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Le façonnage et l'usinage - Batiweb

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049-098-Façonnage <strong>et</strong> usinage_4 16/03/12 17:53 Page49<br />

par les Compagnons menuisiers<br />

<strong>et</strong> ébénistes du Devoir<br />

Introduction<br />

Du gabarit d’usinage au montage<br />

d’usinage<br />

<strong>Le</strong> calibrage d’un élément<br />

<strong>Le</strong> calibrage rectiligne<br />

<strong>Le</strong> <strong>façonnage</strong><br />

L’usinage<br />

<strong>Le</strong> chantournement<br />

<strong>Le</strong> <strong>façonnage</strong><br />

L’usinage<br />

<strong>Le</strong> délardement<br />

<strong>Le</strong> <strong>façonnage</strong><br />

L’usinage<br />

<strong>Le</strong> débillardement<br />

<strong>Le</strong> mortaisage<br />

<strong>Le</strong> <strong>façonnage</strong><br />

<strong>Le</strong> mortaisage droit<br />

<strong>Le</strong> mortaisage biais<br />

L’usinage<br />

La mortaiseuse à mèche <strong>et</strong> la mortaiseuse<br />

à bédane carré<br />

La mortaiseuse à chaîne<br />

La mortaiseuse à bédane simple oscillant<br />

La mortaiseuse à bédane triple<br />

<strong>Le</strong> tenonnage<br />

<strong>Le</strong> <strong>façonnage</strong><br />

<strong>Le</strong> tenon<br />

L’enfourchement<br />

L’usinage<br />

<strong>Le</strong> tenon<br />

L’enfourchement<br />

<strong>Le</strong>s assemblages à queues-d’aronde<br />

<strong>et</strong> à queues droites<br />

<strong>Le</strong> <strong>façonnage</strong><br />

L’usinage<br />

<strong>Le</strong> <strong>façonnage</strong> <strong>et</strong> l’usinage des entures<br />

en queue-d’aronde<br />

<strong>Le</strong> <strong>façonnage</strong> <strong>et</strong> l’usinage<br />

Sommaire<br />

L’usinage des assemblages<br />

à pièces rapportées<br />

<strong>Le</strong> tourillonnage<br />

L’assemblage à lamelles<br />

L’assemblage «Domino»<br />

L’assemblage à clé en double<br />

queue-d’aronde<br />

<strong>Le</strong>s assemblages à pièces rapportées<br />

métalliques<br />

<strong>Le</strong>s coupes rectilignes<br />

La coupe plein chant<br />

<strong>Le</strong> <strong>façonnage</strong><br />

L’usinage<br />

La coupe partielle<br />

<strong>Le</strong>s coupes d’ongl<strong>et</strong> <strong>et</strong> biaise partielles<br />

à une moulure<br />

<strong>Le</strong>s coupes d’ongl<strong>et</strong> <strong>et</strong> biaise partielles<br />

à deux moulures<br />

<strong>Le</strong>s croisillons<br />

<strong>Le</strong>s coupes curvilignes<br />

<strong>Le</strong> <strong>façonnage</strong><br />

L’usinage<br />

<strong>Le</strong> profilage<br />

<strong>Le</strong> <strong>façonnage</strong><br />

L’usinage<br />

<strong>Le</strong> réglage de l’arbre de toupie<br />

<strong>Le</strong> profilage de pièces rectilignes<br />

<strong>Le</strong> profilage de pièces courbes<br />

<strong>Le</strong> profilage arrêté<br />

L’entaillage<br />

<strong>Le</strong> <strong>façonnage</strong><br />

L’entaillage manuel dans le bois massif<br />

<strong>Le</strong> traçage<br />

L’évidement<br />

L’usinage<br />

Conclusion<br />

49


049-098-Façonnage <strong>et</strong> usinage_4 16/03/12 17:53 Page50<br />

1. Voir l’Encyclopédie<br />

des Métiers. La menuiserie,<br />

tome 2, « La<br />

mécanisation », p. 113.<br />

Introduction<br />

<strong>Le</strong> <strong>façonnage</strong> <strong>et</strong> l’usinage désignent<br />

l’ensemble des opérations perm<strong>et</strong>tant de<br />

transformer une pièce de bois corroyée en<br />

un élément d’une forme donnée contribuant<br />

à la fabrication d’un ouvrage, de<br />

« tailler » des bouts de bois avant de les<br />

assembler. On a choisi ici de parler systématiquement<br />

de <strong>façonnage</strong> pour une exécution<br />

manuelle <strong>et</strong> d’usinage pour une<br />

exécution mécanique.<br />

<strong>Le</strong> <strong>façonnage</strong> <strong>et</strong> l’usinage regroupent<br />

une très grande diversité de gestes <strong>et</strong> de<br />

techniques qui s’effectuent à des moments<br />

variés au cours du processus de fabrication<br />

<strong>et</strong> qui font appel à un large éventail<br />

d’outils <strong>et</strong> de machines. Pour présenter<br />

c<strong>et</strong>te étude, il a fallu ordonner c<strong>et</strong>te diversité,<br />

dégager des ensembles cohérents. On<br />

parvient, en fonction du type de travail<br />

sur la matière <strong>et</strong> de la finalité de l’opération,<br />

à distinguer cinq grandes catégories<br />

d’actions : le calibrage ; la réalisation<br />

d’assemblages ; l’exécution de coupes ;<br />

le profilage, qui comprend la réalisation<br />

de moulures ; l’entaillage. Chacune de ces<br />

catégories regroupe elle-même des types<br />

d’opération n<strong>et</strong>tement distincts. Ainsi,<br />

le calibrage réunit toutes les opérations<br />

dont le but est de donner aux pièces<br />

d’un ouvrage leurs dimensions définitives<br />

— gainage, chantournement, délardement,<br />

débillardement — <strong>et</strong> les assemblages dont<br />

on décrit le mode de réalisation se répartissent<br />

entre les mortaises <strong>et</strong> les tenons, les<br />

queues, d’arondes <strong>et</strong> droites, <strong>et</strong> les assemblages<br />

à pièces rapportées.<br />

C<strong>et</strong>te étude recoupe donc de nombreux<br />

thèmes traités ailleurs dans l’Encyclopédie<br />

des Métiers. La menuiserie, ce qui se traduit<br />

notamment par de multiples renvois à<br />

d’autres études. Mais ici la description se<br />

cantonne au travail de la matière à proprement<br />

parler sans empiéter sur la description<br />

du résultat obtenu : c’est par exemple<br />

bien le <strong>façonnage</strong> d’une queue-d’aronde<br />

qui est décrit, <strong>et</strong> non la queue-d’aronde<br />

elle-même, déjà décrite dans « <strong>Le</strong>s assemblages<br />

», tome 4. C’est pourquoi ne sont<br />

présentés ni le tracé en amont, ni la finition<br />

en aval.<br />

C<strong>et</strong>te étude alterne systématiquement<br />

l’exécution manuelle <strong>et</strong> l’exécution mécanique<br />

des différentes opérations. <strong>Le</strong> <strong>façonnage</strong><br />

regroupe donc toutes les techniques<br />

de menuiserie antérieures à la mécanisation<br />

du métier qui se généralise progressivement<br />

à partir du XIX e siècle 1 . Ces<br />

techniques sont encore utilisées parfois<br />

aujourd’hui pour différentes raisons.<br />

50<br />

L’emploi d’un outil manuel peut se révéler<br />

plus efficace lorsque l’opération ne concerne<br />

qu’une ou quelques pièces. Il peut également<br />

s’avérer incontournable pour le travail<br />

de certaines formes trop complexes,<br />

trop refouillées pour les outils de coupe des<br />

machines. Enfin, le maniement des outils<br />

manuels reste, grâce au contact direct avec<br />

la matière <strong>et</strong> à la répétition qu’il exige,<br />

une base essentielle de l’apprentissage du<br />

menuisier.<br />

La description de ces techniques<br />

manuelles est plus complexe que celle des<br />

opérations d’usinage. Elle se heurte en<br />

eff<strong>et</strong> au passage délicat d’une transmission<br />

traditionnellement orale à une explication<br />

écrite, à la difficulté d’analyser, de décomposer<br />

<strong>et</strong> de transcrire un geste, ainsi que<br />

de rendre compte des sensations qui orientent<br />

le menuisier vers la posture adéquate.<br />

Il peut être compliqué de m<strong>et</strong>tre en mots<br />

le « coup de main » que seule l’expérience<br />

perm<strong>et</strong> d’acquérir.<br />

<strong>Le</strong>s techniques d’usinage laissent une<br />

part plus importante à un savoir théorique<br />

plus aisé à transm<strong>et</strong>tre par écrit.<br />

Il s’agit de faire connaître <strong>et</strong> comprendre<br />

le fonctionnement des machines, leurs<br />

capacités <strong>et</strong> leurs limites, leurs conditions<br />

de sécurité. Qu’elles soient manuelles ou<br />

mécaniques, les techniques de transformation<br />

d’une pièce en menuiserie sont avant<br />

tout soumises aux contraintes des matériaux<br />

travaillés <strong>et</strong> des formes désirées.<br />

Une attention particulière est par exemple<br />

à porter aux fibres du bois massif qui<br />

gouvernent l’orientation du fil, la densité<br />

<strong>et</strong> donc la réaction des outils qui les<br />

tranchent.<br />

Au-delà de c<strong>et</strong>te division essentielle<br />

entre usinage <strong>et</strong> <strong>façonnage</strong>, la complexité<br />

du suj<strong>et</strong> est renforcée par la multiplicité<br />

des méthodes qui peuvent parfois mener<br />

à un même résultat. Ces choix sont le<br />

plus souvent orientés par des contraintes<br />

diverses : matériau utilisé ou matériel à<br />

disposition. Mais, si certaines « règles<br />

de l’art » paraissent incontournables, les<br />

menuisiers, en fonction de leur expérience,<br />

de leurs habitudes, de leurs accointances<br />

avec telle ou telle méthode, ne procèdent<br />

pas exactement de la même façon pour un<br />

même objectif. Il aurait donc été vain de<br />

prétendre présenter l’exhaustivité des techniques,<br />

des méthodes <strong>et</strong> de leurs variantes,<br />

pour façonner <strong>et</strong> usiner une pièce de bois.<br />

L’objectif de l’étude est, plus modestement,<br />

de présenter les différentes possibilités<br />

qui s’offrent au menuisier <strong>et</strong> de lui<br />

perm<strong>et</strong>tre le choix le plus judicieux, guidé<br />

par une exigence de précision, d’efficacité<br />

<strong>et</strong> de sécurité.


049-098-Façonnage <strong>et</strong> usinage_4 16/03/12 17:53 Page51<br />

Du gabarit d’usinage<br />

au montage d’usinage<br />

Avant même d’aborder les opérations<br />

perm<strong>et</strong>tant de m<strong>et</strong>tre en forme les pièces,<br />

il a paru judicieux de présenter la technique<br />

du gabarit d’usinage. Un gabarit est<br />

une pièce découpée servant de patron ou<br />

de guide pour tracer, usiner, monter ou<br />

coller une pièce ou une série de pièces. <strong>Le</strong><br />

gabarit d’usinage détermine la trajectoire<br />

de la pièce de bois lors de la passe pour<br />

obtenir la forme désirée. C<strong>et</strong>te technique<br />

est donc utilisée pour une grande diversité<br />

d’opérations décrites plus loin.<br />

<strong>Le</strong> matériau employé pour un gabarit<br />

d’usinage doit lui perm<strong>et</strong>tre de résister à<br />

un frottement tel un gal<strong>et</strong> à bille de toupie<br />

<strong>et</strong> ne pas se déformer avec la succession<br />

des pièces. Cela peut être du MDF 2 ou du<br />

bois aggloméré, contreplaqué ou massif,<br />

avec une préférence pour ce dernier car la<br />

colle présente dans les trois premiers matériaux<br />

désaffûte les lames.<br />

<strong>Le</strong> menuisier peut réaliser son gabarit<br />

à l’aide d’une scie à ruban ou d’une scie<br />

sauteuse 3 afin de chantourner dans de<br />

bonnes conditions des lignes sinueuses puis<br />

corriger les imperfections au rabot, à la<br />

râpe <strong>et</strong> au papier de verre avec une cale.<br />

Si ce gabarit doit présenter un cintre<br />

simple (par exemple un arc surbaissé), le<br />

menuisier peut utiliser une défonceuse portative<br />

munie d’un compas <strong>et</strong> l’usiner en<br />

une seule opération. Enfin, la défonceuse à<br />

commande numérique perm<strong>et</strong> la réalisation<br />

aisée des gabarits les plus divers.<br />

<strong>Le</strong> montage d’usinage perm<strong>et</strong><br />

d’adapter le gabarit d’usinage <strong>et</strong> la pièce à<br />

usiner à la machine choisie (généralement<br />

la toupie, quelquefois la scie à format, la<br />

raboteuse ou la scie à ruban). Pour concevoir<br />

ce montage d’usinage qui doit maintenir<br />

la pièce afin de l’usiner efficacement<br />

<strong>et</strong> en toute sécurité, le menuisier suit les<br />

règles de l’isostatisme 4 (fig. 1). L’appui de<br />

Fig. 1. <strong>Le</strong>s appuis isostatiques d’un montage d’usinage.<br />

a. appuis surfaciques ; b. appuis linéiques ; c. appui<br />

ponctuel.<br />

La menuiserie / <strong>Le</strong> <strong>façonnage</strong> <strong>et</strong> l’usinage<br />

plan est assuré par le gabarit, les appuis<br />

linéiques par deux cales qui évitent le glissement<br />

de la pièce au contact de l’outil de<br />

coupe <strong>et</strong> l’appui ponctuel par une troisième<br />

qui en empêche le rej<strong>et</strong>.<br />

Pour maintenir la pièce de bois contre<br />

le gabarit, l’utilisation de la toupie <strong>et</strong> de la<br />

scie circulaire demande l’emploi d’au moins<br />

deux genouillères 5 . Ce système d’ablocage<br />

perm<strong>et</strong> un serrage <strong>et</strong> un desserrage rapides<br />

de la pièce (fig. 2). Par ailleurs, le menuisier<br />

peut fixer des poignées avec des éléments<br />

de protection à proximité afin que<br />

les mains soient à l’abri des projections<br />

désagréables, voire dangereuses, de copeaux<br />

<strong>et</strong> d’éclats lors de l’usinage (fig. 3).<br />

L’usinage de p<strong>et</strong>ites pièces pose des<br />

problèmes particuliers. À la toupie notam-<br />

Fig. 2. Un système de presseur vertical : la genouillère.<br />

Fig. 3. Un exemple de montage d’usinage pour la toupie,<br />

avec des protections pour les mains. a. gabarit ; b. cale ;<br />

c. genouillère; d. protection; e. poignée.<br />

51<br />

2. MDF (Medium<br />

Density Fiberboard)<br />

désigne un panneau<br />

de fibres de moyenne<br />

densité.<br />

3. Voir l’Encyclopédie<br />

des Métiers. La menuiserie,<br />

tome 2, « <strong>Le</strong>s<br />

outils », p. 95.<br />

4. Voir l’Encyclopédie<br />

des Métiers. La menuiserie,<br />

tome 2, « La<br />

mécanisation », p. 159.<br />

5. Une genouillère,<br />

appelée également<br />

« sauterelle », est un<br />

système métallique<br />

muni d’un levier<br />

rotatif qui actionne un<br />

presseur.


049-098-Façonnage <strong>et</strong> usinage_4 16/03/12 17:53 Page52<br />

6. Voir infra, p. XX.<br />

7. Voir l’Encyclopédie<br />

des Métiers. La menuiserie,<br />

tome 2, « <strong>Le</strong>s<br />

outils », p. 50.<br />

ment, il est dangereux de les maintenir <strong>et</strong><br />

de les pousser avec les mains : le risque de<br />

rej<strong>et</strong> est très important. C’est pourquoi un<br />

montage d’usinage spécifique, le serre-pièce<br />

Duluc, est utilisé comme poussoir (fig. 4).<br />

C’est un ensemble constitué d’une table<br />

qui supporte une poignée actionnant un<br />

panneau au contour en volute dont l’axe<br />

de rotation est excentré, ce qui perm<strong>et</strong> de<br />

serrer la pièce progressivement contre la<br />

table <strong>et</strong> d’une autre poignée qui perm<strong>et</strong> de<br />

le maintenir fermement. Lors de l’usinage,<br />

le menuisier positionne visuellement le<br />

chant de la pièce de telle sorte qu’il affleure<br />

le chant de la table offrant ainsi une plus<br />

grande surface d’appui. Ce poussoir Duluc<br />

peut être remplacé par des genouillères<br />

fixées sur un panneau qui fait office de<br />

table. Ces dernières servent à presser la<br />

pièce sur le panneau.<br />

Lors de certains profilages, comme<br />

celui de p<strong>et</strong>its-bois d’une fenêtre, la pièce<br />

acquiert une forme qui la rend instable.<br />

<strong>Le</strong> menuisier doit alors fabriquer un montage<br />

d’usinage appelé « boîte » qui englobe<br />

la pièce lors du profilage <strong>et</strong> la stabilise<br />

(fig. 5). C<strong>et</strong>te boîte se compose d’une<br />

pièce de bois d’une longueur légèrement<br />

supérieure à la pièce à usiner afin de pouvoir<br />

y fixer une butée qui la pousse pendant<br />

l’usinage. L’épaisseur de la pièce de<br />

bois est la même que celle de la pièce à<br />

usiner ce qui perm<strong>et</strong> d’y fixer un panneau<br />

qui vient recouvrir l’ensemble. Il faut<br />

laisser un jour entre le guide <strong>et</strong> le panneau<br />

afin que ce dernier ne gêne pas l’appui de<br />

la pièce contre ce guide.<br />

En définitive, à chaque fois que l’usinage<br />

d’une pièce d’un ouvrage pose un<br />

problème particulier que l’utilisation normale<br />

de la machine-outil ne suffit pas à<br />

résoudre, le menuisier s’adapte à la situation<br />

en entreprenant la réalisation d’un<br />

montage d’usinage adapté.<br />

Fig. 4. Un système de presseur vertical : le poussoir<br />

Duluc.<br />

52<br />

Fig. 5. Exemple d’un montage d’usinage pour profiler une<br />

pièce instable : la « boîte ».<br />

<strong>Le</strong> calibrage d’un élément<br />

<strong>Le</strong> calibrage consiste à m<strong>et</strong>tre en<br />

forme une pièce de bois, à lui donner des<br />

dimensions déterminées. En fonction de la<br />

forme que doit avoir la pièce, il peut être<br />

rectiligne ou courbe. On l’effectue à différentes<br />

étapes du processus de fabrication<br />

d’un ouvrage <strong>et</strong> il regroupe plusieurs types<br />

d’opérations : le corroyage <strong>et</strong> le gainage,<br />

lorsqu’il est rectiligne, le chantournement,<br />

le délardement <strong>et</strong> le débillardement lorsqu’il<br />

est courbe. <strong>Le</strong> calibrage peut donc donner<br />

à la pièce sa forme <strong>et</strong> ses dimensions définitives<br />

ou bien perm<strong>et</strong>tre d’obtenir la surface<br />

de référence pour l’étape suivante.<br />

<strong>Le</strong> calibrage rectiligne<br />

<strong>Le</strong> calibrage rectiligne consiste à<br />

façonner ou usiner une pièce par une série<br />

de sciages suivant une droite comme repère.<br />

Il inclut donc le gainage qui correspond à<br />

un calibrage rectiligne en pente : c’est<br />

l’action d’amincir une pièce de bois sur<br />

une ou plusieurs faces de sorte que l’une<br />

des extrémités soit plus étroite que l’autre.<br />

<strong>Le</strong> gainage peut également concerner des<br />

pièces cintrées, mais il s’obtient alors par<br />

du chantournement <strong>et</strong> du débillardement 6 .<br />

<strong>Le</strong> <strong>façonnage</strong><br />

Pour un calibrage rectiligne manuel,<br />

le menuisier utilise une scie à refendre 7 . Il<br />

pose la pièce sur l’établi, en la laissant<br />

déborder de la largeur qu’il doit enlever<br />

majorée de quelques centimètres, pour perm<strong>et</strong>tre<br />

un maniement aisé de la scie <strong>et</strong><br />

éviter que la lame ne touche le bord de


049-098-Façonnage <strong>et</strong> usinage_4 16/03/12 17:53 Page53<br />

Photo 1. Gainage d’un pied de table à la scie à refendre.<br />

Document Compagnons du Devoir.<br />

l’établi. Il la serre avec force à l’aide d’un<br />

ou deux val<strong>et</strong>s sous les pattes desquels une<br />

cale perm<strong>et</strong> d’éviter les marques <strong>et</strong> de<br />

répartir le serrage sur une plus grande<br />

surface (photo 1). Quand la pièce à calibrer<br />

est insuffisamment large pour être<br />

maintenue par les val<strong>et</strong>s le long du bord<br />

de l’établi, elle est posée légèrement en<br />

travers, en porte-à-faux. Il faut, dans ce<br />

cas, la r<strong>et</strong>ourner pour achever le sciage.<br />

Dans tous les cas, la lame doit être<br />

parfaitement dégauchie : pour s’en assurer,<br />

le menuisier porte la scie à bout de bras en<br />

plaçant le dos de la lame dans l’axe de<br />

vision <strong>et</strong> bornoye. Il corrige le gauche<br />

éventuel en tournant une des poignées<br />

dans le sens adéquat avant de tendre la<br />

scie correctement.<br />

Pour travailler, il tient la scie à deux<br />

mains devant lui, la main droite sur la poignée<br />

au-dessus de la lame, la gauche sur le<br />

sommier, sous le bras de la scie 8 . Puis il se<br />

place dans la bonne position, au bout de la<br />

pièce, bien droit, les jambes légèrement<br />

écartées pour une bonne stabilité. Pendant<br />

l’opération, la lame doit se situer dans un<br />

plan perpendiculaire à la face de la pièce<br />

sur laquelle est tracée la ligne de calibrage.<br />

Il commence le sciage en posant la lame de<br />

sa scie à l’extrémité de la planche sur le<br />

trait. Puis, inclinant légèrement sa scie vers<br />

l’avant, dans un mouvement continu mais<br />

souple, il amorce la coupe par quelques<br />

descentes de scie auxquelles succèdent des<br />

coups plus amples jusqu’à obtenir quelques<br />

centimètres de sciage devant servir de<br />

guide à la lame. Progressivement, il<br />

amplifie son geste <strong>et</strong> en même temps que<br />

son corps se penche en avant, comme pour<br />

peser davantage sur la scie au cours de<br />

la descente, ses bras fléchis décrivent des<br />

mouvements rythmés de haut en bas,<br />

en utilisant toute la longueur de la scie.<br />

Chaque fois que le menuisier remonte sa<br />

La menuiserie / <strong>Le</strong> <strong>façonnage</strong> <strong>et</strong> l’usinage<br />

scie, il la ramène légèrement en arrière<br />

pour éviter un frottement inutile des dents<br />

sur la matière. Au fur <strong>et</strong> à mesure que la<br />

scie avance dans la matière en suivant le<br />

trait, le menuisier s’avance lui aussi le long<br />

de l’établi, pour que son corps soit toujours<br />

bien placé, ni trop près, ni trop loin<br />

du travail.<br />

<strong>Le</strong>s malfaçons du sciage peuvent avoir<br />

différentes origines. Une scie mal affûtée<br />

ou mal réglée ne peut donner satisfaction.<br />

Une lame insuffisamment tendue, <strong>et</strong> par là<br />

même trop souple, tend à se coucher <strong>et</strong> par<br />

conséquent à dévier. Il en est de même si<br />

elle est mal orientée ou gauche. <strong>Le</strong> maniement<br />

de la scie est également important :<br />

c’est de lui que dépendent l’amélioration<br />

de l’efficacité <strong>et</strong> la réduction de l’effort. Si<br />

le geste est précis <strong>et</strong> reste dans le plan de<br />

coupe, la lame travaille dans de bonnes<br />

conditions <strong>et</strong> produit un bon sciage. Après<br />

usage, la scie doit être détendue afin<br />

d’éviter une déformation des bras <strong>et</strong> du<br />

sommier, puis suspendue verticalement.<br />

L’usinage<br />

<strong>Le</strong>s principales pièces qui nécessitent<br />

un calibrage rectiligne mécanique sont<br />

celles obtenues en série à partir de panneaux<br />

<strong>et</strong> dont le parement est polygonal.<br />

Il peut s’agir par exemple d’étagères, de<br />

panneaux de porte ou encore de marches<br />

d’escalier. <strong>Le</strong> menuisier peut tracer le<br />

contour de chaque pièce l’une après l’autre<br />

ou confectionner un gabarit 9 à partir d’une<br />

épure de l’ouvrage. Pour le calibrage, il<br />

peut utiliser une scie à format en adaptant<br />

un montage d’usinage sur le guide parallèle,<br />

par exemple un panneau rectangulaire<br />

pour des marches d’escalier. Ce panneau<br />

doit se situer en avant de la scie, avec le<br />

chant dans le plan de coupe de la lame,<br />

au-dessus de celle-ci (fig. 6). Il doit également<br />

être légèrement au-dessus de la pièce<br />

pour éviter que le sciage ne les coince. <strong>Le</strong><br />

menuisier fait glisser la partie de la pièce<br />

qui doit être coupée sous le panneau <strong>et</strong><br />

aligne le trait de repère du sciage avec le<br />

chant du panneau. S’il utilise un gabarit,<br />

il le fixe sur la marche <strong>et</strong> en aligne le bord<br />

avec le chant du panneau. Pour plus de<br />

sécurité, il peut fixer un presseur de type<br />

« genouillère » dans les rainures du chariot<br />

de la scie à format afin de maintenir la<br />

position de la pièce pendant l’usinage.<br />

<strong>Le</strong> gainage rectiligne mécanique est<br />

un autre type de calibrage rectiligne que le<br />

menuisier est amené à réaliser. <strong>Le</strong> menuisier<br />

utilise dans un premier temps la scie<br />

à ruban ou la scie à format pour dégrossir<br />

la masse capable recevant la pièce, puis la<br />

53<br />

8. Certains menuisiers<br />

préfèrent placer la<br />

main gauche à l’extrémité<br />

du bras, plutôt<br />

que sur le sommier.<br />

9. Voir infra « <strong>Le</strong><br />

débit », p. xxx.


