Syllabus de grec ancien - Athénée Léon Lepage
Syllabus de grec ancien - Athénée Léon Lepage
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La maïeutique<br />
En <strong>grec</strong>, maieutiké signifie « l’art <strong>de</strong> faire accoucher ». Socrate a appliqué cette expression au fait <strong>de</strong> faire<br />
accoucher l’esprit <strong>de</strong>s citoyens <strong>grec</strong>s : en dialoguant avec les autres Athéniens, Socrate tente <strong>de</strong> leur faire<br />
comprendre qu’ils font erreur sur ce qu’ils sont persuadés <strong>de</strong> savoir, sur leurs préjugés philosophiques. En<br />
réalité, Socrate se contente <strong>de</strong> poser énormément <strong>de</strong> questions jusqu’à ce que son interlocuteur se contredise<br />
seul, ce qui démontre que ce qu’il pense savoir n’est pas sûr.<br />
L’ironie<br />
Socrate pratique aussi régulièrement l’ironie : il feint l’ignorance pour mieux interroger ses concitoyens et,<br />
lorsque ceux-ci lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt ce qu’il en pense, le philosophe se contente <strong>de</strong> répondre « Tout ce que je sais,<br />
c’est que je ne sais rien ».<br />
Le daïmon<br />
Socrate parlait régulièrement <strong>de</strong> son démon (daïmon en <strong>grec</strong> ; le terme pourrait se comprendre comme « le bon<br />
génie »). Il ne s’agit pas d’un monstre comme on l’entend aujourd’hui, mais plutôt d’une sorte d’ange gardien<br />
intellectuel, une conscience morale qui lui « parle » et le gui<strong>de</strong> dans ses choix en lui disant ce qu’il ne doit pas<br />
faire.<br />
DIALOGUE SOCRATIQUE<br />
Le texte suivant est un exemple <strong>de</strong> dialogue socratique dans lequel, au nom <strong>de</strong> la maïeutique, Socrate<br />
pratique la dialectique avec ironie.<br />
Socrate — Aspireriez-vous à cette science qui rend les hommes capables <strong>de</strong> gouverner les maisons et les<br />
États, <strong>de</strong> comman<strong>de</strong>r, d'être utiles aux autres et à eux-mêmes ?<br />
Euthydème — Oui, Socrate, c'est <strong>de</strong> cette science que j'ai grand besoin.<br />
Socrate — Par Jupiter! vous recherchez le plus beau et le premier <strong>de</strong>s arts ; c'est la science <strong>de</strong>s rois, et on<br />
l'appelle science royale. Mais avez-vous bien examiné s'il est possible d'y exceller sans être juste ?<br />
Euthydème — Oui, je l'ai examiné ; et <strong>de</strong> plus, je suis convaincu que sans la justice il est impossible d'être un bon<br />
citoyen.<br />
Socrate — Vous avez donc travaillé à <strong>de</strong>venir juste ?<br />
Euthydème — Je ne crois pas, Socrate, que personne passe pour plus juste que moi.<br />
Socrate — Et les hommes justes n'ont-ils pas leurs fonctions comme les artisans ont les leurs ?<br />
Euthydème — Oui, Socrate.<br />
Socrate — Et comme les artisans peuvent montrer leurs ouvrages, les hommes justes peuvent-ils exposer<br />
aussi les leurs ?<br />
Euthydème — Quoi! ne pourrais-je pas indiquer les œuvres <strong>de</strong> la justice ? J'indiquerais même celles <strong>de</strong> l'iniquité :<br />
tous les jours elles frappent nos yeux et nos oreilles.<br />
Socrate — Eh bien ! voulez-vous que nous écrivions ici un J, et là un I. Ce qui nous paraîtra l'œuvre <strong>de</strong> la<br />
justice, nous le placerons sous le J ; nous mettrons sous l'I ce qui nous paraîtra l'œuvre <strong>de</strong> l'iniquité.<br />
Euthydème — Faites, si vous le jugez nécessaire.<br />
30<br />
Socrate écrivit ces <strong>de</strong>ux lettres comme il le disait...<br />
Socrate — Ne trouve-t-on pas le mensonge parmi les hommes ?<br />
Euthydème — Oui.<br />
Socrate — Où le placerons-nous ?<br />
Euthydème — Sous la marque <strong>de</strong> l'injustice, apparemment.<br />
Socrate — Les hommes ne trompent-ils pas ?<br />
Euthydème — Sans doute.<br />
Socrate — Où placerons-nous la tromperie ?<br />
Euthydème — Encore du côté <strong>de</strong> l'injustice.<br />
Socrate — Et l'action <strong>de</strong> nuire aux autres ?<br />
Euthydème — De même.<br />
Socrate — Celle <strong>de</strong> réduire quelqu'un en servitu<strong>de</strong> ?<br />
Euthydème — Toujours <strong>de</strong> même.<br />
Socrate — Et <strong>de</strong> tout cela, ô Euthydème, rien du côté <strong>de</strong> ta justice ?<br />
Euthydème — Cela serait étrange.<br />
Deuxième séquence