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Pascal Roméas Introduction aux peuples et aux langues germaniques entendre, selon Pitz (2006), une langue véhiculaire inter-germanique, pratiquée autant par les Francs que par les Burgondes ou les Wisigoths. Les Vandales et les Suèves n’ont probablement pas non plus conservé la pratique de langues germaniques audelà du début du V e siècle. Le gotique perdurera en revanche beaucoup plus longtemps en Ukraine, et plus précisément en Crimée, où il est encore attesté à la fin du XVII e siècle, selon Bloomfield. 1.2.2. Le groupe nordique Peuples scandinaves Les peuples demeurés en Scandinavie sont restés sans grande influence extérieure pendant plusieurs siècles (comparée aux multiples influences rencontrées par le rameau ostique dans ses migrations). Toutefois, dans les premiers siècles de notre ère, ils subissent l’influence latine. C’est l’époque à laquelle la Scandinavie commence à se structurer politiquement et ethniquement dans sa forme quasi-actuelle, avec les Danes, venus du sud de la Suède, s'installant au Danemark, les Sviars formant un pouvoir au centre de la Suède, les habitants du sud de la Norvège (Nordrvegr, voie du Nord) s'organisant en peuple indépendant. Cette civilisation est à cette époque, non guerrière, agricole et commerçante. Les institutions qui s’y développent sont à la fois claniques et démocratiques (respect des paroles individuelles et prévalence du droit sur la force) (Boyer, 1993). Aux VII e et VIII e siècles, les rois Ynglingar de Norvège impulsent une expansion progressive vers l’Atlantique nord : successivement, les Orcades, Shetland, Hébrides, Féroé et enfin l'Islande au IX e siècle, deviendront des possessions norvégiennes. Les Suédois établissent pour leur part des comptoirs sur les rives sud de la Baltique. Les Scandinaves n’ont été définitivement christianisés qu’aux X e et XI e siècles, période où se consolident les trois royaumes. La période Viking (800-1000) est celle d’une expansion scandinave conduisant des groupes de conquérants s’implanter par comptoirs en Méditerranée et jusqu’en mer Noire, au Groenland et jusqu’en Amérique du nord (Terre-Neuve en 1000). On est cependant très vite amené à ne plus considérer ces populations comme scandinaves, du fait qu’elles s’assimilent culturellement et linguistiquement aux peuples conquis. En Normandie, notamment, l’assimilation linguistique se fait en moins de deux siècles. Lorsque Guillaume le Conquérant conquiert l’Angleterre au XI e siècle, c’est du français normand qu’il exporte vers le vieil anglais, non du vieux scandinave. A cette époque, l’anglais renouvelle près du tiers de son lexique, en empruntant massivement à la variété franco-normande. Langues scandina ves Les langues parlées avant la christianisation semblent avoir été assez largement inter-intelligibles. Les langues scandinaves jusqu’au VII e siècles sont des variantes du vieux norrois, dont beaucoup de caractéristiques typologiques se sont maintenues dans les langues scandinaves actuelles. Le vieux norrois s’écrit d’abord en alphabet runique, qui évolue d’un système initial à 24 runes, vers système densifié à 16 runes, dont il existe une version danoise et une version suédoise, puis vers un système intégrant la totalité des lettres de l’alphabet latin, à partir de la christianisation. Du VIII e au XV e siècles, enjambant la période Viking, on distinguera deux dialectes de vieux scandinave, qui évolueront peu : le dialecte dano-suédois, et le dialecte de l’ouest parlé de la Norvège aux îles de l’Atlantique et jusqu’au Groenland. 6
Pascal Roméas Introduction aux peuples et aux langues germaniques Le norvégien standard sera ensuite fortement influencé par le danois, du fait d’une domination politique de plus de quatre siècles (1380-1814). Seuls l’islandais et le parler des îles Féroé sont aujourd’hui les descendants du dialecte de l’ouest. On signalera tout de même la tentative de faire renaître au niveau officiel une forme ancienne de norvégien, le landsmål, ensuite dénommé nynorsk, parlé aujourd’hui par environ 17% de la population. Deux autres langues, issues du dialecte dano-suédois, se standardiseront pour donner le danois et le suédois actuels. 1.2.3. Le groupe westique Peuples germaniques de l’ouest Sur le plan ethnique, ceci rassemble les trois groupes de peuples germaniques installés sur le continent au cours des cinq derniers siècles avant notre ère (groupe de la mer du nord, groupe de l’Elbe, groupe Rhin / Weser). Si le contact avec les Romains a été tardif (début du I e siècle avant notre ère), le contact avec les Celtes a été immédiat. L’archéologie nous indique toutefois qu’au début du II e siècle avant notre ère les peuples Celtes avaient déjà été définitivement chassés de l’actuelle Allemagne par ces peuples germaniques de l’ouest. Contact immédiat, mais cohabitation abrégée assez rapidement. La cohabitation sociale avec les Romains et le contact linguistique qu’elle entraîne bénéficiera en revanche de la durée. Les peuples germaniques de l’ouest et les romains échangeront de manière étroite et suivie, avec environ 4 siècles d’avance sur les contacts entre Romains et peuples du rameau ostique. Très vite des alliances font entrer des Germains dans les armées romaines. Les grandes migrations des III e -V e siècles conduisent les peuples de l’ouest vers différentes destinations. Les Angles, les Saxons et les Jutes passent en Grande-Bretagne. Les Francs passent en Gaule. Les Langobards (ou Lombards, peuple de l’Elbe) passent en Italie du nord. D’autres peuples de l’Elbe se fixent dans le sud de l’Allemagne et la Suisse actuelles où ils deviendront entre autres les Alamans et les Bavarois. Dans ces dernières régions ainsi qu’en Bourgogne, les Burgondes (rameau ostique) se mêleront vers le V e siècle aux populations westiques demeurées sur place. Les régions les plus à l’est sont partiellement abandonnées devant de nouvelles invasions comme celle des Huns. Les Frisons et des Saxons se maintiennent en Allemagne du nord et le long de la mer du nord. Du XII e au XIV e siècle se structure la Hanse, vaste organisation commerciale entre des villes de la Baltique à la mer du Nord. La Hanse devient bientôt aussi puissante que les Etats. Elle assure pendant trois siècles la dominance des parlers bas allemands sur tout le nord de l’Europe. La prédominance irréversible du haut allemand intervient en Allemagne au XVI e siècle sous l’impulsion de la Réforme. Ces deux derniers points sont traités dans la section qui suit. Langues westiques Sur le plan linguistique, le groupe westique est celui qui aboutira à toutes les langues germaniques nonscandinaves d’aujourd’hui. Il est difficile de faire le bilan des influences linguistiques du celtique vers le germanique lors des V e -III e siècles avant notre ère, quand ces peuples étaient en contact sur le continent. Nous verrons néanmoins quelques traces lexicales dans notre présentation de la diachronie germanique. A partir de notre ère, l’influence du latin et de variétés créolisées celto-latines (gallo-romain par exemple) se fait progressivement, et de façon plus massive, mais elle touchera principalement les populations germaniques ayant migré vers le sud et l’ouest, essentiellement au gré d’expéditions et de cantonnements militaires. Ceci aboutira 7
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