049-098-Façonnage <strong>et</strong> usinage_4 16/03/12 17:53 Page54<br />

10. <strong>Le</strong> « gras » désigne<br />

la réserve de matière<br />

qui sera enlevée lors de<br />

l’usinage.<br />

11. Voir l’Encyclopédie<br />

des Métiers. La<br />

menuiserie, tome 2,<br />

« <strong>Le</strong>s outils », p. 51.<br />

12. Voir l’Encyclopédie<br />

des Métiers. La<br />

menuiserie, tome 2,<br />

« <strong>Le</strong>s outils », p. 49.<br />

Fig. 6. Exemple de montage d’usinage, fixé sur le guide<br />

parallèle de la scie à format, pour un gainage.<br />

calibre dans un second temps avec une<br />

toupie ou une raboteuse.<br />

Pour dégrossir la masse capable à la<br />

scie à format, il doit concevoir un montage<br />

d’usinage qui maintient la pièce en biais<br />

afin que le tracé du gainage soit parallèle à<br />

l’usinage de l’outil de coupe. Ce montage<br />

d’usinage se compose d’un panneau rectangulaire<br />

dont un chant prend appui contre<br />

le guide <strong>et</strong> l’autre coïncide avec le trait de<br />

coupe (fig. 7 a). Des butées sont fixées sur<br />

le panneau pour positionner la pièce à<br />

gainer. On peut également fixer le panneau<br />

qui sert de gabarit sur le chariot de la scie<br />

à format. <strong>Le</strong> chariot possédant des rainures,<br />

il suffit d’y insérer des bagu<strong>et</strong>tes de<br />

bois de la longueur du panneau <strong>et</strong> de les<br />

visser à ce dernier (fig. 7 b). Comme dans<br />

le montage précédent, des butées sont<br />

fixées sur le panneau pour positionner la<br />

pièce à gainer. L’ensemble est maintenu<br />

manuellement sur le chariot. <strong>Le</strong>s bagu<strong>et</strong>tes<br />

de bois ne font qu’empêcher le pivotement<br />

du panneau.<br />

Pour dégrossir la masse capable à la<br />

scie à ruban, le menuisier trace simplement<br />

la pente sur la pièce à usiner <strong>et</strong> scie grossièrement<br />

en laissant le « gras » 10 nécessaire<br />

au calibrage.<br />

Il calibre ensuite la pièce à gainer à la<br />

toupie ou à la raboteuse, à chaque fois à<br />

l’aide d’un montage d’usinage. Celui utilisé<br />

pour la raboteuse doit perm<strong>et</strong>tre de garder<br />

la surface à usiner parallèle à la table de<br />

54<br />

a<br />

b<br />

Fig. 7. Gainage à la scie à format avec un gabarit.<br />

a. le gabarit est en appui contre le guide ; b. le gabarit<br />

est positionné par rapport à la rainure sur le chariot de<br />

la scie.<br />

Fig. 8. Montage d’usinage pour un gainage à la raboteuse.<br />

travail (fig. 8). L’ensemble est mobile,<br />

entraîné par les rouleaux de la raboteuse.<br />

<strong>Le</strong> chantournement<br />

En menuiserie, le chantournement est<br />

l’opération qui consiste à découper une<br />

pièce de bois en suivant un tracé courbe,<br />

en bois de fil comme en bois de travers<br />

(fig. 9). <strong>Le</strong> menuisier choisit l’outil de<br />

coupe, manuel ou mécanique, en fonction<br />

du rayon, de l’épaisseur, de l’essence de<br />

bois <strong>et</strong> de la position d’usinage verticale ou<br />

horizontale de la pièce. Excepté dans certains<br />

cas particuliers, comme une maincourante<br />

d’escalier, le menuisier considère<br />

que la surface la plus large d’une pièce se<br />

définit comme une face tandis que celle<br />

qui est plus étroite se définit comme un<br />

chant. Une face ou un chant ne s’usinent<br />

pas de la même façon.<br />

<strong>Le</strong> chantournement d’un chant est<br />

couramment effectué dans les ateliers de<br />

menuiserie, par exemple pour une traverse<br />

de porte ou de meuble ou lors de la première<br />

étape du calibrage d’un arêtier<br />

courbe. Autrefois, il était réalisé manuellement<br />

à la scie à chantourner 11 ou à la scie<br />

à guich<strong>et</strong> 12 , remplacées depuis par des


049-098-Façonnage <strong>et</strong> usinage_4 16/03/12 17:53 Page55<br />

machines comme la scie à ruban 13 ou des<br />

modèles plus réduits <strong>et</strong> portatifs comme la<br />

scie sauteuse 14 . <strong>Le</strong> chantournement d’une<br />

face est nécessaire par exemple lors du<br />

calibrage de pièces courbes telles qu’une<br />

traverse de porte ou de fenêtre cintrée<br />

en plan. Autrefois, on le réalisait à l’hermin<strong>et</strong>te<br />

ou à la scie à chantourner puis<br />

aux rabots ronds <strong>et</strong> aux rabots-râpes.<br />

Aujourd’hui le menuisier fait appel à la<br />

scie à ruban, à la scie à format <strong>et</strong> à la<br />

toupie.<br />

<strong>Le</strong> <strong>façonnage</strong><br />

Pour chantourner manuellement une<br />

pièce, le menuisier utilise la scie à chantourner.<br />

Il pose la pièce à plat, en bordure<br />

du plateau sur l’établi, <strong>et</strong> la serre entre<br />

le val<strong>et</strong> <strong>et</strong> une cale en veillant à la faire<br />

déborder le moins possible de l’établi pour<br />

éviter les vibrations pendant le sciage<br />

(photo 2). Il faut contrôler que la lame de<br />

la scie à chantourner soit bien affûtée <strong>et</strong><br />

avoyée 15 pour que sa trajectoire soit précise<br />

<strong>et</strong> régulière, sans qu’elle ne coince ou ne<br />

dévie. Lors d’un sciage sinueux, la largeur<br />

de la lame est choisie en fonction du rayon<br />

minimal de la courbe tracée sur la pièce de<br />

bois : plus la courbe est serrée, plus c<strong>et</strong>te<br />

largeur est p<strong>et</strong>ite. <strong>Le</strong> menuisier évite ainsi<br />

que la lame ne talonne, c’est-à-dire que<br />

l’arête du corps de celle-ci ne bute contre<br />

le cintre <strong>et</strong> empêche ainsi de suivre la<br />

courbe. <strong>Le</strong> sciage se fait d’un geste ample,<br />

avec la lame perpendiculaire au parement,<br />

légèrement en avant du trait de coupe afin<br />

de laisser le gras nécessaire. Certaines<br />

formes courbes imposent de modifier<br />

l’orientation de la lame <strong>et</strong> de changer la<br />

position de la pièce au cours du sciage. La<br />

surface d’usinage pour le chantournement<br />

d’une face étant généralement plus grande<br />

que celle pour un chantournement de<br />

chant, la voie de la lame doit être plus<br />

importante pour éviter qu’elle ne se coince.<br />

Si le menuisier procède à des chantournements<br />

intérieurs ne débouchant sur<br />

aucune des rives, les pièces peuvent être<br />

soit à plat sur l’établi <strong>et</strong> serrées par le<br />

val<strong>et</strong>, soit maintenues verticalement dans la<br />

presse d’établi. Quelle que soit la méthode<br />

de maintien choisie, le menuisier perce un<br />

trou dont le diamètre est supérieur au<br />

corps de la lame dans la partie à découper,<br />

près du tracé. Puis, après avoir démonté la<br />

lame de sa scie à chantourner, il l’introduit<br />

dans le trou, la remonte, en assure la tension<br />

<strong>et</strong> procède au découpage de la partie à<br />

enlever à l’intérieur de c<strong>et</strong>te surface. Ce<br />

type de chantournement peut être exécuté<br />

aussi à l’aide d’une scie à guich<strong>et</strong>.<br />

La menuiserie / <strong>Le</strong> <strong>façonnage</strong> <strong>et</strong> l’usinage<br />

Fig. 9. Exemple d’un chantournement d’une traverse. Il<br />

nécessite un cheminement en plusieurs étapes.<br />

Photo 2. Chantournement d’une traverse à la scie à chantourner.<br />

Document Compagnons du Devoir.<br />

<strong>Le</strong> menuisier enlève les éventuelles<br />

irrégularités de sciage en utilisant des<br />

râpes 16 , des rabots ou une wastringue, dont<br />

la diversité des formes <strong>et</strong> des tailles<br />

perm<strong>et</strong> une grande maniabilité (fig. 10).<br />

Depuis l’avènement de la mécanisation, le<br />

chantournement manuel est devenu exceptionnel<br />

<strong>et</strong> a laissé la place au chantournement<br />

à la scie sauteuse ou à la scie à<br />

ruban, la scie à format ou bien encore à la<br />

toupie.<br />

L’usinage<br />

L’usinage à la scie à ruban<br />

Actuellement, le chantournement de<br />

chants se réalise le plus fréquemment à<br />

la scie à ruban. Suivant la longueur de la<br />

pièce, le menuisier veille à ce qu’elle ne<br />

soit pas en porte-à-faux par rapport à la<br />

table, au départ <strong>et</strong> en sortie de sciage.<br />

Pour stabiliser la pièce, il peut placer une<br />

servante 17 à l’entrée <strong>et</strong> à la sortie de la<br />

table de la scie à ruban. <strong>Le</strong> menuisier<br />

55<br />

13. Voir l’Encyclopédie<br />

des Métiers. La<br />

menuiserie, tome 2,<br />

« La mécanisation »,<br />

p. 132.<br />

14. Voir l’Encyclopédie<br />

des Métiers. La<br />

menuiserie, tome 2,<br />

« <strong>Le</strong>s outils », p. 95.<br />

15. « Avoyer » signifie<br />

donner de la voie à la<br />

denture, c’est-à-dire<br />

tordre les dents alternativement<br />

d’un côté <strong>et</strong> de<br />

l’autre de la lame afin<br />

d’élargir le sillon de<br />

coupe pour éviter que<br />

le corps ne se coince.<br />

16. Voir l’Encyclopédie<br />

des Métiers. La<br />

menuiserie, tome 2,<br />

« <strong>Le</strong>s outils », p. 75.<br />

17. Voir l’Encyclopédie<br />

des Métiers. La<br />

menuiserie, tome 2,<br />

« <strong>Le</strong>s outils », p. 30.


049-098-Façonnage <strong>et</strong> usinage_4 16/03/12 17:53 Page56<br />

18. Voir l’Encyclopédie<br />

des Métiers. La<br />

menuiserie, tome 3,<br />

« L e s é l é m e n t s<br />

courbes », p. 239.<br />

19. <strong>Le</strong>s traces d’usinage<br />

sont des ondulations<br />

laissées par les<br />

arêtes tranchantes de<br />

l’outil de coupe.<br />

Fig. 10. Rectification des irrégularités de sciage. a. à la<br />

râpe; b. à la wastringue.<br />

contrôle la sinuosité du tracé afin de<br />

repérer le rayon le plus faible <strong>et</strong> de choisir<br />

une largeur de la lame adaptée. S’il ne possède<br />

pas de lame appropriée à la sinuosité<br />

du tracé, il peut dégager la courbe progressivement<br />

grâce à des sciages à intervalles<br />

réguliers : la partie à évider tombe ainsi<br />

morceau après morceau sans que la lame<br />

ne se coince. À la jonction de deux courbes<br />

qui se raccordent entre elles en pointe, un<br />

perçage d’un diamètre supérieur à la largeur<br />

de la lame perm<strong>et</strong> à celle-ci de<br />

pivoter plus facilement (fig. 11 a). Il peut<br />

aussi dégager la courbe en conduisant des<br />

sciages successifs du tracé vers l’extérieur<br />

de la pièce (fig. 11 b).<br />

Dans le cas d’un élément courbe 18 , par<br />

exemple un limon, le menuisier effectue un<br />

chantournement de faces. <strong>Le</strong> sciage de la<br />

scie à ruban suit le calibre rallongé en<br />

étant parallèle aux lignes de rappel verticales<br />

qui relient les lignes de chantournement<br />

tracées sur les chants de la masse<br />

capable, ce qui implique de surélever<br />

la pièce à usiner (fig. 12). À l’usinage,<br />

la pièce étant placée verticalement sur la<br />

table de travail, sa stabilité est permise<br />

par des tasseaux de soutien ou une équerre<br />

de maintien. Ainsi, c<strong>et</strong> usinage à la scie à<br />

ruban se limite à une hauteur de passe<br />

confinée entre la table <strong>et</strong> les carters de<br />

protection, ce qui restreint donc la longueur<br />

des pièces de bois.<br />

56<br />

a<br />

b<br />

a<br />

b<br />

Fig. 11. Chantournement à la scie à ruban de chants aux<br />

courbes serrées. a. à l’endroit du raccord en pointe de deux<br />

courbes, perçage perm<strong>et</strong>tant de faire pivoter la lame ;<br />

b. chantournement par passes successives.<br />

Dans la mesure du possible, il convient<br />

d’éviter de reculer la pièce : elle risque<br />

d’accrocher la lame susceptible alors de<br />

quitter les volants <strong>et</strong> de sauter. Brute de<br />

sciage, la surface est soumise à une opération<br />

de finition manuelle ou mécanique qui<br />

perm<strong>et</strong> de reprendre les traces d’usinage 19<br />

<strong>et</strong> les éventuels défauts de sciage.<br />

L’usinage à la scie circulaire à format<br />

La scie circulaire à format est utilisée<br />

principalement pour des chantournements<br />

Fig. 12. Chantournement à la scie à ruban d’une face d’un<br />

limon courbe.


049-098-Façonnage <strong>et</strong> usinage_4 16/03/12 17:53 Page57<br />

de face, par exemple pour l’évidement<br />

d’une face concave d’un panneau de porte<br />

cintré en plan ou d’un noyau d’escalier.<br />

Dans le cas où les faces concaves des<br />

pièces de bois présentent un évidement<br />

important, le menuisier peut dans un premier<br />

temps les dégrossir, par exemple à<br />

la toupie en réalisant une succession de<br />

passes avec un outil à feuillure. Ensuite, il<br />

adapte la circonférence de la lame de la<br />

scie à format à la face concave avec un<br />

usinage de travers pour y reproduire la<br />

forme circulaire de la lame. Cependant, il<br />

est rare de trouver dans un atelier le diamètre<br />

d’une lame de scie à format qui corresponde<br />

à celui du cintre de la pièce de<br />

bois à usiner. Mais, en prenant une lame<br />

circulaire dont le diamètre est supérieur à<br />

celui du cintre de l’évidement <strong>et</strong> en trouvant<br />

l’angle d’orientation adéquat par rapport<br />

à la surface de coupe de l’outil, le<br />

menuisier peut usiner la face concave, par<br />

montées successives de la lame.<br />

Lorsque la face concave est<br />

« confinée » dans un p<strong>et</strong>it diamètre, le<br />

menuisier commence par tracer la section<br />

de la pièce à usiner pour faire apparaître<br />

la face concave <strong>et</strong> ainsi obtenir la corde <strong>et</strong><br />

la flèche du cintre (fig. 13 a). La flèche<br />

dépend de la hauteur de la lame. La corde<br />

s’obtient en jouant sur l’angle d’attaque<br />

Fig. 13. Évidement d’une p<strong>et</strong>ite surface concave à la scie<br />

circulaire à format. a. section de la pièce à usiner ;<br />

b. application de la règle sur la pièce pour déterminer la<br />

largeur de l’évidemment dont dépend l’angle d’attaque de la<br />

lame; c. présentation de la règle sur la scie à format : les<br />

grands côtés du parallélogramme déterminé doivent être en<br />

contact avec la lame.<br />

a<br />

b<br />

c<br />

La menuiserie / <strong>Le</strong> <strong>façonnage</strong> <strong>et</strong> l’usinage<br />

de la lame de scie circulaire par rapport<br />

à la surface de la pièce de bois. Pour<br />

déterminer c<strong>et</strong> angle, le menuisier conçoit,<br />

à partir du tracé de la section, un cadre<br />

articulé composé de quatre tasseaux qui<br />

forment un parallélogramme (fig. 13 b).<br />

L’écartement entre les deux grands côtés<br />

du parallélogramme est déterminé par la<br />

longueur de la corde du cintre que l’on<br />

cherche à obtenir. Il faut ensuite orienter<br />

ce cadre sur la table de façon à ce que la<br />

lame soit en contact avec ces deux grands<br />

côtés (fig. 13 c). La position du cadre<br />

détermine alors l’angle d’attaque approprié.<br />

Il ne reste plus qu’à fixer deux règles<br />

droites <strong>et</strong> parallèles de chaque côté du<br />

cadre articulé.<br />

Si la concavité correspond à un plus<br />

grand diamètre, l’utilisation d’une scie à<br />

format avec une lame inclinable s’impose<br />

(fig. 14). <strong>Le</strong>s paramètres de réglage sont<br />

les mêmes que pour une face concave à<br />

p<strong>et</strong>it diamètre, mais la procédure est<br />

Fig. 14. Évidement d’une grande surface concave à la<br />

scie circulaire à format à lame inclinable. a. section de la<br />

pièce à usiner ; b. présentation de la règle sur la scie à<br />

format; c. inclinaison de la lame pour obtenir la hauteur<br />

de l’évidement.<br />

a<br />

b<br />

c<br />

57


049-098-Façonnage <strong>et</strong> usinage_4 16/03/12 17:53 Page58<br />

inversée. <strong>Le</strong> menuisier commence par<br />

trouver la largeur de l’évidement cintré<br />

puis la reporte sur la table à l’aide du<br />

cadre articulé (fig. 14 a <strong>et</strong> b). Celui-ci<br />

étant posé perpendiculairement à la lame,<br />

le menuisier remonte progressivement c<strong>et</strong>te<br />

dernière jusqu’à ce qu’elle touche l’arête<br />

intérieure du cadre (fig. 14 c). Deux règles<br />

droites sont placées de part <strong>et</strong> d’autre de<br />

ce cadre. Ensuite, la lame est inclinée<br />

jusqu’à ce qu’elle atteigne la flèche désirée<br />

de l’évidement cintré. Lors de l’usinage, la<br />

pièce est amenée dans le sens opposé à<br />

l’inclinaison de la lame, afin d’éviter que la<br />

pièce ne se soulève.<br />

Pour l’usinage d’une face convexe, le<br />

menuisier réalise un montage d’usinage,<br />

conçu pour un chariotage latéral de la<br />

pièce (photo 3). <strong>Le</strong> principe consiste à<br />

visser un panneau sur des bagu<strong>et</strong>tes de<br />

bois insérées dans les rainures du chariot<br />

de la scie à format. Deux autres panneaux<br />

sont fixés verticalement sur le premier de<br />

sorte qu’ils soient perpendiculaires à la<br />

lame. Ils reçoivent une tige métallique<br />

qui sert d’axe de rotation pour la pièce à<br />

usiner l’ensemble étant actionné manuellement.<br />

Si la rotation doit être bloquée pour<br />

maintenir la pièce dans une position précise,<br />

le menuisier perce l’un des panneaux<br />

verticaux ainsi que l’extrémité de la pièce<br />

pour y insérer une tige en métal ou en bois<br />

qui perm<strong>et</strong> ce maintien. Ce montage d’usinage<br />

perm<strong>et</strong> au tranchant de la lame de<br />

la scie à format de rester tangent à la circonférence<br />

de la pièce de bois convexe à<br />

usiner. <strong>Le</strong> menuisier doit d’abord dégrossir<br />

la masse capable en déplaçant le montage<br />

d’usinage longitudinalement <strong>et</strong> en l’inclinant<br />

à chaque passage d’une dizaine de<br />

degrés, pour obtenir une surface convexe<br />

avec une multitude de fac<strong>et</strong>tes d’environ<br />

cinq centimètres de large. Il poursuit l’usi-<br />

Photo 3. Montage d’usinage perm<strong>et</strong>tant le calibrage<br />

d’un pilastre cylindrique à la scie à format. Document<br />

Compagnons du Devoir.<br />

58<br />

nage par une rotation de la pièce à usiner<br />

depuis son extrémité avant, il descend la<br />

lame jusqu’au niveau de l’axe de rotation<br />

de la pièce à usiner afin que le tranchant<br />

des dents de la lame usine un maximum de<br />

surface. <strong>Le</strong> montage d’usinage avance de<br />

quelques centimètres puis le menuisier<br />

tourne doucement la pièce à usiner jusqu’à<br />

effectuer la totalité de la surface convexe<br />

entreprise <strong>et</strong> réitère les mêmes opérations.<br />

Il est nécessaire de bien dégrossir la masse<br />

capable, pour ne pas risquer que le corps<br />

de la lame ne talonne.<br />

<strong>Le</strong> chantournement à la scie à format<br />

est moins rapide qu’à la scie à ruban, mais<br />

il n’est pas limité par la longueur des pièces<br />

<strong>et</strong> donne un résultat relativement propre.<br />

L’usinage à la toupie<br />

Pour chantourner une face concave, la<br />

toupie doit être équipée d’un arbre inclinable<br />

afin que l’outil de coupe laisse apparaître<br />

une surface d’usinage (fig. 15 a).<br />

C<strong>et</strong> outil de coupe doit avoir des araseurs<br />

en tête d’outil. C’est par exemple le cas de<br />

l’outil à feuillure (fig. 15 b). En raison des<br />

dimensions de l’outil de coupe, on ne peut<br />

réaliser en une seule passe que des p<strong>et</strong>ites<br />

faces concaves. Il faut en eff<strong>et</strong> que le diamètre<br />

de l’outil de coupe soit supérieur à<br />

la corde du cintre de la pièce à usiner mais<br />

inférieur à son diamètre. <strong>Le</strong> menuisier doit<br />

tracer la section de la pièce à usiner pour<br />

obtenir la longueur de la corde du cintre<br />

<strong>et</strong> la hauteur de flèche de la face concave<br />

(fig. 15 c). La tête de l’outil affleurant la<br />

table de travail, le menuisier, en fonction<br />

du diamètre de l’outil de coupe, incline<br />

l’arbre de toupie pour obtenir la hauteur<br />

de flèche de la face concave <strong>et</strong> faire coïncider<br />

la corde du cintre avec la zone d’usinage<br />

de l’outil de coupe (fig. 15 d). Puis il<br />

fixe sur la table un tasseau de chaque coté<br />

de la pièce pour la guider lors de l’usinage.<br />

Pour l’usinage d’une grande face<br />

concave, les bases du réglage de l’outil<br />

sont les mêmes que pour une p<strong>et</strong>ite face<br />

concave. Simplement, il se réalise en deux<br />

étapes. <strong>Le</strong> menuisier incline la pièce de<br />

bois <strong>et</strong> fait reposer un côté sur un tasseau<br />

afin que l’outil de coupe ne puisse usiner<br />

qu’une moitié du cintre, puis il r<strong>et</strong>ourne la<br />

pièce pour usiner l’autre côté (fig. 16 a).<br />

Pour trouver l’épaisseur du tasseau, il est<br />

préférable de tracer la section du cintre de<br />

la pièce afin de visualiser le positionnement<br />

de celle-ci sur la table <strong>et</strong> de séparer<br />

le cintre en deux parties égales dont il faut<br />

chercher les flèches <strong>et</strong> les cordes. <strong>Le</strong> tasseau<br />

doit soutenir la pièce inclinée de sorte<br />

que la corde du premier cintre soit de<br />

niveau (fig. 16 b). Lors de l’usinage d’une


049-098-Façonnage <strong>et</strong> usinage_4 16/03/12 17:53 Page59<br />

a<br />

b<br />

c<br />

d<br />

Fig. 15. Évidement d’une p<strong>et</strong>ite surface concave à la toupie<br />

avec un arbre inclinable. a. vue en perspective; b. outil de<br />

coupe utilisé ; c. tracé pour trouver la hauteur d’usinage<br />

(h) en fonction de la flèche désirée (f) ; d. tracé pour<br />

obtenir l’inclinaison de l’arbre de toupie par rotation sur<br />

son axe (r).<br />

La menuiserie / <strong>Le</strong> <strong>façonnage</strong> <strong>et</strong> l’usinage<br />

a<br />

b<br />

Fig. 16. Évidement d’une grande surface concave à la<br />

toupie avec un arbre inclinable. a. vue en perspective ;<br />

b. tracé pour obtenir l’inclinaison de la pièce <strong>et</strong> donc la<br />

hauteur du tasseau (h).<br />

face concave avec une flèche importante <strong>et</strong><br />

une longueur de corde supérieure au diamètre<br />

de l’outil de coupe, le menuisier doit<br />

accentuer l’inclinaison de l’outil de coupe.<br />

Ces procédés sont utilisés principalement<br />

pour des pièces de grande longueur.<br />

Pour chantourner une face convexe à<br />

la toupie, un montage d’usinage s’impose.<br />

Il s’apparente à celui réalisé pour la scie<br />

circulaire. <strong>Le</strong> montage d’usinage à la toupie<br />

est mobile <strong>et</strong> vient se poser sur la table de<br />

travail (fig. 17). Il est aussi renforcé sur<br />

les côtés par des traverses. <strong>Le</strong> berceau est<br />

conçu afin que l’outil de coupe travaille la<br />

Fig. 17. Chantournement d’une face convexe à la toupie<br />

avec un berceau.<br />

59


049-098-Façonnage <strong>et</strong> usinage_4 16/03/12 17:53 Page60<br />

20. Voir l’Encyclopédie<br />

des Métiers. La<br />

menuiserie, tome 3,<br />

« <strong>Le</strong>s arêtiers cintrés »,<br />

p. 164.<br />

21. Voir l’Encyclopédie<br />

des Métiers. La<br />

menuiserie, tome 3,<br />

« L e s é l é m e n t s<br />

courbes », p. 252.<br />

pièce à usiner par en dessous en toute<br />

sécurité. Par conséquent, les panneaux qui<br />

supportent c<strong>et</strong>te pièce doivent comporter<br />

un évidement pour le passage de l’outil<br />

de coupe. Deux tasseaux sont fixés sur la<br />

table de la toupie de chaque côté du berceau<br />

afin qu’il garde une trajectoire régulière<br />

face à l’outil de coupe. La pièce est<br />

préalablement dégrossie à la scie circulaire<br />

à format (fig. 18 a) ou à la dégauchisseuse<br />

(fig. 18 b), puis reprise avec le berceau en<br />

l’inclinant sur l’outil de coupe afin de<br />

supprimer les fac<strong>et</strong>tes <strong>et</strong> d’effectuer une<br />

