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Pascal Roméas Introduction aux peuples et aux langues germaniques<br />
Il semble que la première migration germanique ait eu lieu <strong>de</strong>puis ce foyer scandinave en direction du nord <strong>de</strong><br />
l’Allemagne et <strong>de</strong> la Pologne actuelles au cours du 1 er millénaire avant notre ère. Franziska Raynaud (1982)<br />
précise que l’embouchure du Rhin et celle <strong>de</strong> la Vistule sont atteintes vers -750.<br />
Progressivement, la migration se poursuit vers l’intérieur du continent. Dans les <strong>de</strong>rniers siècles avant notre ère,<br />
les hypothèses font état <strong>de</strong> 5 peuples germaniques qui ont commencé à se différencier et à occuper <strong>de</strong>s territoires<br />
éloignés les uns <strong>de</strong>s autres :<br />
- un groupe <strong>de</strong> la mer du nord (lequel développera les futurs parlers bas-allemands)<br />
- un groupe dit « <strong>de</strong> l’Elbe » (lequel migrera ultérieurement vers le sud <strong>de</strong> l’Allemagne, la Suisse,<br />
l’Autriche et l’Italie)<br />
- un groupe peuplant les régions du Rhin et <strong>de</strong> la Weser<br />
- un groupe scandinave (resté dans les territoires d’origine)<br />
- un groupe dit « O<strong>de</strong>r / Vistule » (d’où sortiront les Goths, Burgon<strong>de</strong>s, Vandales, et autres peuples qui<br />
migreront d’abord vers l’est, puis vers le Danube, les Balkans, l’Italie du Nord et l’Espagne, et parleront<br />
<strong>de</strong>s langues aujourd’hui sans <strong>de</strong>scendance).<br />
Ces cinq groupes ethniques développent trois groupes <strong>de</strong> langues germaniques, généralement désignées par les<br />
termes <strong>de</strong> westique, nordique et ostique.<br />
Dès les III e et IV e siècles <strong>de</strong> notre ère, on trouve <strong>de</strong>s documents écrits attestant d’une distinction entre ces<br />
groupes <strong>de</strong> langues germaniques :<br />
• le groupe oriental et du nord, avec<br />
- le gotique, qui malgré sa propagation avec les migrations wisigothes et ostrogothes ne laisse plus <strong>de</strong><br />
traces vivantes aujourd’hui, et semble s’être éteint en Crimée au XVIII e siècle.<br />
- les langues scandinaves (inscriptions runiques en vieil islandais)<br />
• le groupe <strong>de</strong> l’ouest, ou westique, qui évoluera vers le haut allemand et le bas allemand (divergences<br />
attestées à l’écrit à partir <strong>de</strong>s VIII e et IX e siècle).<br />
1.2.1. Le groupe ostique<br />
Le plus ancien texte en langue germanique est la Bible traduite en gotique par l’évêque Wulfila (Ulfila) au IV e<br />
siècle <strong>de</strong> notre ère. A cette époque, les Germains sont donc déjà christianisés, au moins en partie. Une partie<br />
d’entre eux adoptent une doctrine du christianisme appelée arianisme, dans laquelle le messie est un homme,<br />
envoyé par Dieu, et non le fils <strong>de</strong> Dieu, lui-même <strong>de</strong> nature divine.<br />
A l’époque où ce texte voit le jour, les peuples germaniques <strong>de</strong> l’O<strong>de</strong>r-Vistule ont déjà poursuivi leur migration<br />
vers l’Ukraine, la Roumanie et la Bulgarie actuelles. Plus précisément, Ulfila vivait en Mésie, région<br />
correspondant à la Bulgarie littorale.<br />
En même temps que <strong>de</strong> révéler la langue gotique, ce texte fixe l’écriture <strong>de</strong> ces langues. Cette fixation <strong>de</strong><br />
l’écriture germanique est antérieure à celle proposée par Cyrille et Métho<strong>de</strong> au IX e siècle, elle-même à l’origine<br />
<strong>de</strong>s alphabets <strong>de</strong> l’orthodoxie chrétienne.<br />
Le peuplement <strong>de</strong> différentes régions <strong>de</strong> l’Europe par les germains <strong>de</strong> l’est (culture <strong>de</strong>s Goths) suit une lente<br />
progression qui conduira certains d’entre eux au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> la Crimée, cependant que d’autres reviendront vers<br />
l’ouest par le Danube et les Balkans, en plusieurs vagues, qui finiront leur course en Espagne, en Italie et dans le<br />
sud <strong>de</strong> la France.<br />
D’autres peuples du rameau ostique ne s’établiront pas dans l’est européen, mais migreront progressivement vers<br />
le sud <strong>de</strong> l’Allemagne puis la Gaule, notamment les Burgon<strong>de</strong>s.<br />
Goths<br />
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