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Serie E 5864-6930 - Histoire et Patrimoine du Vexin

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INTRODUCTION Vil<br />

l'église, à la terre, ne disent rien, ou presque rien, de ce qu'était la vie de la Paroisse : ils ne montrent<br />

pas c<strong>et</strong>te Communauté de paroissiens délibérant <strong>et</strong> agissant. Est-ce à dire que, pour écrire ce chapitre,<br />

qui ne serait pas le moins instructif, les éléments fassent défaut? Au premier abord, on serait tenté<br />

de le croire, <strong>et</strong> cependant il n'en est rien. Mais on les cherche là où ils ne sont pas, <strong>et</strong> on ne songe<br />

pas à les recueillir là où ils se trouvent, dans les minutes notariales, qui seules peuvent les fournir.<br />

Représentons-nous, en eff<strong>et</strong>, comment les choses se passaient dans nos villages sous l'ancien régime,<br />

<strong>et</strong>, pour cela, empruntons à l'un des ouvrages les plus connus de M. Albert Babeau, les lignes qui<br />

suivent : « Voici ce qu'on pouvait voir, avant 1789, dans les villages de France, à certains dimanches<br />

» de l'année. La messe ou les vêpres, venaient de se terminer; les fidèles sortaient en foule de<br />

» l'église. Tandis que les femmes regagnaient lentement leurs demeures, les hommes, vêtus de leurs<br />

» habits de fête, s'arrêtaient <strong>et</strong> conversaient entre eux. Les cloches sonnaient, appelant les habitants<br />

» à l'assemblée de la communauté. Elle se tenait d'ordinaire devant la porte de l'église, à l'ombre des<br />

» vieux arbres ou <strong>du</strong> clocher ; <strong>et</strong> là, soit debout, soit assis sur les murs <strong>du</strong> cim<strong>et</strong>ière ou sur le gazon,<br />

» les hommes se groupaient autour <strong>du</strong> juge local, <strong>du</strong> syndic ou <strong>du</strong> f raticien, qui leur exposait la ques-<br />

j> tion sur laquelle ils devaient exprimer un avis ; ils délibéraient ensuite, souvent d'une manière simple<br />

» <strong>et</strong> sommaire, quelquefois avec force, <strong>et</strong>, lorsque leur délibération était terminée, ils votaient à haute<br />

» vois, soit pour la décision à prendre, soit pour l'élection des agents <strong>et</strong> des employés de la commu-<br />

» nauté. Ces assemblées étaient l'essence même de l'administration <strong>du</strong> village » (i).<br />

Or, <strong>et</strong> c'est là que nous voulions en venir, c<strong>et</strong>te assemblée donnait lieu à la rédaction d'un<br />

procès- verbal, c<strong>et</strong>te décision était consignée dans un,acte authentique qui en faisait mention expresse:<br />

procès-verbal <strong>et</strong> acte authentique étaient l'œuvre <strong>du</strong> tabellion ou notaire que l'on avait spécialement<br />

convoqué (2), ou par-devant lequel on se rendait, <strong>et</strong> ces pièces, qui pour nous sont les manifestations<br />

(1) Albert Babeau, Le Village sous VAncien Régime. Paris, Didier, 1878. Pages 20-21. M. Rey [Syndics <strong>et</strong> municipaliiés. .]<br />

(p. 4 <strong>et</strong> 5) fait au suj<strong>et</strong> <strong>du</strong> passage que nous venons de citer de fort judicieuses re'flcxions : « C<strong>et</strong>te peinture, dit-il, rappelle<br />

la manière des auteurs <strong>du</strong> xviii^ siècle, qui accommodaient volontiers les choses au gré de leur sensibilité. Une objection se<br />

présente tout de suite. Comment n'a-t-on pas laissé le peuple rustique continuer à gérer ses inte'rôts de c<strong>et</strong>te façon utile <strong>et</strong><br />

décente? Pourquoi la royauté elle-même a-t-elle j<strong>et</strong>é la zizanie des élections parmi c<strong>et</strong>te concorde? C'est que la réalité n'était<br />

pas ce que l'on se figure aujourd'hui. Il faut entendre là-dessus les hommes d'État qui ont eu l'administration en main à la fin<br />

de la monarchie, comme Galonné <strong>et</strong> Turgot. Le premier disait, dans un mémoire présenté à l'assemblée des Notables :<br />