« mise au rond ». L’outil de coupe utilisé<br />

doit posséder des araseurs en partie supérieure,<br />

<strong>et</strong> être posé en bout d’arbre de<br />

toupie pour ne pas que ce dernier ou le<br />

boulon de fixation de la fraise ne gêne le<br />

passage de la pièce. La toupie donne à<br />

peu près le même résultat que la scie circulaire,<br />

avec toutefois une finition un peu<br />

plus soignée.<br />

<strong>Le</strong> délardement<br />

<strong>Le</strong> délardement consiste à abattre les<br />

arêtes d’une pièce de bois chantournée <strong>et</strong><br />

donc établir des chanfreins pour obtenir<br />

les faces de l’ouvrage. Ce terme, issu du<br />

vocabulaire des charpentiers, est utilisé par<br />

les menuisiers essentiellement lorsqu’ils<br />

façonnent des arêtiers cintrés 20 . L’angle<br />

de l’arêtier que constituent deux surfaces<br />

délardées sert à définir l’orientation des<br />

côtés d’un ouvrage. Pour parvenir à délarder<br />

une face, le menuisier doit reporter<br />

sur la pièce courbe chantournée obtenue<br />

par un chantournement des faces <strong>et</strong> des<br />

chants, les lignes de délardement acquises<br />

lors du traçage de l’épure, en utilisant les<br />

génératrices de la face de l’ouvrage.<br />

60<br />

a<br />

b<br />

Fig. 18. Dégrossissage de la face convexe avant chantournement.<br />

a. à la scie à format; b. à la dégauchisseuse.<br />

<strong>Le</strong> <strong>façonnage</strong><br />

<strong>Le</strong> délardement manuel s’effectue à<br />

la scie à chantourner en suivant les lignes<br />

de délardement, par un sciage qui doit<br />

suivre les génératrices des faces. Au fur <strong>et</strong><br />

à mesure que le sciage progresse, le menuisier<br />

est amené à changer la position de<br />

la pièce sur l’établi afin d’avoir l’aisance<br />

nécessaire pour un travail précis <strong>et</strong> efficace.<br />

À défaut de scie à chantourner, le menuisier<br />

peut utiliser toutes sortes d’outils tels<br />

que le rabot électrique, la wastringue ou<br />

encore le rabot-râpe.<br />

L’usinage<br />

Contrairement au chantournement<br />

mécanique d’une face ou d’un chant,<br />

durant lequel la masse capable ou des<br />

équerres de soutien procurent à la pièce<br />

une surface ou un appui toujours droit <strong>et</strong><br />

stable, le délardement mécanique implique<br />

le déplacement de la pièce sur une surface<br />

ou des appuis courbes <strong>et</strong> instables, ce qui<br />

complique sensiblement le travail. Une<br />

solution consiste à utiliser une scie à ruban<br />

en confectionnant un montage d’usinage<br />

capable de maintenir la pièce dans une<br />

position où la lame est constamment parallèle<br />

aux génératrices de la face.<br />

<strong>Le</strong> débillardement<br />

<strong>Le</strong> débillardement 21 est l’opération<br />

qui consiste à découper les chants ou les<br />

faces courbes d’une pièce de bois pour<br />

obtenir une surface gauche. Qu’il s’agisse<br />

d’un chant ou d’une face, la technique est<br />

la même. <strong>Le</strong> menuisier est plus souvent<br />

confronté au débillardement d’un chant,<br />

notamment sur un arêtier cintré ou plus<br />

couramment sur un limon courbe. Dans le<br />

cas d’un arêtier cintré, le menuisier doit<br />

reporter sur les faces incurvées, obtenues<br />

par un chantournement de faces suivi<br />

d’un délardement des faces, les lignes de<br />

débillardement acquises lors du traçage de<br />

l’épure, en utilisant les génératrices de la<br />

face de l’ouvrage.<br />

Un débillardement manuel s’effectue à<br />

la scie à chantourner. La lame doit suivre<br />

les lignes de débillardement en restant<br />

parallèle aux génératrices des chants qui<br />

relient perpendiculairement les génératrices<br />

du parement <strong>et</strong> du contreparement. <strong>Le</strong><br />

menuisier tient compte de la particularité<br />

de ces génératrices qui sont, pour un<br />

volume générateur cylindrique, de niveau<br />

<strong>et</strong> rayonnantes par rapport à l’axe, <strong>et</strong><br />

pour un volume générateur sphérique, uniquement<br />

rayonnantes par rapport au point


049-098-Façonnage <strong>et</strong> usinage_4 16/03/12 17:53 Page61<br />

de centre 22 . Il peut, au cours du sciage,<br />

changer la position de la pièce sur l’établi<br />

afin de pouvoir visualiser constamment<br />

la trajectoire de la lame. Comme pour<br />

le délardement, à défaut de scie à chantourner,<br />

le menuisier peut utiliser toutes<br />

sortes d’outils tels que le rabot électrique,<br />

la wastringue, le rabot-râpe ou éventuellement<br />

la défonceuse.<br />

Pour un débillardement 23 mécanique,<br />

le menuisier peut confectionner un montage<br />

d’usinage mais celui-ci étant complexe,<br />

il préfèrera le plus souvent le débillardement<br />

manuel.<br />

<strong>Le</strong> mortaisage<br />

<strong>Le</strong> mortaisage consiste à réaliser une<br />

mortaise 24 , c’est-à-dire l’évidement de<br />

section généralement rectangulaire dans<br />

lequel se loge le tenon. La mortaise, partie<br />

femelle, <strong>et</strong> le tenon, partie mâle, sont,<br />

parmi les moyens d’assemblages traditionnels,<br />

les plus utilisés. En règle générale, la<br />

largeur de la mortaise correspond au tiers<br />

de l’épaisseur de la pièce de bois. On dit<br />

que le menuisier « tierce l’assemblage »<br />

(fig. 19). La longueur de la mortaise est<br />

déterminée par la largeur du tenon, qui<br />

doit forcer légèrement.<br />

<strong>Le</strong> <strong>façonnage</strong><br />

Pour réaliser manuellement une mortaise,<br />

le menuisier utilise un bédane. Il<br />

repère d’abord à l’aide du trusquin la longueur<br />

de la mortaise par deux traits. Puis,<br />

il pose la pièce de bois sur une cale martyre<br />

légèrement en biais par rapport au<br />

chant du plateau de l’établi, serrée à l’aide<br />

d’un val<strong>et</strong> 25 <strong>et</strong> de sa cale. La forme de la<br />

cale martyre peut changer en fonction de<br />

celle de la pièce de bois à façonner. La<br />

pièce doit se situer le plus à l’aplomb<br />

Fig. 19. Une mortaise. a. longueur; b. largeur; c. profondeur;<br />

d. about; e. fond; f. joue.<br />

La menuiserie / <strong>Le</strong> <strong>façonnage</strong> <strong>et</strong> l’usinage<br />

possible par rapport au piétement droit :<br />

l’efficacité des coups de maill<strong>et</strong> portés sur<br />

le bédane est ainsi optimale car une grande<br />

partie des vibrations provoquées par les<br />

percussions est absorbée par le sol. Ensuite,<br />

le menuisier se place dans l’alignement de<br />

la pièce de bois, devant l’établi, la jambe<br />

gauche en avant (s’il est droitier) pour une<br />

meilleure stabilité. <strong>Le</strong> menuisier réalise<br />

deux types de mortaisages, droit ou biais,<br />

en fonction de l’angle d’assemblage entre<br />

les deux pièces.<br />

<strong>Le</strong> mortaisage droit<br />

Pour réaliser une mortaise droite, le<br />

menuisier place le tranchant du bédane<br />

entre les deux traits de trusquin qui déterminent<br />

la longueur de la mortaise, à<br />

environ deux millimètres devant l’about 26 ,<br />

afin d’éviter de « mater 27 » (fig. 20 a). Il<br />

donne alors un premier coup de maill<strong>et</strong><br />

sur le bédane légèrement incliné vers lui<br />

pour amorcer l’entaille. Puis il le r<strong>et</strong>ire <strong>et</strong><br />

le déplace vers l’avant de quelques millimètres<br />

en l’inclinant. Il donne alors un<br />

second coup de maill<strong>et</strong> sur le bédane à la<br />

verticale, dans la direction de l’amorce de<br />

l’entaille, puis un troisième, avec le bédane<br />

incliné, pour expulser un premier copeau de<br />

bois. Il répète ces gestes jusqu’à atteindre,<br />

par une pente dont l’inclinaison correspond<br />

à peu près à l’angle de coupe du bédane, la<br />

profondeur de mortaise désirée.<br />

Ensuite, il tourne le bédane pour<br />

placer le biseau face à lui (fig. 20 b). Il le<br />

décale légèrement du fond de la partie<br />

biaise, <strong>et</strong> donne un coup de maill<strong>et</strong>. Avec<br />

un léger mouvement vers l’avant du<br />

bédane, il expulse un copeau. On répète<br />

c<strong>et</strong>te action d’un about à l’autre de la<br />

mortaise, par tranches successives de 2 à<br />

4 mm suivant la dur<strong>et</strong>é du bois. À chaque<br />

extrémité de la mortaise, le menuisier<br />

garde la réserve délimitée par le premier<br />

coup de bédane. Il termine en équarrissant<br />

les abouts par un coup de bédane<br />

d’aplomb. Pour une mortaise débouchante,<br />

la pièce de bois est r<strong>et</strong>ournée pour y répéter<br />

les mêmes opérations (fig. 20 c).<br />

<strong>Le</strong> mortaisage biais<br />

Une mortaise destinée à recevoir un<br />

tenon d’une pièce cintrée ou biaise exige un<br />

mortaisage biais. La mortaise se présente<br />

généralement sous la forme d’un about<br />

droit qui sert de repos au tenon de la traverse<br />

<strong>et</strong> d’un about en biais qui correspond<br />

au prolongement de l’inclinaison de ce<br />

même tenon. <strong>Le</strong> menuisier procède exactement<br />

de la même manière que pour une<br />

61<br />

22. Voir l’Encyclopédie<br />

des Métiers. La<br />

menuiserie, tome 3,<br />

« L e s é l é m e n t s<br />

courbes », p. 298.<br />

23. Voir l’Encyclopédie<br />

des Métiers. La<br />

menuiserie, tome 3,<br />

« L e s é l é m e n t s<br />

courbes », p. 276.<br />

24. Pour une vision<br />

complète des différents<br />

types de mortaise, voir<br />

l’Encyclopédie des<br />

Métiers. La menuiserie,<br />

tome 4, « <strong>Le</strong>s<br />

assemblages », p. 216<br />

à 223.<br />

25. Voir l’Encyclopédie<br />

des Métiers. La<br />

menuiserie, tome 2,<br />

« <strong>Le</strong>s outils », p. 29.<br />

26. <strong>Le</strong>s abouts d’une<br />

mortaise correspondent<br />

aux arêtes des faces<br />

perpendiculaires aux<br />

joues.<br />

27. Mater, c’est écraser<br />

l’arête.


049-098-Façonnage <strong>et</strong> usinage_4 16/03/12 17:53 Page62<br />

Fig. 20. <strong>Le</strong>s étapes de l’exécution manuelle d’une mortaise. Pour plus de clarté, le premier tiers de la largeur de la pièce<br />

travaillée n’est pas représenté. a. détermination de la profondeur; b. évidement; c. <strong>façonnage</strong> d’une mortaise débouchante.<br />

mortaise droite si ce n’est qu’il laisse une<br />

marge plus importante <strong>et</strong> qu’au moment<br />

d’équarrir les abouts, il oriente son outil<br />

dans la direction déterminée par un trait<br />

préalablement tiré sur le parement de la<br />

pièce (fig. 21). Un œil exercé aligne sans<br />

difficulté l’outil par rapport à ce trait. Il<br />

faut sinon poser à chant une branche de<br />

mètre sur les abouts de la mortaise <strong>et</strong> vérifier<br />

que son inclinaison coïncide avec le<br />

trait sur le parement.<br />

62<br />

L’usinage<br />

Au cours du XX e siècle, différentes<br />

machines, toutes appelées « mortaiseuse »,<br />

ont été successivement inventées pour<br />

tenter de reproduire la forme d’une mortaise<br />

façonnée à la main. Chacune de ces<br />

machines, en fonction de son outil de<br />

coupe, produit des mortaises de forme particulière<br />

: abouts arrondis ou équarris,<br />

fond arrondi, ondulé ou plat. <strong>Le</strong>s plus<br />

a<br />

b<br />

c


049-098-Façonnage <strong>et</strong> usinage_4 16/03/12 17:53 Page63<br />

Fig. 21. Alignement du bédane avec l’about biais.<br />

couramment utilisées actuellement sont la<br />

mortaiseuse à mèche ou à bédane carré, la<br />

mortaiseuse à chaîne, la mortaiseuse à<br />

bédane simple <strong>et</strong> la mortaiseuse à bédane<br />

triple. On peut également se servir d’une<br />

défonceuse à commande numérique.<br />

En fonction des machines, l’usinage<br />

est vertical ou horizontal. Si le positionnement<br />

des pièces de bois diffère, l’aspect<br />

final reste le même. Toutes ces machines,<br />

sauf la défonceuse numérique, ont en<br />

commun un bloc-moteur sur lequel est fixé<br />

l’outil de coupe, <strong>et</strong> une table de travail sur<br />

laquelle repose la pièce à façonner. <strong>Le</strong>s<br />

machines dont l’usinage est vertical (la<br />

mortaiseuse à chaîne <strong>et</strong> la mortaiseuse à<br />

bédane simple) se composent d’une table<br />

fixe munie d’un guide amovible de positionnement.<br />

Sur celles-ci, c’est le blocmoteur<br />

<strong>et</strong> l’outil de coupe qui se déplacent<br />

pour usiner la mortaise. <strong>Le</strong>s machines dont<br />

l’usinage est horizontal (les mortaiseuses<br />

à mèche, à chaîne, à bédane simple ou à<br />

bédane triple) n’exécutent que des mortaises<br />

droites. Elles possèdent un blocmoteur<br />

fixe, une table mobile <strong>et</strong> un guide<br />

également mobile mais qui ne se déplace<br />

que latéralement. Ce dernier est séparé en<br />

deux éléments laissant un intervalle, la<br />

lumière, pour le passage de l’outil. Elles<br />

Sur certaines mortaiseuses à mèche <strong>et</strong> sur<br />

certaines mortaiseuses à chaîne, c’est le<br />

bloc-moteur qui se déplace tandis que la<br />

table reste fixe.<br />

La mortaiseuse à chaîne <strong>et</strong> la mortaiseuse<br />

à bédane simple, à usinage vertical,<br />

se caractérisent par une action de leur<br />

La menuiserie / <strong>Le</strong> <strong>façonnage</strong> <strong>et</strong> l’usinage<br />

outil de coupe sur le bois qui engendre des<br />

éclats. C’est pourquoi elles sont équipées<br />

d’un pare-éclats. Il est constitué par une<br />

masse de bois dur fixée sur un support<br />

métallique qui suit le mouvement du porteoutil<br />

jusqu’au contact de la pièce de bois<br />

qu’il comprime au plus près de l’about de<br />

la mortaise (fig. 22). Sur les autres mortaiseuses,<br />

à usinage horizontal, c’est le<br />

guide qui fait office de pare-éclat.<br />

<strong>Le</strong>s mortaises biaises sont réalisées<br />

avec des mortaiseuses à usinage vertical.<br />

Il faut prendre en compte la longueur<br />

de l’outil de coupe <strong>et</strong> l’inclinaison de la<br />

pièce. Ensuite, lorsque le menuisier a pris<br />

connaissance des caractéristiques de la mortaise<br />

à usiner, il place en général le parement<br />

de la pièce de bois sur la table <strong>et</strong> le<br />

chant contre le guide. Il l’immobilise grâce<br />

au presseur dont la force est répartie sur<br />

une surface supérieure à celle de l’usinage<br />

grâce à une cale en bois dur plus longue<br />

que la mortaise. <strong>Le</strong> menuisier règle le positionnement<br />

de l’outil. Il délimite la mortaise<br />

en usinant les abouts. Puis il travaille<br />

dans le sens opposé à celui de la rotation<br />

de l’outil de coupe afin d’orienter les<br />

copeaux dans l’évidement réalisé auparavant.<br />

Chaque type de mortaiseuse produit<br />

des mortaises caractéristiques.<br />

La mortaiseuse à mèche <strong>et</strong> la mortaiseuse<br />

à bédane carré<br />

La mortaiseuse à mèche 28 réalise des<br />

mortaises aux abouts arrondis <strong>et</strong> à fond<br />

plat grâce à la rotation d’une mèche dont<br />

le diamètre détermine l’épaisseur de l’évidement.<br />

Pour ce type de mortaiseuse,<br />

l’outil travaille en général horizontale-<br />

Fig. 22. Positionnement d’un pare-éclat pour une mortaiseuse<br />

à chaîne.<br />

63<br />

28. Voir l’Encyclopédie<br />

des Métiers. La<br />

menuiserie, tome 2,<br />

« La mécanisation »,<br />

p. 149.


049-098-Façonnage <strong>et</strong> usinage_4 16/03/12 17:53 Page64<br />

ment. Il existe plusieurs types de mèches.<br />

La mèche hélicoïdale (fig. 23 a) est une<br />

mèche à profil constant qui réalise des<br />

mortaises par perçage de trous successifs<br />

puis par chariotage afin d’évider le surplus<br />

de matière entre ces trous (fig. 24). La<br />

mèche à cuillère est une mèche droite à<br />

profil constant qui a des entailles, appelées<br />

« brise-copeaux » (fig. 23 b). Elle s’utilise<br />

comme la mèche hélicoïdale mais perm<strong>et</strong><br />

d’obtenir un résultat plus soigné. La mèche<br />

à charioter est une mèche droite dont les<br />

Fig. 23. <strong>Le</strong>s différents types de mèches utilisées avec une<br />

mortaiseuse à mèche. a. mèche hélicoïdale ; b. mèche à<br />

cuillère; c. mèche à charioter; d. mèche oscillante.<br />

Fig. 24. Mortaisage par perçage de trous successifs puis<br />

chariotage.<br />

64<br />

a<br />

b<br />

c<br />

d<br />

arêtes tranchantes donnent un état de surface<br />

plus satisfaisant que les deux précédentes<br />

(fig. 23 c). La mèche oscillante est<br />

une mèche droite possédant deux araseurs<br />

facilitant la pénétration dans la matière ;<br />

elle est principalement utilisée dans la<br />

menuiserie en chaise (fig. 23 d).<br />

<strong>Le</strong> positionnement vertical de l’outil<br />

de coupe se règle par rapport au niveau de<br />

la table, de préférence en montant, afin<br />

d’éviter un éventuel jeu mécanique dans le<br />

pas de vis provoquant des vibrations lors<br />

de la mise sous tension de la machine. <strong>Le</strong><br />

diamètre de la mèche doit correspondre à<br />

l’espacement entre les deux traits de trusquin<br />

qui délimitent la mortaise. <strong>Le</strong> réglage<br />

horizontal peut prendre pour référence le<br />

niveau de la table ou du bloc-moteur. Une<br />

butée définit la profondeur. Sous la table,<br />

deux butées latérales déterminent la longueur<br />

de la mortaise.<br />

Deux Américains, Robert <strong>et</strong> Ralf<br />

Greenlee, tonneliers de métier, inventent<br />

en 1874 une mortaiseuse à usinage vertical<br />

dont l’outil de coupe est composé d’un<br />

bédane creux dans lequel ils ont inséré une<br />

mèche hélicoïdale sans pointe de centrage<br />

(fig. 25). C<strong>et</strong>te mèche est dotée de deux<br />

arêtes tranchantes. Elle est animée d’un<br />

mouvement de rotation à l’intérieur du<br />

bédane qui, lui, est fixe. Son affûtage spécifique<br />

canalise les copeaux vers l’intérieur,<br />

<strong>et</strong> une lumière latérale perm<strong>et</strong> de les éva-<br />

Fig. 25. <strong>Le</strong> bédane creux <strong>et</strong> sa mèche hélicoïdale.


049-098-Façonnage <strong>et</strong> usinage_4 16/03/12 17:53 Page65<br />

Fig. 26. Mortaisage à la mortaiseuse à chaîne.<br />

cuer. La dimension du bédane détermine<br />

la largeur de la mortaise. <strong>Le</strong>s réglages de<br />

positionnement se font de la même façon<br />

que sur la mortaiseuse à mèche. C<strong>et</strong>te<br />

machine donne un bon état de surface,<br />

mais l’usinage reste délicat <strong>et</strong> relativement<br />

lent.<br />

La mortaiseuse à chaîne<br />

La mortaiseuse à chaîne 29 réalise des<br />

mortaises aux abouts équarris <strong>et</strong> dont le<br />

fond est arrondi dans les angles (fig. 26).<br />

L’utilisation de c<strong>et</strong>te mortaiseuse impose<br />

donc de moucher les angles du tenon. À la<br />

sortie de la mortaise, dans le sens de la<br />

remontée de la chaîne, la coupe est perpendiculaire<br />

aux fibres du bois qui ont donc<br />

tendance à être arrachées <strong>et</strong> proj<strong>et</strong>ées. C’est<br />

pourquoi c<strong>et</strong>te machine est équipée d’un<br />

pare-éclat mobile, qui suit le mouvement<br />

du guide-barre. Ce dernier comporte à<br />

l’extrémité de son corps un roulement dont<br />

le diamètre dépend de l’épaisseur de la<br />

chaîne.<br />

Contrairement à la mortaiseuse à<br />

mèche, le bloc-moteur de la mortaiseuse<br />

à chaîne est généralement mobile. Il se<br />

déplace latéralement <strong>et</strong> perm<strong>et</strong> ainsi l’usinage<br />

de la mortaise dans le sens de sa longueur,<br />

à condition bien sûr qu’elle soit<br />

supérieure à la largeur de l’outil de coupe.<br />

Il se déplace aussi transversalement ce qui<br />

perm<strong>et</strong> de positionner la chaîne entre les<br />

deux traits de trusquin. Il se déplace enfin<br />

verticalement perm<strong>et</strong>tant ainsi de déterminer<br />

la profondeur de la mortaise.<br />

L’ampleur de ce mouvement vertical est<br />

limitée par une butée de fin de course,<br />

mais la table, réglable en hauteur, perm<strong>et</strong><br />

de s’adapter aux pièces imposantes. Pour<br />

réaliser une mortaise débouchante, le<br />

La menuiserie / <strong>Le</strong> <strong>façonnage</strong> <strong>et</strong> l’usinage<br />

menuisier usine la première moitié de la<br />

mortaise puis r<strong>et</strong>ourne la pièce <strong>et</strong> répète<br />

les mêmes opérations.<br />

La mortaiseuse à bédane simple oscillant<br />

La mortaiseuse à bédane simple oscillant<br />

30 réalise des mortaises équarries à fond<br />

ondulé. Elle nécessite elle aussi l’utilisation<br />

d’un pare-éclat. <strong>Le</strong> réglage de l’outil de<br />

coupe, qui joue sur l’équilibre de masses<br />

excentriques par rapport à l’axe du porteoutil,<br />

est assez complexe <strong>et</strong> diffère selon les<br />

constructeurs. Ces derniers fournissent un<br />

tableau de correspondances entre les longueurs<br />

standardisées de mortaises <strong>et</strong> la<br />

position à donner aux masses. C’est la combinaison<br />

de l’oscillation du bédane <strong>et</strong> de<br />

son mouvement elliptique qui façonne la<br />

mortaise (fig. 27). C<strong>et</strong>te mortaiseuse peut<br />

réaliser en une seule passe, <strong>et</strong> avec un<br />

grand soin, des mortaises doubles ou plusieurs<br />

mortaises avec ou sans épaulement.<br />

La mortaiseuse à bédane triple<br />

La mortaiseuse à bédane triple 31 ,<br />

appelée aussi « mortaiseuse à trois couteaux<br />

», résout quasiment tous les problèmes<br />

rencontrés avec les machines<br />

précédentes. Elle réalise des mortaises à<br />

bords équarris dont le fond est quasiment<br />

plat <strong>et</strong> dont la forme peut être rectangulaire,<br />

trapézoïdale ou parallélépipédique<br />

(fig. 28). <strong>Le</strong> pointage <strong>et</strong> le mode de fonc-<br />

Fig. 27. Mortaisage à la mortaiseuse à bédane oscillant.<br />

65<br />

29. Voir l’Encyclopédie<br />

des Métiers. La<br />

menuiserie, tome 2<br />

« La mécanisation »,<br />

p. 149.<br />

30. Voir l’Encyclopédie<br />

des Métiers. La<br />

menuiserie, tome 2,<br />

« La mécanisation »,<br />

p. 149.<br />

31. Voir l’Encyclopédie<br />

des Métiers. La<br />

menuiserie, tome 2,<br />

« La mécanisation »,<br />

p. 149.


049-098-Façonnage <strong>et</strong> usinage_4 16/03/12 17:53 Page66<br />

32. Voir l’Encyclopédie<br />

des Métiers. La<br />

menuiserie, tome 2,<br />

« <strong>Le</strong>s assemblages »,<br />

p. 212.<br />

33. Voir l’Encyclopédie<br />

des Métiers. La<br />

menuiserie, tome 2,<br />

« <strong>Le</strong>s outils », p. 51.<br />

34. Voir « L’établissement<br />

», p. xxx.<br />

35. <strong>Le</strong> pouce sert<br />

d’appui à la lame pour<br />

la guider vers la partie<br />

du tenon à éjecter.<br />

Fig. 28. <strong>Le</strong>s différentes possibilités d’un mortaisage à la<br />

mortaiseuse à bédane triple. a. mortaise rectangulaire ;<br />

b. mortaises trapézoïdales; c. mortaise parallélépipédique.<br />

Fig. 29. Mortaisage à la mortaiseuse à bédane triple.<br />

tionnement ainsi que le bâti peuvent<br />

s’apparenter à ceux de la mortaiseuse à<br />

mèche. C<strong>et</strong>te mortaiseuse possède deux<br />

couteaux latéraux <strong>et</strong> un bédane central.<br />

<strong>Le</strong>s couteaux latéraux, dont l’écartement<br />

se règle manuellement, déterminent la longueur<br />

de la mortaise <strong>et</strong> en équarrissent les<br />

abouts. C<strong>et</strong>te dernière action supprime les<br />

éclats, pendant que le bédane central évide<br />

le milieu de la mortaise par un mouvement<br />

hélicoïdal (fig. 29). L’amplitude d’oscillation<br />

de ce bédane se règle en fonction de<br />

l’écartement des couteaux. Ce système<br />

implique de posséder des jeux d’outils qui<br />

correspondent aux profondeurs de mortaise<br />

souhaitées.<br />

<strong>Le</strong> tenonnage<br />

<strong>Le</strong> tenon est la partie mâle qui vient<br />

se loger dans la mortaise (fig. 30). Ses<br />

dimensions dépendent donc de celles de<br />

la mortaise. Pour un ajustement optimal,<br />

l’épaisseur du tenon doit être légèrement<br />

inférieure à la largeur de la mortaise afin<br />

de laisser la place à la colle <strong>et</strong> sa longueur<br />

légèrement inférieure à la profondeur de<br />

la mortaise afin de prévenir d’éventuelles<br />

irrégularités au fond de la mortaise <strong>et</strong> de<br />

66<br />

Fig. 30. Un tenon. a. largeur; b. épaisseur; c. longueur;<br />

d. arasement; e. about; f. joue.<br />

tenir compte de l’épaisseur de la colle en<br />

cas de collage. En revanche, le tenon doit<br />

légèrement forcer dans le sens de la largeur<br />

qui peut être soumis au r<strong>et</strong>rait du bois<br />

puisqu’il s’agit de travers fil.<br />

<strong>Le</strong> principe du tenon <strong>et</strong> de la mortaise<br />

est celui de tous les assemblages regroupés<br />

sous le terme d’« enfourchement 32 ». Ces<br />

modes de liaison sont très courants en<br />

menuiserie, par exemple pour l’assemblage<br />

d’un montant <strong>et</strong> d’une traverse dormante<br />

de porte ou de fenêtre. <strong>Le</strong>ur réalisation<br />

s’apparente à du tenonnage.<br />

<strong>Le</strong> <strong>façonnage</strong><br />

<strong>Le</strong> tenon<br />

Pour réaliser manuellement un tenon,<br />

le menuisier utilise une scie à tenonner 33 .<br />

Lorsque l’établissement 34 est terminé, il<br />

trace les arasements du tenon sur les<br />

chants puis sur les faces. Ensuite, aidé du<br />

trusquin, le menuisier repère l’about qu’il<br />

prolonge sur les chants jusqu’à l’arasement.<br />

La pièce de bois est alors placée verticalement<br />

dans la presse avec une partie qui<br />

dépasse suffisante pour scier avec aisance<br />

mais assez limitée pour ne pas occasionner<br />

de vibrations.<br />

<strong>Le</strong> menuisier se place à côté de la<br />

presse, le long de l’établi. Il pose le pouce 35<br />

gauche (s’il est droitier) sur l’about du<br />

tenon à côté du trait de trusquin désignant<br />

la joue droite, <strong>et</strong> tient la scie à<br />

tenonner de la main droite, de façon à


049-098-Façonnage <strong>et</strong> usinage_4 16/03/12 17:53 Page67<br />

avoir constamment en vue le trait à scier.<br />

Il amorce le sciage par p<strong>et</strong>its coups rapides<br />

en allongeant progressivement son geste<br />

sur quelques millimètres de profondeur de<br />

façon à ne plus voir les dents <strong>et</strong> ainsi à<br />

engager la voie de la scie dans la pièce de<br />

bois (fig. 31 a). <strong>Le</strong> menuisier desserre<br />

légèrement la presse, incline la traverse<br />

vers l’avant, à 45 o environ. Puis, il entame<br />

la descente d’un geste ample <strong>et</strong> en suivant<br />

des yeux le trait trusquiné sur le chant de<br />

la pièce de bois face à lui, en inclinant progressivement<br />

la scie à tenonner depuis la<br />

surface de référence vers le trait d’arasement,<br />

afin de « tomber » la première<br />

moitié de la joue (fig. 31 b). <strong>Le</strong> menuisier<br />

tourne sa pièce de bois, la place toujours<br />

verticalement, <strong>et</strong> procède alors de la même<br />

façon, si ce n’est que la partie de la joue<br />

déjà découverte sert maintenant de référence<br />

(fig. 31 c). La descente se fait parallèlement<br />

à l’arasement. <strong>Le</strong> trait de trusquin<br />

n’est plus visible, mais la lame bénéficie<br />

désormais d’une surface d’appui assez<br />

grande pour être correctement guidée. La<br />

première joue terminée, le menuisier réitère<br />

les mêmes opérations sur la joue gauche.<br />

Enfin, le menuisier scie les arasements.<br />

Il peut auparavant poser la pièce<br />

de bois sur la cale martyre <strong>et</strong> serrer le tout<br />

avec le val<strong>et</strong> <strong>et</strong> sa cale. De c<strong>et</strong>te manière,<br />

il surélève sa pièce <strong>et</strong> évite de scier l’arrête<br />

du plateau de l’établi. À l’aide de la scie à<br />

araser, il amorce le sciage sur une arête<br />

puis descend progressivement, guidé par le<br />

trait du parement <strong>et</strong> du chant (fig. 32).<br />

Pour un tenonnage biais, il faut seulement<br />

prendre en compte l’inclinaison de l’arasement<br />

en fonction des traits trusquinés sur<br />

les chants de la pièce de bois.<br />

L’enfourchement<br />

L’enfourchement classique est un<br />

assemblage à tenon <strong>et</strong> mortaise débouchante,<br />

avec un seul about, en bout de<br />

deux pièces de bois. Son exécution relève<br />

à la fois du tenonnage <strong>et</strong> du mortaisage<br />

dans la mesure où elle nécessite la scie <strong>et</strong><br />

le bédane. <strong>Le</strong> tracé est le même que celui<br />

du tenon. Il convient simplement de bien<br />

définir les parties à supprimer, dans lesquelles<br />

doit constamment se trouver le<br />

trait de scie. La partie femelle, bien que<br />

définie comme une mortaise débouchante,<br />

s’exécute comme un tenon par la « descente<br />

» de deux coups de scie, en veillant<br />

toujours à ce que la voie de la lame se<br />

trouve comprise dans la partie qui doit<br />

être enlevée. Après le sciage, la pièce de<br />

bois est placée à chant sur une cale martyre,<br />

serrée par le val<strong>et</strong> <strong>et</strong> la cale, <strong>et</strong> évidée<br />

