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Envenimations en Afrique francophone : actes du deuxième ... - IRD

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Figure 1.<br />

des vertiges. Notons que des problèmes respiratoires ont été<br />

signalés chez un pati<strong>en</strong>t. Aucun décès par <strong>en</strong>v<strong>en</strong>imation n’a<br />

été <strong>en</strong>registré dans les c<strong>en</strong>tres de santé.<br />

En abs<strong>en</strong>ce de sérum antiv<strong>en</strong>imeux, le traitem<strong>en</strong>t institué<br />

est symptomatique et le schéma thérapeutique est id<strong>en</strong>tique<br />

pour tous les malades reçus : l’anti-inflammatoire utilisé est<br />

l’hydrocortisone, l’antibiotique le plus administré est la péniprocaïne.<br />

Le phénergan est prescrit systématiquem<strong>en</strong>t comme<br />

antihistaminique. Le sérum antitétanique apparaît dans tous<br />

les traitem<strong>en</strong>ts, ainsi que divers analgésiques. Deux perfusions<br />

ont été administrées chez deux pati<strong>en</strong>ts ayant prés<strong>en</strong>té des<br />

vomissem<strong>en</strong>ts int<strong>en</strong>ses, des coliques et des dysphagies. Dans<br />

tous les dossiers, les malades ont gardé la jambe surélevée et<br />

immobilisée.<br />

Les critères de l’hospitalisation et de la surveillance sont basés<br />

sur l’int<strong>en</strong>sité de la douleur et la disparition de l’œdème, classé<br />

<strong>en</strong> deux stades :<br />

– un œdème local chez 21 % des pati<strong>en</strong>ts,<br />

– une ext<strong>en</strong>sion de l’œdème jusqu’au niveau de la jambe chez<br />

79 % d’<strong>en</strong>tre eux.<br />

Enquête auprès des ménages<br />

Au total, 3 026 personnes ont été interrogées lors de l’<strong>en</strong>quête<br />

auprès des ménages. Il a été interrogé 19 victimes prés<strong>en</strong>tes<br />

au mom<strong>en</strong>t de l’<strong>en</strong>quête ; deux <strong>en</strong>fants (1 garçon et une fille)<br />

et 17 a<strong>du</strong>ltes (13 hommes et 4 femmes).<br />

Les champs et les plantations de cannes à sucre sont des<br />

<strong>en</strong>droits où survi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t la plupart des morsures (70 % des<br />

morsures) : travaux champêtres, culture et <strong>en</strong>treti<strong>en</strong> de la<br />

canne à sucre.<br />

Il existe une double influ<strong>en</strong>ce à propos des fréqu<strong>en</strong>ces des<br />

morsures et des lieux de leur surv<strong>en</strong>ue : la mise à feu des cannes<br />

lors de la récolte et l’int<strong>en</strong>sification des activités humaines<br />

lors de la période des pluies. En effet, la période dite de<br />

campagne est celle de récolte de la canne qui va <strong>du</strong> mois de<br />

mai à celui d’octobre (saison sèche) ; les cultures vont <strong>du</strong> mois<br />

d’octobre au mois d’avril (saison des pluies).<br />

Les schémas thérapeutiques appliqués sont ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t des<br />

traitem<strong>en</strong>ts symptomatiques, locaux ou généraux, nous avons<br />

noté l’abs<strong>en</strong>ce <strong>du</strong> traitem<strong>en</strong>t spécifique qui reste la sérothérapie<br />

antiv<strong>en</strong>imeuse (4).<br />

Discussion<br />

Distribution saisonnière des morsures de serp<strong>en</strong>t.<br />

Seasonal distribution of snakebites.<br />

L<br />

’<strong>en</strong>quête auprès des ménages permet d’évaluer l’incid<strong>en</strong>ce<br />

annuelle à 80 morsures de serp<strong>en</strong>t pour 100 000 habi-<br />

W. Odio, E. Musama, G. Engo Biongo et al.<br />

tants avec une létalité de 30 %, très certainem<strong>en</strong>t majorée<br />

par la méthode d’<strong>en</strong>quête. En effet, d’une part, il est probable<br />

que de nombreux décès surv<strong>en</strong>us avant 1999 ai<strong>en</strong>t été ajoutés<br />

involontairem<strong>en</strong>t à la liste de ceux des six dernières années sur<br />

lesquelles portait l’interrogatoire. D’autre part, si les morsures<br />

rapportées correspond<strong>en</strong>t effectivem<strong>en</strong>t à l’échantillon interrogé,<br />

il est vraisemblable que des décès observés <strong>en</strong> dehors<br />

de cette population, chez des proches ou des voisins, ont été<br />

signalés aux <strong>en</strong>quêteurs. Seule une confrontation de tous les<br />

dossiers, à partir des noms et des dates d’accid<strong>en</strong>t, aurait pu<br />

