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Ultimes Ballades Fiche pédagogique - Opéra de Rouen Haute ...

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Enfant que Dieu retire et qui pleure ta mère !<br />

Viens, l’écho <strong>de</strong>s vallons, les soupirs du ruisseau,<br />

Et la voix <strong>de</strong>s forêts au bruit <strong>de</strong>s vents unie,<br />

Te rendront la vague harmonie<br />

Qui t’endormait dans ton berceau.<br />

Crains <strong>de</strong>s bleus horizons le cercle monotone.<br />

Les brouillards, les vapeurs, le nuage qui tonne,<br />

Tempèrent le soleil dans nos cieux parvenu ;<br />

Et l’œil voit au loin fuir leurs lignes nébuleuses,<br />

Comme <strong>de</strong>s flottes merveilleuses<br />

Qui viennent d’un mon<strong>de</strong> inconnu.<br />

C’est pour moi que les vents font, sur nos mers bruyantes,<br />

Tournoyer l’air et l’on<strong>de</strong> en trombes foudroyantes ;<br />

La tempête à mes chants suspend son vol fatal ;<br />

L’arc-en-ciel pour mes pieds, qu’un or flui<strong>de</strong> arrose,<br />

Comme un pont <strong>de</strong> nacre, se pose<br />

Sur les casca<strong>de</strong>s <strong>de</strong> cristal.<br />

Du moresque Alhambra j’ai les frêles portiques ;<br />

J’ai la grotte enchantée aux piliers basaltiques,<br />

Où la mer <strong>de</strong> Staffa brise un flot inégal ;<br />

Et j’ai<strong>de</strong> le pêcheur, roi <strong>de</strong>s vagues brumeuses,<br />

À bâtir ses huttes fumeuses<br />

Sur les vieux palais <strong>de</strong> Fingal.<br />

Épouvantant les nuits d’une trompeuse aurore,<br />

Là, souvent à ma voix un rouge météore<br />

Croise en voûte <strong>de</strong> feu ses gerbes dans les airs ;<br />

Et le chasseur, <strong>de</strong>bout sur la roche pendante,<br />

Croit voir une comète ar<strong>de</strong>nte<br />

Baignant ses flammes dans les mers.<br />

Viens, jeune âme, avec moi, <strong>de</strong> mes sœurs obéie,<br />

Peupler <strong>de</strong> gais follets la morose abbaye ;<br />

Mes nans et mes géants te suivront à ma voix ;<br />

Viens, troublant <strong>de</strong> ton cor les monts inaccessibles,<br />

Gui<strong>de</strong>r ces meutes invisibles<br />

Qui, la nuit, chassent dans nos bois.<br />

Tu verras les barons, sous leurs tours féodales,<br />

De l’humble pèlerin détachant les sandales ;<br />

Et les sombres créneaux d’écussons décorés ;<br />

Et la dame tout bas priant, pour un beau page,<br />

Quelque mystérieuse image<br />

Peinte sur <strong>de</strong>s vitraux dorés.<br />

C’est nous qui, visitant les gothiques églises,<br />

Ouvrons leur nef sonore au murmure <strong>de</strong>s brises ;<br />

Quand la lune du tremble argente les rameaux,<br />

Le pâtre voit dans l’air, avec <strong>de</strong>s chants mystiques,<br />

Folâtrer nos chœurs fantastiques<br />

Autour du clocher <strong>de</strong>s hameaux.<br />

De quels enchantements l’Occi<strong>de</strong>nt se décore ! –<br />

Viens, le ciel est bien loin, ton aile est faible encore !<br />

Oublie en notre empire un voyage fatal.<br />

Un charme s’y révèle aux lieux les plus sauvages ;<br />

Et l’étranger dit nos rivages<br />

Plus doux que le pays natal !<br />

IV)<br />

Et l’enfant hésitait, et déjà moins rebelle<br />

Écoutait <strong>de</strong>s esprits l’appel fallacieux ;<br />

La terre qu’il fuyait semblait pourtant si belle !<br />

Soudain il disparut à leur vue infidèle…<br />

Il avait entrevu les cieux !<br />

Juillet 1824<br />

<strong>Ultimes</strong> <strong>Balla<strong>de</strong>s</strong> - <strong>Fiche</strong> <strong>pédagogique</strong>

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