format pdf - Université de Provence

More documents

Recommendations

Info

Pascal Roméas Introduction aux peuples et aux langues germaniques La langue d’origine westique qui changera le plus, notamment par son lexique et sa morphologie, est l’anglais. Parmi ces changements, on notera : - la disparition de l’opposition de genre grammatical, - le pluriel en /z/, - l’emprunt massif (jusqu’à 30%) de lexique provenant du franco-normand du XI e siècle, - la disparition de l’accord des verbes en nombre et, dans une moindre mesure, en personne, - des évolutions phonétiques spécifiques : conservation des interdentales, conservation d’un /r/ apical puis approximant (cas unique parmi les langues germaniques), puis, plus tard, apparition du flap des coronales dans les variétés américaines ([‘læɾəɻ] pour « latter ») et du coup de glotte dans les mêmes contextes en anglais du sud de la Grande-Bretagne ([‘læʔə]), organisation tonale particulière notamment au plan intonatif (séquences de tons successivement abaissés), etc. 2.4. Langues ostiques La diachronie des langues ostiques est particulièrement difficile à établir, dans la mesure où seul le gotique a laissé une trace écrite, et où ces langues ont été parlées par des peuples en déplacement quasi-permanent, à une époque où les influences externes ont dû être très fortes. 3. Les langues germaniques actuelles L’allemand standard moderne est issu d’un des deux grands groupes de langues germaniques dites « de l’ouest » : le haut-allemand. Toutefois, Hochdeutsch ou Hochsprache sont des termes qui aujourd’hui désignent principalement une opposition entre standard et régional, plutôt qu’une lignée génétique. A l’instar de l’Italie ou de l’Espagne, l’Allemagne et les pays germanophones possèdent des langues régionales qui demeurent plus vivaces que celles présentes en France. Elles ne constituent cependant pas toujours des variétés linguistiques clairement distinctes de l’allemand standard, sauf dans certaines régions, notamment la Bavière, l’Autriche, la Frise, le Luxembourg et la Suisse, et dans une moindre mesure (faible nombre de locuteurs de langue maternelle) en quelques points de la Rhénanie et en Saxe / Thuringe. Ailleurs il s’agit plutôt d’une pratique de l’allemand standard plus ou moins teintée de substrats régionaux, ce que les Allemands nomment Umgangsprache. De forts décalages sont observables entre la connaissance passive d’une langue et sa pratique effective au quotidien. C’est entre autres le cas du bas-saxon, issu du bas-allemand, parlé par très peu de natifs mais dont le Summer Institue of Linguistics affirme qu’il serait compris par près de 10 millions de personnes. Les seules formes officielles de langues issues du bas allemand sont aujourd’hui le néerlandais (dans ses variétés flamandes et hollandaises) et l’afrikaans. Le frison et le bas-saxon (ou plattdeutsch) sont d’autres langues issues du bas-allemand. L’anglais dérive également du bas-allemand, mais il a intégré de très larges influences, notamment du français (lexique), comme nous l’avons vu précédemment. Variétés actuelles issues du bas-allemand : - anglais : plus d’un milliard de locuteurs en L1 ou L2, émergence de nombreuses variétés que certains qualifieront de « créolisées » au gré de contacts linguistiques dans le monde entier. - néerlandais : variété flamande en Belgique et extrême-nord de la France ; variété zélandaise dans le sud des Pays-Bas ; variété standard. - bas-saxon : variétés parlées en Basse-Saxe, en Thuringe et en Saxe, compris par près de 10 millions de locuteurs quasiment tous de L1 allemand standard ; variété de Groningen, la seule effectivement pratiquée par plusieurs centaines de milliers de locuteurs, nord des Pays-Bas. 16
Pascal Roméas Introduction aux peuples et aux langues germaniques - frison : parlé aux Pays-Bas et en Allemagne, côte et îles de la Frise, environ 700 000 locuteurs presque tous au Pays-Bas. - afrikaans : Afrique du sud, 6 millions de locuteurs en L1, 10 millions en L1 ou L2. Variétés actuelles issues du haut-allemand : - allemand standard : environ 90 millions de locuteurs en Autriche, Allemagne, Suisse, Belgique, Luxembourg pour l’essentiel. - alémanique : variété principalement présente en Suisse, où elle est appelée Schwytzertütsch, 4 millions de locuteurs. - bavarois : variété vivace en Bavière, Autriche ; jusqu’à 7 millions de locuteurs en L1, mais tous sont bilingues bavarois / allemand standard. - schwäbisch : tous bilingues. - franconien ou dialectes rhénans : cette appellation concernerait 1 à 2 millions de locuteurs en L1, dont 300 000 Luxembourgeois. - luxembourgeois : variété de franconien, parlé par 300 000 locuteurs au Luxembourg. Variétés scandinaves : - danois : parlé essentiellement au Danemark, 5 millions de locuteurs. - suédois : environ 9 millions de locuteurs, en Suède et en Finlande. - norvégien : ce terme recouvre deux variétés. Premièrement, la variété bokmål, très proche du danois, mais codifiée distinctement, parlée par 80% des Norvégiens aujourd’hui, surtout dans les villes. Environ 4 millions de locuteurs. Cette variété s’appelait antérieurement le riksmål, « langue du royaume », à une époque on avait le souci de la distinguer du danois. Bokmål est une appellation devenue légale en 1929. Il existe, deuxièmement, une variété construite à partie de la langue dialectale des Provinces et de quelques éléments du vieux norrois : le nynorsk, projet initié par Ivar Aassen puis codifié progressivement entre 1830 et 1929. Cette variété s’appelait antérieurement le landsmål. Dans les années 1950, jusqu’à 30% de la population pratiquait une variété dialectale de nynorsk. Ces variétés sont aujourd’hui parlées en langue maternelle par 17% de la population, soit moins de 1 million de locuteurs, surtout en milieu rural. Beaucoup de variation dialectale à l’oral. - islandais : moins de 300 000 locuteurs, Islande. - féringien ou faroese : 45 000 à 80 000 locuteurs selon les sources, Iles Féroé. Les communautés de langues germaniques vivant en France dans les années 2000 sont les suivantes 3 : - allemand : 200 000 locuteurs environ (dont 20 000 Autrichiens) - anglais : plusieurs centaines de milliers, dont 200 000 Britanniques et 100 000 Américains, 3000 Australiens et à peu près autant de Canadiens anglophones ; nombreux locuteurs d’anglais L2 en provenance par exemple d’Afrique ; présence tournante mais permanente de dizaines de milliers de touristes anglophones en séjour plus ou moins long. - néerlandais : 60 000 environ + environ 10 000 Flamands de Belgique (65 000 Belges au total vivent en France, mais la majorité d’entre eux est francophone) - langues scandinaves : entre 18 000 et 25 000 dont 15 000 Suédois. On doit ajouter aux ressortissants étrangers les locuteurs Français d’alsacien et de mosellan, dont le nombre total est supérieur à 1 million, selon plusieurs sources. On peut donc estimer à environ 1 600 000 le nombre de locuteurs de langues germaniques vivant en France en 2006. 3 La plupart des ces données sont de source gouvernementale française (2006). 17
Page 1 and 2: Pascal Roméas Introduction aux peu
Page 15: Pascal Roméas Introduction aux peu

format pdf - Université de Provence

Create successful ePaper yourself

Delete template?

Save as template?