Riad