La menuiserie / <strong>Le</strong> <strong>façonnage</strong> <strong>et</strong> l’usinage<br />

a<br />

b<br />

c<br />

Fig. 31. Façonnage d’un tenon : le sciage des joues.<br />

a. amorce des joues; b. sciage de la partie supérieure des<br />

joues ; c. r<strong>et</strong>ournement de la pièce <strong>et</strong> fin du sciage des<br />

joues.<br />

Fig. 32. Façonnage d’un tenon : le sciage de l’arasement.<br />

67


049-098-Façonnage <strong>et</strong> usinage_4 16/03/12 17:53 Page68<br />

36. Voir l’Encyclopédie<br />

des Métiers. La<br />

menuiserie, tome 2,<br />

« La mécanisation »,<br />

p. 153.<br />

37. <strong>Le</strong> menuisier<br />

emploie le terme de<br />

ravancement quand<br />

l’arasement du parement<br />

d’un tenon<br />

devance celui du contreparement<br />

d’une même<br />

pièce de bois. Voir<br />

l’Encyclopédie des<br />

Métiers. La menuiserie,<br />

tome 4, « <strong>Le</strong>s<br />

assemblages », p. 219.<br />

38. Un dérasement est<br />

l’inverse du ravancement.<br />

39. Voir l’Encyclopédie<br />

des Métiers. La<br />

menuiserie, tome 2<br />

« La mécanisation »,<br />

p. 155.<br />

Fig. 33. Façonnage d’un enfourchement : évidement au<br />

bédane de la partie femelle.<br />

à moitié au bédane comme une mortaise<br />

(fig. 33). La pièce de bois est r<strong>et</strong>ournée<br />

afin d’évider l’autre moitié. La partie mâle<br />

est définie <strong>et</strong> réalisée comme un tenon : on<br />

utilise la scie à tenon pour les joues <strong>et</strong> la<br />

scie à araser pour les arasements.<br />

L’usinage<br />

<strong>Le</strong> tenon<br />

Pour réaliser mécaniquement un<br />

tenon, le menuisier utilise une tenonneuse 36 .<br />

Dans le cas d’un tenon sans ravancement<br />

de moulure ou de feuillure (fig. 34),<br />

le menuisier règle l’arbre porte-scie de<br />

la tenonneuse pour qu’il coupe transversalement<br />

le tenon à la longueur voulue<br />

(photo 4). L’épaisseur du tenon dépend de<br />

Fig. 34. <strong>Le</strong>s différents arasements d’un tenon. a. ravancement<br />

de profil; b. arasement; c. dérasement.<br />

68<br />

Photo 4. Usinage d’un tenon à la tenonneuse : le tronçonnage.<br />

Document Compagnons du Devoir.<br />

l’écartement entre les deux outils de coupe,<br />

supérieur <strong>et</strong> inférieur, qui peuvent être des<br />

dérouleurs ou des plateaux à tenonner.<br />

Enfin, la hauteur de c<strong>et</strong> ensemble détermine<br />

la position du tenon par rapport à<br />

l’épaisseur de la pièce de bois.<br />

Si le tenon doit comporter un épaulement,<br />

le menuisier utilise les dérouleurs<br />

ou les plateaux. Il place la pièce de bois à<br />

chant contre le guide de sorte que l’épaulement<br />

soit en partie basse ce qui perm<strong>et</strong><br />

un usinage plus sûr. Si l’épaulement est<br />

réalisé après l’usinage du tenon, il faut<br />

modifier le pare-éclat d’origine afin qu’il<br />

vienne presser la joue du tenon. Dans le<br />

cas inverse, aucune modification n’est<br />

nécessaire. Ensuite, il déplace verticalement<br />

l’outil de coupe supérieur de la largeur<br />

du tenon puis, toujours verticalement,<br />

l’outil de coupe inférieur de la hauteur de<br />

l’épaulement. Ainsi, seul l’outil de coupe<br />

inférieur usine l’épaulement.<br />

Si, dans le cas d’une moulure ou<br />

d’une feuillure, le tenon nécessite un<br />

ravancement 37 ou un dérasement 38 , le<br />

menuisier déplace latéralement l’outil supérieur<br />

(photo 5). Si le menuisier se sert du<br />

système à contre-profil 39 pour un raccorde-<br />

Photo 5. Usinage d’un tenon à la tenonneuse : le tenonnage.<br />

Document Compagnons du Devoir.


049-098-Façonnage <strong>et</strong> usinage_4 16/03/12 17:53 Page69<br />

Photo 6. Usinage d’un contre-profil à la tenonneuse.<br />

Document Compagnons du Devoir.<br />

ment de moulure, il installe l’outil à<br />

contre-profiler sur un arbre vertical en<br />

aval du groupe de tenonnage (photo 6).<br />

L’outil doit affleurer la joue du tenon <strong>et</strong><br />

ne vient profiler que l’arasement, par en<br />

dessous ou par au-dessus suivant le type<br />

d’outils utilisé. Sa profondeur de passe<br />

est réglée horizontalement en fonction<br />

de l’arasement prédéfini par les outils de<br />

coupe supérieur <strong>et</strong> inférieur.<br />

L’inclinaison des arasements s’obtient<br />

à l’aide du guide disposé sur le chariot.<br />

Couramment placé d’équerre aux outils de<br />

coupe, le guide pivote pour les arasements<br />

biais. Un pare-éclat est placé en bout du<br />

guide <strong>et</strong> diffère suivant l’inclinaison de<br />

l’arasement. En eff<strong>et</strong>, le guide pivotant sur<br />

un axe, l’extrémité s’éloigne peu à peu des<br />

outils de coupe. Pour combler c<strong>et</strong> éloignement,<br />

le menuisier remplace le pare-éclat<br />

initial par un autre, plus long, ou fait coulisser<br />

le guide s’il est posé sur un rail afin<br />

d’approcher l’extrémité du pare-éclat au<br />

plus près des outils de coupe supérieur <strong>et</strong><br />

inférieur. Enfin, la surface de référence des<br />

pièces à usiner est placée contre la table <strong>et</strong><br />

maintenue fermement par un presseur.<br />

Pour des pièces présentant un cintre<br />

important, des arasements cintrés, ou de<br />

grosses sections, les tenons se réalisent à la<br />

toupie. <strong>Le</strong> menuisier procède à un montage<br />

d’usinage afin de travailler en toute sécurité<br />

<strong>et</strong> adapte sur l’arbre de toupie des<br />

lames de scies circulaires ou des outils à<br />

feuillure. Dans les p<strong>et</strong>ites entreprises artisanales,<br />

il n’est pas rare de voir des toupies<br />

équipées de chariots à tenonner. Dans<br />

ce cas, le menuisier utilise des plateaux à<br />

tenonner qu’il règle de la même façon<br />

qu’une tenonneuse.<br />

L’enfourchement<br />

La partie femelle 40 de l’enfourchement<br />

est réalisée à la tenonneuse avec un pla-<br />

La menuiserie / <strong>Le</strong> <strong>façonnage</strong> <strong>et</strong> l’usinage<br />

Photo 7. Usinage d’un double enfourchement à la tenonneuse<br />

: le tenonnage. Document Compagnons du Devoir.<br />

Photo 8. Usinage d’un double enfourchement à la tenonneuse<br />

: évidement avec un plateau à enfourchement.<br />

Document Compagnons du Devoir.<br />

teau à enfourchement 41 . L’outil se déplace<br />

verticalement afin de positionner c<strong>et</strong> évidement<br />

sur le bout de la pièce <strong>et</strong> horizontalement<br />

pour définir sa profondeur. La partie<br />

mâle de l’enfourchement est réalisée comme<br />

un tenon en utilisant les plateaux ou les<br />

dérouleurs supérieur <strong>et</strong> inférieur.<br />

Pour réaliser la partie femelle d’un<br />

double enfourchement, deux plateaux à<br />

enfourchement sont superposés avec un<br />

écartement correspondant à celui entre les<br />

deux tenons. Pour la partie mâle, les outils<br />

de coupe supérieur <strong>et</strong> inférieur usinent<br />

les joues extérieures : c<strong>et</strong>te étape s’apparente<br />

à un tenon avec une forte épaisseur<br />

(photo 7). Un plateau à enfourchement<br />

réalise ensuite l’évidement au milieu de son<br />

épaisseur (photo 8).<br />

<strong>Le</strong>s assemblages à queues-d’aronde<br />

<strong>et</strong> à queues droites<br />

<strong>Le</strong>s queues peuvent être considérées<br />

comme un type particulier d’assemblage à<br />

tenon <strong>et</strong> mortaise qui demande un tracé <strong>et</strong><br />

une réalisation spécifiques. <strong>Le</strong>ur forme <strong>et</strong><br />

leur répartition sur les pièces à maintenir<br />

69<br />

40. Voir l’Encyclopédie<br />

des Métiers. La<br />

menuiserie, tome 4,<br />

« <strong>Le</strong>s assemblages »,<br />

p. 212.<br />

41. <strong>Le</strong> plateau à<br />

enfourchement est<br />

une fraise d’environ<br />

300 mm de diamètre<br />

qui usine le profil<br />

droit correspondant à<br />

la partie femelle de<br />

l’enfourchement.


049-098-Façonnage <strong>et</strong> usinage_4 16/03/12 17:53 Page70<br />

Fig. 35. Un assemblage à queues. a. joue; b. queue mâle;<br />

c. queue femelle; d. demi-queue femelle.<br />

ensemble en font un assemblage particulièrement<br />

résistant pour les ouvrages en bois<br />

massif comme les tiroirs, les caissons, les<br />

coffr<strong>et</strong>s, <strong>et</strong>c. (fig. 35).<br />

Un assemblage à queue-d’aronde se<br />

caractérise par la forme des queues : trapézoïdale<br />

sur les faces <strong>et</strong> rectangulaire en bois<br />

de bout pour les queues mâles (fig. 36 a).<br />

Ces dernières sont séparées par des évidements<br />

appelés « interqueues » qui reçoivent<br />

les queues femelles. Celles-ci se reconnaissent<br />

à leur forme rectangulaire sur les<br />

faces <strong>et</strong> trapézoïdale en bois de bout. La<br />

pièce mâle, qui porte les queues mâles,<br />

se distingue par un évidement à chaque<br />

extrémité, destiné à recevoir une demiqueue.<br />

Quant à la pièce femelle, elle comporte<br />

les queues femelles, espacées par des<br />

évidements destinés à recevoir les queues<br />

mâles de la pièce mâle <strong>et</strong> une demi-queue<br />

à chaque extrémité. Pour un assemblage à<br />

queues droites, les queues <strong>et</strong> les interqueues,<br />

de forme cubique, sont identiques<br />

(fig. 36 b). Certaines queues-d’aronde sont<br />

recouvertes, c’est-à-dire invisibles sur une<br />

face, mais apparentes sur un côté car elles<br />

n’occupent pas toute l’épaisseur de la pièce<br />

de bois (fig. 36 c). Il existe aussi des<br />

queues-d’aronde invisibles en totalité : on<br />

ne distingue, une fois l’assemblage réalisé,<br />

que deux coupes (fig. 36 d).<br />

Quel que soit le type de queue utilisé,<br />

les premières étapes de traçage sont les<br />

mêmes. <strong>Le</strong> menuisier trace à l’aide du trusquin<br />

une ligne parallèle à l’arête du bout<br />

de la pièce qui doit accueillir les queues.<br />

La distance entre la ligne <strong>et</strong> l’arête doit<br />

correspondre à l’épaisseur de la pièce à<br />

assembler plus une surcote d’environ 2 à<br />

3 mm perm<strong>et</strong>tant d’amorcer le trait de<br />

70<br />

a<br />

b<br />

c<br />

d<br />

Fig. 36. Différents assemblages à queues. a. à queuesd’aronde;<br />

b. à queues droites; c. à queues-d’aronde recouvertes;<br />

d. à queues-d’aronde invisibles.<br />

scie : c’est la ligne d’arasement des interqueues.<br />

Pour les queues-d’aronde recouvertes<br />

<strong>et</strong> celles qui sont invisibles, il faut<br />

prendre en compte le recouvrement lors de<br />

ce tracé. <strong>Le</strong>s queues-d’aronde de menuisier<br />

comme celles d’ébéniste ont une inclinaison<br />

qui correspond à la diagonale d’un rectangle<br />

de largeur 1 <strong>et</strong> de longueur 5, soit<br />

78 o . La répartition <strong>et</strong> le tracé sur la pièce


049-098-Façonnage <strong>et</strong> usinage_4 16/03/12 17:53 Page71<br />

de bois diffèrent en revanche d’un métier<br />

à l’autre 42 . Chez le menuisier, queues <strong>et</strong><br />

interqueues ont les mêmes dimensions qui<br />

dépendent à la fois de la largeur de la pièce<br />

de bois <strong>et</strong> de son épaisseur. L’ébéniste,<br />

quant à lui, calcule le nombre de queues à<br />

réaliser de la même façon que le menuisier<br />

mais attribue à la base des interqueues une<br />

longueur constante qui varie entre 2 <strong>et</strong><br />

4 mm <strong>et</strong> détermine par conséquent celle<br />

des queues.<br />

<strong>Le</strong> <strong>façonnage</strong><br />

Afin de décrire le <strong>façonnage</strong> des<br />

queues-d’aronde, on prend l’exemple de la<br />

réalisation d’un tiroir. Après avoir déterminé<br />

la répartition des queues-d’aronde<br />

mâles, le menuisier serre la pièce dans une<br />

presse de façon à ce que les joues soient<br />

verticales. Il peut effectuer la même opération<br />

sur plusieurs pièces en même temps<br />

en les serrant ensemble dans la presse.<br />

Par contre l’exécution des queues mâles<br />

<strong>et</strong> celle des queues femelles s’effectuent<br />

séparément.<br />

Avec une scie à araser, il commence<br />

par « scier au trait » 43 les joues des queues<br />

mâles de sorte que l’épaisseur du sciage<br />

soit à l’intérieur des parties à enlever<br />

(fig. 37 a). Pour évider les intervalles entre<br />

les queues mâles, il pose la pièce à plat<br />

sur la cale martyre qu’il maintient à l’aide<br />

du val<strong>et</strong>. Avec le ciseau à bois, qu’il place<br />

à 1 ou 2 mm en avant de l’arasement<br />

pour ne pas « mater » l’arête, il entaille<br />

d’abord obliquement jusqu’à la moitié de<br />

l’épaisseur (fig. 37 b). Il r<strong>et</strong>ourne alors<br />

la pièce <strong>et</strong> effectue la même opération<br />

sur l’autre face. Pour finir, il dresse le fond<br />

de l’entaille de l’arasement en tenant<br />

le ciseau bien d’aplomb. La pièce mâle<br />

achevée, il réalise la pièce femelle destinée<br />

à la recevoir. Avec une pointe à tracer ou<br />

un crayon taillé de manière adéquate, il<br />

reporte par superposition les queues déjà<br />

réalisées sur son chant (fig. 37 c). Puis,<br />

avec une équerre, à chaque intersection<br />

entre ce tracé <strong>et</strong> l’arête du chant, il tire<br />

sur le plat un segment perpendiculaire à<br />

c<strong>et</strong>te arête jusqu’à l’arasement. Il enlève la<br />

partie destinée à accueillir les queuesd’aronde<br />

de la pièce mâle en procédant de<br />

la même façon que pour les queues mâles.<br />

Pour les queues droites, les queues<br />

mâles ayant la même forme que les queues<br />

femelles, le menuisier décale les pièces<br />

mâles <strong>et</strong> femelles pour aligner les évidements<br />

<strong>et</strong> les queues. Ainsi, il a la possibilité<br />

de scier les joues des queues mâles <strong>et</strong><br />

femelles simultanément. Mais il doit évider<br />

les intervalles séparément.<br />

La menuiserie / <strong>Le</strong> <strong>façonnage</strong> <strong>et</strong> l’usinage<br />

Fig. 37. Exécution manuelle d’un assemblage à queuesd’aronde.<br />

a. sciage des queues mâles ; b. évidement des<br />

queues mâles; c. traçage des queues femelles.<br />

a<br />

b<br />

c<br />

71<br />

42. Voir la description<br />

détaillée du tracé de<br />

répartition des queuesd’aronde<br />

de menuisier<br />

dans l’Encyclopédie<br />

des Métiers. La menuiserie,<br />

tome 3, « Éléments<br />

de géométrie<br />

plane », p. 34.<br />

43. « Scier au trait »<br />

consiste à placer le<br />

bord de la scie à l’axe<br />

du trait de manière à<br />

ce que ce dernier disparaisse<br />

à moitié dans le<br />

sciage.


049-098-Façonnage <strong>et</strong> usinage_4 16/03/12 17:53 Page72<br />

a<br />

44. Un peigne est une<br />

règle métallique taillée<br />

en forme de dents<br />

parallélépipédiques<br />

espacées régulièrement.<br />

45. Un palpeur est un<br />

dispositif perm<strong>et</strong>tant<br />

de copier une forme <strong>et</strong><br />

de r<strong>et</strong>ransm<strong>et</strong>tre les<br />

informations à l’outil<br />

de coupe.<br />

Pour les queues-d’aronde recouvertes,<br />

les queues mâles de la pièce mâle sont<br />

façonnées comme celles des queues-d’aronde<br />

traditionnelles. En revanche, sur la pièce<br />

femelle, les évidements recevant les queues<br />

mâles ne traversent pas l’épaisseur de la<br />

pièce comme les queues-d’arondes classiques.<br />

Il faut donc scier obliquement les<br />

joues des parties à évider depuis la ligne<br />

trusquinée sur le bois de bout qui définit<br />

la longueur des queues mâles, jusqu’à celle<br />

tracée sur la face de la pièce femelle qui<br />

détermine l’épaisseur de la pièce mâle<br />

(fig. 38 a). On finit d’équarrir au ciseau à<br />

bois (fig. 38 b).<br />

Pour les queues-d’aronde invisibles,<br />

les pièces mâle <strong>et</strong> femelle doivent être de la<br />

même épaisseur. <strong>Le</strong>s queues ne traversant<br />

pas l’épaisseur des pièces, il faut réaliser<br />

une feuillure en bout de chaque pièce afin<br />

de laisser un carré, d’environ 6 x 6 mm,<br />

situé du côté de l’arête extérieure de<br />

l’assemblage. Ce carré doit perm<strong>et</strong>tre la<br />

réalisation ultérieure du chanfrein pour<br />

l’assemblage des deux pièces. De l’arête<br />

extérieure des pièces, un trait d’ongl<strong>et</strong> est<br />

tracé sur le chant des pièces afin d’obtenir<br />

l’arête intérieure de l’assemblage <strong>et</strong> ainsi la<br />

profondeur des queues (fig. 39 a). La<br />

répartition des queues ne change pas si ce<br />

n’est qu’à chaque extrémité, il faut prévoir<br />

une coupe d’ongl<strong>et</strong> dont la profondeur correspond<br />

à celle de la feuillure réalisée au<br />

début (fig. 39 b). <strong>Le</strong> sciage des joues<br />

s’effectue obliquement en suivant l’angle<br />

déterminé sur les chants de la pièce, <strong>et</strong><br />

72<br />

b<br />

Fig. 38. Exécution manuelle d’un assemblage à queuesd’aronde<br />

recouvertes. a. sciage des queues femelles; b. évidement<br />

des queues femelles.<br />

a<br />

b<br />

c<br />

Fig. 39. Exécution manuelle d’un assemblage à queuesd’aronde<br />

invisibles. a. détermination des parties à évider;<br />

b. sciage de la coupe d’ongl<strong>et</strong> sur le chant de la pièce ;<br />

c. chanfreinage, au guillaume <strong>et</strong> à l’aide d’une cale, du<br />

carré de la feuillure initiale.<br />

l’évidement des intervalles se réalise au<br />

ciseau à bois. <strong>Le</strong>s queues étant terminées,<br />

il ne reste plus qu’à chanfreiner à 45 o le<br />

carré de la feuillure initiale. On utilise un<br />

guillaume, guidé par une cale dont l’about<br />

est à 45 o (fig. 39 c). C<strong>et</strong>te cale perm<strong>et</strong> en<br />

outre d’éviter les éclats.<br />

L’usinage<br />

Pour usiner les assemblages à queues<br />

droites ou à queues-d’aronde découvertes,<br />

on utilise une machine spécifique : la queuteuse<br />

(photo 9). Elle se compose d’un bâti<br />

qui supporte un axe transversal sur lequel<br />

coulisse un bloc-moteur, d’un peigne 44 <strong>et</strong> de<br />

deux tables fixes, l’une verticale <strong>et</strong> l’autre<br />

horizontale, chacune équipée de deux vérins<br />

mécaniques ou pneumatiques (photo 10).<br />

Ces tables perm<strong>et</strong>tent d’usiner deux pièces<br />

de bois en même temps. <strong>Le</strong> bloc-moteur<br />

comporte un mandrin en partie haute <strong>et</strong><br />

un palpeur 45 qui peut être sous le mandrin


049-098-Façonnage <strong>et</strong> usinage_4 16/03/12 17:53 Page73<br />

Photo 9. La queuteuse. Document Compagnons du Devoir.<br />

Photo 10. La queuteuse : positionnement des pièces de<br />

bois. Document Compagnons du Devoir.<br />

dans le même axe ou sur la queue de la<br />

mèche. La fraise, droite ou trapézoïdale,<br />

se fixe sur le mandrin. Son diamètre est<br />

déterminé par le constructeur du peigne.<br />

Une poignée perm<strong>et</strong> de manier le blocmoteur<br />

pour parcourir avec le palpeur<br />

l’empreinte du peigne.<br />

<strong>Le</strong> menuisier doit positionner les<br />

extrémités de la pièce femelle dans l’axe<br />

d’une dent de peigne. <strong>Le</strong> parement de la<br />

pièce femelle est posé à plat contre la table<br />

horizontale. <strong>Le</strong> chant de la pièce qui reçoit<br />

l’assemblage doit affleurer le chant de la<br />

table verticale. Celle-ci reçoit le parement<br />

de la pièce mâle, posé également à plat <strong>et</strong><br />

contre le chant de la pièce femelle mais<br />

avec un décalage d’une queue. Ce décalage<br />

ajouté à la superposition des deux pièces<br />

perm<strong>et</strong> au menuisier de réaliser les queues<br />

La menuiserie / <strong>Le</strong> <strong>façonnage</strong> <strong>et</strong> l’usinage<br />

Fig. 40. Usinage de queues-d’aronde découvertes à la<br />

toupie munie d’un peigne : a. pièce mâle; b. pièce femelle.<br />

mâles <strong>et</strong> les queues femelles en même<br />

temps. Avant d’usiner, le menuisier règle<br />

la hauteur de la mèche pour qu’elle corresponde<br />

à l’épaisseur de la pièce posée sur la<br />

table horizontale. Il engage la mèche dans<br />

le sens opposé à sa rotation <strong>et</strong> évide ainsi<br />

les entailles.<br />

<strong>Le</strong>s queues-d’aronde découvertes<br />

peuvent aussi être réalisées avec une<br />

défonceuse portative ou une toupie munie<br />

d’un peigne (fig. 40). <strong>Le</strong> principe d’usinage<br />

<strong>et</strong> le positionnement des pièces de<br />

bois sont exactement les mêmes qu’avec la<br />

queuteuse si ce n’est que, pour la toupie,<br />

c’est le peigne avec les pièces de bois qui<br />

se déplacent alors que l’arbre reste fixe<br />

(photo 11).<br />

<strong>Le</strong> <strong>façonnage</strong> <strong>et</strong> l’usinage des entures<br />

en queue-d’aronde<br />

Parmi les différents assemblages à<br />

queue-d’aronde, l’enture à queue-d’aronde<br />

Photo 11. Usinage de queues-d’aronde avec une toupie<br />

munie d’un peigne. Document Compagnons du Devoir.<br />

73


049-098-Façonnage <strong>et</strong> usinage_4 16/03/12 17:53 Page74<br />

46. Voir l’Encyclopédie<br />

des Métiers. La<br />

menuiserie, tome 4,<br />

« <strong>Le</strong>s assemblages »,<br />

p. 210.<br />

47. Un tenon bâtard<br />

est un tenon avec un<br />

seul arasement.<br />

48. Voir infra<br />

« L ’ e n t a i l l a g e » ,<br />

p. XX.<br />

49. Voir l’Encyclopédie<br />

des Métiers. La<br />

menuiserie, tome 4,<br />

« <strong>Le</strong>s assemblages »,<br />

p. 227.<br />

50. Domino est une<br />

appellation déposée<br />

par la marque Festool.<br />

<strong>Le</strong> Domino a les caractéristiques<br />

d’un faux<br />

tenon.<br />

51. Voir l’Encyclopédie<br />

des Métiers. La<br />

menuiserie, tome 4,<br />

« <strong>Le</strong>s assemblages »,<br />

photos 28 à 31,<br />

p. 227.<br />

52. Voir l’Encyclopédie<br />

des Métiers. La<br />

menuiserie, tome 2,<br />

« La mécanisation »,<br />

p. 156.<br />

a la particularité de perm<strong>et</strong>tre d’abouter<br />

deux pièces. Elle peut être débouchante ou<br />

à mi-bois, en queue-d’aronde simple ou<br />

double. Elle doit résister à la fois à une<br />

traction <strong>et</strong> une flexion. Ce type d’assemblage<br />

sert principalement en restauration.<br />

<strong>Le</strong> menuisier doit donc parfois, lorsque<br />

les éléments ne sont pas démontables,<br />

travailler manuellement directement sur<br />

l’ouvrage.<br />

<strong>Le</strong> <strong>façonnage</strong> d’une enture en queued’aronde<br />

débouchante 46 se traite comme<br />

une queue-d’aronde traditionnelle. Celui de<br />

l’enture à mi-bois simple ou double en<br />

queue-d’aronde se réalise en deux étapes :<br />

le menuisier effectue d’abord la partie mâle<br />

qui se définit comme un tenon bâtard 47 . Il<br />

superpose ce dernier sur la pièce femelle <strong>et</strong><br />

en trace le contour : il définit ainsi l’évidement<br />

48 qui recevra la partie mâle.<br />

Pour l’usinage, le menuisier utilise<br />

principalement la scie à ruban pour délimiter<br />

sur toute l’épaisseur de la pièce de<br />

bois les contours de l’assemblage, <strong>et</strong> la<br />

défonceuse portative pour effectuer les évidements<br />

des assemblages à mi-bois. C<strong>et</strong>te<br />

dernière perm<strong>et</strong> de définir une profondeur<br />

d’entaille constante par rapport au parement.<br />

Grâce à sa maniabilité, il dirige aisément<br />

la mèche de la machine au plus près<br />

des contours de l’entaille qui sont ensuite<br />

délimités précisément au ciseau à bois.<br />

L’usinage des assemblages<br />

à pièces rapportées<br />

<strong>Le</strong> principe des assemblages à pièces<br />

rapportées consiste à m<strong>et</strong>tre en position <strong>et</strong><br />