« L'usage d'assembler, en certains cas, les babilans des paroisses <strong>et</strong> de les autoriser à prendre des délibérations a existé de<br />

» tout temps <strong>et</strong> subsiste encore dans le royaume ; mais, ces assemblées n'ayant pas d'obj<strong>et</strong> habituel <strong>et</strong> régulier, ceux qui s'y<br />

» trouvaient admis ne pouvaient être préparés sur rien, <strong>et</strong>, le seul domicile dans la paroisse donnant le droit d'y assister,<br />

» elles sont presque toujours composées d'un si grand nombre de membres qu'elles deviennent tumultueuses <strong>et</strong> que les<br />

» avis n'y peuvent être discutés avec la tranquillité nécessaire pour former des résultats raisonnables ». L'ancien intendant<br />

<strong>du</strong> Limousin se plaint, au contraire, de la désertion des assemblées, <strong>et</strong> assure qu'elles ne sont qu'une fiction : « Un notaire se<br />

» présente à la porte de Téglise à la fin do l'office ; presque tous les paysans s'en vont ; parmi le peu qui reste, deux ou<br />

» trois disent leur avis, <strong>et</strong> le notaire tourne le plus souvent la délibération comme il veut. » Ainsi, trop ou trop peu d'em-<br />

pressement à ces conseils, passion ou indiflférencc d'un public mal préparé, voilà les inconvénients entre lesquels oscille la<br />

pratique administrative dans les villages. »<br />

(2) Tables de tabellions. — Dans c<strong>et</strong> ordre d'idées, M. Ernest Moussard, notre collègue à la Commission des Antiquités<br />

<strong>et</strong> des Arts <strong>du</strong> département [Arrondissement de Mantes], a bien voulu nous adresser une note, dont nous le remercions<br />

<strong>et</strong> que nous sommes heureux de résumer ici. Celles de nos anciennes églises de campagnes qui sont encore entourées <strong>du</strong><br />

cim<strong>et</strong>ière <strong>et</strong> de son enceinte primitive possèdent presque toujours à droite ou à gauche, quelquefois des deux côtés, de la<br />

porte <strong>du</strong> mur de clôture une ou deux dalles engagées dans l'épaisseur même de ce mur. A ChauËfour-lez-Bonnières, une table<br />

de pierre scellée à gauche de rentrée <strong>du</strong> cim<strong>et</strong>ière porte encore le nom caractéristique de table <strong>du</strong> tabellion. Dans l'axe de<br />

c<strong>et</strong>te dalle, <strong>et</strong> à quelques mètres seulement, il y avait une croix, également en pierre, surmontant une sorte de piédestal<br />

ayant la forme d'un pupitre. C'est en c<strong>et</strong> endroit que se traitaient les aflfaires publiques. A Gravent [Canton de Bonnièresl on<br />

remarque, à droite <strong>et</strong> à gauche de la porte <strong>du</strong> cim<strong>et</strong>ière, deux dalles; chacune de ces tables est surmontée, en outre, d'une<br />

toute p<strong>et</strong>ite croix de pierre. A Jeufosse [Canton de Bonnières], même disposition des tables, moins les p<strong>et</strong>ites crois. Depuis<br />

la Révolution, c'est sur l'une de ces pierres que, dans un certain nombre de paroisses, l'on vend aux enchères la pièce [partie<br />

réservée] <strong>du</strong> pain bénit. C<strong>et</strong> usage tend, <strong>du</strong> reste, à disparaître.

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