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Pascal Roméas Introduction aux peuples et aux langues germaniques<br />

constituent un paradigme en tous points <strong>de</strong> la séquence <strong>de</strong> syllabes. L’alternance possible entre <strong>de</strong>ux « tons »<br />

dans cette langue ainsi que dans certains dialectes norvégiens n’est possible que sur la syllabe accentuée, ce qui<br />

fait <strong>de</strong> ces manifestations tonales <strong>de</strong>s réalisations d’accents et non <strong>de</strong>s tons au sens strict. Les <strong>de</strong>ux types<br />

d’accents se distinguent l’un <strong>de</strong> l’autre par leur réalisation tonale. De ce point <strong>de</strong> vue, nous préférons dire que les<br />

<strong>de</strong>ux sont « musicaux ».<br />

Boyer établit en revanche avec raison un parallèle entre ce double accent et le stød du danois, ou encore certains<br />

phénomènes relatifs à l’état <strong>de</strong> la glotte observables en islandais (on pense notamment à la pré-aspiration <strong>de</strong><br />

certaines consonnes). Le point commun à toutes ces singularités phonétiques consiste en un geste laryngien <strong>de</strong><br />

fermeture croissante pendant la réalisation <strong>de</strong> la voyelle, geste responsable d’une chute mélodique importante<br />

pour l’un <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux accents du suédois, d’une glottalisation pouvant aller jusqu’à l’occlusion glottale dans le cas<br />

du stød, et d’une pré-aspiration dans le cas <strong>de</strong> l’islandais.<br />

2.3. Langues westiques<br />

Les langues parlées sur le territoire <strong>de</strong> l’actuelle Allemagne, en Gaule, aux Pays-Bas vont subir, progressivement<br />

au cours <strong>de</strong>s premiers siècles <strong>de</strong> notre ère, <strong>de</strong> nouveaux changements phonétiques, en même temps qu’elles<br />

renouvellent une partie <strong>de</strong> leur lexique par l’emprunt aux langues dérivées du latin.<br />

Parmi les changements phonétiques, on voit apparaître une opposition <strong>de</strong> quantité consonantique, qui finira par<br />

donner <strong>de</strong>s affriquées en allemand. Exemple :<br />

gotique satjan & vieil islandais setja ~ anglo-sax. settan ~ vx saxon satjan ~ allemand setzen<br />

Les radicaux finissant en /-s/ voient par ailleurs cette consonne disparaître.<br />

Les langues westiques du continent présentent une certaine unité dont un trait rési<strong>de</strong> dans la présence <strong>de</strong> la<br />

préposition von / van qui est absente en gotique, en anglo-saxon, et dans les langues scandinaves.<br />

Une partie <strong>de</strong> ces langues, celles du rameau vieil haut allemand, connaissent à partir du VI e siècle une secon<strong>de</strong><br />

mutation consonantique. Cette mutation s’étale sur au moins 5 siècles et touche les dialectes <strong>de</strong> manière inégale.<br />

Le schéma en est le suivant :<br />

f θ X b,f d,t h<br />

p t k pf,f ts,s kx,X<br />

b d g p,b t,d k,g<br />

Cette mutation ne touche pas les séries <strong>de</strong> manière aussi systématique que la mutation précé<strong>de</strong>nte. Les virgules<br />

séparant <strong>de</strong>s symboles indiquent ici une alternative. Pour la <strong>de</strong>uxième ligne, l’option dépend <strong>de</strong> la position<br />

initiale ou non <strong>de</strong> la consonne dans le mot. Certaines alternatives dépen<strong>de</strong>nt également <strong>de</strong> la présence éventuelle<br />

<strong>de</strong> consonnes liqui<strong>de</strong>s dans le voisinage immédiat, ou encore du caractère géminé ou non <strong>de</strong> la consonne<br />

concernée. Enfin, la mutation ne s’opère pas si les consonnes en question sont précédées <strong>de</strong> /s/ (exemple : IE<br />

*ster ~ VHA sterno ~ NHA Stern, « étoile »).<br />

Cette secon<strong>de</strong> mutation propre aux langues du continent a <strong>de</strong>s conséquences sur les différences actuelles entre<br />

l’anglais et l’allemand :<br />

anglais : pepper pound sharp ten book white eat ape ship<br />

allemand : Pfeffer Pfund scharf zehn Buch weiss essen Affe Schiff<br />

Les mots gallo-romains empruntés aux langues westiques avant le VII e siècle ne portent donc pas la trace <strong>de</strong><br />

cette mutation phonétique. Exemple : fr. équiper < vx fr. (1160) eschiper < westique skipa.<br />

Certaines hypothèses font partir cette secon<strong>de</strong> mutation d’une interférence qui aurait pu avoir lieu en Italie du<br />

nord au VI e siècle entre plusieurs parlers westiques, plusieurs parlers ostiques (ostrogoths), et <strong>de</strong>s variétés<br />

tardives <strong>de</strong> latin. Cela reste toutefois très spéculatif, d’autant qu’il est probable que les Ostrogoths ne<br />

pratiquaient plus leurs langues d’origine à cette époque.<br />

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