La collision continentale
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tue la plus importante de ces discontinuités, mais il en existe d’autres comme l’interface entre<br />
les séries sédimentaires de la croûte supérieure et les roches métamorphiques de la croûte<br />
moyenne ou encore la limite entre la croûte moyenne hydratée et la croûte inférieure plus<br />
« sèche » déjà identifiée par les sismologues comme la discontinuité de Conrad. En Europe<br />
occidentale, l’importance de la discontinuité socle-couverture est encore accentuée par<br />
l’existence d’évaporites qui même à basse température peuvent se déformer ductilement. Les<br />
profils sismiques réalisés à travers les continents montrent l’existence dans la croûte inférieure<br />
de nombreux réflecteurs subhorizontaux. On parle de la croûte inférieure litée probablement<br />
constituée par des granulites comparables à celles que l’on peut observer dans la<br />
zone d’Ivrée des Alpes ou en enclaves dans les basaltes du Massif Central. Le litage de cette<br />
croûte inférieure est dû à des cristallisations orientées des minéraux métamorphiques pendant<br />
la déformation et aussi, en partie, à des concentrations de fluides comme l’ont montré des<br />
forages très profonds.<br />
Un exemple : la <strong>collision</strong> indienne et la formation de l’Himalaya<br />
Les preuves de la dérive de l’Inde<br />
Bien que l’existence de flores gondwaniennes (comme les fougères arborescentes du genre<br />
Glossopteris) en Inde ait depuis longtemps suggéré qu’au Carbonifère ce continent etait<br />
plus proche de l’Afrique et de l’Australie que de l’Asie, il est intéressant de remarquer que<br />
dans les schémas paléo-géographiques de Wegener, l’Inde reste solidaire de l’Asie. C’est en<br />
1924 que le géologue suisse E. Argand proposa que la chaîne de l’Himalaya soit le résultat<br />
d’un rapprochement entre l’Inde et l’Asie. Les conceptions d’Argand ont joué un grand rôle<br />
dans l’évolution des idées sur le mobilisme continental, mais pour cet auteur, les déplacements<br />
restaient de l’ordre de quelques centaines de km.<br />
C’est à partir des années 70, que dans le cadre de la tectonique des plaques, les géologues<br />
et les géophysiciens ont pu démontrer que l’Inde s’était déplacée vers le nord de plusieurs<br />
milliers de km, environ 6 000 km (fig. 7). Les anomalies magnétiques de l’océan indien et les<br />
paléo-latitudes déterminées à partir des roches prélevées sur les continents (Inde, Tibet, Asie<br />
centrale) montrent que l’Inde s’est détachée du Gondwana au Crétacé supérieur, il y a environ<br />
100 Ma lorsque l’océan Indien occidental s’est ouvert. Corrélativement, au nord de<br />
l’Inde, la convergence est absorbée par la subduction (ou fermeture) vers le nord de l’océan<br />
Téthysien sous le Tibet.<br />
<strong>La</strong> structure de l’Himalaya<br />
Le schéma structural et la coupe de la chaîne de l’Himalaya montrent les grands traits<br />
géologiques de cet orogène (fig. 8, 9).<br />
<strong>La</strong> suture de l’Indus-Zhang Bo correspond à ce qui reste de l’océan Téthys. On reconnaît<br />
des nappes ophiolitiques ainsi que des séries sédimentaires (turbidites, flysch à blocs,<br />
mélanges) correspondant à un prisme d’accrétion et aux sédiments syn-tectoniques formés<br />
lors de la fermeture de la Téthys.<br />
• Au nord de la suture, le plateau du Tibet est caractérisé par des séries de grès rouges continentaux<br />
et de laves calco-alcalines du Crétacé et quelques calcaires marins d’âge crétacé-éocène.<br />
Ces roches sont dans l’ensemble faiblement déformées par des plis droits à grand rayon de<br />
courbure, sans schistosité et sans métamorphisme associé. Il existe aussi de vastes plutons de<br />
granitoïdes calco-alcalins (granodiorite, diorite) formant le batholite trans-himalayen.<br />
Biologie Géologie n° 4-2004 743