à maintenir deux pièces à l’aide d’éléments<br />

tiers s’insérant dans l’une <strong>et</strong> l’autre 49 . Ces<br />

pièces rapportées, visibles ou invisibles,<br />

sont utilisées dans des ouvrages de menuiserie,<br />

d’agencement <strong>et</strong> de mobilier. Elles<br />

perm<strong>et</strong>tent, comme les vis de rappel, des<br />

montages temporaires propices à l’exécution<br />

d’ouvrages en série. En bois, en plastique<br />

ou en métal, elles se présentent sous<br />

diverses formes : tourillons, lamelles compressées,<br />

« Domino » 50 , fausses langu<strong>et</strong>tes,<br />

clé « Hoffmann-Schwalbe », excentriques 51 .<br />

L’exécution de ces assemblages est plus<br />

facile <strong>et</strong> plus rapide que celle de la plupart<br />

des assemblages traditionnels (tenon, mortaise,<br />

enture, <strong>et</strong>c.), notamment grâce à la<br />

simplicité d’utilisation des machines qui<br />

produisent les évidements correspondants.<br />

L’essor de l’ameublement <strong>et</strong> de l’agencement<br />

a favorisé l’utilisation de ces assemblages<br />

à pièces rapportées dans la mesure<br />

où il s’est accompagné d’une standardisa-<br />

74<br />

tion des dimensions des ouvrages <strong>et</strong> d’un<br />

processus d’industrialisation de la fabrication<br />

de ces pièces rapportées.<br />

<strong>Le</strong>s premières machines utilisées pour<br />

réaliser les emplacements de ces pièces rapportées<br />

étaient réservées uniquement aux<br />

industriels de l’ameublement, mais avec le<br />

développement de l’agencement, elles sont<br />

apparues à échelle réduite dans les p<strong>et</strong>ites<br />

<strong>et</strong> moyennes entreprises.<br />

<strong>Le</strong> tourillonnage<br />

<strong>Le</strong> tourillon est un cylindre de bois<br />

chanfreiné aux extrémités pour faciliter<br />

son engagement dans le perçage. Il est lisse<br />

ou cannelé, parfois comprimé <strong>et</strong> existe<br />

dans une large gamme standardisée de<br />

diamètres <strong>et</strong> de longueurs. <strong>Le</strong> tourillon<br />

lisse sert essentiellement au positionnement<br />

de l’assemblage. <strong>Le</strong>s cannelures facilitent<br />

la compression dans le trou <strong>et</strong> aident à<br />

répartir la colle. <strong>Le</strong> tourillon comprimé se<br />

dilate dans le trou sous l’eff<strong>et</strong> de l’humidité<br />

de la colle. L’assemblage par tourillon<br />

présente l’avantage de maintenir les pièces<br />

sur deux axes.<br />

<strong>Le</strong> menuisier choisit tout d’abord des<br />

tourillons dont le diamètre est le mieux<br />

adapté à la section de la pièce de bois.<br />

Puis, sur l’une des deux pièces à assembler,<br />

il trace l’axe sur lequel seront alignés<br />

les tourillons. Il faut un espace minimal de<br />

3 à 5 mm entre le tourillon <strong>et</strong> les arêtes du<br />

chant afin de ne pas fragiliser l’assemblage.<br />

L’écartement entre deux tourillons<br />

dépend de la quantité choisie pour la<br />

bonne tenue de l’assemblage qu’il faut<br />

répartir régulièrement. <strong>Le</strong> diamètre du perçage<br />

à effectuer pour insérer le tourillon<br />

est indiqué par le fabricant pour chaque<br />

type de tourillon. S’il est cannelé, son diamètre<br />

réel peut être légèrement supérieur à<br />

celui du perçage ; s’il est lisse, il se peut<br />

qu’il soit légèrement inférieur.<br />

Pour usiner ces perçages, le menuisier<br />

peut utiliser la perceuse multibroches 52 . Il<br />

commence dans un premier temps par<br />

déterminer la profondeur de perçage, puis<br />

il déplace le guide parallèlement aux axes<br />

des mèches <strong>et</strong> positionne le panneau en<br />

réglant les butées du guide. <strong>Le</strong> menuisier<br />

actionne d’une pédale ou d’un bouton des<br />

vérins pneumatiques qui pressent le panneau<br />

contre la table de travail, puis la tête<br />

de perçage effectue les perçages.<br />

<strong>Le</strong> menuisier peut également utiliser la<br />

tourillonneuse électroportative (photo 12).<br />

Elle est munie d’un bloc-moteur cylindrique<br />

qui actionne deux mèches hélicoïdales<br />

variant de 5 à 12 mm de diamètre<br />

pour un porte-outil de 8 mm de diamètre.


049-098-Façonnage <strong>et</strong> usinage_4 16/03/12 17:53 Page75<br />

Photo 12. Tourillonnage. Document Mafell AG.<br />

La table est reliée au bloc-moteur par<br />

deux coulisses latérales qui ont une butée<br />

réglable dont la profondeur maximale ne<br />

dépasse pas 34 mm. La table possède un<br />

guide réglable en hauteur <strong>et</strong> inclinable qui<br />

perm<strong>et</strong> de positionner les mèches en fonction<br />

de l’usinage souhaité. Pour usiner, le<br />

menuisier serre la pièce de bois sur l’établi,<br />

repère les axes des tourillons <strong>et</strong> les fait<br />

coïncider avec ceux inscrits sur la machine.<br />

Puis, il prend le bloc-moteur dans une<br />

main <strong>et</strong> place la deuxième sur le guide ou<br />

sur la table suivant le positionnement de<br />

la machine. Il exerce une pression sur le<br />

bloc-moteur en direction de la pièce de<br />

bois <strong>et</strong> usine ainsi les évidements recevant<br />

les tourillons.<br />

Pour usiner un seul trou à la fois, le<br />

menuisier utilise une perceuse à colonne ou<br />

une simple perceuse portative. La profondeur<br />

doit correspondre à la moitié de la<br />

longueur du tourillon plus 1 mm. Pour la<br />

perceuse à colonne, il positionne une butée<br />

de profondeur sur la machine tandis que<br />

pour la perceuse portative, la butée est<br />

située sur la mèche. Avant de percer, il<br />

repère le centre des perçages sur la pièce<br />

de bois. Ensuite, il insère des centreurs 53<br />

dans les trous qui perm<strong>et</strong>tent de reproduire<br />

les points de centre des perçages de<br />

la seconde pièce.<br />

L’assemblage à lamelles<br />

La lamelle compressée est une plaqu<strong>et</strong>te<br />

de bois mi-dur, en hêtre par<br />

exemple. <strong>Le</strong> découpage de la forme par un<br />

emporte-pièce génère une compression qui<br />

imprime un relief gaufré sur ses deux faces<br />

perm<strong>et</strong>tant d’améliorer la répartition de la<br />

colle. <strong>Le</strong>s deux arcs de cercle qui en définissent<br />

le contour correspondent à une<br />

entaille effectuée par une fraise de 100 mm<br />

de diamètre <strong>et</strong> de 4 mm d’épaisseur. Ce<br />

procédé perm<strong>et</strong> une multitude d’applica-<br />

La menuiserie / <strong>Le</strong> <strong>façonnage</strong> <strong>et</strong> l’usinage<br />

tions, comme le pré-positionnement avant<br />

collage <strong>et</strong> divers assemblages tant en bois<br />

massif qu’en panneaux dérivés. Il existe<br />

des lamelles démontables : elles se composent<br />

de deux éléments symétriques autoserrants<br />

qui s’imbriquent facilement l’un<br />

dans l’autre. Elles sont dans ce cas en aluminium<br />

ou en matière synthétique résistante.<br />

Elles sont généralement utilisées<br />

pour assembler de p<strong>et</strong>its éléments qui<br />

doivent rester amovibles sans ferrures ni<br />

visseries apparentes, comme les trappes de<br />

visite ou des caches. C<strong>et</strong> assemblage ne<br />

perm<strong>et</strong> un blocage que sur un seul axe de<br />

la pièce mais l’usinage est plus aisé que<br />

pour un assemblage à tourillon.<br />

L’usinage de l’entaille en demi-lune<br />

destinée à recevoir la lamelle se fait à la<br />

fraiseuse à lamelles, une machine électroportative<br />

plus connue sous le nom de<br />

« Lamello » 54 . C<strong>et</strong>te entaille ne peut en eff<strong>et</strong><br />

se faire que mécaniquement. Elle laisse un<br />

jeu de 1 mm pour perm<strong>et</strong>tre une répartition<br />

correcte de la colle sans qu’elle déborde<br />

au moment de la jonction. <strong>Le</strong>s extrémités<br />

sont adoucies par un méplat ou un arc-decercle<br />

qui évite de fragiliser la lamelle.<br />

Tout d’abord, le menuisier trace un<br />

repère d’axe sur les pièces à assembler. Il<br />

choisit la profondeur de plongée en fonction<br />

de la lamelle choisie. Puis, il pose le<br />

guide de référence sur le panneau, en alignant<br />

l’axe de la fraiseuse avec le repère<br />

tracé. Il exerce une pression manuelle sur<br />

le bloc-moteur de la machine afin d’effectuer<br />

l’entaille. Il est possible d’usiner selon<br />

différents angles, en utilisant le guide<br />

inclinable de la machine, afin de réaliser<br />

des assemblages sur chant, à plat joint<br />

d’équerre ou à coupes diverses.<br />

L’assemblage « Domino »<br />

<strong>Le</strong> « Domino », qui doit son nom à sa<br />

forme rectangulaire, est un faux tenon aux<br />

chants arrondis, disponible en cinq tailles 55 ,<br />

chacune appropriée à une application <strong>et</strong><br />

à une épaisseur de matériau différentes.<br />

Il combine les caractéristiques d’exécution<br />

du tourillon <strong>et</strong> de la lamelle.<br />

C’est avec une machine portative, la<br />

fraiseuse « Domino », que le menuisier<br />

exécute les trous oblongs destinés à<br />

accueillir ces faux tenons (photo 13). Sa<br />

particularité réside dans la simultanéité<br />

des mouvements rotatifs <strong>et</strong> pendulaires. <strong>Le</strong><br />

travail s’effectue en toute sécurité grâce à<br />

l’absence d’à-coups de la fraiseuse. <strong>Le</strong><br />

réglage rapide de la largeur de fraisage<br />

pendant le travail perm<strong>et</strong> de réaliser des<br />

trous avec ou sans jeu. Une butée perm<strong>et</strong><br />

de régler la profondeur d’alésage. <strong>Le</strong> guide<br />

75<br />

53. <strong>Le</strong>s centreurs sont<br />

des pièces métalliques,<br />

de même diamètre<br />

qu’un tourillon, avec<br />

une pointe en bout<br />

pour marquer l’axe du<br />

tourillon sur la pièce<br />

opposée.<br />

54. Voir l’Encyclopédie<br />

des Métiers. La<br />

menuiserie, tome 2,<br />

« <strong>Le</strong>s outils », p. 101.<br />

55. <strong>Le</strong>s dominos disponibles<br />

: 5 x 30 mm,<br />

6 x 40 mm, 8 x 40 mm,<br />

8 x 50 mm, 10 x 50 mm.


049-098-Façonnage <strong>et</strong> usinage_4 16/03/12 17:53 Page76<br />

56. Voir l’Encyclopédie<br />

des Métiers. La<br />

menuiserie, tome 4,<br />

« <strong>Le</strong>s assemblages »<br />

p. 229.<br />

57. <strong>Le</strong>s doubles queuesd’aronde<br />

disponibles :<br />

W-1, 7 x 5,5 mm ;<br />

W-2, 10 x 8 mm ;<br />

W-3, 13 x 9,5 mm ;<br />

W-4, 24 x 16 mm.<br />

58. Voir l’Encyclopédie<br />

des Métiers. La<br />

menuiserie, tome 4,<br />

« <strong>Le</strong>s assemblages »,<br />

p. 229.<br />

Photo 13. Fraisage pour insérer les Dominos. Document<br />

Festool.<br />

inclinable perm<strong>et</strong> d’usiner sur chant<br />

d’équerre ou en biais. C<strong>et</strong>te fraiseuse<br />

« Domino » rend possible l’usinage d’une<br />

mortaise perpendiculaire à la longueur<br />

d’une pièce de bois. Elle s’utilise de la<br />

même façon qu’une fraiseuse à lamelle <strong>et</strong><br />

le pointage est identique.<br />

L’assemblage à clé en double<br />

queue-d’aronde<br />

<strong>Le</strong> « système Hoffmann », du nom de<br />

la société allemande Hoffmann-Schwalbe<br />

qui l’a brev<strong>et</strong>é, ou « système hirondelle »,<br />

est une clé en PVC cannelée en forme de<br />

double queue-d’aronde 56 qui perm<strong>et</strong> de lier<br />

efficacement deux pièces entre elles. <strong>Le</strong>s<br />

cannelures facilitent sa compression lors de<br />

son insertion dans l’évidement usiné pour<br />

la recevoir. Disponibles en quatre largeurs<br />

<strong>et</strong> en différentes longueurs standardisées 57 ,<br />

ces clés ont un large champ d’applications :<br />

assemblage d’une corniche, d’un montant<br />

<strong>et</strong> d’une traverse pour un cadre, de deux<br />

mains courantes entre elles, <strong>et</strong>c. <strong>Le</strong>s clés<br />

peuvent être dissimulées par des bouchons<br />

de même forme servant d’éléments décoratifs,<br />

en bois massif d’essences diverses<br />

comme le merisier, le chêne, l’acajou,<br />

l’érable, <strong>et</strong> en aluminium. <strong>Le</strong>s bouchons<br />

sont disponibles sous forme linéaire afin<br />

d’être découpés à la longueur voulue par le<br />

menuisier.<br />

L’entaille destinée à recevoir une clé<br />

est une rainure trapézoïdale que le menuisier<br />

réalise avec une fraiseuse à rainurer<br />

munie d’une mèche en queue-d’aronde. <strong>Le</strong>s<br />

différents modèles de c<strong>et</strong>te fraiseuse sont<br />

équipés de un à quatre bloc-moteurs, <strong>et</strong><br />

conviennent ainsi aussi bien à la p<strong>et</strong>ite<br />

entreprise qu’à l’entreprise industrielle. <strong>Le</strong><br />

bâti, la table, les réglages <strong>et</strong> le serrage de<br />

la pièce sont les mêmes quel que soit le<br />

modèle. <strong>Le</strong> bâti, en tôles d’acier soudées,<br />

est surmonté d’une table avec un guide<br />

76<br />

<strong>et</strong> des éléments de serrage perm<strong>et</strong>tant de<br />

fixer des vérins manuels ou pneumatiques.<br />

<strong>Le</strong> bloc-moteur est muni d’un mandrin<br />

pour recevoir la mèche à queue-d’aronde.<br />

Il se positionne derrière un guide fixe <strong>et</strong><br />

se déplace simplement en hauteur. Pour<br />

usiner, le menuisier fixe la mèche du diamètre<br />

souhaité dans le mandrin, règle<br />

l’inclinaison des guides suivant l’angle de<br />

la coupe de la pièce à usiner puis la hauteur<br />

en fonction de son épaisseur.<br />

Lors de l’assemblage, la clé est insérée<br />

dans la rainure à l’aide d’un marteau.<br />

L’emploi de doubles queues-d’aronde simplifie<br />

<strong>et</strong> accélère le serrage, puisque c<strong>et</strong><br />

assemblage est autoserrant. Ces clés en<br />

plastique présentent en outre l’avantage de<br />

ne subir aucune variation dimensionnelle<br />

<strong>et</strong> de ne provoquer aucun dégât au contact<br />

d’un outil de coupe.<br />

<strong>Le</strong>s assemblages à pièces rapportées<br />

métalliques<br />

<strong>Le</strong> menuisier est amené à utiliser<br />

diverses ferrures 58 d’assemblage à pièces<br />

rapportées : les chapelles, les excentriques<br />

encastrables ou diverses pièces posées en<br />

applique qui ne nécessitent aucun usinage<br />

particulier.<br />

<strong>Le</strong> terme « chapelle » désigne d’abord<br />

la cavité ménagée dans une pièce à boulonner<br />

perpendiculairement à une autre,<br />

pour pouvoir placer le boulon ou visser son<br />

écrou. Il désigne par extension une tige<br />

fil<strong>et</strong>ée encastrée munie d’un ou plusieurs<br />

écrous aux extrémités servant à lier deux<br />

éléments ensemble. Il en existe divers<br />

modèles. Tous nécessitent d’une part un<br />

perçage dans les éléments à assembler pour<br />

y insérer la tige fil<strong>et</strong>ée <strong>et</strong> d’autre part un<br />

évidement qui doit perm<strong>et</strong>tre de visser<br />

l’écrou sur la tige fil<strong>et</strong>ée afin de serrer<br />

l’assemblage.<br />

À l’origine en métal, aujourd’hui parfois<br />

en plastique, l’excentrique a pour<br />

principe d’accrocher la tête bombée d’un<br />

goujon en acier afin d’assembler des panneaux<br />

entre eux. Pour réaliser l’entaille<br />

dans laquelle l’excentrique doit s’insérer, le<br />

menuisier utilise la perceuse multibroches<br />

<strong>et</strong> adapte sur les mandrins des mèches correspondant<br />

aux quincailleries désirées. Il<br />

trace leurs axes sur le panneau, place sur le<br />

guide une butée pour chaque quincaillerie<br />

par rapport au chant du panneau <strong>et</strong> l’axe<br />

de la mèche. En repérant les axes des quincailleries<br />

<strong>et</strong> en sachant que les panneaux<br />

assemblés ont une cotation commune favorable<br />

à l’assemblage (la profondeur du<br />

meuble), le réglage des butées pour le positionnement<br />

de l’excentrique sur le premier


049-098-Façonnage <strong>et</strong> usinage_4 16/03/12 17:53 Page77<br />

panneau est le même que l’emplacement<br />

du goujon sur le second panneau.<br />

<strong>Le</strong>s coupes rectilignes<br />

En menuiserie, une coupe est une section<br />

qui perm<strong>et</strong> la liaison de deux pièces<br />

de bois. En fonction du joint qu’elle produit,<br />

on dit qu’elle est rectiligne ou curviligne.<br />

Une coupe rectiligne peut être<br />

d’équerre, d’ongl<strong>et</strong> ou biaise. La coupe<br />

d’équerre est une section perpendiculaire<br />

aux arêtes de la pièce de bois. Elle est<br />

généralement utilisée pour délimiter la<br />

longueur d’un ouvrage. La coupe d’ongl<strong>et</strong><br />

est une section à 45 o qui perm<strong>et</strong> la liaison<br />

de deux pièces de bois formant un angle à<br />

90 o . La coupe biaise, appelée aussi « fausse<br />

coupe », est une section quelconque qui<br />

perm<strong>et</strong> la liaison de deux pièces formant<br />

un angle quelconque. Chacune de ces<br />

coupes peut être « plein chant » — il<br />

s’agit alors d’une section totale de la pièce<br />

de bois — ou partielle. Tous ces types de<br />

coupes sont représentatifs de la diversité<br />

des conceptions perm<strong>et</strong>tant de résoudre les<br />

problèmes de liaison.<br />

La coupe plein chant<br />

<strong>Le</strong> <strong>façonnage</strong><br />

La coupe plein chant est une section<br />

totale d’une pièce de bois. Elle peut être<br />

d’équerre, d’ongl<strong>et</strong> ou biaise. La réalisation<br />

d’une coupe plein chant s’exécute la pièce<br />

posée à plat sur une cale martyre serrée<br />

sur l’établi. <strong>Le</strong> menuisier place l’ongle de<br />

son pouce près du trait, à l’angle entre le<br />

parement <strong>et</strong> le chant qui lui est opposé.<br />

En utilisant l’extrémité de la scie à denture<br />

fine, il amorce son sciage sur un angle<br />

puis descend progressivement sur le trait<br />

du parement <strong>et</strong> celui du chant.<br />

Pour affiner un sciage, le menuisier a<br />

recours à une boîte à recaler 59 , bloquée dans<br />

la presse ou serrée sur l’établi (photo 14).<br />

Chaque pièce est introduite dans la boîte<br />

<strong>et</strong> positionnée suivant son tracé, puis bloquée<br />

à l’intérieur de la boîte par une presse<br />

actionnée par une vis. Dès lors, le menuisier<br />

se saisit d’une demi-varlope à recaler 60 :<br />

la semelle de la varlope prend appui sur les<br />

faces de la boîte <strong>et</strong> un léger fer suffit à rectifier<br />

<strong>et</strong> dresser la coupe.<br />

L’usinage<br />

Pour l’usinage d’une coupe plein<br />

chant, le menuisier peut utiliser la scie à<br />

La menuiserie / <strong>Le</strong> <strong>façonnage</strong> <strong>et</strong> l’usinage<br />

Photo 14. Rectification d’une coupe avec une boîte à<br />

recaler. Document Compagnons du Devoir.<br />

format ou la scie radiale. Avec la scie à<br />

format, pour une coupe d’équerre, il positionne<br />

la pièce de bois sur le chariot coulissant<br />

contre le guide ; pour une coupe<br />

d’ongl<strong>et</strong> ou biaise, il utilise une règle<br />

d’ongl<strong>et</strong> qui indique des angles de 0 à 90 o .<br />

Avec la scie radiale, qui est montée sur un<br />

bras rotatif fixé à une colonne, on peut<br />

exécuter une coupe quel que soit son angle.<br />

<strong>Le</strong> menuisier pose la pièce sur la table fixe,<br />

contre le guide, choisit l’angle souhaité <strong>et</strong><br />

actionne la scie.<br />

La coupe partielle<br />

Pour assembler deux pièces moulurées,<br />

une coupe partielle s’impose. La coupe,<br />

partielle puisqu’elle ne sectionne pas<br />

entièrement le chant, peut être d’ongl<strong>et</strong>,<br />

biaise ou encore, sur les ouvrages de style<br />

gothique, d’équerre. C<strong>et</strong>te dernière s’exécute,<br />

que ce soit à la main ou à la machine,<br />

de la même façon que n’importe quelle<br />

coupe plein chant, si ce n’est que le menuisier<br />

arrête son sciage au repère délimitant<br />

la profondeur de la coupe.<br />

Pour les coupes d’ongl<strong>et</strong> <strong>et</strong> biaises,<br />

deux cas de figures sont possibles : les<br />

chants des pièces qui s’assemblent sont<br />

moulurés sur une seule arête ou sur les<br />

deux.<br />

<strong>Le</strong>s coupes d’ongl<strong>et</strong> <strong>et</strong> biaise partielles<br />

à une moulure<br />

<strong>Le</strong> <strong>façonnage</strong><br />

Une coupe partielle, biaise ou d’ongl<strong>et</strong>,<br />

s’impose pour raccorder deux pièces qui<br />

comportent une moulure sur une arête<br />

d’un chant (fig. 41). Elle se réalise le plus<br />

souvent à l’aide d’une boîte à coupes 61 .<br />

Celle-ci présente une pente à 45 o à chaque<br />

extrémité <strong>et</strong> un évidement destiné à recevoir<br />

l’épaisseur de la pièce de bois. Elle<br />

77<br />

59. La boîte à recaler<br />

est un guide en bois qui<br />

sert à maintenir une<br />

pièce à l’aide d’une<br />

presse afin de pouvoir<br />

dresser la coupe.<br />

60. Une demi-varlope<br />

dite « à recaler » est<br />

une demi-varlope qui<br />

porte un fer à angle<br />

d’attaque de 60 à 70 o .<br />

Voir l’Encyclopédie<br />

des Métiers. La menuiserie,<br />

tome 2, « <strong>Le</strong>s<br />

outils », p. 66.<br />

61. La boîte à coupes<br />

est parfois appelée<br />

« boîte à cheval » ou<br />

encore « sabot ».


