La collision continentale
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Dans les Alpes franco-italiennes, elles forment les klippes modestes, mais spectaculaires, de<br />
la Dent Blanche ou du Cervin.<br />
Le problème de la zone Sesia<br />
Le massif de Sesia constitue le massif cristallin interne le plus oriental des Alpes francoitaliennes.<br />
Il est constitué de roches métamorphiques de haute pression (c’est dans cette zone<br />
que se trouve le remarquable Monte Mucrone qui est un granite hercynien entièrement éclogitisé).<br />
Pour de nombreux auteurs, la zone Sesia appartiendrait à la partie la plus inférieure<br />
des nappes austro-alpines. Cependant, l’intensité du métamorphisme et de la déformation<br />
subis par ces roches suggèrent qu’elles appartiennent plutôt à la croûte européenne profondément<br />
subductée. Cette question importante, puisqu’elle conditionne la position de la suture<br />
alpine, reste encore débattue.<br />
Le problème du « corps d’Ivrée »<br />
On sait depuis longtemps qu’il existe une très forte anomalie positive de gravité à<br />
l’aplomb de la zone d’Ivrée, appelée le « corps d’Ivrée ». <strong>La</strong> modélisation de cette anomalie<br />
indique qu’elle diminue vers l’ouest. Le profil ECORS-Alpes confirme également l’existence<br />
du corps d’Ivrée. De nombreux auteurs considèrent que le corps d’Ivrée est constitué par<br />
du manteau lithosphérique apulien venant « poinçonner » l’empilement des nappes. Cette<br />
interprétation implique que la limite lithosphérique que représente la suture ophiolitique soit<br />
cisaillée. Un tel processus est mécaniquement très difficile. Une autre possibilité serait de<br />
considérer que les roches denses qui constituent le corps d’Ivrée ne sont pas du manteau, mais<br />
de la croûte <strong>continentale</strong> éclogitisée (fig. 16). Il est alors intéressant de remarquer que l’anomalie<br />
de gravité se trouve au-dessus du massif éclogitique de Dora Maira.<br />
Les éléments manquants<br />
Il est bien sûr plus difficile de discuter de l’absence d’un fait que de sa présence, mais on<br />
peut néanmoins souligner les traits suivants.<br />
Absence d’arc magmatique. Bien que l’on connaisse des formations terrigènes remaniant<br />
des éléments volcaniques calco-alcalins (p. ex. flyschs oligocènes de Taveyannaz), contrairement<br />
à l’Himalaya, il n’existe pas dans les Alpes d’arc magmatique correspondant à la subduction<br />
anté-<strong>collision</strong>nelle. Ce fait est généralement expliqué par la brièveté de la subduction<br />
et son faible pendage (il s’agit d’une subduction forcée d’une lithosphère jeune).<br />
Absence de fusion crustale. Contrairement aux chaînes himalayenne ou hercynienne,<br />
l’anatexie crustale et le plutonisme sont pratiquement absents dans les Alpes. Les petits massifs<br />
granitiques de Bergell et d’Adamello à la frontière italo-helvétique ainsi que le dôme du<br />
Tessin sont les rares représentants des phénomènes thermiques post-<strong>collision</strong>nels (fusion<br />
crustale ou métamorphisme de HT) dans la chaîne alpine. Certains auteurs considèrent que<br />
des plutons granitiques sont présents en profondeur mais pas encore exposés à la surface. Cet<br />
argument se heurte à la présence de roches de ultra-haute pression formées plus profondément<br />
et pourtant elles déjà exhumées. Une autre hypothèse séduisante est de considérer que<br />
les roches <strong>continentale</strong>s qui constituent la chaîne alpine ne sont plus « fertiles ». En effet, ces<br />
roches ayant déjà exprimé des liquides magmatiques lors de l’orogenèse hercynienne, leurs<br />
potentialités comme sources de magmas pendant l’orogenèse alpine sont quasi nulles.<br />
754 Biologie Géologie n° 4-2004