éviter ce biais, mais cela n’a pas été possible compte t<strong>en</strong>u de<br />

la forte dilution et <strong>du</strong> manque de précision des informations<br />

données par les sujets <strong>en</strong>quêtés.<br />

En revanche, il est possible d’évaluer l’incid<strong>en</strong>ce chez les travailleurs<br />

de la plantation. En cinq ans et demi, 23 ouvriers<br />

agricoles se sont fait mordre sur les 2 950 salariés. Cela porte<br />

à 142 cas par an pour 100 000 ouvriers le risque de morsures<br />

de serp<strong>en</strong>t au cours des activités agricoles. Ce chiffre est très<br />

éloigné de ceux de CHIPPAUX et BRESSY (5) dans d’autres types<br />

de plantations <strong>en</strong> Côte-d’Ivoire, d’une part, et des 1 300 cas<br />

annuels pour 100 000 ouvriers m<strong>en</strong>tionnés par CHIPPAUX (3)<br />

dans la plantation de cannes à sucre de Savè au Bénin, d’autre<br />

part. Il est possible que, contrairem<strong>en</strong>t aux habitudes de la<br />

Côte-d’Ivoire et <strong>du</strong> Bénin, un grand nombre d’ouvriers, à<br />

l’instar <strong>du</strong> reste de la population, consulte <strong>en</strong> priorité les tradipratici<strong>en</strong>s.<br />

Ce phénomène est <strong>en</strong> ext<strong>en</strong>sion, d’autant plus<br />

que depuis de nombreuses années, les services de santé ne<br />

dispos<strong>en</strong>t plus de sérums antiv<strong>en</strong>imeux et ne propos<strong>en</strong>t pas<br />

de traitem<strong>en</strong>ts alternatifs efficaces.<br />

Quoiqu’il <strong>en</strong> soit, ici comme ailleurs <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong> (1, 4), les<br />

victimes de morsures de serp<strong>en</strong>t s’adress<strong>en</strong>t préfér<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t<br />

– <strong>du</strong> moins dans un premier temps – à la médecine traditionnelle<br />

plutôt qu’à la médecine occid<strong>en</strong>tale.<br />

Les dossiers hospitaliers confirm<strong>en</strong>t que la population à risque<br />

est composée d’a<strong>du</strong>ltes jeunes qui se font mordre au cours des<br />

activités agricoles. Ils précis<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t la symptomatologie<br />

; la sévérité des <strong>en</strong>v<strong>en</strong>imations est ré<strong>du</strong>ite et aucun décès<br />

n’est à déplorer, ce qui con<strong>du</strong>it à une létalité inférieure à 1,4 %<br />

et une mortalité probablem<strong>en</strong>t inférieure à 4 décès annuels<br />

pour 100 000 habitants.<br />

L’abs<strong>en</strong>ce de décès dans la totalité des formations sanitaires est<br />

d’ailleurs surpr<strong>en</strong>ante, surtout si l’on considère la forte létalité<br />

rapportée lors de l’<strong>en</strong>quête auprès des ménages qui devrait se<br />

tra<strong>du</strong>ire par une mortalité non négligeable, indép<strong>en</strong>damm<strong>en</strong>t<br />

des biais évoqués ci-dessus. On peut p<strong>en</strong>ser que, soit les victimes<br />

sévèrem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>v<strong>en</strong>imées ne parvi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t pas au c<strong>en</strong>tre<br />

de santé <strong>en</strong> raison de délais de consultation élevés, soit les cas<br />

sévères sont, d’une manière ou d’une autre, exclus : ils peuv<strong>en</strong>t<br />

être emm<strong>en</strong>és par la famille pour t<strong>en</strong>ter un autre traitem<strong>en</strong>t<br />

ou bénéficier d’une évacuation sanitaire sur une structure de<br />

référ<strong>en</strong>ce mieux équipée. Les dossiers médicaux disponibles<br />

ne nous permett<strong>en</strong>t pas d’<strong>en</strong> juger.<br />

Par ailleurs, une différ<strong>en</strong>ce surpr<strong>en</strong>ante apparaît <strong>en</strong>tre l’<strong>en</strong>quête<br />

m<strong>en</strong>ée dans les formations sanitaires et celle effectuée<br />

auprès des ménages. Dans les c<strong>en</strong>tres de santé, la plupart des<br />

pati<strong>en</strong>ts m<strong>en</strong>tionn<strong>en</strong>t un accid<strong>en</strong>t surv<strong>en</strong>u la nuit ou au crépuscule<br />

alors que les personnes interrogées dans les concessions<br />

déclar<strong>en</strong>t avoir été mor<strong>du</strong>es plus fréquemm<strong>en</strong>t le jour. Il<br />

est possible que cela tra<strong>du</strong>ise un biais de recrutem<strong>en</strong>t et que les<br />

morsures diurnes et nocturnes, <strong>en</strong> raison des circonstances, de<br />

croyances ou de sévérités différ<strong>en</strong>tes, ne soi<strong>en</strong>t pas vécues ou<br />

interprétées de la même façon par les victimes et leur <strong>en</strong>tourage.<br />

Cela pourrait expliquer des attitudes différ<strong>en</strong>tes dans le<br />

recours thérapeutique.<br />

<strong>Env<strong>en</strong>imations</strong> 314

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