049-098-Façonnage <strong>et</strong> usinage_4 16/03/12 17:53 Page78<br />

62. Voir l’Encyclopédie<br />

des métiers. La<br />

menuiserie, tome 2,<br />

« <strong>Le</strong>s outils », p. 49.<br />

63. Voir l’Encyclopédie<br />

des métiers. La<br />

menuiserie, tome 2,<br />

« La mécanisation »,<br />

p. 137.<br />

64. Voir l’Encyclopédie<br />

des métiers. La<br />

menuiserie, tome 2,<br />

« La mécanisation »,<br />

p. 141.<br />

offre l’avantage de bien guider le corps<br />

de la scie <strong>et</strong> de rendre inutile le tracé de<br />

l’angle de la coupe. Comme pour toute<br />

coupe réalisée manuellement, la pièce de<br />

bois est placée à chant ou à plat sur une<br />

cale martyre serrée sur l’établi. <strong>Le</strong> menui-<br />

78<br />

a<br />

b<br />

c<br />

d<br />

e<br />

Fig. 41. Coupes partielles pour un raccord de moulure.<br />

a. coupe pour un ravancement de moulure sur un tenon;<br />

b. coupe pour un ravancement de moulure <strong>et</strong> de feuillure de<br />

même profondeur sur un tenon; c. coupe pour un ravancement<br />

de moulure avec une rainure sur un tenon; d. coupe<br />

pour un ravancement de moulure avec une rainure sur une<br />

mortaise; e. coupe pour un ravancement de moulure avec<br />

une feuillure sur une mortaise.<br />

sier positionne la boîte à coupes sur le<br />

repère du chant de la pièce de bois qui<br />

désigne la coupe. Il place le corps de la<br />

scie à dos 62 sur l’extrémité pentue de la<br />

boîte à coupes, puis incline sa lame pour<br />

ne scier que le profil de la moulure. <strong>Le</strong><br />

sciage délimite ainsi la coupe avant de procéder<br />

au profilage de la moulure.<br />

La réalisation d’une coupe biaise partielle<br />

s’exécute la pièce posée à plat si la<br />

pièce reçoit un tenon (fig. 42 a) ou à<br />

chant si elle reçoit une mortaise (fig. 42 b).<br />

C’est le type d’assemblage qui unit<br />

les deux pièces moulurées qui détermine<br />

le positionnement idéal, à chant ou à<br />

plat, pour réaliser la coupe, qu’elle soit<br />

d’ongl<strong>et</strong> ou biaise. Il est ainsi préférable de<br />

poser sur chant, au bord de l’établi, une<br />

pièce avec une mortaise. On dispose ainsi<br />

d’un plus grand dégagement pour la scie.<br />

L’inclinaison du sciage dépend de la forme<br />

<strong>et</strong> des dimensions de la moulure. Plus elle<br />

est profonde, plus l’inclinaison du sciage<br />

est forte. À l’inverse, les pièces recevant un<br />

tenon sont toujours posées à plat, puisque<br />

le sciage de la coupe, biaise ou d’ongl<strong>et</strong>,<br />

doit se faire d’aplomb. Il place l’ongle de<br />

son pouce près du trait qui désigne la<br />

coupe <strong>et</strong> sur l’arête de la pièce. En utilisant<br />

l’extrémité de la scie à denture fine, il<br />

amorce son sciage sur c<strong>et</strong>te arête puis descend<br />

progressivement sur le trait jusqu’à la<br />

délimitation du profil mouluré.<br />

L’usinage<br />

Pour l’usinage d’une coupe partielle,<br />

le menuisier utilise, suivant l’emplacement<br />

de la coupe, la scie à format ou la scie<br />

radiale 63 . C<strong>et</strong>te dernière a la particularité<br />

d’usiner par-dessus les pièces de bois<br />

contrairement à la scie à format qui usine<br />

par-dessous.<br />

Pour une coupe sur l’arasement d’un<br />

tenon, le menuisier fait coïncider la hauteur<br />

de l’arasement où se trouve la coupe<br />

avec celle de la lame de scie. La pièce est<br />

posée à plat. Avec la scie à format, il<br />

incline la règle d’ongl<strong>et</strong> 64 à l’angle désiré<br />

par rapport à la lame (photo 15). L’usinage<br />

s’effectue par-dessous : la coupe est<br />

donc contre la table. Avec la scie radiale, il<br />

pivote la lame à l’angle souhaité par rapport<br />

au guide (photo 16). L’usinage se<br />

réalise par-dessus : la coupe est donc apparente.<br />

Ainsi, avec ces deux machines, la<br />

hauteur de l’arasement correspond à la<br />

profondeur de coupe. La lame traverse<br />

donc la pièce depuis le chant jusqu’à l’arasement<br />

du tenon.<br />

Pour une coupe sur une mortaise, le<br />

menuisier fait coïncider la hauteur de la<br />

joue opposée à la coupe de la mortaise


049-098-Façonnage <strong>et</strong> usinage_4 16/03/12 17:53 Page79<br />

a b<br />

avec celle de la lame de scie. La pièce est<br />

posée à plat ou à chant. <strong>Le</strong> menuisier règle<br />

les deux scies de la même façon que pour<br />

une coupe près d’un tenon mais le sciage<br />

est arrêté en fonction de la largeur <strong>et</strong> de la<br />

profondeur de la moulure.<br />

<strong>Le</strong>s coupes d’ongl<strong>et</strong> <strong>et</strong> biaise partielles<br />

à deux moulures<br />

<strong>Le</strong> <strong>façonnage</strong><br />

Une coupe partielle d’ongl<strong>et</strong> à deux<br />

moulures est nécessaire pour une pièce<br />

moulurée sur l’arête du parement <strong>et</strong> sur<br />

celle du contreparement. La pièce est posée<br />

à chant pour utiliser deux boîtes à coupes :<br />

l’ensemble englobe les deux faces <strong>et</strong> un<br />

chant de la pièce (fig. 43 a <strong>et</strong> b). <strong>Le</strong> sciage<br />

des deux coupes s’effectue simultanément<br />

à travers l’épaisseur de la pièce. La lame<br />

La menuiserie / <strong>Le</strong> <strong>façonnage</strong> <strong>et</strong> l’usinage<br />

Fig. 42. Exécution manuelle d’une coupe d’ongl<strong>et</strong> à une moulure à l’aide d’une boîte à coupes. a. sur une pièce tenonnée;<br />

b. sur une pièce mortaisée.<br />

Photo 15. Usinage d’une coupe d’ongl<strong>et</strong> à la scie à format.<br />

Document Compagnons du Devoir.<br />

Photo 16. Usinage d’une coupe d’ongl<strong>et</strong> à la scie radiale<br />

pivotée. Document Compagnons du Devoir.<br />

est guidée par les abouts pentus de la boîte<br />

à coupes.<br />

La réalisation de deux coupes biaises<br />

partielles n’est possible que lorsque la pièce<br />

est posée à chant sur une cale martyre<br />

serrée sur l’établi. <strong>Le</strong> menuisier n’utilise<br />

aucune boîte ni aucun guide particulier.<br />

Il commence par délimiter la coupe sur<br />

chaque profil en utilisant la même méthode<br />

de sciage que pour une coupe simple. Puis,<br />

un second sciage à travers l’épaisseur de la<br />

pièce perm<strong>et</strong> de relier les traits de scie déjà<br />

réalisés.<br />

L’usinage<br />

Pour l’usinage des coupes d’ongl<strong>et</strong> <strong>et</strong><br />

biaise partielles, le menuisier utilise une<br />

scie à format ou une scie radiale dont la<br />

lame est inclinable (photo 17) <strong>et</strong> pose la<br />

pièce sur chant sur le chariot contre le<br />

79


049-098-Façonnage <strong>et</strong> usinage_4 16/03/12 17:53 Page80<br />

a<br />

b<br />

65. Il y a du raide<br />

dans un assemblage<br />

lorsqu’il force un peu<br />

en longueur.<br />

Fig. 43. Façonnage d’une coupe d’ongl<strong>et</strong> à deux moulures<br />

à l’aide d’une boîte à coupes. a. sur une pièce tenonnée;<br />

b. sur une pièce mortaisée.<br />

guide d’équerre. Il incline à l’angle souhaité<br />

la lame de la scie <strong>et</strong> règle sa hauteur<br />

en fonction de celle du profil mouluré. La<br />

lame traverse l’épaisseur de la pièce moulurée<br />

pour effectuer les deux moulures<br />

simultanément.<br />

On peut également utiliser une toupie<br />

munie d’un outil de coupe soit inclinable<br />

soit spécifique à ce type d’usinage <strong>et</strong><br />

incliné alors à 45 o . L’outil de coupe est<br />

fixé en bout de l’arbre de toupie. La pièce<br />

à usiner avance grâce au chariot qui équipe<br />

la toupie.<br />

80<br />

Photo 17. Usinage d’une coupe d’ongl<strong>et</strong> à la scie radiale<br />

inclinée. Document Compagnons du Devoir.<br />

<strong>Le</strong>s croisillons<br />

<strong>Le</strong>s croisillons désignent le raccordement<br />

en croix de quatre p<strong>et</strong>its-bois d’une<br />

fenêtre. Ce raccordement est généralement<br />

à coupe d’ongl<strong>et</strong> <strong>et</strong> quelquefois à coupe<br />

biaise. Dans les deux cas, le mode d’exécution<br />

est similaire. Ces coupes perm<strong>et</strong>tent<br />

l’assemblage en enfourchement ou à mibois<br />

de p<strong>et</strong>its-bois moulurés (fig. 44 a).<br />

<strong>Le</strong> <strong>façonnage</strong> des croisillons<br />

La tâche consiste à exécuter une<br />

double entaille en ongl<strong>et</strong> délimitée par<br />

deux sciages sur le p<strong>et</strong>it bois horizontal <strong>et</strong><br />

deux coupes d’arasement à chacune des<br />

extrémités des p<strong>et</strong>its-bois verticaux.<br />

Ces opérations se réalisent les pièces<br />

serrées à plat sur l’établi. <strong>Le</strong> menuisier<br />

procède d’abord à la délimitation par deux<br />

sciages de la double entaille disposée en<br />

croix (fig. 44 b). Avec une scie à denture<br />

fine <strong>et</strong> à voie réduite, il place le corps de<br />

la lame de scie à l’intérieur de la partie à<br />

évider, puis exécute deux sciages disposés<br />

en croix <strong>et</strong> s’arrête à la profondeur voulue.<br />

Il termine par un évidement au ciseau à<br />

bois. <strong>Le</strong> résultat final, après sciage des<br />

pointes du croisillon, n’est pas à angle<br />

droit. En eff<strong>et</strong>, comme le trait de scie ne<br />

doit pas chevaucher les traits du traçage,<br />

le menuisier est obligé de faire pivoter sa<br />

scie par l’axe du croisillon dans la partie<br />

à évider. <strong>Le</strong>s coupes des p<strong>et</strong>its-bois verticaux,<br />

destinées à être assemblées à celles<br />

des traverses, sont traitées comme des<br />

coupes plein chant en prenant en compte<br />

c<strong>et</strong>te contrainte (fig. 44 c). Il faut dans ce<br />

cas accepter en plus un léger raide 65 .<br />

L’usinage de croisillons<br />

Pour un usinage, deux machines sont<br />

possibles : la mortaiseuse à bédane triple<br />

pour coupe d’ongl<strong>et</strong> <strong>et</strong> la guillotine.


049-098-Façonnage <strong>et</strong> usinage_4 16/03/12 17:53 Page81<br />

a<br />

b<br />

c<br />

Fig. 44. <strong>Le</strong> principe du traçage <strong>et</strong> d’exécution d’un croisillon<br />

: en rouge le traçage théorique; entre les traits gris, le<br />

sillon de la lame de scie. a. vue en perspective d’un assemblage<br />

de croisillons ; b. tracé pour une traverse ; c. tracé<br />

pour un montant.<br />

<strong>Le</strong> principe de fonctionnement de la<br />

mortaiseuse à bédane triple pour coupe<br />

d’ongl<strong>et</strong> est le même qu’une mortaiseuse à<br />

bédane triple classique. Mais les couteaux<br />

latéraux <strong>et</strong> le bédane central y sont beaucoup<br />

plus larges. La table verticale peut<br />

être inclinable au même titre que le blocmoteur.<br />

C<strong>et</strong>te mortaiseuse peut réaliser des<br />

entailles successivement sans pour autant<br />

r<strong>et</strong>ourner la pièce de bois.<br />

La guillotine est une machine perm<strong>et</strong>tant<br />

la réalisation d’un ongl<strong>et</strong> double à<br />

45 o <strong>et</strong> d’un angle droit (photo 18). C<strong>et</strong>te<br />

machine est composée d’un bâti surmonté<br />

d’une table fixe, d’un guide gradué, pivotant<br />

<strong>et</strong> réglable en profondeur <strong>et</strong> d’un<br />

bloc-moteur. <strong>Le</strong> bloc-moteur est monté sur<br />

vérins électro-hydrauliques ou pneumatiques,<br />

ou actionné manuellement par un<br />

levier ou une pédale. L’outil de coupe est<br />

composé de deux couteaux dont l’angle<br />

d’affûtage est très aigu afin de faciliter leur<br />

La menuiserie / <strong>Le</strong> <strong>façonnage</strong> <strong>et</strong> l’usinage<br />

Photo 18. Usinage d’une coupe d’ongl<strong>et</strong> à la guillotine.<br />

Document Compagnons du Devoir.<br />

pénétration dans la pièce de bois. Chaque<br />

couteau est disposé obliquement à 45 o par<br />

rapport à la table : les deux forment ainsi<br />

un angle à 90 o . Avant d’actionner l’outil<br />

de coupe, le menuisier règle la profondeur<br />

de coupe <strong>et</strong> positionne la butée sur le<br />

guide.<br />

<strong>Le</strong>s coupes curvilignes<br />

Une coupe curviligne, appelée plus<br />

couramment « coupe cintrée », est une section<br />

transversale qui sert au raccord entre<br />

un profil droit <strong>et</strong> un autre cintré ou entre<br />

deux profils de rayons différents. Elle est<br />

utilisée pour la jonction de deux profils<br />

de moulure à grands cadres, par exemple<br />

d’encadrement de miroir ou de cheminée.<br />

La jonction de deux éléments cintrés<br />

ou mixtilignes dépourvus de moulure peut<br />

s’effectuer à l’aide d’une simple fausse<br />

coupe. Par contre, si les deux éléments à<br />

raccorder comportent un profil de moulure<br />

composé de plusieurs corps, une coupe<br />

cintrée s’impose. Un tracé géométrique 66<br />

perm<strong>et</strong> de trouver le point de centre du<br />

cintre de la coupe.<br />

<strong>Le</strong> <strong>façonnage</strong><br />

Pour une coupe cintrée plein chant, la<br />

pièce est posée à chant ou à plat <strong>et</strong> serrée<br />

sur l’établi. Contrairement aux coupes plein<br />

chant rectilignes, le menuisier positionne la<br />

lame de la scie d’aplomb près du trait à<br />

l’angle entre le parement <strong>et</strong> le chant qui<br />

lui fait face. Il amorce son sciage sur le<br />

81<br />

66. Pour son tracé,<br />

voir l’Encyclopédie<br />

des Métiers. La menuiserie,<br />

tome 3 « Éléments<br />

de géométrie<br />

plane », p. 41.


049-098-Façonnage <strong>et</strong> usinage_4 16/03/12 17:53 Page82<br />

67. Voir l’Encyclopédie<br />

des Métiers. La<br />

menuiserie, tome 2,<br />

« les outils », p. 55.<br />

68. Voir l’Encyclopédie<br />

des Métiers. La<br />

menuiserie, tome 2,<br />

« la mécanisation »,<br />

p. 169.<br />

69. <strong>Le</strong> compas de la<br />

défonceuse est une règle<br />

en bois ou en métal avec<br />

une pointe de centrage<br />

réglable. L’ensemble est<br />

fixé sur le socle de la<br />

défonceuse.<br />

70. <strong>Le</strong>s outils à fût<br />

se caractérisent par un<br />

fer maintenu dans un<br />

fût <strong>et</strong> sont communément<br />

regroupés sous<br />

le terme de « rabot ».<br />

Voir l’Encyclopédie<br />

des Métiers. La menuiserie,<br />

tome 2, « <strong>Le</strong>s<br />

outils », p. 59 à 71.<br />

71. <strong>Le</strong> terme bouv<strong>et</strong>age<br />

est utilisé pour décrire<br />

l’action qui concoure à<br />

élargir par un assemblage<br />

un panneau de<br />

bois (par exemple un<br />

assemblage par bouv<strong>et</strong>age<br />

à rainure <strong>et</strong> langu<strong>et</strong>te).<br />

Lorsque le<br />

menuisier effectue une<br />

rainure dans un montant<br />

pour accueillir<br />

un panneau, il utilise<br />

plutôt le terme de profilage.<br />

chant puis avance progressivement sur le<br />

trait jusqu’à l’achèvement de la coupe.<br />

Pour les coupes cintrées partielles, la<br />

pièce de bois est placée à plat <strong>et</strong> serrée sur<br />

l’établi. Une coupe concave s’effectue à la<br />

gouge de sculpteur 67 ou au ciseau à bois,<br />

dont la courbure est choisie en fonction du<br />

diamètre du cintre. Une coupe convexe<br />

s’effectue au ciseau à bois choisi en fonction<br />

de sa largeur.<br />

L’usinage<br />

Pour usiner une coupe cintrée plein<br />

chant, le menuisier commence par dégrossir<br />

la coupe avec une scie à ruban puis confectionne<br />

un montage d’usinage qu’il adapte<br />

à la toupie munie d’un rouleau calibreur 68<br />

(fig. 45). <strong>Le</strong> gabarit est fixé au-dessus ou<br />

au-dessous de la pièce à usiner suivant le<br />

sens du fil du bois : lors de l’usinage, le<br />

sens de rotation de l’outil de coupe doit<br />

coucher le fil du bois. C<strong>et</strong>te action supprime<br />

les vibrations créées par l’outil de<br />

coupe sur la pièce de bois. <strong>Le</strong>s coupes<br />

peuvent aussi se réaliser à la défonceuse<br />

portative avec un compas 69 qui perm<strong>et</strong><br />

de défoncer des cintres ou des cercles<br />

(fig. 46). <strong>Le</strong> menuisier place la fraise de la<br />

défonceuse à l’intérieur ou à l’extérieur du<br />

cintre suivant la partie de la pièce à usiner<br />

<strong>et</strong> fait coïncider le point de centrage du<br />

compas avec l’axe du cintre.<br />

Pour une coupe cintrée partielle, le<br />

menuisier utilise un gabarit <strong>et</strong> une toupie<br />

munie d’un rouleau calibreur ou une<br />

défonceuse portative avec un compas.<br />

Dans les deux cas, le procédé est le même<br />

que pour une coupe cintrée plein chant.<br />

<strong>Le</strong> profilage<br />

<strong>Le</strong> profilage désigne l’ensemble des<br />

opérations qui concourent à donner aux<br />

pièces d’un ouvrage leur contour définitif.<br />

<strong>Le</strong> profil ainsi créé perm<strong>et</strong> d’assembler des<br />

pièces entre elles ou d’orner de moulures<br />

les ouvrages de menuiserie. Avant la mécanisation,<br />

le menuisier profilait à l’aide<br />

d’outils à fût (le bouv<strong>et</strong> d’assemblage pour<br />

rainures <strong>et</strong> langu<strong>et</strong>tes, le bouv<strong>et</strong> à moulure<br />

pour doucine) qui depuis ont été remplacés<br />

par la toupie, les défonceuses portatives,<br />

fixes ou à commande numérique. La forme<br />

rectiligne ou curviligne de la pièce oriente<br />

le choix du menuisier vers le guide de<br />

toupie approprié. La diversité des formes<br />

<strong>et</strong> des profils (rainure, langu<strong>et</strong>te, feuillure,<br />

moulure simple ou refouillée) conduit le<br />

menuisier à positionner la pièce à plat ou à<br />

82<br />

Fig. 45. Usinage d’une coupe cintrée à la toupie avec un<br />

gal<strong>et</strong> à bille.<br />

Fig. 46. Usinage d’une coupe cintrée à la défonceuse, vue<br />

de dessus. a. genouillère; b. cale de maintien; c. pièce à<br />

usiner; d. gras du chantournement; e. compas; f. cale pour<br />

recevoir le point de centre du compas; g. support.<br />

chant sur la table de référence <strong>et</strong>, en fonction<br />

de l’outil de coupe, à usiner c<strong>et</strong>te<br />

pièce par-dessous ou par-dessus. Certains<br />

ouvrages amènent le menuisier à réaliser<br />

des profilages arrêtés. C<strong>et</strong>te technique<br />

consiste à ne profiler qu’une partie d’une<br />

pièce de bois. Elle était couramment utilisée,<br />

dans les ouvrages de style gothique,<br />

pour arrêter les moulures profilées sur les<br />

montants.<br />

<strong>Le</strong> <strong>façonnage</strong><br />

Suivant la nature du profil à réaliser,<br />

le menuisier utilise des bouv<strong>et</strong>s, des feuiller<strong>et</strong>s<br />

ou des guillaumes qui tous appartiennent<br />

à la grande famille des outils à<br />

fût 70 . <strong>Le</strong>s bouv<strong>et</strong>s servent à réaliser le bouv<strong>et</strong>age<br />

71 de rainures <strong>et</strong> de langu<strong>et</strong>tes, ou le<br />

profilage de moulures. Ils sont souvent


049-098-Façonnage <strong>et</strong> usinage_4 16/03/12 17:53 Page83<br />

désignés par le nom du profil qu’ils produisent,<br />

par exemple bouv<strong>et</strong> à doucine ou<br />

encore bouv<strong>et</strong> à scotie. <strong>Le</strong>s feuiller<strong>et</strong>s <strong>et</strong> les<br />

guillaumes servent à « pousser » les<br />

feuillures.<br />

Avant 1780 72 , la plupart de ces outils,<br />

bien que dépourvus de contre-fer, 73 doivent<br />

produire des états de surface satisfaisants<br />

<strong>et</strong> exempts d’éclats, en particulier pour les<br />

moulures. Lorsque le fer est positionné<br />

dans le fût en étant légèrement en saillie<br />

de la semelle, le menuisier vérifie en visualisant<br />

l’extrémité de celle-ci si son réglage<br />

coïncide avec l’épaisseur du copeau souhaitée.<br />

Au-delà des spécificités du <strong>façonnage</strong><br />

de chaque profil, il est possible de dégager<br />

quelques règles communes à tous. Tout<br />

d’abord, le profilage exige une grande précision<br />

dont dépend la qualité d’un embrèvement,<br />

le parfait affleurage des pièces<br />

bouv<strong>et</strong>ées ou encore le bon raccordement<br />

des moulures. C<strong>et</strong>te précision ne peut être<br />

atteinte qu’avec des outils parfaitement<br />

affûtés <strong>et</strong> minutieusement réglés. Si le profilage<br />

doit être réalisé sur une arête de la<br />

pièce — ce qui est le cas pour la plupart<br />

des moulures <strong>et</strong> pour certaines feuillures —,<br />

les pièces de bois sont placées à plat au<br />

bord de l’établi, une extrémité en butée<br />

contre la griffe 74 . Mais l’exécution d’un bouv<strong>et</strong>age<br />

de rainures exige généralement que<br />

les pièces reposent sur leur chant. Dans ce<br />

cas, les pièces de bois sont le plus souvent<br />

placées dans la presse <strong>et</strong> plus rarement sur<br />

l’établi contre la griffe. Quelle que soit la<br />

position des pièces <strong>et</strong> les moyens de blocage<br />

utilisés, le menuisier se place le long<br />

de l’établi comme pour le corroyage.<br />

La difficulté d’exécution des profils<br />

doit être considérée en fonction de la complexité<br />

des formes. Un profil simple, telle<br />

une rainure ou une feuillure, susceptible<br />

d’être réalisé à l’aide d’un seul outil, ne<br />

présente que peu de difficultés. Par contre,<br />

une moulure dont le contour exige le passage<br />

successif de plusieurs outils réclame<br />

plus d’attention <strong>et</strong> de dextérité manuelle.<br />

L’ordre d’exécution des différentes parties<br />

du profil doit être réfléchi (fig. 47). Il ne<br />

doit pas supprimer d’éventuels points<br />

d’appui nécessaires au guidage de l’outil<br />

pour la suite, ou à l’inverse il procède au<br />

dégagement de certaines parties pour<br />

perm<strong>et</strong>tre alors le passage des outils suivants<br />

(fig. 48). Il faut donc non seulement<br />

posséder les outils adaptés mais<br />

aussi en connaître les caractéristiques <strong>et</strong> le<br />

potentiel.<br />

Pour profiler correctement, la tenue<br />

de l’outil <strong>et</strong> son maniement sont déterminants.<br />

<strong>Le</strong>s outils à profiler exigent en<br />

La menuiserie / <strong>Le</strong> <strong>façonnage</strong> <strong>et</strong> l’usinage<br />

Fig. 47. Exemple de décomposition d’une moulure avant<br />

un profilage. a. membre principal (doucine refouillée) ;<br />

b. membre secondaire (bagu<strong>et</strong>te) ; c. membre secondaire<br />

(congé).<br />

eff<strong>et</strong> d’être maintenus en permanence dans<br />

une position telle que le corps de l’outil<br />

soit parallèle à la face de référence, qui<br />

peut être le plat ou le chant de la pièce.<br />

Bien que ces outils possèdent des guides<br />

destinés à faciliter l’orientation de leur trajectoire<br />

sur le bois, il est difficile de les<br />

maintenir parfaitement appliqués comme il<br />

Fig. 48. Exécution d’une moulure refouillée manuellement.<br />

a. épannelage; b. profilage à plat du membre principal;<br />

c <strong>et</strong> d. profilage à chant des membres secondaires.<br />

a<br />

83<br />

72. Voir l’Encyclopédie<br />

des Métiers. La<br />

menuiserie, tome 2,<br />

« <strong>Le</strong>s outils », p. 61.<br />

73. <strong>Le</strong> contre-fer est<br />

une lame de fer, placée<br />

contre le fer tranchant<br />

de l’outil, qui perm<strong>et</strong><br />

d’améliorer la qualité<br />

du travail.<br />

74. Voir l’Encyclopédie<br />

des Métiers. La<br />

menuiserie, tome 2,<br />

« les outils », p. 25.<br />

c d<br />

b


049-098-Façonnage <strong>et</strong> usinage_4 16/03/12 17:53 Page84<br />

75. Un tarabiscot est<br />

un outil à fût utilisé<br />

pour effectuer des profils<br />

sur une pièce<br />

courbe. Voir l’Encyclopédie<br />

des Métiers.<br />

La menuiserie, tome 2,<br />

« les outils », p. 70.<br />

76. Voir l’Encyclopédie<br />

des Métiers. La<br />

menuiserie, tome 2,<br />

« <strong>Le</strong>s outils », p. 100.<br />

77. Voir l’Encyclopédie<br />

des Métiers. La<br />

menuiserie, tome 2,<br />

« La mécanisation »,<br />

p. 163.<br />

78. La corroyeuse est<br />

une machine qui<br />

perm<strong>et</strong> de calibrer<br />

quatre faces d’une<br />

pièce de bois rectiligne.<br />

Voir l’Encyclopédie<br />

des Métiers. La menuiserie,<br />

tome 2, « La<br />

mécanisation », p. 147.<br />

convient de le faire pour éviter une mauvaise<br />

attaque irréparable des pièces de<br />

bois, surtout quand il s’agit de moulures<br />

refouillées.<br />

Placé le long de l’établi, le menuisier<br />

tient son outil à profiler comme un rabot :<br />

la main droite poussant l’outil à l’arrière,<br />

la gauche maintenant <strong>et</strong> guidant l’avant,<br />

le pouce placé sur le fût <strong>et</strong> les autres doigts<br />

étendus sur le côté. Pour entreprendre son<br />

travail, contrairement à l’attitude qu’il<br />

adopte pour le maniement de la varlope <strong>et</strong><br />

du rabot, il se porte à l’avant de la pièce.<br />

Puis, appliquant le guide de son outil sur<br />

la face de référence considérée, il attaque<br />

le profilage en poussant l’outil d’arrière en<br />

avant par mouvements rapides <strong>et</strong> assez<br />

courts, pour être toujours contenus dans<br />

un seul mouvement des bras, sans que<br />

le corps ait beaucoup à bouger. À la fin<br />

de chacun de ces mouvements, l’outil doit<br />

déboucher de la pièce, de sorte que le<br />

copeau soit toujours achevé en fin de<br />

course, éliminant par là même les bourrages<br />

de copeaux toujours possibles <strong>et</strong> les<br />

arrêts d’outil en plein bois. L’opération se<br />

prolonge ainsi jusqu’au moment où le profil<br />

entrepris parvient à sa profondeur finale à<br />

l’extrémité avant de la pièce. L’outil alors<br />

en butée de profondeur ne produit plus de<br />

copeaux.<br />

Dès lors, le menuisier recule le long<br />

de la pièce pour continuer l’opération, en<br />

effectuant une autre série des gestes, <strong>et</strong> en<br />

veillant toujours à ce que la fin de chaque<br />

coup d’outil arrive à la profondeur finie du<br />

profil (fig. 49). La surface en cours d’exécution<br />

se présente alors inclinée, allant du<br />

niveau de la face à la profondeur achevée.<br />

C<strong>et</strong>te pente perm<strong>et</strong> le travail d’une pièce<br />

de bois en léger contre-fil sans éclats. Ainsi,<br />

progressivement, le profil achevé se dévoile<br />

au fur <strong>et</strong> à mesure que le menuisier recule<br />

le long de la pièce. Quelques passages sur<br />

toute la longueur de la pièce finissent de<br />

supprimer les éventuelles irrégularités de<br />

profilage.<br />

<strong>Le</strong> profilage des parties cintrées se<br />

caractérise par la nécessité d’employer des<br />

outils appropriés au cintre de la pièce.<br />

Fig. 49. Maniement de l’outil à profiler par guillochage.<br />

a. profondeur de la moulure; b <strong>et</strong> c. va-<strong>et</strong>-vient de l’outil.<br />

