de l'économie

DOSSIER DE L’ÉCONOMIE Lundi 17 septembre 2012 11
RÉALISATION DES PROGRAMMES DU BTPH
Le privé s’implique mais fait
face à de grandes contraintes
Par
Badiâa Amarni
Le secteur du Bâtiment des travaux
publics et hydraulique (Btph)
connaît actuellement un grand
essor au vu des grands chantiers lancés au
niveau de l’ensemble du territoire
national. Programme de 1 million de
logements, grandes infrastructures routières
et hydrauliques barrages sont
lancées pour le quinquennat 2009-2014 et
un grand marché s’offre aux entreprises
nationales aussi bien publiques que
privées. Un marché dans lequel interviennent
aussi des sociétés étrangères dont
beaucoup sont vues comme des concurrents
à part entière à l’exemple des entreprises
chinoises dans le bâtiment et dont
d’aucune ne peuvent négliger l’efficacité
et surtout la rapidité dans l’exécution.
L’entreprise privée est impliquée dans ce
programme de réalisation de logements
mais fait en contrepartie face à beaucoup
de contraintes.
En effet un nombre important d’entres
elles sont à l’arrêt depuis une année ou
une année et demie et sont en plus
«contraintes à payer des charges fiscales
et parafiscales qui risquent de les
asphyxier et qui les poussera à mettre la
clé sous le paillasson si elles n’ont pas de
plan de charge». C’est là une réalité évoquée
par le premier responsable de
l’Association générale des entrepreneurs
algériens (Agea) M. Mouloud Kheloufi.
A chaque fois que ces sociétés soumissionnent,
elles n’arrivent pas à décrocher
des marchés d’où la nécessité pour cette
organisation patronale «de créer un
observatoire national des entreprises»
pour avoir une meilleure visibilité de
celles qui exercent et celles qui ont arrêté
leur activité continuant quand même «à
subir des charges» pour pouvoir toujours
être à niveau et être au rendez-vous des
appels d’offres nationaux et internationaux.
L’Agea qui est face à la crise où se
débattent ces entreprises, avait proposé en
septembre 2010 l’octroi de 1 000 à
2 000 projets au gré à gré pour leur permettre
de travailler et de permettre de
préserver leur outil de travail et faire
vivre de nombreuses familles, rappelle
M. Kheloufi. Or, il se trouve et toujours
selon lui qu’aucune suite n’a été donnée à
cette doléance depuis cette date-là et
constate que les plus gros projets, et
comme d’habitude, sont attribués aux
sociétés chinoises. Notre interlocuteur
parle de 20 000 logements en réalisation
par ces entreprises alors qu’un pourcentage
de 35 à 40% des 177 000 entreprises
privées du Btph sont au chômage depuis
2011.
L’éternel problème des
matériaux de construction
En appelant les autorités à charge de
ce secteur de se pencher sur cette problématique,
l’Agea revendique de mettre en
place une politique fiscale simplifiée et
saine et estime que ce n’est pas en
Photo : DR
étranglant les entreprises que le trésor
public renflouera ses caisses. A toutes ces
contraintes s’ajoutent les pénuries à
répétition des matériaux de première
nécessité notamment le ciment.
Ce dernier matériau et malgré les efforts
énormes consentis pour alimenter le
marché, continue parfois si ce n’est plus
souvent, à se vendre au prix fort au
niveau du marché noir. C’est, entre
autres, unes des raison qui font que les
travaux accusent du retard au niveau des
chantiers. Les exemples ne manquent pas
et de nombreuses protestations ont lieu à
chaque fois pour dénoncer les retards de
livraison des logements dus non seulement
au manque de financements mais
aussi à la pénurie des matériaux de
construction. A propos du ciment, le président
de l’Agea a signalé qu’après le
mois de Ramadhan les entreprises de réalisation
ont commencé à augmenter la
cadence de travail sur chantier car les
cimenteries ont augmenté, elles aussi,
leurs capacités de production, et la
distribution au niveau du Gica se fait
normalement, même si le phénomène de
spéculation continue d’exister sur le
matériau Toujours à propos de ce chapitre
des matériaux, l’Agea propose à ce
que le nouveau gouvernement réfléchisse
à un matériau d’embellissement des
façades pour durer plus dans le temps et
rendre plus gais nos bâtiments.
M. Kheloufi évoque le granit dont le prix,
selon lui, coûte moins cher que l’enduit et
la peinture, deux matériaux qui se dégradent
rapidement donnant l’apparence de
vieilles cités même lorsqu’il s’agit d’une
construction flambant neuf qui n’a été
livrée que depuis deux années. Devant
toutes les contraintes auquelles font face
les sociétés privées qui se sentent lésées,
les autorités à charge du secteur se doivent
de se pencher de plus près sur le
dossier pour leur permettre de participer
pleinement dans le programme de développement
du pays, du moins à celles qui
sont respectueuses des lois et celles qui
sont à niveau réalisant des bâtiments ou
des ouvrages répondants aux normes
requises. B. A
LA MISE ÉNIVEAU DES ENTREPRISES SELON LE
PRÉSIDENT DE L’AGEA
«Nous n’admettrons aucune tricherie»
Le président national de l’Agea nous fera savoir que 350 entreprises membres de
l’association sont éligibles à la mise à niveau. M. Kheloufi sans mâcher ses mots dira
que son organisation suivra à la lettre l’application de cette mesure, et que si des
tricheries sont observées au niveau des bureaux d’études qu’ils soient publics, privés
ou étrangers, elles seront dénoncées. «L’Agea n’admettra aucune tricherie et nous
seront intransigeants sur ce dossier sur lequel nous avons travaillé depuis déjà huit
longues années», avertit son président. Et d’ajouter que ce n’est pas parce que ces
bureaux sont agréés par l’Andpme (Agence nationale de développement de la PME)
qu’«ils échapperont à la sanction».«La mise à niveau représentera un démarrage de
l’économie algérienne et les bureaux d’études se doivent d’être structurés pour
faire face à ce grand programme», conclut le président de l’Agea. B. A.
Photo : S. Zoheir