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Envenimations en Afrique francophone : actes du deuxième ... - IRD

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Diagnose<br />

Lot n°1 : les scorpions jaunes sont tous de l’espèce Leiurus<br />

quinquestriatus. Le scorpion noir est un Androctonus<br />

æneas.<br />

Lot n° 2 : les deux scorpions jaunes et les cinq scorpions brun<br />

gris, tous immatures, sont id<strong>en</strong>tifiés comme des Leiurus quinquestriatus.<br />

Une analyse par spectrométrie de masse réalisée<br />

par l’un de nous (CG) montre la similitude des profils massiques<br />

des spécim<strong>en</strong>s jaunes et brun gris.<br />

Photo I.<br />

Photo 2.<br />

Remarques<br />

Leiurus quinquestriatus.<br />

Leiurus quinquestriatus.<br />

Androctonus æneas.<br />

Androctonus æneas.<br />

Le g<strong>en</strong>re Leiurus, monospécifique, est caractérisé par<br />

l’exist<strong>en</strong>ce de cinq carènes tergales et ce caractère ne se<br />

retrouve chez aucun autre Buthidé ;<br />

Androctonus æneas se distingue aisém<strong>en</strong>t des autres Androctonus<br />

noirs (A. mauretanicus, A. crassicauda) par des pinces aux<br />

M. Goyffon & C. Guette<br />

doigts très fins. C’est égalem<strong>en</strong>t le plus petit des Androctonus,<br />

sa taille ne dépassant habituellem<strong>en</strong>t pas 8 cm (la taille d’un<br />

Buthus occitanus).<br />

Comm<strong>en</strong>taires<br />

Dans une précéd<strong>en</strong>te note (2), la prés<strong>en</strong>ce vraisemblable<br />

d’Androctonus æneas était postulée. Elle est maint<strong>en</strong>ant<br />

confirmée. Cette espèce, qui n’avait jusqu’alors été signalée<br />

que dans les hauts plateaux <strong>du</strong> Maghreb (à une seule exception<br />

près), est donc signalée pour la première fois au Niger,<br />

et <strong>en</strong> réalité sa prés<strong>en</strong>ce s’ét<strong>en</strong>d certainem<strong>en</strong>t à tout le Tassili.<br />

Seul dans le g<strong>en</strong>re Androctonus, son aire de distribution est<br />

disjointe à la manière de l’aire africaine de distribution de<br />

Buthus occitanus. Il est <strong>en</strong> effet connu des plateaux des pays<br />

<strong>du</strong> Maghreb, nettem<strong>en</strong>t au nord <strong>du</strong> Sahara et, désormais, de<br />

la zone sahéli<strong>en</strong>ne au sud <strong>du</strong> désert sableux (extrême sud algéri<strong>en</strong>,<br />

Niger). Dans les latitudes intermédiaires, il n’a jamais été<br />

signalé. Le dessèchem<strong>en</strong>t <strong>du</strong> Sahara installé depuis la dernière<br />

période glaciaire (4), int<strong>en</strong>se au c<strong>en</strong>tre, a dissocié la faune de<br />

façon c<strong>en</strong>trifuge et dans toutes les directions. Pour certaines<br />

espèces, des îlots de refuge ont subsisté et, pour les scorpions,<br />

une <strong>en</strong>clave sud-sahari<strong>en</strong>ne <strong>du</strong> secteur saharo-montagneux<br />

(Hoggar, Ténéré, Aïr) qui héberge des g<strong>en</strong>res retrouvés plus<br />

au nord (Androctonus, Buthacus) (4). Si cette hypothèse est<br />

avérée, A. æneas pourrait être trouvé au-delà de cette <strong>en</strong>clave,<br />

dans d’autres secteurs désertiques pierreux des pays sahéli<strong>en</strong>s.<br />

A. æneas est toujours r<strong>en</strong>contré <strong>en</strong> faible d<strong>en</strong>sité. Sans doute<br />

<strong>en</strong>tre-t-il <strong>en</strong> concurr<strong>en</strong>ce avec les autres Androctonus, de plus<br />

grande taille, comme A. australis, A. crassicauda ou <strong>en</strong>core A.<br />

mauretanicus selon les régions, et est-il victime d’une certaine<br />

prédation de leur part. La prés<strong>en</strong>ce d’un seul exemplaire dans<br />

les deux lots t<strong>en</strong>drait à confirmer sa faible d<strong>en</strong>sité au Niger<br />

aussi. Il s’agit <strong>en</strong> tout cas d’une espèce dangereuse, régulièrem<strong>en</strong>t<br />

responsable de cas mortels <strong>en</strong> Tunisie (3), même s’ils<br />

rest<strong>en</strong>t rares <strong>en</strong> raison même de la rareté de ce scorpion. Son<br />

v<strong>en</strong>in, dont la composition est <strong>en</strong>core inconnue, est à coup<br />

sûr l’un des plus toxiques pour l’homme (5).<br />

La prés<strong>en</strong>ce de deux formes de Leiurus quinquestriatus à coloration<br />

différ<strong>en</strong>te pose un problème de diagnose plus délicat.<br />

Jusqu’à prés<strong>en</strong>t, on n’a ret<strong>en</strong>u que deux sous-espèces (4), L.<br />

quinquestriatus quinquestriatus, la forme typique à laquelle<br />

sont rattachés les spécim<strong>en</strong>s d’<strong>Afrique</strong>, et Leiurus quinquestriatus<br />

hebraeus, <strong>du</strong> Proche-Ori<strong>en</strong>t. On notera d’abord que<br />

chez les Buthidés paléotropicaux, les colorations ont peu de<br />

valeur taxonomique. En outre, chez les sujets immatures, la<br />

coloration est plus claire lorsque la mue vi<strong>en</strong>t de surv<strong>en</strong>ir et<br />

a t<strong>en</strong>dance à s’assombrir jusqu’à la mue suivante ou, chez<br />

l’a<strong>du</strong>lte, avec l’âge. Enfin, les spectres massiques <strong>du</strong> v<strong>en</strong>in<br />

sont id<strong>en</strong>tiques. Une étude complém<strong>en</strong>taire sur des sujets<br />

a<strong>du</strong>ltes est donc indisp<strong>en</strong>sable pour savoir s’il s’agit bi<strong>en</strong><br />

d’une nouvelle sous-espèce propre au Niger. Par ailleurs,<br />

Leiurus quinquestriatus étant un scorpion de basse altitude<br />

ou d’altitude modérée, la prés<strong>en</strong>ce d’Androctonus hoggar<strong>en</strong>sis,<br />

espèce de coloration brune, n’est pas à exclure sur les plateaux<br />

à partir de 1 000 m : là <strong>en</strong>core, de nouvelles collectes sont<br />

indisp<strong>en</strong>sables.<br />

Conclusions<br />

L<br />

’étude de deux petits lots de scorpions prov<strong>en</strong>ant <strong>du</strong><br />

Niger a permis de clarifier le statut des espèces de scorpions<br />

d’intérêt médical dans ce pays. Le scorpion jaune, très<br />

abondant, est bi<strong>en</strong> Leiurus quinquestriatus, l’une des espèces<br />

<strong>Env<strong>en</strong>imations</strong> 294

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