84<br />

Bien qu’en théorie, chaque cintre exigerait<br />

un outil adapté à sa courbure, il est matériellement<br />

impossible, dans la pratique, de<br />

disposer de c<strong>et</strong> outil idéal étant donné la<br />

très grande diversité des cintres rencontrés.<br />

On distingue les outils destinés aux travaux<br />

sur chant, tels que les différents bouv<strong>et</strong>ages<br />

d’embrèvement, <strong>et</strong> ceux conçus<br />

pour les travaux sur le plat, tel que le profilage<br />

de moulure. Ces deux façons différentes<br />

de travailler la courbure influencent<br />

la conception des outils dont le principe<br />

consiste à donner au fût une forme cintrée<br />

ou bien à en réduire la longueur, <strong>et</strong> par<br />

conséquent la portée, jusqu’à obtenir parfois<br />

une p<strong>et</strong>ite surface d’appui. À défaut<br />

de tels outils à fût cintré, un tarabiscot 75<br />

peut convenir. Si le menuisier possède déjà<br />

un tarabiscot, seul le fer est à fabriquer.<br />

Depuis la mécanisation, le tarabiscot<br />

a été remplacé par la toupie portative 76 .<br />

C<strong>et</strong>te machine perm<strong>et</strong> de réaliser des<br />

profilages qui s’avéreraient très difficiles<br />

voire impossibles à la toupie. En eff<strong>et</strong>,<br />

dès que le menuisier procède à un profilage<br />

(rainure, feuillure, moulure simple ou<br />

refouillée) à la toupie sur une pièce courbe<br />

(arêtier cintré, élément courbe) un montage<br />

d’usinage s’impose, qui peut être complexe<br />

voire irréalisable.<br />

L’usinage<br />

<strong>Le</strong>s machines à profiler (la moulurière,<br />

la défonceuse, fixe ou à commande<br />

numérique, <strong>et</strong> la toupie 77 ) ont remplacé<br />

la grande majorité des outils manuels de<br />

profilage. La moulurière perm<strong>et</strong> de profiler<br />

principalement des pièces droites. Son<br />

principe de fonctionnement est le même<br />

que celui d’une corroyeuse 78 . Elle se<br />

r<strong>et</strong>rouve essentiellement dans l’industrie<br />

du bois où elle est utilisée notamment pour<br />

la fabrication de lames de parqu<strong>et</strong> ou de<br />

bardage. La défonceuse fixe, utilisée dans<br />

l’industrie du meuble, se compose d’une<br />

table sur laquelle est fixée une potence qui<br />

soutient la machine. <strong>Le</strong> plus souvent, c<strong>et</strong>te<br />

machine est utilisée pour profiler des pièces<br />

cintrées. L’axe de la table de la défonceuse<br />

reçoit une p<strong>et</strong>ite tige métallique qui sert de<br />

point d’appui pour guider la pièce de bois.<br />

La défonceuse se règle en fonction de la<br />

tige. La pièce étant mise en mouvement<br />

manuellement, le menuisier doit anticiper<br />

un éventuel rej<strong>et</strong> si elle n’est pas maintenue<br />

fermement.<br />

C’est cependant la toupie qui constitue<br />

la machine essentielle du profilage. Sa<br />

polyvalence, liée à la diversité des formes<br />

de fer qu’elle peut porter <strong>et</strong> à l’adaptabilité<br />

de sa table, lui perm<strong>et</strong> de remplacer


049-098-Façonnage <strong>et</strong> usinage_4 16/03/12 17:53 Page85<br />

tout l’éventail des outils à fût. C<strong>et</strong>te polyvalence<br />

est encore accrue par la capacité<br />

du menuisier à concevoir des montages<br />

d’usinage de plus en plus complexes afin<br />

d’adapter les différents guides à la forme<br />

des pièces à usiner. La toupie perm<strong>et</strong> donc<br />

un gain de temps considérable, mais nécessite<br />

le respect le plus strict des consignes<br />

de sécurité.<br />

<strong>Le</strong> réglage de l’arbre de toupie<br />

<strong>Le</strong> réglage en hauteur de l’outil de<br />

coupe <strong>et</strong> le positionnement de la pièce<br />

de bois à profiler par rapport à celui-ci<br />

répondent aux mêmes exigences pour la<br />

toupie <strong>et</strong> pour la moulurière. Parmi la<br />

grande variété des profils (rainure, langu<strong>et</strong>te,<br />

feuillure, moulure…), on peut<br />

distinguer ceux que l’on usine sur une face<br />

(rainures, langu<strong>et</strong>tes…) <strong>et</strong> ceux effectués<br />

sur une arête (feuillures, congés, quartde-rond,<br />

doucine…). Pour l’usinage de ces<br />

derniers, il faut déterminer la position<br />

adéquate de la pièce : posée à plat ou<br />

sur chant. Avec certains profils, comme<br />

la doucine, les outils de coupe adéquats<br />

perm<strong>et</strong>tent les deux positions. Mais, dès<br />

que le profil correspond à une moulure<br />

refouillée, il faut placer les parties en surplomb<br />

face à l’outil de coupe (fig. 50). Par<br />

conséquent, certaines moulures refouillées,<br />

comme la bagu<strong>et</strong>te 79 , imposent un usinage<br />

en deux passes au moins : en posant la<br />

pièce à chant d’abord <strong>et</strong> à plat ensuite.<br />

La rotation de l’outil de coupe<br />

Suivant la matière à usiner (bois<br />

massif, panneau mélaminé) <strong>et</strong> la qualité<br />

d’usinage souhaitée, il existe deux grands<br />

types d’usinage : l’usinage « en opposition<br />

» <strong>et</strong> celui « en avalant » également<br />

dit « en concordance ».<br />

L’usinage en opposition, le plus couramment<br />

utilisé, consiste à présenter la<br />

pièce de bois dans le sens contraire de la<br />

rotation de l’outil de coupe (fig. 51 a).<br />

Pour éviter un choc au contact de la pièce<br />

de bois avec l’outil en rotation, le menuisier<br />

anticipe en régulant la vitesse d’amenage<br />

manuellement ou mécaniquement.<br />

Pour l’usinage « en avalant », la pièce<br />

de bois est avancée dans le sens de la<br />

rotation de l’outil de coupe (fig. 51 b).<br />

<strong>Le</strong> contact des deux éléments accentue la<br />

vitesse d’amenage de la pièce qui ne peut<br />

être régulée qu’à l’aide d’un entraîneur.<br />

Ce type d’usinage produit un meilleur état<br />

de surface que celui obtenu avec un usinage<br />

en opposition. Il présente toutefois<br />

quelques inconvénients : on constate<br />

une usure avancée de l’outil de coupe <strong>et</strong><br />

La menuiserie / <strong>Le</strong> <strong>façonnage</strong> <strong>et</strong> l’usinage<br />

a<br />

b<br />

c<br />

Fig. 50. Profilage d’une moulure refouillée à la toupie.<br />

a. membre principal; b <strong>et</strong> c. membres secondaires.<br />

il oblige à une diminution de la vitesse<br />

d’amenage afin de ne pas accélérer c<strong>et</strong>te<br />

usure. De plus, si les outils de coupe possèdent<br />

des déflecteurs 80 , ceux-ci talonnent<br />

contre le bois <strong>et</strong> empêchent l’usinage.<br />

Fig. 51. Amenage d’une pièce de bois pour un profilage à<br />

la toupie. a. en opposition; b. en avalant.<br />

a<br />

b<br />

85<br />

79. Voir l’Encyclopédie<br />

des Métiers. La<br />

menuiserie, tome 4,<br />

« <strong>Le</strong>s moulures »,<br />

p. 136, figure 16 b.<br />

80. <strong>Le</strong> déflecteur est un<br />

contre-fer qui perm<strong>et</strong><br />

de réguler la profondeur<br />

du tranchant de<br />

l’outil de coupe. Voir<br />

l’Encyclopédie des<br />

Métiers. La menuiserie,<br />

tome 2, « La<br />

mécanisation », p. 167.


049-098-Façonnage <strong>et</strong> usinage_4 16/03/12 17:53 Page86<br />

81. La lumière de table<br />

correspond à l’espace<br />

entre la circonférence<br />

de l’outil de coupe <strong>et</strong><br />

les rondelles concentriques.<br />

82. <strong>Le</strong> balourd est un<br />

déséquilibre dans une<br />

pièce tournante dont le<br />

centre de gravité ne se<br />

trouve pas sur l’axe de<br />

rotation.<br />

83. Une vis de serrage<br />

avec un écrou ou un<br />

boulon est une vis dans<br />

l’axe en bout de l’arbre<br />

porte-outil pour serrer<br />

les demi-lunes.<br />

84. <strong>Le</strong> chapeau est une<br />

rondelle métallique qui<br />

se pose par-dessus la<br />

dernière bague, sans<br />

toucher l’arbre porteoutil.<br />

85. En général, tous<br />

les réglages mécaniques<br />

s’effectuent en montant<br />

pour éviter l’affaissement<br />

sous son propre<br />

poids de l’élément à<br />

régler lors de la mise<br />

sous tension.<br />

86. La plate-bande<br />

est un profil simple<br />

perm<strong>et</strong>tant de réduire<br />

précisément le contour<br />

d’un panneau afin<br />

de rentrer dans une<br />

rainure.<br />

<strong>Le</strong> positionnement de l’outil de coupe<br />

sur l’arbre<br />

Lors du montage d’un outil de coupe<br />

sur l’arbre porte-outil, le menuisier bloque<br />

la rotation de l’arbre <strong>et</strong> vérifie la lumière<br />

de table 81 . Puis, il pose l’outil de coupe au<br />

plus bas de l’arbre porte-outil afin d’éviter<br />

le balourd 82 lors de la mise en route. <strong>Le</strong><br />

menuisier empile au-dessus de l’outil de<br />

coupe des bagues jusqu’à couvrir l’arbre en<br />

entier en laissant dépasser la vis de serrage<br />

83 pour m<strong>et</strong>tre en place le chapeau 84 ,<br />

<strong>et</strong> serre modérément l’écrou (fig. 52). <strong>Le</strong><br />

sens de rotation de l’outil de coupe étant<br />

inversé par rapport à celui du fil<strong>et</strong>age,<br />

l’écrou ne peut se desserrer. Ensuite, le<br />

menuisier débloque la rotation de l’arbre,<br />

puis règle en montant 85 la hauteur de l’outil<br />

de coupe par rapport à la table à l’aide<br />

d’un régl<strong>et</strong> de toupilleur ou d’un pied à<br />

coulisse à cadran (voir figure 55). Une fois<br />

en position, l’arbre vertical est bloqué en<br />

hauteur manuellement ou électriquement.<br />

<strong>Le</strong> menuisier choisit le positionnement de<br />

l’outil de coupe en dessous ou au-dessus de<br />

la pièce de bois à usiner en fonction du<br />

profil souhaité.<br />

L’usinage par-dessous perm<strong>et</strong> d’usiner<br />

un profil constant sur une arête, quels que<br />

soient l’épaisseur <strong>et</strong> le calibre de la pièce<br />

de bois. C<strong>et</strong> usinage convient donc particulièrement<br />

pour des moulures (fig. 53 a).<br />

Dans la mesure du possible, le menuisier<br />

Fig. 52. Positionnement du chapeau sur l’arbre de toupie.<br />

86<br />

a<br />

b<br />

c<br />

Fig. 53. Profilage à la toupie. a. profilage par-dessous ;<br />

b <strong>et</strong> c. profilage par-dessus.<br />

présente le parement contre la table. La<br />

pièce peut accidentellement se soulever,<br />

mais la déformation du profil peut être<br />

rectifiée lors d’un second passage. C’est<br />

également la position d’usinage la plus<br />

couramment employée car c’est elle qui<br />

offre le plus de sécurité tout en canalisant<br />

les copeaux de bois directement dans le<br />

carter de la toupie. En eff<strong>et</strong>, les constructeurs<br />

conçoivent les outils de coupe à profils<br />

simples pour un usinage par-dessous.<br />

Usiner par-dessus perm<strong>et</strong> de déterminer<br />

une épaisseur constante entre la<br />

table de la toupie <strong>et</strong> l’outil de coupe. C<strong>et</strong><br />

usinage est surtout utilisé pour le profilage<br />

de plates-bandes 86 , de rainures <strong>et</strong> de langu<strong>et</strong>tes<br />

(fig. 53 b <strong>et</strong> c). <strong>Le</strong> profilage pardessus<br />

devient dangereux lorsque l’outil de<br />

coupe est en saillie de la pièce. Dans ce<br />

cas, il est en contact direct avec les éléments<br />

qui entraînent la pièce de bois <strong>et</strong><br />

ceux qui protègent l’utilisateur. De plus,<br />

le manque d’efficacité de l’aspiration des<br />

copeaux de bois peut réduire la visibilité<br />

du menuisier.<br />

Ce type d’usinage est particulièrement<br />

adapté aux plates-bandes car leur profil se


049-098-Façonnage <strong>et</strong> usinage_4 16/03/12 17:53 Page87<br />

Fig. 54 <strong>Le</strong>s éléments d’un guide linéaire. a. guide d’entrée;<br />

b. presseur vertical ; c. presseur horizontal ; d. guide de<br />

sortie ; e. carter de protection ; f. vis de réglage pour les<br />

guides; g. lumière de guides.<br />

caractérise par une épaisseur constante au<br />

niveau de la langu<strong>et</strong>te afin qu’elle puisse<br />

rentrer dans une rainure prévue à c<strong>et</strong> eff<strong>et</strong>.<br />

L’usinage reste néanmoins délicat : si la<br />

pièce se soulève ou que quelque chose<br />

vient se glisser entre la table de la machine<br />

<strong>et</strong> la pièce de bois, le profil est déformé <strong>et</strong><br />

irrattrapable dans le meilleur des cas; au<br />

pire, la pièce est éjectée brutalement.<br />

<strong>Le</strong> profilage de pièces rectilignes<br />

Pour effectuer un profilage rectiligne<br />

à la toupie, le menuisier dispose de guides<br />

de toupillage linéaire 87 (fig. 54). Il commence<br />

par régler la hauteur de l’outil de<br />

coupe puis la profondeur d’usinage du<br />

profil en adaptant la lumière de guide 88 . Il<br />

peut contrôler c<strong>et</strong>te profondeur avec un<br />

régl<strong>et</strong> (fig. 55 a), une règle de toupilleur<br />

(fig. 55 b) ou, pour une précision optimale,<br />

un pied à coulisse à cadran (fig. 55 c). <strong>Le</strong><br />

menuisier veille à la propr<strong>et</strong>é <strong>et</strong> à la bonne<br />

lubrification de la table <strong>et</strong> des guides afin<br />

de faciliter le glissement de la pièce.<br />

Durant le profilage, le menuisier se<br />

tient sur le côté de la pièce <strong>et</strong> non derrière,<br />

pour mieux maîtriser son déplacement <strong>et</strong><br />

éviter d’être atteint par un éventuel rej<strong>et</strong><br />

si elle lui échappe des mains. En règle<br />

générale, le parement de la pièce de bois<br />

est posé contre la table afin que les éventuels<br />

défauts d’épaisseur ne soient répercutés<br />

que sur le contreparement.<br />

Dans le cas de l’usinage périphérique<br />

d’un panneau de bois massif à chant droit,<br />

il est préférable de débuter le profilage en<br />

travers fil (fig. 56). Quand l’outil de coupe<br />

vient trancher perpendiculairement le fil<br />

du bois, les fibres offrent une résistance<br />

qui engendre des éclats en sortie de profilage.<br />

Mais en poursuivant, le fil du bois se<br />

La menuiserie / <strong>Le</strong> <strong>façonnage</strong> <strong>et</strong> l’usinage<br />

a<br />

b<br />

c<br />

Fig. 55. Outils de contrôle pour régler l’outil de coupe par<br />

rapport aux guides <strong>et</strong> à la table. a. régl<strong>et</strong>; b. règle de toupilleur;<br />

c. pied à coulisse à cadran.<br />

r<strong>et</strong>rouve dans le sens de rotation de l’outil<br />

de coupe supprimant ainsi les éclats. Si le<br />

menuisier ne profile qu’un chant du panneau<br />

en travers fil, il faut prévoir un pareéclat<br />

en sortie d’usinage.<br />

Si un profil est réalisé sur toute la<br />

hauteur du chant, pour une moulure par<br />

87<br />

87. Voir l’Encyclopédie<br />

des Métiers. La<br />

menuiserie, tome 2,<br />

« La mécanisation »,<br />

p. 165.<br />

88. La lumière de<br />

guide est l’espace entre<br />

le guide d’entrée <strong>et</strong><br />

celui de sortie.


049-098-Façonnage <strong>et</strong> usinage_4 16/03/12 17:53 Page88<br />

89. <strong>Le</strong> peigne est une<br />

planche en bois ou en<br />

plastique dont le tiers<br />

de la largeur a été scié<br />

par tranches successives<br />

d’environ trois<br />

millimètres d’épaisseur<br />

(pour assouplir ces<br />

tranches au contact de<br />

la pièce de bois), à<br />

environ 60 o par rapport<br />

au chant de c<strong>et</strong>te<br />

planche.<br />

90. Voir l’Encyclopédie<br />

des Métiers. La<br />

menuiserie, tome 2,<br />

« La mécanisation »,<br />

p. 165.<br />

91. Voir infra « <strong>Le</strong><br />

profilage arrêté »,<br />

p. xxx.<br />

Fig. 56. Sens de profilage d’une plate-bande en fonction<br />

du fil du bois afin de limiter les éclats dans les zones à<br />

risque (a).<br />

Fig. 57. Décalage du guide de sortie pour un profilage sur<br />

toute la surface d’une pièce.<br />

exemple, la pièce n’a plus de surface<br />

d’appui en fin de passe, ce qui peut provoquer<br />

des déformations. Pour remédier<br />

à cela, le menuisier règle la profondeur<br />

du guide de sortie en actionnant une vis<br />

de réglage afin de le décaler vers l’avant<br />

(fig. 57). Si l’usinage d’un profil, par<br />

exemple une grosse feuillure, déstabilise la<br />

pièce à usiner en sortie de profilage, il faut<br />

réaliser une contre-forme du profil <strong>et</strong> la<br />

positionner sur le guide de sortie. C<strong>et</strong>te<br />

contre-forme peut être clouée ou vissée si<br />

les guides sont en bois. Sinon, le menuisier<br />

peut utiliser des peignes 89 en complément<br />

de serrage de la pièce (fig. 58). Si la pièce<br />

est trop courte par rapport à la lumière,<br />

un panneau recouvrant l’ensemble des<br />

guides <strong>et</strong> maintenu à l’aide de serre-joints<br />

perm<strong>et</strong> à la pièce de rester continuellement<br />

en appui pendant l’usinage.<br />

Sur la toupie, l’entraîneur 90 sert à<br />

réguler la vitesse d’amenage d’une pièce<br />

vers l’outil de coupe. Outre une sécurité<br />

accrue, il perm<strong>et</strong> d’obtenir une meilleure<br />

qualité d’exécution qu’à la main. Efficace<br />

pour les travaux en série, il n’est pas exclu<br />

88<br />

de l’utiliser pour une seule pièce de bois.<br />

Dans le cas d’un profilage arrêté 91 , le<br />

menuisier doit procéder à un amenage<br />

manuel. Il place les mains à plat, celle de<br />

gauche devance celle de droite. Il adapte<br />

son geste aux obstacles (presseurs, éléments<br />

de sécurité) qui peuvent gêner l’amenage<br />

de la pièce. C<strong>et</strong> amenage manuel a l’inconvénient<br />

de ne pas être régulier, ce qui provoque<br />

des ondes d’usinage irrégulières, des<br />

zones partiellement brûlées <strong>et</strong> donc une<br />

finition plus longue <strong>et</strong> plus fastidieuse.<br />

Lorsque le menuisier veut effectuer un<br />

profilage d’une pièce posée à plat sur la<br />

table avec l’entraîneur, il place ce dernier<br />

près du guide <strong>et</strong> verrouille la potence en<br />

rotation depuis la table. Il présente la<br />

pièce à usiner sous le bloc-moteur pour<br />

régler la hauteur des gal<strong>et</strong>s de l’entraîneur<br />

de sorte qu’ils pressent correctement la<br />

pièce de bois contre la table. Pour un<br />

déplacement d’une pièce posée à plat sur<br />

la table, la pièce doit être pressée par les<br />

gal<strong>et</strong>s pour être continuellement en contact<br />

avec les guides (photo 19). Pour effectuer<br />

c<strong>et</strong>te pression, le bloc-moteur de l’entraîneur<br />

est pivoté légèrement dans la direction<br />

du guide de sortie d’une quinzaine de<br />

degrés. Pour un déplacement d’une pièce<br />

posée à chant de la droite vers la gauche,<br />

dont le plat est contre les guides, les gal<strong>et</strong>s<br />

de l’entraîneur sont positionnés verticalement<br />

par rapport à la table (photo 20).<br />

<strong>Le</strong>s deux premiers gal<strong>et</strong>s se positionnent<br />

en face du guide d’entrée <strong>et</strong> le troisième<br />

gal<strong>et</strong> en face du guide de sortie. La<br />

manœuvre étant délicate, il ne faut surtout<br />

pas positionner le troisième gal<strong>et</strong><br />

devant l’arbre de toupie : il peut orienter<br />

la pièce à usiner dans la lumière <strong>et</strong> la<br />

déformer.<br />

Une fois l’entraîneur réglé, le menuisier<br />

vérifie qu’un gal<strong>et</strong> ne soit pas en<br />

contact avec l’outil de coupe en tournant<br />

l’arbre à la main, puis il démarre l’aspiration<br />

<strong>et</strong> la machine. S’il y a un bruit<br />

Fig. 58. Stabilisation d’une pièce de p<strong>et</strong>ite section à l’aide<br />

de peignes.


049-098-Façonnage <strong>et</strong> usinage_4 16/03/12 17:53 Page89<br />

Photo 19. Positionnement de l’entraîneur de la toupie pour<br />

usiner une pièce placée chant contre guide <strong>et</strong> face contre<br />

table. Document Compagnons du Devoir.<br />

Photo 20. Positionnement de l’entraîneur de la toupie pour<br />

usiner une pièce placée chant contre table <strong>et</strong> face contre<br />

guide. Document Compagnons du Devoir.<br />

inhabituel, généralement lié à la vitesse<br />

de coupe de l’outil, le menuisier attentif<br />

le reconnaît <strong>et</strong> arrête immédiatement la<br />

machine. Il peut profiler une pièce d’essai.<br />

Si le profil ne correspond pas au résultat<br />

souhaité — carré trop grand ou trop p<strong>et</strong>it,<br />

congé incompl<strong>et</strong>, <strong>et</strong>c. —, il modifie la hauteur<br />

de l’arbre <strong>et</strong> la position du guide<br />

jusqu’à ce que le profil soit parfait.<br />

<strong>Le</strong> profilage de pièces courbes<br />

Lorsque le menuisier doit réaliser un<br />

profilage sur une pièce courbe 92 , il peut utiliser<br />

un guide à lun<strong>et</strong>te 93 ou des guides de<br />

toupillage linéaire. C’est la surface de référence<br />

(surface d’appui droite ou courbe)<br />

La menuiserie / <strong>Le</strong> <strong>façonnage</strong> <strong>et</strong> l’usinage<br />

pendant le profilage qui oriente le menuisier<br />

vers le choix du guide. Lorsque la<br />

surface de référence est plane <strong>et</strong> que le<br />

profilage s’effectue sur une surface cintrée,<br />

le menuisier utilise le guide à lun<strong>et</strong>te. En<br />

revanche, lorsque la surface de référence<br />

est cintrée <strong>et</strong> que le profilage s’effectue sur<br />

une surface plane, le menuisier utilise les<br />

guides de toupillage linéaire (par exemple<br />

une moulure refouillée sur un chambranle<br />

cintré).<br />

Pour un profilage effectué sur une<br />

surface cintrée, le menuisier utilise donc un<br />

guide à lun<strong>et</strong>te. <strong>Le</strong> diamètre de l’arrondi<br />

des plaques du guide à lun<strong>et</strong>te doit être<br />

inférieur ou égal au diamètre du plus p<strong>et</strong>it<br />

cintre de la pièce afin que la pièce soit<br />

constamment en appui sur le repère 94 inscrit<br />

sur la lun<strong>et</strong>te (fig. 59). Il doit également<br />

être supérieur au diamètre de l’outil<br />

de coupe pour que la profondeur du profil<br />

soit au maximum au niveau du repère.<br />

Si ce n’est pas le cas, le menuisier n’a plus<br />

de point précis pour effectuer un profilage<br />

régulier en profondeur. Il contrôle la profondeur<br />

d’usinage à l’aide d’un régl<strong>et</strong> ou<br />

d’un pied à coulisse. Pour accompagner la<br />

pièce à usiner vers le repère, le menuisier<br />

place ses deux mains fermement sur la<br />

pièce de bois, celle de gauche légèrement à<br />

l’avant. Un contact direct de la pièce au<br />

niveau du repère provoquerait un rej<strong>et</strong><br />

violent de celle-ci. L’extrémité avant de<br />

la pièce prend donc appui sur la lun<strong>et</strong>te<br />

depuis l’extérieur droit de la zone de travail<br />

jusqu’à atteindre le repère (fig. 60).<br />

Pour réaliser un profil de profondeur régulière,<br />

le chant de la pièce cintrée est en<br />

contact constant avec le repère <strong>et</strong> termine<br />

sa course vers l’extérieur gauche de la zone<br />

de travail.<br />

Lors d’un profilage sur toute la hauteur<br />

du chant d’une pièce cintrée, par<br />

exemple une moulure, on rencontre les<br />

mêmes problèmes que pour un profilage<br />

rectiligne. La pièce de bois a besoin d’une<br />

Fig. 59. <strong>Le</strong> guide à lun<strong>et</strong>te. a. repère; b. lun<strong>et</strong>te; c. presseur<br />

vertical ; d. vis de réglage ; e. carter de protection ;<br />

f. virgule métallique.<br />

89<br />

92. <strong>Le</strong> terme « pièce<br />

courbe » dans c<strong>et</strong>te<br />

partie fait référence à<br />

toutes les pièces qui ne<br />

sont pas rectilignes.<br />

93. <strong>Le</strong> guide à lun<strong>et</strong>te<br />

est un guide équipé de<br />

plaques arrondies en<br />

métal qui se place audessus<br />

ou en dessous<br />

de l’outil de coupe.<br />

Voir l’Encyclopédie<br />

des Métiers. La menuiserie,<br />

tome 2, « La<br />

mécanisation », p. 166.<br />

94. <strong>Le</strong> repère correspond<br />

au dépassement<br />

maximal de l’outil par<br />

rapport au guide, <strong>et</strong><br />

par conséquent à la<br />

profondeur maximale<br />

souhaitée pour le<br />

profil.


