Envenimations en Afrique francophone : actes du deuxième ... - IRD
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compliquer d’un syndrome des loges <strong>en</strong>traînant une anoxie<br />
tissulaire ét<strong>en</strong><strong>du</strong>e et un risque élevé de gangrène.<br />
Le pansem<strong>en</strong>t est alors réalisé sous anesthésie générale au<br />
bloc opératoire tous les deux jours. Les créatine-phosphokinases<br />
sont dosées régulièrem<strong>en</strong>t. La mesure de la pression<br />
intra-compartim<strong>en</strong>tale permet alors d’évaluer le risque d’une<br />
anoxie tissulaire par compression vasculaire et le rapport coût<br />
bénéfice d’un traitem<strong>en</strong>t chirurgical (4). Elle peut se faire avec<br />
un matériel simple (colonne à mercure) mais est plus fiable <strong>en</strong><br />
utilisant un capteur de pression invasive par trans<strong>du</strong>ction. Le<br />
débridem<strong>en</strong>t chirurgical est très controversé car il augm<strong>en</strong>te<br />
le risque de surinfection et in<strong>du</strong>it des séquelles invalidantes<br />
inacceptables. Il demeure indiscutable au stade de gangrène<br />
pour réaliser une amputation de sauvetage.<br />
Traitem<strong>en</strong>t des complications infectieuses<br />
En cas d’<strong>en</strong>v<strong>en</strong>imation, les pati<strong>en</strong>ts prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t pour la plupart<br />
un SIRS (systemic inflammatory response syndrome).<br />
Le diagnostic de sepsis et la prise de décision de débuter un<br />
traitem<strong>en</strong>t antibiotique sont difficiles. Devant l’apparition<br />
d’une fièvre, d’une hypothermie ou d’une aggravation inexpliquée<br />
<strong>du</strong> pati<strong>en</strong>t, on réalise des prélèvem<strong>en</strong>ts : goutte épaisse,<br />
hémoculture, ECBU, prélèvem<strong>en</strong>t bronchique si le pati<strong>en</strong>t<br />
est intubé. Le sepsis est souv<strong>en</strong>t <strong>en</strong> rapport avec des infections<br />
nosocomiales : surinfection de la plaie ou de la nécrose,<br />
pneumopathie nosocomiale chez un pati<strong>en</strong>t intubé et v<strong>en</strong>tilé.<br />
Devant une surinfection de plaie, l’antibiothérapie de choix<br />
est l’association amoxicilline-acide clavulanique ou l’association<br />
pénicilline G plus métronidazole. Le paludisme ne<br />
doit pas être oublié dans ce contexte d’immunodépression<br />
relative.<br />
Aspect organisationnel<br />
L<br />
’immunothérapie, seul traitem<strong>en</strong>t étiologique, doit être<br />
disponible dans les structures de santé. La mise <strong>en</strong> place<br />
d'un protocole clairem<strong>en</strong>t rédigé et le stockage perman<strong>en</strong>t<br />
de flacons d’immunothérapie dans le service d’accueil sont<br />
des impératifs.<br />
J. P. Bellefleur & P. Le Dantec<br />
Des solutions au financem<strong>en</strong>t de l’immunothérapie doiv<strong>en</strong>t<br />
être trouvées. L’hôpital ne peut assurer à lui seul le surcoût <strong>du</strong><br />
traitem<strong>en</strong>t. Au Sénégal, une ampoule de 10 ml de FAV<strong>Afrique</strong> ®<br />
coûte 40 000 F CFA (60 euros). Le traitem<strong>en</strong>t, 80 000 F CFA<br />
(120 euros) au minimum est à la charge <strong>du</strong> pati<strong>en</strong>t.<br />
Conclusion<br />
La prise <strong>en</strong> charge hospitalière des <strong>en</strong>v<strong>en</strong>imations est<br />
lourde et coûteuse car elle concerne le plus souv<strong>en</strong>t les<br />
cas les plus graves. Les pati<strong>en</strong>ts victimes de morsures de serp<strong>en</strong>t<br />
doiv<strong>en</strong>t bénéficier le plus rapidem<strong>en</strong>t possible d’une<br />
immunothérapie <strong>en</strong> cas d’<strong>en</strong>v<strong>en</strong>imation. L’administration de<br />
ce traitem<strong>en</strong>t dans les heures qui suiv<strong>en</strong>t la morsure, donc<br />
dans les structures de santé périphériques dont le niveau reste<br />
à définir, permettrait de diminuer de 90 % la létalité des <strong>en</strong>v<strong>en</strong>imations<br />
(1). La prise <strong>en</strong> charge hospitalière, dans un service<br />
de référ<strong>en</strong>ce, ne devrait alors concerner que les pati<strong>en</strong>ts vus<br />
avec retard et/ou prés<strong>en</strong>tant des critères de gravité.<br />
Référ<strong>en</strong>ces bibliographiques<br />
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2. CHIPPAUX JP, LANG J, AMADI-EDDINE S et al. – Tream<strong>en</strong>t<br />
of snake <strong>en</strong>v<strong>en</strong>imation by a new polyval<strong>en</strong>t antiv<strong>en</strong>om<br />
composed of highly purified F(ab’)2: results of a clinical trial<br />
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1018.<br />
3. GOLD BS, DART RC & BARISH RA – Bites of v<strong>en</strong>omous snake.<br />
N Engl J Med, 2002, 347, Suppl., 347-356.<br />
4. LE DANTEC P, HERVE Y, CHIPPAUX JP, BELLEFLEUR JP, BOU-<br />
LESTEIX G et al. – Morsure par vipère Bitis arietans au Sénégal,<br />
intérêt de la mesure de pression intracompartim<strong>en</strong>tale.<br />
Méd Trop, 2004, 64, 187-191.<br />
5. MION G & OLIVE F – Les <strong>en</strong>v<strong>en</strong>imations par vipéridés. In :<br />
SAISSY JM, Réanimation tropicale. Arnette, Paris, 1997, 349-<br />
366.<br />
6. TAGWIREYI DD, BALL DE & NHACHI CF – Routine prophylactic<br />
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Pharmacol, 2001, 1, 1-4.<br />
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