Recherches thérapeutiques VIH/sida : Enjeux éthiques - Arcat
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Dans le choix même de l’objectif, il y a une exigence scientifique. Nous<br />
sommes dans une pathologie dont la connaissance est imparfaite – c’est<br />
une évidence – et aussi très évolutive, ceci nécessite donc, lorsque l’on<br />
débute un essai, de réunir toutes les données disponibles et,<br />
éventuellement, de savoir renoncer à un essai pertinent il y a quelques<br />
mois mais qui ne l’est plus au moment de le débuter ou parce que l’on<br />
sait, en tout état de cause, que la réponse attendue arrivera trop tard et<br />
sera caduque. Dans la définition des critères de jugement cliniques, par<br />
exemple, les délais sont tels que les réponses peuvent effectivement<br />
arriver trop tard. L’objectif est d’apporter aux personnes malades un<br />
bénéfice, à court, moyen ou long terme, ce qui autorise à faire des essais<br />
sur des volontaires sains, par exemple, pour lesquels il n’y a pas de<br />
bénéfice immédiat, mais qui s’inscrivent dans des bénéfices à long terme.<br />
Il est nécessaire d’éviter les essais redondants, l’essai pour l’essai ou,<br />
quelquefois, l’essai pour une publication supplémentaire.<br />
Vers plus de transparence et de vigilance<br />
Il y a le choix de l’objectif et l’impact financier. Il y a effectivement les<br />
exigences du marché. Il y a la nécessité d’obtentions des critères d’AMM<br />
pour les industriels. Il y a aussi le verdict des analystes financiers. C’est<br />
une réalité de notre monde, il ne faut pas l’oublier. Cela peut aboutir à<br />
des essais d’intérêt scientifique relativement limité. Par exemple<br />
l’évaluation d’un antiviral à seize semaines n’a pas grand intérêt dans la<br />
connaissance d’une maladie de longue durée, en revanche, cela peut<br />
permettre l’obtention de l’AMM. À ce moment-là, il faut le dire et bien<br />
placer cet essai comme celui d’une molécule et ne pas le recouvrir d’un<br />
pseudo vernis scientifique.<br />
On peut aller plus loin. Il y a des essais qui comportent des associations<br />
« incestueuses » entre les molécules d’un même laboratoire. Il est<br />
évident qu’il va falloir être très vigilants, surtout lorsque l’on observe<br />
les grandes concentrations actuelles, ne pas donner la préférence à de<br />
telles associations par rapport à d’autres qui pourraient être plus<br />
efficaces. Il est même possible d’imaginer une distorsion de l’objectif à<br />
l’encontre de l’intérêt de la personne malade. Par exemple, le choix entre<br />
une association de molécules simple à prendre, très confortable, versus<br />
une autre association un peu moins confortable mais plus efficace. Il est<br />
évident que l’impact du confort sur les lois du marché sera beaucoup plus<br />
important que le bénéfice médical à long terme, il faut en avoir<br />
conscience. Les médecins et les scientifiques doivent être là les garants et<br />
prendre leurs responsabilités. Il est nécessaire de réfléchir à<br />
l’indispensable équilibre entre l’exigence scientifique, l’intérêt des<br />
personnes malades et la contrainte financière. En effet, il n’est pas non<br />
plus impossible de voir des essais, sans beaucoup plus d’ambition que<br />
l’essai lui-même, promu par des organismes dont c’est la raison<br />
financière d’exister. Je crois que dans ce domaine aussi, il faut être<br />
vigilant.<br />
<strong>Recherches</strong> <strong>thérapeutiques</strong> <strong>VIH</strong>-<strong>sida</strong> : <strong>Enjeux</strong> <strong>éthiques</strong> 20