049-098-Façonnage <strong>et</strong> usinage_4 16/03/12 17:53 Page90<br />

95. <strong>Le</strong> gal<strong>et</strong> à bille est<br />

un roulement à bille<br />

avec une multitude<br />

d’alésages interchangeables<br />

de sorte que le<br />

diamètre puisse correspondre<br />

à celui de<br />

l’outil de coupe à profiler<br />

choisi.<br />

96. La virgule est un<br />

guide secondaire de<br />

forme quelconque qui<br />

est fixé au plus près de<br />

l’outil de coupe sur la<br />

table de la toupie. Elle<br />

sert d’appui avant que<br />

la pièce à usiner ne<br />

soit en contact avec le<br />

gal<strong>et</strong> à bille.<br />

Fig. 60. Profilage d’une pièce cintrée à la toupie avec un<br />

guide à lun<strong>et</strong>te.<br />

surface d’appui complémentaire au chant<br />

profilé. <strong>Le</strong> menuisier réalise donc un<br />

gabarit de la forme de la pièce, qui sert<br />

d’appui pendant le profilage. Il doit ensuite<br />

prendre en compte l’épaisseur du gabarit<br />

pour régler le positionnement de la lun<strong>et</strong>te<br />

<strong>et</strong> des organes de sécurité (fig. 61).<br />

Outre un guide à lun<strong>et</strong>te, le menuisier<br />

adapte sur l’arbre porte-outil un gal<strong>et</strong> à<br />

bille 95 qui peut être placé au-dessus ou audessous<br />

de l’outil de coupe. Si le menuisier<br />

veut réaliser un profilage dont l’usinage<br />

s’effectue par en dessous, il place au-dessus<br />

de l’outil de coupe le gal<strong>et</strong> à bille qui prend<br />

appui sur la partie du chant non usiné<br />

de la pièce de bois, <strong>et</strong> inversement pour<br />

un usinage réalisé par-dessus (fig. 62).<br />

À partir du gal<strong>et</strong> à bille, le menuisier peut<br />

adapter des bagues pour augmenter le diamètre<br />

de ce gal<strong>et</strong> <strong>et</strong> ainsi régler la profon-<br />

90<br />

a<br />

b<br />

Fig. 61. Positionnement du gabarit (en gris) <strong>et</strong> du carter<br />

de sécurité. a. pour un profilage sur une arête; b. pour un<br />

profilage sur une face.<br />

Fig. 62. Profilage d’une pièce cintrée à la toupie avec un<br />

gal<strong>et</strong> à bille.<br />

deur d’usinage de l’outil de coupe. <strong>Le</strong> gal<strong>et</strong><br />

à bille <strong>et</strong> l’outil de coupe ont le même axe<br />

de rotation. Par conséquent, contrairement<br />

au guide à lun<strong>et</strong>te, l’outil atteint immédiatement<br />

la profondeur maximale de profilage.<br />

Si le menuisier présente directement<br />

la pièce sur le gal<strong>et</strong> à bille, elle est donc<br />

éjectée brutalement. Pour parer à ce problème,<br />

il faut m<strong>et</strong>tre en place une virgule 96 .<br />

C<strong>et</strong>te virgule est fixée en amont de l’outil<br />

de coupe <strong>et</strong> sert de premier appui pour la<br />

pièce à usiner avant qu’elle ne soit en


049-098-Façonnage <strong>et</strong> usinage_4 16/03/12 17:53 Page91<br />

Fig. 63. Profilage d’une traverse chantournée : l’outil de<br />

coupe pénètre dans un angle rentrant.<br />

contact avec le gal<strong>et</strong> à bille <strong>et</strong> donc avec<br />

l’outil.<br />

Dans le cas d’un profilage simple (une<br />

moulure simple, une rainure) sur une traverse<br />

chantournée <strong>et</strong> qui présente un angle<br />

rentrant, le menuisier ne peut profiler<br />

jusqu’à l’extrémité de l’angle car l’outil de<br />

coupe est circulaire (fig. 63). Il est donc<br />

nécessaire d’effectuer une reprise manuelle<br />

du profil, à l’aide de gouges <strong>et</strong> de ciseaux à<br />

bois. Dans le cas où le profil se fait sur un<br />

angle saillant, l’outil de coupe peut profiler<br />

jusqu’à l’extrémité de c<strong>et</strong> angle, mais il va<br />

rencontrer du contre-fil <strong>et</strong> engendrer des<br />

éclats, voire la rupture de l’angle saillant<br />

si le profil est trop important (fig. 64).<br />

<strong>Le</strong> menuisier peut alors réduire la quantité<br />

de matière usinée en procédant en plusieurs<br />

passes.<br />

Dans le cas de l’usinage d’un profil<br />

qui nécessite de placer la face contre le<br />

guide, par exemple une moulure refouillée,<br />

le menuisier utilise les guides de toupillage<br />

linéaire. Il doit concevoir un « berceau »<br />

qui reprend la forme de la pièce cintrée<br />

afin de la guider correctement pendant<br />

l’usinage (photo 21). Ce montage d’usinage<br />

se décompose en deux parties. La première<br />

partie, « le berceau », est fixée contre les<br />

guides de toupillage linéaires <strong>et</strong> sert à<br />

orienter la pièce à usiner vers l’outil de<br />

coupe. <strong>Le</strong> menuisier veille à aligner l’axe<br />

de c<strong>et</strong>te partie avec celui de l’arbre de<br />

toupie. La seconde partie est la contre-<br />

La menuiserie / <strong>Le</strong> <strong>façonnage</strong> <strong>et</strong> l’usinage<br />

Fig. 64. Profilage d’une traverse chantournée : l’outil de<br />

coupe pénètre dans un angle saillant.<br />

Photo 21. Montage d’usinage pour profiler une moulure<br />

refouillée sur la face d’une pièce cintrée. Document<br />

Compagnons du Devoir.<br />

91


049-098-Façonnage <strong>et</strong> usinage_4 16/03/12 17:53 Page92<br />

Photo 22. Profilage sur une face d’une pièce cintrée à<br />

l’entraîneur avec les gal<strong>et</strong>s jumelés au centre. Document<br />

Compagnons du Devoir.<br />

forme de la pièce à usiner. Elle sert à<br />

presser <strong>et</strong> à guider la pièce à usiner sur la<br />

première partie. Ainsi la pièce est poussée<br />

manuellement pendant l’usinage. Pour un<br />

amenage mécanique de la pièce à l’aide<br />

de l’entraîneur, les gal<strong>et</strong>s doivent être<br />

démontés pour être jumelés sur l’axe du<br />

gal<strong>et</strong> central afin que la pièce courbe ne<br />

puisse pas buter dans le carter du blocmoteur<br />

(photo 22). Ensuite, l’entraîneur<br />

est placé devant <strong>et</strong> au-dessus de l’outil de<br />

coupe de façon à ce que les gal<strong>et</strong>s jumelés<br />

soient dans l’axe de l’arbre porte-outil. La<br />

contre-forme qui sert de presseur est alors<br />

supprimée <strong>et</strong> remplacée par les gal<strong>et</strong>s de<br />

l’entraîneur.<br />

<strong>Le</strong> profilage arrêté<br />

<strong>Le</strong> profilage arrêté consiste à profiler<br />

une pièce de bois sur une longueur limitée<br />

(par deux mortaises par exemple). Ce type<br />

de profilage peut être effectué sur une<br />

pièce rectiligne ou curviligne.<br />

<strong>Le</strong> profilage arrêté rectiligne<br />

<strong>Le</strong> profilage arrêté rectiligne est l’usinage<br />

d’un profil arrêté sur une pièce droite.<br />

<strong>Le</strong> menuisier r<strong>et</strong>rouve très souvent c<strong>et</strong>te<br />

technique de travail, par exemple au cours<br />

de la réalisation d’une porte vitrée en<br />

partie haute <strong>et</strong> assemblée de panneaux en<br />

partie basse. La partie haute de c<strong>et</strong>te<br />

porte possède, pour recevoir le vitrage, une<br />

feuillure qui est arrêtée car, pour recevoir<br />

un panneau, la partie basse change de<br />

profil <strong>et</strong> comporte une rainure.<br />

Une fois les guides <strong>et</strong> l’outil de coupe<br />

réglés, le menuisier détermine par deux<br />

traits au crayon la zone de travail de l’outil<br />

sur le guide ou sur la table afin que le<br />

repérage soit visible lorsque la pièce de<br />

bois est en cours d’usinage. <strong>Le</strong>s pièces à<br />

92<br />

usiner doivent être coupées préalablement<br />

de long. Une fois la zone de profilage<br />

déterminée sur la pièce, le menuisier positionne<br />

les butées sur les guides d’entrée <strong>et</strong><br />

de sortie (fig. 65 a).<br />

Lorsque les réglages sont terminés, le<br />

menuisier positionne le presseur vertical en<br />

effleurant le dessus de la pièce pour ne pas<br />

gêner le déplacement de c<strong>et</strong>te dernière vers<br />

l’outil : dans ce cas le presseur a simplement<br />

une fonction de protection. Lors du<br />

profilage, le menuisier place en premier<br />

l’extrémité arrière contre la butée d’entrée.<br />

La pièce a tendance à entrer brusquement<br />

dans l’outil de coupe <strong>et</strong> à se plaquer contre<br />

le guide. La pièce est ensuite poussée progressivement<br />

vers l’outil <strong>et</strong> accompagnée<br />

jusqu’à la butée de sortie, puis dégagée par<br />

son extrémité arrière (fig. 65 b).<br />

<strong>Le</strong> profilage arrêté curviligne<br />

<strong>Le</strong> profilage arrêté curviligne consiste<br />

à arrêter un profilage sur une pièce courbe.<br />

Fig. 65. Profilage arrêté rectiligne. a. positionnement des<br />

butées sur les guides d’entrée (a) <strong>et</strong> de sortie (b) avec la<br />

zone de profilage (c); b. technique de passe.<br />

a<br />

b


049-098-Façonnage <strong>et</strong> usinage_4 16/03/12 17:53 Page93<br />

Fig. 66. Profilage arrêté curviligne en utilisant un gabarit.<br />

La technique s’apparente à celle utilisée<br />

pour une pièce droite si ce n’est que le<br />

menuisier utilise un gal<strong>et</strong> à bille <strong>et</strong> une<br />

virgule. <strong>Le</strong> menuisier doit concevoir un<br />

montage d’usinage qui prend en compte<br />

la zone de profilage sur la pièce de bois<br />

(fig. 66).<br />

L’entaillage<br />

Une entaille, en menuiserie, est un<br />

évidement de matière. Elle peut remplir<br />

une fonction d’assemblage ou une fonction<br />

décorative. Certaines entailles, notamment<br />

d’assemblage, avant l’évidement proprement<br />

dit, nécessitent au préalable des<br />

sciages qui en délimitent les contours. Par<br />

ailleurs, la réalisation de certains assemblages<br />

fait succéder une étape d’entaillage<br />

à une étape de sciage. C’est par exemple le<br />

cas d’un assemblage à mi-bois en croix de<br />

La menuiserie / <strong>Le</strong> <strong>façonnage</strong> <strong>et</strong> l’usinage<br />

Saint-André 97 . La mortaise correspond<br />

donc également à la définition de l’entaille.<br />

Mais c’est une entaille suffisamment particulière<br />

<strong>et</strong> importante en menuiserie pour<br />

l’étudier à part 98 .<br />

Lorsque l’entaille remplit une fonction<br />

d’assemblage, c’est le plus souvent grâce<br />

à un encastrement. Il s’agit par exemple<br />

de l’entaillage de marches d’escalier, de<br />

l’incrustation d’obj<strong>et</strong>s en tout genre ou<br />

encore du ferrage. L’entaille décorative se<br />

r<strong>et</strong>rouve quant à elle sur des pièces ornementales<br />

comme des panneaux à plis de<br />

servi<strong>et</strong>te, ou des traverses d’imposte avec<br />

des métopes, des triglyphes 99 , <strong>et</strong>c.<br />

Ces entailles peuvent être débouchantes<br />

ou partielles. Elles sont débouchantes<br />

si elles traversent toute la pièce<br />

dans l’une de ses dimensions. Une entaille<br />

débouchante correspond par exemple à un<br />

assemblage à mi-bois en croix. Une entaille<br />

partielle se r<strong>et</strong>rouve par exemple dans un<br />

assemblage à paume carrée 100 .<br />

Pour réaliser une entaille, le choix de<br />

l’outillage manuel ou mécanique utilisé par<br />

le menuisier dépend de la surface, de la<br />

forme <strong>et</strong> de la profondeur de l’entaille. La<br />

réalisation manuelle d’une entaille s’est<br />

raréfiée avec la généralisation pour les ferrures<br />

de la défonceuse portative 101 puis de<br />

la paumelleuse. Par contre, dès que le<br />

menuisier doit réaliser une entaille équarrie,<br />

il termine les angles au ciseau à bois.<br />

<strong>Le</strong> <strong>façonnage</strong><br />

L’entaillage manuel dans le bois massif<br />

<strong>Le</strong> menuisier doit préalablement<br />

prendre connaissance de l’aspect fibreux<br />

du bois massif <strong>et</strong> anticiper la réaction du<br />

tranchant de l’outil lorsqu’il pénètre dans<br />

le bois. <strong>Le</strong>s outils manuels couramment<br />

utilisés pour effectuer une entaille sont des<br />

outils tranchants emmanchés 102 . <strong>Le</strong>ur<br />

grande maniabilité perm<strong>et</strong> de réaliser des<br />

entailles de formes diverses, tant en bois<br />

de travers qu’en bois de fil, qu’il soit droit,<br />

couché ou qu’il s’agisse de contre-fil.<br />

Lorsque le tranchant de l’outil est<br />

engagé dans le fil d’une pièce de bois <strong>et</strong><br />

qu’il rencontre du fil droit, c’est-à-dire des<br />

fibres parallèles à la face travaillée, il suit<br />

le fil du bois tout en gardant une profondeur<br />

constante dans l’entaille <strong>et</strong> produit un<br />

bon état de surface (fig. 67 a). Dans c<strong>et</strong>te<br />

opération, la planche du ciseau 103 , généralement<br />

posée à plat sur la face finie, sert de<br />

guide.<br />

Lorsque le ciseau rencontre du fil<br />

couché, c’est-à-dire des fibres qui, par rapport<br />

à la planche du ciseau, forment un<br />

93<br />

97. Voir l’Encyclopédie<br />

des Métiers. La<br />

menuiserie, tome 4,<br />

« <strong>Le</strong>s assemblages »,<br />

p. 206, figure 22.<br />

98. Voir infra,<br />

p. XX.<br />

99. En menuiserie,<br />

une métope désigne<br />

un ornement constitué<br />

d’un évidement qui<br />

perm<strong>et</strong> de donner plus<br />

de relief à une sculpture<br />

qui, dans une<br />

frise, alterne avec des<br />

triglyphes, ornements<br />

constitués d’une succession<br />

de cannelures <strong>et</strong><br />

de plats à intervalles<br />

réguliers.<br />

100. Voir l’Encyclopédie<br />

des Métiers. La<br />

menuiserie, tome 4,<br />

« <strong>Le</strong>s assemblages »,<br />

p. 204 à 208.<br />

101. Voir l’Encyclopédie<br />

des Métiers. La<br />

menuiserie, tome 4,<br />

« <strong>Le</strong>s outils », p. 99.<br />

102. Voir l’Encyclopédie<br />

des Métiers. La<br />

menuiserie, tome 2,<br />

« <strong>Le</strong>s outils », p. 53.<br />

103. La planche du<br />

ciseau correspond au<br />

corps de l’outil.


049-098-Façonnage <strong>et</strong> usinage_4 16/03/12 17:53 Page94<br />

104. Ici, l’angle de<br />

dépouille correspond à<br />

l’angle entre le dos du<br />

ciseau à bois <strong>et</strong> la plan<br />

de la pièce façonnée.<br />

angle aigu, il tend à être entraîné dans le<br />

même sens (fig. 67 b). Un ciseau parfaitement<br />

affûté, avec un angle de coupe assez<br />

fin, produit un excellent fini. Seulement,<br />

dans c<strong>et</strong>te opération, l’outil ne peut garder<br />

une profondeur constante puisque le tranchant<br />

de l’outil suit le fil du bois qui<br />

remonte. <strong>Le</strong> menuisier doit donc maintenir<br />

fermement la planche du ciseau sur la surface<br />

finie en l’orientant en biais pour trancher<br />

les fibres du bois.<br />

Lorsque le ciseau rencontre du contrefil,<br />

c’est-à-dire des fibres qui, par rapport à<br />

la planche du ciseau, forment un angle<br />

obtus, il a tendance à suivre le sens des<br />

fibres, à s’enfoncer anormalement dans le<br />

bois, <strong>et</strong> ainsi produire des arrachements <strong>et</strong><br />

un mauvais état de surface (fig. 67 c). <strong>Le</strong><br />

menuisier adopte alors la même attitude<br />

qu’avec du fil couché mais en réalisant de<br />

courtes passes. Il peut également animer<br />

l’outil d’une trajectoire oscillante.<br />

Dans le cas où le tranchant de l’outil<br />

est engagé en travers fil pour effectuer un<br />

94<br />

a<br />

b<br />

c<br />

Fig. 67. <strong>Le</strong>s différents types de fils du bois rencontrés par<br />

le ciseau. a. fil droit; b. fil couché; c. contre-fil.<br />

fond d’entaille, l’entaille se réalise perpendiculairement<br />

aux fibres du bois. Elle se<br />

révèle toujours plus difficile qu’en bois<br />

de fil <strong>et</strong> l’état de surface demeure d’assez<br />

mauvaise qualité, car sous l’action de<br />

l’arête tranchante les fibres ont tendance à<br />

s’écraser <strong>et</strong> à se décoller plutôt qu’à se<br />

laisser trancher. Dans des bois très homogènes,<br />

comme le hêtre, on peut cependant<br />

obtenir un état de surface correct. Tout<br />

comme les coupes en bois de fil, la coupe<br />

en travers fil peut s’effectuer en fil droit,<br />

en fil couché ou en contre-fil. Mais dans ce<br />

cas, c’est l’angle entre la planche du ciseau<br />

<strong>et</strong> les cernes observables en bout de la<br />

pièce de bois qui est pris en compte.<br />

En fil droit, le tranchant du ciseau<br />

tend à décoller les fibres plutôt qu’à les<br />

trancher, car la force nécessaire à l’action<br />

de l’outil est parfois supérieure à la résistance<br />

au décollement des fibres (fig. 68 a).<br />

Il s’ensuit un mauvais état de surface<br />

qui peut cependant être amélioré en opérant<br />

avec un outil dont l’angle de coupe<br />

est proche de 20 o , au lieu de 25 o en règle<br />

générale.<br />

En fil couché, les inconvénients de<br />

décollement des fibres restent les mêmes<br />

qu’en bois de fil. <strong>Le</strong> ciseau a c<strong>et</strong>te fois tendance<br />

à déraper, mais l’état de surface est<br />

bon (fig. 68 b). Dans c<strong>et</strong>te opération, le<br />

menuisier anime son outil d’une trajectoire<br />

biaise avec un léger angle de dépouille 104 .<br />

Fig. 68. <strong>Le</strong>s différents types de travers fil rencontrés par le<br />

ciseau. a. fil droit; b. fil couché.<br />

a<br />

b


049-098-Façonnage <strong>et</strong> usinage_4 16/03/12 17:53 Page95<br />

En contre-fil, le tranchant du ciseau<br />

suit le fil du bois vers l’intérieur de la<br />

pièce de bois <strong>et</strong> arrache les fibres sans<br />

vraiment les trancher. <strong>Le</strong> maniement de<br />

l’outil devient alors très difficile <strong>et</strong> l’état<br />

de surface reste assez médiocre. <strong>Le</strong> menuisier<br />

améliore cependant le résultat en opérant<br />

par p<strong>et</strong>ites passes, en ayant soin de<br />

n’enlever que très peu de bois à la fois.<br />

Dans l’entaille en bois de travers, quelle<br />

que soit la direction des cernes du bois, il<br />

convient chaque fois qu’il est possible de le<br />

faire, d’agir non pas de face par rapport au<br />

chant de la pièce, mais de biais (fig. 69 a).<br />

Ce mouvement peut avoir une trajectoire<br />

biaise rectiligne ou, pour des cas plus difficiles,<br />

biaise <strong>et</strong> sinusoïdale en raison du<br />

mouvement oscillant que le menuisier<br />

donne au ciseau (fig. 69 b).<br />

<strong>Le</strong> traçage<br />

Suivant la forme de l’entaille, le traçage<br />

s’exécute au trusquin, à l’équerre,<br />

au compas, au gabarit, ou bien encore à<br />

main levée. Afin de distinguer les parties à<br />

enlever de celles à conserver, il est conseillé<br />

de faire une marque à la craie de couleur<br />

à l’intérieur de la surface déjà délimitée.<br />

Non seulement, ceci perm<strong>et</strong> d’indiquer plus<br />

clairement les différentes parties, mais<br />

encore d’apprécier l’équilibre des pleins <strong>et</strong><br />

des creux avant d’entreprendre le travail.<br />

Fig. 69. <strong>Le</strong>s différentes façons de manier le ciseau lorsqu’il<br />

rencontre du travers fil. a. maniement en biais; b. maniement<br />

par oscillation.<br />

a<br />

b<br />

La menuiserie / <strong>Le</strong> <strong>façonnage</strong> <strong>et</strong> l’usinage<br />

Dans certains cas, comme les assemblages<br />

à mi-bois, l’entaille s’effectue sur toute la<br />

largeur d’une ou plusieurs surfaces, ce qui<br />

perm<strong>et</strong> de délimiter certains contours à la<br />

scie à araser.<br />

L’évidement<br />

<strong>Le</strong>s pièces à évider peuvent être placées<br />

à chant ou à plat sur l’établi. Posée à<br />

plat sur l’établi, la pièce présente son tracé<br />

à la vue du menuisier contrairement à celle<br />

posée à chant. Quelle que soit la disposition<br />

de l’entaille sur la pièce de bois, son<br />

mode d’exécution se trouve déterminé par<br />

sa nature (d’encastrement ou décorative)<br />

<strong>et</strong> sa forme. S’il s’agit d’une entaille droite,<br />

parallèle ou non aux rives de la pièce, un<br />

maill<strong>et</strong> <strong>et</strong> quelques ciseaux à bois suffisent<br />

à l’exécuter par guillochage (fig. 70 a) ou<br />

par bûchage (fig. 70 b). <strong>Le</strong> menuisier procède<br />

ensuite à un dégagement du contour<br />

(fig. 70 c) <strong>et</strong> à un dressage du fond.<br />

En revanche, pour une entaille dont<br />

le contour comporte des courbes, il est préférable<br />

de délimiter d’abord ce contour en<br />

Fig. 70. Entaillage d’encastrement. a. guillochage ;<br />

b. bûchage; c. reprise des contours.<br />

a<br />

b<br />

c<br />

95


049-098-Façonnage <strong>et</strong> usinage_4 16/03/12 17:53 Page96<br />

105. La bague de<br />

copiage est un accessoire<br />

propre à la défonceuse<br />

lui perm<strong>et</strong>tant de<br />

copier toute forme à<br />

partir d’un gabarit.<br />

donnant des coups de gouge ou de ciseau à<br />

bois légèrement en r<strong>et</strong>rait du contour de<br />

l’évidement <strong>et</strong> à l’intérieur de celui-ci, puis<br />

de procéder à son dégagement comme pour<br />

une entaille droite. Enfin, le menuisier termine<br />

par une reprise des contours en respectant<br />

exactement le tracé.<br />

Pour aplanir les fonds, il faut faire<br />

usage de la guimbarde, en réglant son fer à<br />

la profondeur finie de l’entaille. Pour être<br />

efficace, c<strong>et</strong> outil doit être manié avec des<br />

gestes rapides <strong>et</strong> courts. <strong>Le</strong> supplément de<br />

bois conservé sur le contour de l’entaille<br />

est alors enlevé au ciseau <strong>et</strong> à la gouge.<br />

Lorsqu’il n’y a qu’une faible quantité de<br />

matière à enlever, particulièrement lorsque<br />

le ciseau travaille perpendiculairement<br />

aux fibres, le risque d’éclats est important.<br />

Pour l’éviter, le menuisier prend soin de<br />

placer une cale faisant office de pare-éclats<br />

(fig. 71).<br />

La réalisation manuelle des entailles<br />

décoratives suppose un plus grand soin<br />

Fig. 71. Entaillage en bois de bout. a. sans cale pare-éclat;<br />

b. avec cale pare-éclat.<br />

96<br />

a<br />

b<br />

que celle des entailles d’encastrement. En<br />

raison de leur fonction d’ornement, les<br />

détails sont plus nombreux <strong>et</strong> le fini se<br />

doit d’être parfait. La diversité des ciseaux<br />

à bois <strong>et</strong> des gouges nécessaires est aussi<br />

plus importante afin de répondre à la plus<br />

grande variété <strong>et</strong> à la plus grande complexité<br />

des formes à évider.<br />

L’usinage<br />

Pour réaliser mécaniquement une<br />

entaille, le menuisier peut utiliser diverses<br />

sortes de machines : mortaiseuses, défonceuses,<br />

affleureuse, paumelleuse… <strong>Le</strong> choix<br />

de ces machines reste à l’initiative du<br />

menuisier suivant le type d’entailles rencontrées,<br />

mais il utilise le plus souvent la<br />

défonceuse portative pour sa maniabilité,<br />

sa facilité d’utilisation <strong>et</strong> sa polyvalence<br />

permise par la diversité des fraises compatibles.<br />

Pour effectuer une entaille partielle<br />

rectiligne, la défonceuse portative est couramment<br />

munie d’une fraise droite qui<br />

perm<strong>et</strong> d’obtenir des entailles à fond plat à<br />

un angle droit. Suivant la complexité de<br />

l’entaille, le menuisier peut confectionner<br />

un montage d’usinage afin de guider la<br />

défonceuse dans les bonnes directions <strong>et</strong><br />

ainsi détourer puis évider l’entaille souhaitée<br />

(photo 23).<br />

Pour des usinages cintrés, le menuisier<br />

doit équiper la table de la défonceuse<br />

d’une bague de copiage 105 dont le diamètre<br />

est supérieur à celui de la fraise utilisée<br />

(photo 24). Cela engendre un élargissement<br />

du contour de l’entaille effectuée sur le<br />

gabarit par rapport à celle réalisée sur<br />

la pièce de bois. Lors de l’usinage de la<br />

pièce de bois, la bague de copiage vient<br />

s’appuyer sur le contour de l’entaille du<br />

gabarit.<br />

Photo 23. Gabarit pour l’entaillage à la défonceuse avec<br />

une bague de copiage d’un motif présent sur des vol<strong>et</strong>s.<br />

Document Compagnons du Devoir.


049-098-Façonnage <strong>et</strong> usinage_4 16/03/12 17:53 Page97<br />

Photo 24. Positionnement de la fraise de défonceuse par<br />

rapport à la bague de copiage. Document Compagnons du<br />

Devoir.<br />

Dans certains cas, le menuisier est<br />

amené à préparer des sculptures en évidant<br />

le contour des motifs pour les m<strong>et</strong>tre en<br />

relief. Il utilise une défonceuse portative<br />

sans gabarit, munie d’une p<strong>et</strong>ite fraise<br />

droite afin de pouvoir travailler dans les<br />

plus p<strong>et</strong>its angles des motifs. La défonceuse,<br />

dans c<strong>et</strong>te situation, n’est guidée<br />

que visuellement.<br />

Conclusion<br />

Pour chacune des opérations recensées<br />

dans c<strong>et</strong>te étude, nous avons tenté de présenter<br />

les moyens techniques <strong>et</strong> le mode<br />

opératoire nécessaires pour la mener à<br />

bien. Il reste toutefois un mode d’usinage<br />

qui n’a pas été évoqué <strong>et</strong> qui peut convenir<br />

à toute opération : le recours à un centre<br />

d’usinage à commande numérique. En<br />

La menuiserie / <strong>Le</strong> <strong>façonnage</strong> <strong>et</strong> l’usinage<br />

amélioration constante depuis son apparition<br />

dans les années soixante-dix, ce système<br />

qui repose sur la conception <strong>et</strong> la<br />

fabrication assistées par ordinateur allie<br />

polyvalence, rapidité <strong>et</strong> qualité d’exécution.<br />

<strong>Le</strong> processus commence par la<br />

conception de la pièce à l’aide d’un logiciel<br />

spécialisé qui perm<strong>et</strong> de la modéliser.<br />

C<strong>et</strong>te modélisation est ensuite interprétée<br />

par un autre logiciel qui a pour but de<br />

programmer le « parcours-outils » correspondant.<br />

Il détermine alors le choix des<br />

outils, les vitesses de coupe <strong>et</strong> d’avance, la<br />

stratégie d’usinage. À ce stade, les connaissances<br />

du matériau, l’anticipation de son<br />

comportement face aux outils <strong>et</strong> l’intelligence<br />

de l’ensemble du processus de fabrication<br />

de l’ouvrage restent primordiales. Il<br />

est parfois possible d’effectuer une simulation<br />

graphique qui perm<strong>et</strong> au programmeur<br />

de visualiser en 3D le comportement<br />

de la machine-outil <strong>et</strong> de vérifier la pertinence<br />

des méthodes d’usinage choisies.<br />

Enfin, ces parcours sont traduits par la<br />

« commande numérique » qui, après une<br />

indispensable phase de réglage, usine <strong>et</strong><br />

« sort » les pièces. Calibrage, perçage, mortaisage,<br />

tenonnage, profilage, entaillage :<br />

rares sont les opérations d’usinage qui<br />

restent à l’écart de son champ de compétence!<br />

Mais l’investissement que demande ce<br />

type de machine, la nécessaire formation à<br />

la science de la programmation, le temps<br />

de préparation en amont de l’usinage à<br />

proprement parler ne justifient pas son<br />

utilisation pour des pièces isolées. La<br />

« commande numérique » constitue donc<br />

l’exemple le plus spectaculaire du progrès<br />

technologique du métier de menuisier sans<br />

pour autant en être la panacée.<br />

<strong>Le</strong>s Compagnons menuisiers <strong>et</strong> ébénistes du Devoir<br />

Texte du Compagnon Hoehn, Nicolas le Vosgien<br />

<strong>et</strong> du Compagnon Dersoir, Antoine l’Angevin.<br />

Dessins de Pierre Chapelle.<br />

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